Tout ça à cause d'un singe { Miguel }

7 Autÿn, un peu avant midi

Le murmure des conversations commençait à monter, doucement, les gens sortaient de leur monotonie pour s’adonner à une activité qui en divertirait plus d’un. Pour beaucoup, ils longeaient la place à la recherche de ce qui ravirait leur cœur, pour certains vêtus de leur plus beaux apparats, désireux de se faire jalouser tandis que les autres venaient certainement acheter ce qui servirait à ravitailler leur famille. Quand à ceux derrière les échoppes..Eux, leur travail était tout autre. Guetter le client lorsque ses pas le mènent vers son étale, ameuter la foule en élevant la voix pour attirer du monde de par ses prouesses d’orateur, vanter les mérites de ses produits de meilleure qualité que ceux de son voisin, s’il eut été un champ de bataille à Ra’Sibe ce matin-là, il se déroulait sur la place marchande là où commerçants et commerçantes se disputaient à leur manière les clients. Cependant, celle-ci semblait faire la moue, attirée par un tout autre spectacle, des acrobates ambulants avaient élu domicile au centre de la place, préférant récolter quelques cristallis dans le chapeau que promenait le long des passants un petit singe.

Adossée contre un mur fait de pierres ridiculement imposantes, un être ne semblait donner signe de vie, c’est au rythme calme de sa respiration que l’on supposait qu’elle vivait. Les bras croisés, elle avait troqué sa cape pour un haut à manche courte face à la chaleur qui tendait vers l’infini au fur et à mesure que les minutes avançaient. L’ombre l’enveloppait, tout comme cette étrange stand qu’elle était supposée surveiller. Envoûtée par les senteurs exotiques que dégageait l’étale, d’humeur aventureuse, elle s’était approchée pour voir les drôles de parfums que possédait ce marchand. A vrai dire, elle n’avait jamais senti pareil douceur, ressenti pareille ennivrance, il devait être sorcier ou magicien pour aboutir à un tel résultat. Beaucoup passaient mais peu achetaient, peut-être qu’un autre marchand avait investi dans le même genre de commerce, c’est ce qu’était allé vérifier l’honnête homme qui avait demandé à la donzelle de surveiller son stand contre quelques uns de ses produits. Ennuyée et ennuyante par telle journée, elle n’avait point refusé et s’était offert le luxe de jouer à une parade dont rêvent beaucoup de petites filles, celui de tenir un commerce. Bien sûr, elle ne fait que surveiller et ne conseille que si l’on tente de dérober, ne dit mot que si l’on cherche querelle. C’est d’ailleurs ce qui allait se produire.

Souvenez-vous de ce petit être innocent tentant de récolter quelques sous pour avoir donné joie et chaleur aux passants émerveillés par le spectacle des acrobates ? Ils osaient des figures inédites, des pirouettes interdites par les lois de la physique, des mouvements dont elle aurait rêvé connaître le secret. Ces artistes là se révélèrent également voleur à leurs heures perdues. Les maigres recettes qu’avait obtenu l’animal n’allait suffire à leur payer un repas et une nuit digne de rois, son maître, un cracheur de feu à l’allure douteuse lui chuchota quelques belles paroles au creux de son oreille tant et si bien que l’animal s’enfuyait déjà ave c quelques produits les plus prestigieux du stand. Le furtif animal que seulement Flam, le fennec de la dame avait repéré se tenait sur le haut du stand près à s’enfuir par les terrasses habitées.

« Toi le sac à puces, tu ne m’échapperas pas, foi de Thalis ! »

Marmonnant quelques brefs jurons dans sa barbe à l’encontre de l’immonde bestiole, elle apercevait déjà le marchand reprendre ses fonctions, très bien, tandis qu’il approchait, elle était déjà accrochée aux pierres en train d’escalader le mur pour se retrouver sur une terrasse peuplée par une famille. Ceux-ci crièrent alors que le singe se tenait dangereusement au milieu de leur repas, apercevant son salut en la qualité d’une ruelle sombre et étroite, il se hissa jusqu’au bout de la terrasse pour s’échapper de ce qui l’attendait.

« Attrape-moi cette enflure Flam, tu peux même le mordre, je t’en voudrais pas, fais-toi plaisir. »

Le fennec allait se faire une joie de rattraper l’immoral et stupide, contournant les enfants du couple auparavant attablée qui s’était maintenant levé, il aperçut des tonneaux disposés le long du mur, de l’autre côté, donnant dans une ruelle sombre, celles-ci l’aidèrent dans sa descente bien que là, le singe se soit caché entre une intersection impossible à atteindre. Attendant sa maîtresse qui finissait de mettre pied à terre, sautant du dernier tonneau, ce fut sans apercevoir la silhouette qui se mouvait non loin et dans laquelle elle se prit les pieds. Un croche pied volé plus tard, elle était à genoux à terre tandis que le singe en avait profité pour filer. Enervée, elle se tourna vers le concerné.

« Qu’est-ce que vous faites là ? Vous pouvez pas faire attention et rester près des commerces ? Je bosse moi et à cause de vous, je viens de perdre de l’argent. Mais c’est peut-être votre singe après tout, je ramène votre dépouille pour payer ce qu’il a dérobé ? »

La silhouette avait des allures masculines bien qu’elle s’était emportée, elle ne pouvait dire s’il agissait de l’un des anciens acrobates ou si elle venait de s’énerver sur un parfait inconnu qui allait sûrement mal le prendre.

Invité

Chapeau bien enfoncé sur le crâne, chemise bleu foncé, pantalon, bottes et long manteau sombre. A la ceinture de cuir pendait sans le moindre fourreau une épée acérée, pendant que des gants de cuirs tenaient proprement en leurs extrémité une pipe de bois fraîchement allumé.

Quelques bouffées régulières s'échappaient de la bouche de ce mystérieux personnage au visage mal rasé. La tunique ne laissaient qu'entrevoir quelques mèches de cheveux en bataille, ombre de soi même, l'imposant personnage se perdait dans son ombre.

Surgissant de nul part, il était tout et rien, le regard froid, l'air grave, à ces pieds une jeune femme brune, il la regardait d'un air indéchiffrable, d'un regard perçant il contemplait la jeune femme sans dire mot.

Il déposa un bras, enfourcha sa main, et d'un geste vif, la ramena prêt de lui. Enfin face à elle, il resta ainsi quelques instants, plongeant ces yeux profonds et bleus dans le doux vert du regard de la dame. Une fumé sortit à nouveau lentement du coin de sa bouche.

D'un geste habile il retira la poussière sur les vêtements de la femme face à lui, puis afficha un léger sourire au coin de la lèvre. Sa main gauche, jusque là dans son dos se révéla à son tour, depuis son gant il tenait un singe agité par le coup, il le tendit droit vers la jeune brune, puis une fois l'être rendu, il tourna ces talons, repartant vers l'inconnu.

Autrefois les choses ne se seraient pas passé ainsi, mais aujourd'hui en ce 7 Autÿn, tout était différent, et il s'effaçait déjà dans la foule, droit vers le soleil. La douce brise soulevait le bout de sa longue veste, alors que sous cette chaleur intense, chacun de ces pas se perdait dans un bruissement sourd et mystérieux...

L’audacieux s’en était ainsi allé. Perturbée par sa chute, ne résidaient pourtant dans son esprit que des insultes à l’encontre de cet odieux animal. Tant de prouesses déployées pour rien. Il aurait été dit que les bêtes soient plus sages et civilisées que les hommes, qu’elles connaissent le bien et le mal et qu’elles ne se prêtent guère au jeu facétieux des humains, cependant, ce singe venait de démontrer par ses actes le contraire. Peut-être était-il juste aimant et idolâtrait ses chers patrons avec une aide sincère en récompense d’un peu d’amour et de tendresse. Seulement, le fautif avait été pris en traître par la belle et ne reviendrait jamais dans ses papiers. La seule vue de son petit museau semblait hérisser le poil de la donzelle, c’est pour dire. Pourtant, les choses allaient en s’arrangeant…apparemment.

Un individu avait surgi, la silhouette mystérieuse, elle n’aurait pu statuer sur son sort. Il venait à son secours. Peu habituée à pareille coutume, elle cherchait une réplique cinglante à lui servir pour définir son statut de demoiselle non en détresse mais elle ne le fit point. Le personne en lui-même intriguait Thalis qui s’était toujours passionnée pour ce qui l’entourait bien qu’elle se soit éloignée de ce même monde-là depuis quelques années désormais. Il lui rappelait Arkhan peut-être autrefois dans ses généreux jours. Il l’avait aidé sans qu’elle demande de l’aide puis était venu un autre miracle, le singe, il le tenait dans sa main gauche. Cette fois-ci, lorsqu’elle récupéra le voleur, la jeune femme tâcha de ne point l’oublier et se garda bien d’approcher ses doigts innocents à proximité de la mâchoire active du petit être.

L’humaine échangea un regard avec Flam tandis que l’étranger s’était déjà envolé parmi la foule laissant la joyeuse garde du corps livrée à elle-même. N’ayant guère pu le remercier, il semblait avoir hâté le pas, peut-être craignait-il les représailles ? A vrai dire, c’est la demoiselle qui allait en faire les frais. Alors qu’elle récupérait sa place d’origine auprès du stand auquel elle avait rendu les objets volés, on vint lui réclamer le singe et un dédommagement pour son innocente santé qui a été malmenée.

« Vous êtes marrants vous tous. Il a volé de son plein gré, vous savez que c’est mal le vol ? Même pour une petite bestiole comme celle-là. »

Cependant, ils ne l’entendaient guère de cette oreille et le ton montait déjà entre les cinq individus étant venus accoster la donzelle et celle-ci même. Peut-être tenter une diversion ?

« Et pour information, je ne l’ai pas traqué bien longtemps, c’est l’homme au chapeau que l’on voit là-bas qui s’en est chargé, il a une dent contre votre singe et peut-être contre votre profession s’il faut, ce n’est pas moi qu’il faut accabler… »

Deux d’entre eux se fondirent dans la foule à la recherche de l’imprudent qu’avait dénoncé sans vergogne Thalis, il saurait bien se débrouiller, grand et fort qu’il paraissait être. Les trois autres lorgnaient doucement sur l’étal du commerçant ce qui ne semblait pas au goût de la téméraire, se débarrasser de quelques uns aurait été chose aisée mais si les autres revenaient, c’est qu’ils étaient forts en muscles et sa force de femme ne lui suffirait certainement pas. Leurs compagnons avaient-ils mis main sur l’homme au chapeau ? Sûrement viendrait-il demander réparation face à la couardise de la dame.

Invité

A travers le bruit et les pas, les quelques hommes déjà fort énervé ce dirigeaient d'un pas pressé vers le mystérieux homme au chapeau, ils avançaient vite, d'une cadence bien plus grande que la moyenne en cette place bondé. Leurs pas résonnaient dans un bruit sourd sur les durs dalles que formaient le sol.

- Eh toi, l'homme au chapeau !

Ils accélérèrent la cadence, puis dans une étrange grimace, un premier pausa sa main sur l'épaule de l'inconnu.

- Toi tu vas voir ta gueule !

Et ainsi commença à diriger son point libre vers la tête du jeune homme qui se retournait lentement. Mais il était déjà trop tard, le blond penchait la tête pour éviter l'attaque, avec dans la main le poignet tordu de l'homme. Dans un cri de douleur il se retrouva à genou, suppliant de tout son être que l'on puisse le laisser aller, mais c'est alors qu'il put voir un regard, bien plus sombre qu'il n'en avait jamais vu, puis il vit le sol se rapprocher de son visage, avant de perdre connaissance. Un second homme s'approcha alors que la foule s'écartait autour d'eux, un poignard à la main il se dirigeait en doucement vers son ami.

Il ne voyait rien dans ce personnage qui le dépassait de deux ou trois longueur, le soleil dans le dos, l'être semblait cacher dans sa propre ombre. Dans un cri de courage, le poignard lever haut vers le ciel, l'homme courut vers son ennemi, il avança son mouvement vif d'attaque, mais cette fois encore, le blond avait été plus rapide, se baissant pour éviter la lame il retournait l'arme vers son possesseur pour la lui enfoncer profondément dans l'estomac.

Le sang coulait à vif, baigné dans les deux corps, qui gisaient les uns sur les autres, alors que la garde de Ra'Sibe dirigé par un dernier membre de la troupe se dirigeait vers la scène du combat. L'homme au chapeau ne se fit pas attendre et partit précipitamment dans un bain de foule.

Une main se pausa sur la bouche de la jeune femme brune, et elle fut emmené à toute vitesse dans une petite ruelle, plaqué contre un mûr, le mystérieux homme ne cessait de plonger dans ces yeux vert pendant qu'il gardait sa main sur le visage de la dame. Entre les mûrs étroits l'on put voir les gardes se diriger au pas de course vers une fausse piste. Le blond lâcha enfin sa prise alors que les hommes à sa poursuite étaient déjà bien loin. D'un air calme et détendu, il lança nonchalamment en rallumant sa pipe éteinte dans l'agitation:

- Je suis à votre service madame, mais s'il vous plait, ne me causez pas d'ennuis sans que j'en demande.

Je lock ce topic abandonné. **

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» Sur la route de Ra'sibe[Pv Luz, Miguel et John]

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