A l'épreuve du mal [PV : Ïlimenta] [Terminé]

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Soir du premier Octÿn …

Ra’Sibe n’était plus qu’un vague souvenir désormais, l’ancien voleur pouvait dire adieu à la capitale humaine ou il ne remettrait sans doute jamais les pieds jusqu’à sa mort, sauf s’il fut pris d’une folle envie suicidaire … Mais pour le moment, son instinct de survie était bien plus fort que tout, survivre pour pouvoir se rappeler, visionner son passé et savoir « pourquoi ? ». Oui, car depuis son réveil qui ne datait que de quelques jours maintenant, tout défilait devant ses yeux sans qu’il ne puisse assembler les morceaux … Cela avait commencé par une simple poursuite dans un marché, pour finir dans une prison ou, dès le lendemain, sa mort avait été décidée pour une accusation incomprise de sa personne … Tout esprit dans la normalité aurait été bousculé, bien plus que lui sans doute, quand de si étranges évènements s’enchainent sans que l’on en sache la cause … Cependant, cela ne fit qu’encourager Loreas à aller de l’avant, ce qui réussit à le faire s’en sortir vivant de toutes ces péripéties. Sans doute placé dans le haut de la liste des criminels humains les plus recherchés de l’empire des hommes, il n’avait autre moyen que de partir loin de Sibéra, peut-être même sur l’autre continent, qui sait ? C’était d’ailleurs son projet, depuis l’instant où il s’était évadé avec une poignée d’hommes de la capitale … La petite troupe d’à peine 10 hommes chevaucha donc en direction du Port de Ra’Sibe, à l’extrême-est du continent … Peut être un des moyens les plus rapides de partir pour eux, même si voler un bateau sans se faire remarquer était un peu difficile … Mais, des hommes menacés à chaque instant n’ont en général plus beaucoup à perdre, il ne coûtait rien d’essayer !

« Laissons nos chevaux plus loin, même si nous possédons l’insigne de Ra’Sibe sur nos plastrons, se faire remarquer n’est pas la meilleure chose à faire … »

Le nouveau leader auto-proclamé, Loreas, exécuta en premier ses propres paroles, suivit sans bronché par les autres hommes à ses côtés, dont certains déposèrent une caresse sur la tête de leurs chevaux respectifs comme un signe de remerciement … Le port était gigantesque, des quais et des bateaux à perte de vue, bien plus impressionnant que ce que pensait Loreas … Son regard se posa sur une caraque simple, loin d’être imposante mais surement très rapide, c’est ce qu’il recherchait … Sans une ni deux, il marchèrent en direction du bateau, et n’eurent aucun mal à se dissimuler à l’intérieur, le navire étant (à leur grand étonnement) sans aucune surveillance ! Deux des prisonniers ôtèrent la corde servant à l’amarrer, les autres préparèrent le plus rapidement possible le navire, même sans aucune connaissance dans ce domaine … Et pendant ce temps, les autres s’occupèrent de vérifier si vivres et eau douce étaient présents … Prêts à partir, ils hissèrent les voiles, faisant tourner beaucoup de regards dans leur direction, notamment ceux du vrai équipage qui se mit à courir en direction de la caravelle volée … Ainsi, le groupe partit dans une direction inconnue, avec pour seul objectif d’atteindre l’autre continent …

~~~~~~

8 jours plus tard …

Un bruit de vague se faisait entendre sans fin … des vagues se brisant constamment contre des rochers, accompagnées par une brise froide et déconcertante … Quel était cet endroit nouveau ? Etait-ce l’autre continent dont beaucoup d’hommes parlaient ? Loreas ne pouvait pas encore se rendre compte que l’endroit où il avait fait naufrage était un lieu totalement déserté de toutes vies, sauf de celles dont l’âme fut autrefois corrompue … Un lieu oublié, des terres oubliées … Son réveil ne fut pas brutal, une vaguelette vint chatouiller son visage, ce qui le fit ouvrir d’instinct les yeux. Rapidement, il jette un regard autours de lui, puis derrière, apercevant des deux côtés quelques rares débris de son épave, un de ses compagnons, ainsi qu’une caisse de nourriture que la tempête dans laquelle leur navire s’était empêtré avait épargné … Rien de plus, rien de moins. Il mit encore quelques secondes à reprendre complètement ses esprits, et alla aussitôt secouer son ami dans l’espoir que celui-ci ait pu rester en vie … Après quelques baffes, et ses secousses violentes, il finit par ouvrir les yeux à son tour, imitant gestes pour gestes Loreas.

« Ou sommes-nous ? » demanda-t-il, inquiété.

« Aucune idée, je viens seulement de reprendre conscience … Apparemment, les autres sont soit morts, soit éparpillés quelque part. Mais … Non, je ne sais vraiment pas quel est cet endroit.»

Le vent souffla, faisant virevolter les cheveux encore mouillés du voleur. Son regard se portait au loin, essayant d’apercevoir quelque chose qui puisse l’aider à se repérer dans cet endroit sans vies. Cependant, un petit bruit le fit détourner le regard : son partenaire, ayant remarqué qu’une caisse de ration avait été sauvée, s’était précipité sur celle-ci et commençait déjà à en dévorer le contenu …

« Que fais-tu ? Arrêtes tout de suite, on pourrait en avoir besoin … Si les autres sont toujours en vie, et .. »

« Je m’en fou, si cette caisse est atterrit ici, tant pis pour eux, je laisserais rien … »

Loreas esquissa un léger sourire à ces paroles, et dégaina la Katzbalger volée à l’armurerie de la prison, à Ra’Sibe. Sans un soupçon de pitié, il l’enfonça dans la chair de l’homme, jusqu’à la voir traverser de l’autre côté, puis il la retira d’un coup sec, entraînant un flot de sang au passage …

« Je t’ai dit d’arrêter … »

La carcasse tomba au sol, déversant des marres de sangs se mélangeant à l’eau salée de la mer, qui prit aussitôt une couleur rougeâtre atténuée … Le dernier survivant rengaina son arme souillée, s’approcha de la caisse et en sortit une pomme, encore en très bon état. Sans attendre, il croqua celle-ci, et savoura son goût comme s’il s’agissait de son dernier repas, avant qu’un bruit ne le fasse faire volte-face, le faisant lâcher le fruit au sol … Sa main sur le pommeau, il était prêt à réagir à une probable attaque.

[HRP : ma coueleeeeeeeeeureuh ! >.< Sauvage.... -_-"... xD]

Un souffle. A peine plus qu'un murmure. Une sombre rumeur se mit à courir les nuées. Un vent mauvais assembla d'épais nuages couleur d'encre, à une altitute telle qu'aucun oiseau n'y avait jamais volé. Une grondement sourd, intense à en faire trembler le sol résonna dans les airs.
Soudain, émergeant des nuages en un puissant battement d'ailes qui les dissipa en de multiples volutes de ténèbres, une immense dragonne aux écailles d'ébène fit son apparition. Un léger sourire s'esquissa sur sa gueule reptilienne. Elle avait toujours prit un grand plaisir à soigner ses entrées.

Ïlimentã parcourut les cieux de ses terres bien-aimées durant de longues heures, survolant ce vaste désert de désolation peuplé par la mort elle-même. Sentir ses ailes fendre les airs était l'un des rares plaisirs qu'elle avait conservé de sa vie antérieure, du temps où elle volait encore aux côtés de son frère, Elëmentis. Mais cette époque était depuis longtemps révolue, et si les deux divinités venaient à se croiser de nouveau, cela serait pour un duel à mort. Du moins était-ce ainsi qu'Ïlimentã voyait les choses.

Le rythme régulier du battement de ses ailes s'arrêta brusquement. La déesse avait flairé une odeur particulièrement attirante... Celle-là même qui l'avait poussée de la Lumière aux Ténèbres. Un profond désespoir s'était emparé du coeur de mortels. Poussée par son désir d'en savoir plus, la divinité draconique entreprit de remonter cette piste.
Cette dernière la mena jusque sur la côte. Depuis le ciel, Ïlimentã put clairement distinguer deux Humains étendus sur les sables. L'un d'eux semblait à peine reprendre conscience.

*Hum... Deux naufragés... Mais quelle est cette aura si sombre que je sens émaner de ce bipède ?...* songea-t-elle avec un sourire alors que ses fines prunelles se réduisaient à deux fentes écarlates.

Curieuse, la déesse se posa discrètement plus en avant dans les terres et prit son apparence humaine. Ïlimentã céda ainsi la place à Liliàn.
La jeune femme passa une main légère dans sa longue chevelure d'un noir de jais en soupirant. Ses yeux étincelaient d'un vermeil soutenu qui tranchait avec sa peau de porcelaine.
Puis, aussi discrète qu'un fauve à l'affût, elle se dirigea vers la plage.

Pour son plus grand plaisir, Liliàn rejoignit les survivants alors que le premier, qui semblait le plus débrouillard, transperçait le second de sa lame. Un frisson parcourut le corps de la jeune femme lorsque l'alléchante odeur du sang Humain lui parvint. Le jeune assassin ne l'avait pas encore repérée. Tranquillement, comme si de rien n'était, il rengaina son épée et se saisit d'une pomme dans laquelle il croqua sans la moindre hésitation.

*Jamais je ne n'aurais cru repenser cela un jour, mais... Il me plaît, cet Humain !*

Car s'il y a deux peuples qui ne reviennent pas à la déesse, il ne pouvait s'agir que des Elfes et des Humains. Peu d'entre eux s'étaient attiré ses faveurs, et encore moins lui avaient survécu...
Liliàn s'avança, faisant délibérément rouler un galet. La réaction du jeune homme ne se fit pas attendre. Ce dernier se mit immédiatement en garde, méfiant.
Pourtant, la déesse continua à s'approcher, jusqu'à se trouver à deux mètres de l'Humain. Elle le toisa de la tête aux pieds longuement, silencieuse, aucune expression particulière ne marquant son doux visage. Puis elle plongea son regard écarlate dans celui de l'assassin en déclarant d'une voix tendre et posée :

- Quiconque n'a aucun scrupule à ôter la vie ne craint plus la mort. Qui es-tu ?

La tromperie était un art où Liliàn était passée maîtresse depuis fort longtemps... Seul un autre dieu aurait su déceler la supercherie, et fêler ce masque d'apparente bonté... Ou peut-être qu'un mortel particulièrement habile et vif d'esprit aurait pu y parvenir, lui aussi.

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Une magnifique femme venait de faire son apparition devant l’assassin qui crut alors avoir affaire avec une illusion : brune, de très jolies courbes, son regard et l’atmosphère plus qu’inquiétante que ses yeux aux prunelles sang jetaient … Loreas dut se mordre la lèvre à deux reprises pour constater que tout ceci était réel, bien que ce genre de choses n’avaient presque aucune chance d’arriver. Sans crainte, elle continua d’avancer dans sa direction pour s’arrêter à quelques mètres de lui, et le reluqua longuement, laissant le jeune homme se poser des questions dans un silence de mort … Enfin, elle lui jeta un doux regard en prononçant quelques mots de sa voix étrangement calme :

- Quiconque n'a aucun scrupule à ôter la vie ne craint plus la mort. Qui es-tu ?

Cette phrase se répéta quelques fois dans l’esprit du voleur, alors qu’il commençait déjà à sortir un peu plus la lame de son fourreau … Pour se tenir ainsi devant un meurtrier qui abat un homme devant soi, il fallait être soit fou, soit courageux … Mais cette femme ne semblait être aucunement folle, et le courage ne semblait pas non plus être ce qui la poussait à rester ainsi devant Loreas. Non, quelque chose d’autre la poussait à se tenir là, à ce moment, devant lui … Et il souhaitait savoir ce que c’était, mais tout d’abord …

- Je suis un meurtrier, un voleur, un assassin … Définis moi comme tu le veux, aussi bien par ce que tu viens de voir que par ce que je peux faire, par la suite.

Étrangement, bien qu’il essayait d’être le plus calme possible quant à cette nouvelle rencontre, il sentait son cœur se glacer et le rythme de ses battements diminuer d’une façon inquiétante. Cette femme n’était surement pas une gentille et naïve fille que l’on rencontre dans n’importe quel village du continent humain, non, elle avait quelque chose de spécial que Loreas n’arriverait sans doute pas à déceler par les mots, mais peut être d’une autre manière …

- Mon nom est Loreas … Je me permets de te retourner la question, qui es-tu ? Autre chose, sais-tu ou l’on est et quel jour nous sommes ?

Plusieurs questions à la fois, questions auxquelles Loreas espérait que l’inconnue réponde le plus clairement possible. Il ne souhaitait pas une réponse « devinette », mais bien une réponse précise, pour avoir idée de ce qui l’attendait dans ces nouvelles terres. Alors qu’il attendait ses paroles, il continua à lui jeter un regard très intéressé dans l’espoir de découvrir ce qu’elle avait de si spécial pour l’intimider de cette façon … Peut être était-elle une grande guerrière de la région, ou bien tout comme lui une assassin … Elle n’en avait vraiment pas l’air. Toutes ces hypothèses entremêlées jonglèrent dans la tête du voleur, lui provoquant un petit mal de tête l’espace d’un instant, puis il reprit sa concentration, toujours face à la belle inexpressive …

Un meurtrier, un voleur, un assassin... Des mots qui résonnaient aux oreilles de Liliàn avec une douce nostalgie... Depuis combien de temps déjà ne s'était-elle plus accordé une petite mise à sac d'une cité humaine, répendant mort et terreur dans son sillage ?... Et surtout, depuis combien de temps les Hommes ne tremblaient plus sous la silhouette sombre que découpait un grand dragon aux écailles d'ébène qui passait devant le soleil, croyant à l'une de ses apparitions ?... Enfin bref...

La jeune femme laissa glisser son regard vers la main du voleur, qui tirait un peu plus à chaque instant son épée de son fourreau. Curieuse, la déesse se laissa aller à sonder un peu l'esprit du jeune homme et y décela des choses qu'elle avait toujours eu en affection depuis qu'elle était passé du côté des Ombres. La sensation d'avoir été trahi, le désir de vengeance... Un sourire s'esquissa sur les lèvres rosées de Liliàn. Les êtres Humains sont capables de bien des horreurs lorsqu'ils n'ont plus rien à perdre... Et elle adorait ça.

- Par ce que tu pourrais faire par la suite ?... Comptes-tu t'en prendre à moi ?... souffla-t-elle sans se départir de son sourire.

Et puis, sans aucune raison apparente, la jeune femme se mit à rire doucement, d'un rire sans joie et froid. Lorsqu'elle fut calmée, elle répondit à toutes les interrogations du jeune assassin :

- Eh bien, mon cher Loreas, tu es ici sur l'une des plages des Terres Oubliées, et pour ce qui est de la date, nous sommes le 8 Octÿn, il me semble. Mais je ne me formalise que très peu de ces préoccupations de mesure temporelle. Quant à savoir qui je suis... Mon nom est Liliàn.

Tout en achevant sa phrase, la jeune femme avisa une rocher qui affleurait du sable, légèrement sur sa droite, et alla s'y asseoir, le plus tranquillement du monde, avant de porter de nouveau son regard sur Loreas. Elle lissa d'une main négligeante les plis de sa robe noire satinée et s'enquéra d'une voix égale :

- Dis-moi, qu'est-ce qu'un voleur doublé d'un assassin avec un aussi joli minois vient donc faire en un tel lieu ?

Liliàn n'était pas pressée. Entretenir une discussion ne la dérangeait pas... Pour le moment. Et puis, peut-être que le jeu en vaudrait la chandelle... Et pour ce qui est des jeux, la déesse les adorait.

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Cette femme ne semblait pas réellement craindre Loreas, on avait même l’impression qu’elle l’étudiait depuis le début de leur rencontre, et qu’elle aimait la façon dont il agissait. Le voleur de son coté ressentait une étrange sensation, inhabituelle et assez étrange, particulière … Comme si … Comme si cette nouvelle rencontre dégageait une sorte d’aura, qui elle-même faisait ressentir une gène à Loreas. La femme, d’un très beau sourire infidèle à la situation, lui fit finalement comprendre qu’elle n’était pas vraiment quelqu’un d’ordinaire … Oui, car quelqu’un « d’ordinaire » ne serait resté aussi calme, posé, devant un homme près à trancher la gorge au moindre faux pas de la part de celui-ci ! Et habituellement, une personne normale ne se mettrait pas à rire froidement après avoir émit l’hypotèse qu’elle pourrait être en danger …

Mais, enfin ... Loreas ne continua pas à s’attarder à ces détails, il se contenta de la fixer, toujours de la même manière, cherchant ce qu’elle pouvait avoir de si particulier pour le mettre aussi mal à l’aise. Le fait qu’elle se rendit près d’un rocher pour s’y assoir, toujours aussi calmement, fit enfin comprendre à l’humain qu’elle était inoffensive, ou du moins, qu’elle n’avait aucune raison de s’en prendre à lui. Il finit donc par lâcher le pommeau de son arme, laissant échapper un soupire par la même occasion …

- J’ai échoué ici, ce n’était donc pas ma destination d'origine … Ce doit être mon destin, la malchance.

Et au final, atterrir dans ce lieu n’était peu être pas si mal que cela. En y regardant de plus près, il n’y avait ici personne pour le déranger, pas non plus d’affichette portant son nom et son portrait, aucun garde, aucun humain … Le néant, et c’était très bien ainsi.

- Pour tout dire, je n’avais pas vraiment de destination en tête, je souhaitais juste être loin du monde humain, c’est tout ce qui compte je crois … Permet moi de te poser encore quelques questions sur toi, je souhaiterais avoir un peu plus d’informations quand à la personne avec qui je parle …

Loreas fit quelques pas en avant pour s’approcher du rocher ou s’était posée Liliàn, mais il ne s’arrêta qu’après l’avoir dépassé, laissant son regard se porter au loin, à l’horizon.

- Que fais-tu ici, dans un endroit déserté de toute vie ? Es-tu comme moi arrivé dans ce lieu sans le vouloir, ou bien as-tu un but, une raison d’être là ?

Soudainement, son regard fut attiré par quelque chose au sol, légèrement enfui sous le sable. Il remarqua rapidement de quoi il s’agissait : le bouclier de Ra’Sibe, qu’il portait avant son naufrage. Loreas s’en approcha, le déterra du sol, et l’examina quelques secondes avant de laisser échapper un petit rire. Ce rire la n’avait rien de vraiment honnête, c’était plutôt une manière pour le voleur de retenir sa rage enfuie au plus profond de son cœur … Sans avoir à réfléchir, il dégaina son épée et donna deux violents coups sur le blason, qui fut ainsi marqué d’une splendide croix !

- Je déteste ce sentiment … J’ai l’impression de devoir me venger de quelque chose, alors que je n’ai aucun souvenir de mon passé. Je ne connais rien de ce monde, ou presque rien, et pourtant, je le déteste déjà. Incroyable, non ?

L’humain se força à sourire tout en continuant à regarder l’objet, pensif … Ce monde était vraiment très étrange, plein de mauvaises surprises, et il n’était pas le dernier pour en être la victime. Finalement, il se décida à ramasser le bouclier, toujours trempé par l’eau salée de la mer.

Arrivé ici par hasard ?... Hum ! Le hasard, Liliàn n'y croyait pas vraiment. Surtout en ces terres, où la magie était omniprésente. sa présence ici devait avoir un but. Tout comme le fait que la déesse sombre décidé exactement ce jour-là de s'incarner physiquement afin de parcourir son territoire. Peu de choses étaient le fruit de la coïncidence pure ou du hasard le plus banal. Une conviction que la divinité avait toujours eu, même lorsqu'elle était encore aux côtés de son frère... Son frère...
En resongeant à Elëmentis, Liliàn serra les dents, prise d'une furieuse envie de hurler au monde entier la haine qu'elle lui portait à présent. Cependant, elle se força à retourner au calme. Sa colère avait rapidement tendance à se muer en fureur, or cette dernière avait la fâcheuse tendance à influer sur les mortels. Et elle ne recherchait pas vraiment à mettre le jeune voleur hors de lui.

En l'écoutant parler, elle releva une phrase qui lui plût infiniment... "Pour tout dire, je n’avais pas vraiment de destination en tête, je souhaitais juste être loin du monde humain, c’est tout ce qui compte je crois …" Le sourire qu'elle avait perdu en pensant à son frère lui revint, et le peu de mauvaise humeur qui s'était incrusté en elle s'évapora comme par magie. Décidément, cet Humain lui plaisait de plus en plus !

Puis Loreas fit quelques pas vers elle, dépassant le rocher où elle était assise, avant de porter son regard sur l'horizon rougeoyant. Les nuées avaient toujours une teinte légérement vermeille, en ces terres... Là, il posa une question à laquelle, somme toute, Liliàn aurait dû s'attendre. Seulement, pour une fois, elle hésitait. Que devait-elle faire ?... Mentir une fois de plus ou bien tenter le tout pour le tout et lui annoncer de but en blanc la vérité ?... N'entendez néanmoins pas qu'elle allait lui révéler qui elle était ! Non... Cela, il devait le découvrir par lui-même. La question était donc la suivante... Allait-elle lui faciliter la tâche ou contraire la lui compliquer ?...
Liliàn garda le silence, réfléchissant à ce qu'elle allait faire.

Le jeune homme n'attendit pas sa réponse, ou du moins sembla ne pas s'impatienter plus que cela, et alla déterrer un objet, enfoui dans les sables. Un bouclier marqué des armes de Ra'Sibe, la capitale de l'empire des Humains. Les prunelles écarlates de la déesse devinrent deux fentes dans lesquelles on pouvait aisément déceler un dégoût et une haine profonde. Puis, Loreas dégaina sa lame et asséna deux coups puissants sur le métal, le marquant d'une croix profonde.
Liliàn rit légèrement après l'avoir entendu affirmer qu'il détestait ce monde, malgré le fait qu'il ignorait presque tout de lui.

- Voilà qui est admirablement bien pensé... Ce bouclier est mieux ainsi. Quant à savoir ce que je fais en ces lieux...

Au diable les hésitations, elle lui servirait donc la vérité !

- Je suis ici chez moi. Ma vie tient entre ses roches nues et ce ciel couleur de sang. Mais dis-moi... soupira-t-elle. Tu dis avoir en toi un désir de vengeance, bien que tu ne saches pas de qui ou de quoi tu souhaites te venger...

Liliàn se releva et alla se placer juste derière le voleur, si proche qu'il n'aurait eu qu'à reculer d'un centimètre pour la toucher. Son regard écarlate glissa de sa nuque vers son bras, qui avait saisit le bouclier mutilé.

- Pourquoi prends-tu cette chose ? De quelle utilité pourrait être un simple bout de métal ?... Et pour répondre à tes interrogations, sache que la haine est un sentiment naturel chez tout mortel, et même parmi les divnités. Si un être devait cesser de haïr ou de détester, il en mourrait sûrement. De plus, je ne pense pas que tu sois arrivé ici par hasard... Ni que notre rencontre soit une simple et innocente coïncidence... chuchota la jeune femme.

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Sa vie, ici ? Dans cet endroit désert, coupé du monde ? Cette femme devenait de plus en plus mystérieuse au fur et à mesure qu’elle se dévoilait à Loreas. Après s’être interrompue, elle se leva doucement et s’approcha du voleur, se plaçant à peine à quelques centimètres de lui, ce qui n’eut d’autre effet que de lui donner un léger frisson l’espace d’un instant, comme lorsque l’on vous glisse un glaçon près de la nuque ... Le regard de Liliàn se porta vers le bouclier, légèrement rouillé par des aventures inadaptées à son existence, puis elle reprit la parole en chuchotant, comme si de mauvaises oreilles pouvaient entendre ce qu’elle avait à dire ...

Et de nouveau, Loreas eut un frisson, plus persistant cette fois-ci. Il ravala sa salive, prit son courage à deux mains et se retourna brusquement, épée sortie du fourreau, la lame prête à trancher la gorge de la femme. Ce n’était bien sur qu’une hypothèse, mais ... Après tout, elle n’avait rien de normal, rien de comparable à une autre personne : le sentiment qu’elle offrait au premier regard, cette sorte d’aura glaciale, cet impassibilité alors qu’elle était menacée par un inconnu ... Mais aussi, cette assurance dans ses paroles ... Il avait déjà rencontré cela, il en était persuadé. Dans sa vie d’antan peut être, mais même s’il n’avait presque aucun souvenir de celle-ci, quelque chose le poussait à croire que c’était parfaitement possible ...

- Qui es-tu vraiment ? Tu dois te placer bien haut pour parler de divinités et de mortels ainsi ... Je ne crois pas aux dieux, je n’ai pas envie d’y croire. S’il y avait des dieux, selon moi, ce monde ne serait pas aussi pourri, pas aussi méprisable ! Et tu as ajouté que notre rencontre n’était pas le fruit du hasard, qu’en sais-tu ? ... Répond moi, ma lame tremble sous ton cou !

Loreas s’était peut être emporté, mais ce n’était pas réellement énervement qui l’avait poussé à parler ainsi, plutôt la peur ... Oui, car selon lui, cette femme n’était pas humaine pour un sou. Une déesse, et même si c’était encore un peu tôt pour le dire, il n’en était que persuadé. Tout ces ressentis l’avaient déjà parcouru une fois, quand il n’était encore que Loreas, simple petit voleur ... Vous me direz : pourquoi menacer une personne dont on sait qu’elle ne joue pas dans la même cours que nous ? Et bien, ce n’est que prévoyance. Loreas avait agit rapidement, mais ce n’était pas sans réfléchir. Comment éviter la mort par un Dieu si ce n’est en se rendant intéressant, courageux, fort ? Et bien, il faut oser, faire face et montrer de quoi les êtres normaux sont capables. S’il n’avait pas fait cela, s’était enfuit en courant sans tourner la tête, qui sait quel malédiction ou souffrance lui aurait-elle infligé ?

Un goute de sueur vint le narguer de son front jusqu’à sa joue. Cependant, il resta fixe, ses yeux plongés dans ceux de celle qui se faisait appeler Liliàn ... La main tenant son arme temblotait, malgré ses efforts pour la maintenir immobile. Et derrière ce que cela laissait croire, il n’avait plus aussi peur qu’au tout début ... Plus il restait ainsi, plus son mental décuplait ... Pas forcément dans le bon sens, mais de toute de même ! Ce sentiment de frayeur, disparaissant de plus en plus, finit même par s’estomper, laissant place à un sourire sur le visage de Loreas ... Puis, après le sourire, il accomplit un geste rapide et mortel, qui fit tomber au sol la tête de la femme ... Dans un rire lugubre, il contempla le corps se vider peu à peu sur le sol, savourant cet instant comme jamais ...

- J’ai peu être fait une erreur, finalement ... Un dieu ne se serait pas mort aussi facilement, ou alors, ils ne sont plus ce qu’ils étaient ...

Un sentiment d'une profonde satisfaction se mit à parcourir l'air ambiant alors que le corps de Liliàn s'écroulait au sol, séparé de sa tête. Cette sensation, dépourvue de source visible, sembalit agiter les nuées, et une puissante rafale balaya la plage l'espace d'un instant.

Puis le cadavre inerte noircit peu à peu, prenant lentement l'aspect d'une poupée constituée de pures ténèbres. Ces dernières commençaient à se détacher des bras, de la poitrine, des jambes, s'élevant en de multiples volutes sombres qui ondulaient pour aller s'immobiliser trois mètres plus loin. Le corps de la jeune femme disparût totalement, ne laissant plus sur le sable qu'un amas d'ombres dansantes. Ombres qui paraissaient se durcir avec les minutes, acquérir une certaine matérialité.

Soudain, un rire franc et froid éclata, sorti de nul part. Toute aussi fantômatique, la voix de Liliàn résonna dans les airs, amusée :

- Bien, tu n'es pas un idiot !... Tu sembles avoir découvert ma véritable nature... Tu ne manques pas de courage. Ou était-ce de la folie ? Le geste désespéré d'un animal qui se sent piégé et se sait condamné ?...

Un lourd silence retomba sur les lieux. N'ayant plus à se soucier de passer pour une Humaine, Ïlimentã laissa libre court à son aura sombre avec une certaine délectation, ce qui assombrit passablement les cieux. La pression de son esprit et de sa présence divine paraissaient toujours faire peser un poids sur le coeur et l'âme des mortels. Et elle aimait ce "pouvoir" qu'elle avait sur eux.
Cependant, une question lui vint immanquablement... Allait-elle se montrer en tant qu'Ïlimentã, la terrible Dragonne à la robe d'écailles noires de jais, ou allait-elle continuer à lui apparaître en tant que Liliàn, qui bien que bien moins impressionnante, demeurait amplement plus pratique pout converser avec un Humain ?... Son choix fut vite fait.

Les ténèbres qui avaient décomposées le corps de l'incarnation Humaine de la déesse s'évaporèrent, laissant place à une Liliàn toute belle, toute neuve ! Avec, sa tête, évidemment... La jeune femme passa une main négligente dans ses longs cheveux ébènes avant de soupirer :

- Tout de même, décapiter une déesse alors que tu te trouves sur son propre territoire... Tu ne manques pas de culot, Loreas ! Comme tu l'auras certainement compris, je suis Ïlimentã, la divinité draconique du Respect, de la Puissance et du Désespoir. Je me définis un peu comme la Némésis de l'arc-en-ciel qui me sert de frère.

Puis elle s'étira nonchalament avant de lancer, sur le ton de la discussion anodine avec un sourire des plus inquiètants :

- Bon, maintenant que nous avons levé le rideau et jeté à bas les masques, aurais-tu quelque chose que tu veuilles obtenir de moi ?

Ce n'était certainement pas une proposition innocente. Toute chose réclamée avait un prix. Et avec cette déesse, le prix à payer s'avérait souvent bien plus lourd que ce que l'on obtenait... Si tant est qu'on lui demandait d'une façon qui ne l'offense pas, et qu'on survive à la dite demande !

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[Hrp : pas un super post, désolé =s ]

Alors que Loreas savourait avec instance sa descente aux enfers, le sable humide de la plage fut soufflé d’un trait dans toutes les directions à la fois, obligeant le jeune homme à se protéger le visage afin de ne pas être aveuglé. Tout ce qu’il aperçut ne fut qu’une sorte d’ombre sortant de la carcasse vide, dansant dans l’air avant de s’éparpiller un peu plus loin, sur le sol. Puis, trés clairement, un rire se fit entendre : froid, distant ... Comme venu d’autre part, peut être même du fin fond de l’esprit du voleur !

Puis, Loreas finit pas comprendre qu’il s’agissait de la voie de Liliàn, confirmant alors son hypothèse de départ ... Et désormais, il n’avait d’autre choix que de rester attentif à ce qui allait se passer, car sa survie ne dépendait que de l’humeur de la déesse ! Le silence avait prit place sur la plage, le ciel s’était assombrit soudainement, et il était difficile à présent de respirer tant l’air semblait corrompu par les ténèbres ... La femme réapparut soudain devant lui, totalement revigorée, la tête sur les épaules ! Puis, après s’être replacé les cheveux, elle prit la parole, précisant à la fois son titre de déesse et son camp ... L’humain était sans doute tombé sur la pire divinité qui soit, celle du désespoir, et ce n’était pas un rien ! Elle, comme si de rien n’était, s’étira le plus calmement du monde avant de poser une question qui ne tomba dans l’oreille d’un sourd ...

*Quelque chose que je veuille obtenir ... ?*

Cette offre ressemblait vaguement à un piège, ou à une proposition à double tranchant. Comment, après avoir levé la main sur elle, pouvait-elle lui faire cette proposition ? C’était un peu illogique, mais après tout ... Il n’avait plus rien à perdre, alors pourquoi ne pas essayer ?

- Il y a bien quelque chose que je souhaiterais posséder ...

Son visage s’assombrit, et il baissa la tête afin de cacher un sourire qui trahisait ses ressentits.

- Quelque chose qui m’aiderait à me venger, des humains, de tout les êtres en rapport avec eux ! Je les déteste, j’ai honte d’être moi même un homme. Peux-tu m’apporter cela ?

Il prit conscience que ce n’était surement pas la meilleure façon de demander un si beau présent ... Surtout lorsqu’il s’agit d’une personne comme celle en face en de lui, il y avait beaucoup d’autres manières de s’y prendre ! Instinctivement, il mit genou à terre, posa sa main sur le second et baissa la tête pour fixer le sol, juste aux pieds d’Illimenta ...

- Quoi qu’en soit les conséquences, c’est ce que je souhaite le plus ... Je serais prêt à subir n’importe quel épreuve mais ... donnez moi la capacité de faire ce qui me tourmente l’esprit ...

[Pas grave, ça arrive à tout le monde ^^ D'autant plus que le mien n'est guère mieux... >.>]

Liliàn toisait le jeune homme agenouillé devant elle avec un léger sourire, un soupçon de satisfaction pointant dans son coeur. Après tout, elle était la divinité obscure du Respect, et elle aimait que personne ne l'oublie. Cependant, comme toute entité liée au pouvoir des Ténèbres (ou du moins qui l'était vraiment et ne jouait pas sur les faux semblants), Liliàn aimait qu'on lui tienne tête. Un paradoxe certain, mais elle s'y retrouvait. En y réfléchissant, tout devenait clair. Comment un dieu digne de ce nom accorderait un présent à un lâche ?... Cela reviendrait à se ridiculiser, et Liliàn était de ces créatures qui ont la honte mauvaise...

- Un moyen de détruire les Humains, dis-tu ?... Hum... De toute manière, je devais m'y attendre. De mes longs siècles d'observation des mortels, je n'ai jamais vu que deux choses que puisse vouloir posséder un homme... Le pouvoir ou une femme. Je pense, malin comme tu es, que tu es conscient que tu ne me demandes pas une petite faveur ?...

Liliàn laissa planer un silence lourd de menaces et d'incertitudes. Le vent était complètement retombé, et ne perturbait même plus un grain de sable. Puis elle finit par lâcher un profond soupir avant de se pencher vers Loreas, lui tendant sa main :

- Relève-toi. Ne prend pas cette main que je te tend comme une chausse-trappe, ce n'est pas mon genre. Je ne te ferais pas de mal... Pour l'instant ! acheva-t-elle en riant doucement.

La divinité avait toujours adoré rester un mystère pour les autres, et ce même lorsqu'elle n'avait pas encore goûté à l'Ombre. Néanmoins, une chose était sûre, elle avait d'ores et déjà des projets pour ce charmant petit voleur qui avait eu la chance ou la malchance d'échouer en ces lieux.

Invité

[Avec seulement quelques mois de retard ^^']

Le silence qui s’imposait suite aux mots de la déesse provoquèrent chez Loreas un frisson intense ; le vent s’était calmé, et la mer semblait en avoir fait de même ... C’était comme si ... Comme si plus rien ne vivait, comme si le monde se résumait à cette femme, le mal, l’ombre ... Et lui. Tout cela dura bien des heures dans l’esprit de l’humain, bien qu’en réalité, la scène ne s’étendit que sur quelques secondes. A son grand étonnement, elle s’abaissa à son niveau et lui tendit la main, avant de le prévenir de ses intentions ... Il ne put s’empêcher de sourire, même si peu de temps avant, c’était la peur qui le berçait. Pourquoi cette déesse agissait ainsi ? Une question sans réponses ...

- J’ai encore beaucoup à apprendre de vous ... Les dieux ... Vous semblez être au delà du compréhensible. Mais ... Peut être qu’au fond, vous nous ressemblez plus que l'on ne le croit...

[Changement de couleur powaa 8D]

Son sourire grandit encore, et il eut du mal à contenir un rire après s’être rendu compte de la chance qu’il avait, celle d’être en face à face avec une divinité ! Il se saisit de sa main avant de se retrouver de nouveau sur ses deux pieds. Ses yeux parcoururent le corps de la femme qui se dressait devant lui : sans doute essayait-il de trouver en quoi ce corps était différent du sien ... Puis, après avoir abandonné cette idée, il bloqua ses yeux dans les siens, tentant de ne pas détourner le regard. Quelque chose lui incitait de ne pas continuer à le faire, mais il persista, si bien que l’espace d’un instant, il crut apercevoir ce qu’est le vrai désespoir ... Ou du moins, s’en faire une petite idée.

- J’ai conscience que ce que je demande n’est pas une petite chose ... C’est loin d’être insignifiant, mais ... Je ne sais pas comment te persuader de m’en faire don, tout ce que je peux dire, c’est qu’il aura en priorité l’utilité dont je t’ai fais part ... Mais, si tu me le permets, je souhaiterais être à ton service... Je crois que, pour une tel demande, c’est la seule chose que je puisse t’offrir. Ma vie, bien que ce soit une bien pauvre offrande. Qu’en dis-tu ?

L’offre était sérieuse, d’ailleurs, c’était la première fois que Loreas comptait marchander avec tant de sérieux. En temps normal, il se serait enfuit après avoir obtenu ce qu’il convoite, mais cette fois-ci, c’était bien différent ... Et, de toute évidence, s’il avait voulu arnaquer un dieu, la sentence qui s’ensuivrait serait sans doute inimaginable. Réellement, tout ce qu’il pouvait faire, c’est de respecter - pour une fois - le marché qu’il lui proposait, sans trahir sa confiance.

- La vie d’un humain n’a sans doute aucune importance pour toi, cependant ... Elle a tant de valeur pour celui qui l’offre, que je pense qu’elle est bien plus importante que tout ce que l’on peut faire don. Je souhaite être à ton service, mais, permets moi de devenir au delà d’un simple humain. Donne moi quelque chose qui me permettra de devenir puissant, même s’il faut que j’en souffre.

Son regard venait de se contracter, de celui-ci émanait un sentiment noir, son corps tremblait. De peur ? Plus maintenant. D’impatience, plutôt ... Qu’allait-elle lui répondre ? Serait-elle capable de lui donner ce qu’il souhaite, ou bien, le laisserait-elle de coté ? Tout ce qu’il voulait, c’était une réponse ou un acte. Il en était sur, la déesse était sa dernière chance d’agir, car en tant que simple humain, il n’avait rien.
Elle est sa chance de tout changer.

Un léger sourire étira les lèvres rosées de Liliàn lorsque le jeune Humains accepta la main qu'elle lui tendait. Hum... Il y avait peut-être quelque chose de bon à en tirer, finalement ! Alors qu'il lui parlait, de sombres machinations se mirent en train dans on esprit. Entendons-nous bien, elle écoutait une grande attention chaque mot qu'il prononçait, mais comme tout stratège qui se respecte, la déesse était tout à fait capable de faire deux choses en même temps.

Cependant, Loreas eut un comportement qui manqua de peu de la vexer. Non, elle n'aimait pas vraiment qu'on la détaille de la sorte ! Fort heureusement pour le jeune voleur, Liliàn fut assez impressionée de voir avec quel audace il osait la fixer dans les yeux, sans broncher. La plupart des mortels évitent son regard écarlate, sûrement parce-qu'ils craignaient d'être rongés par le désespoir le reste de leur vie... Bah ! De toute façon Liliàn n'en avait que faire, s'ils évitaient de la regarder dans les yeux, grand bien leur fasse !

Seulement, lui, il avait osé faire ce qu'aucun n'avait plus fait en plusieurs siècles... Songeuse, la déesse considéra très sérieusement l'offre de Loreas.

*Hum... Après tout, il est vrai que le nombre de mes fidèles qui vaille réellement quelque chose se compte sur les doigts d'une main... Avec un tel aplomb, une telle détermination, ce petit pourrait m'être utile... Très utile, même !*

Les Humains, Liliàn les avait en horreur. Mais celui-ci était différent. Et pas seulement parce-qu'il était prêt à tout lui abandonner. Son sourire s'étira davantage.

*Pourquoi ne pas en faire mon bras droit ?... Hum...*

La divinité sombre poussa un profond soupir avant de prendre la parole d'une voix claire :

- Tes paroles ne sont pas tombées dans l'oreille d'une sourde, crois-moi. Et bien que je préférerai avoir ton âme, je vais me contenter de ta vie. Cependant, sache qu'une fois ton allégeance prononcée, tu ne pourras jamais faire demi-tour. Il n'y a que deux solutions qui peuvent te délier de mon service. La mort, ou l'Arc-en-Ciel qui me sert de frère. J'espère que tu te doutes que si je te prend à comploter avec lui, je te traquerai jusqu'aux Enfers s'il faut, pour le seul plaisir de te tailler en pièces... ajouta-t-elle, mauvaise.

Puis son humeur passa subitement de l'agacement à une espèce de joie, et Liliàn se mit à rire doucement. A quoi pouvait-elle bien penser ? Il n'y avait qu'elle pour le savoir !
Néanmoins, elle reporta bientôt ses prunelles écarlates sur son futur serviteur :

- Bien ! Si tu es sûr de toi, voici ce que je compte faire de toi, mon cher Loreas. Tu as de la chance, tu m'es sympathique ! De plus, ton caractère et les qualités que j'ai décelées en toi me plaisent beaucoup. Aussi ai-je décidé de faire de toi mon lieutenant le plus proche. Avant que tu ne prennes la grosse tête, sache que le post est vacant depuis un moment.

Un léger temps d'arrêt, histoire d'enregistrer ces mots...

- Dans l'état actuel des choses, tu ne vaux pas grand chose, mon pauvre petit. Je vais donc t'accorder le Don de la transformation draconique. Je ne sais pas si tu le sais, mais si je me contente de te laisser dans cet état, tu ne pourras plus reprendre forme humaine... C'est pourquoi je vais aussi t'octroyer ce que nous appelons la Grande Métamorphose. Enfin... soupira-t-elle. Je tiens à te dire que ces dons, je ne les accorde en général qu'à ceux en qui j'ai la plus parfaite des confiances... Hors toi, je te connais à peine. Donc, je vais m'assurer que ces transformations te soient les plus douloureuses possible. Comprend-moi, je dois m'assurer que tu es bien de mon côté... Et que tu es certain ce ce que tu veux. De plus, ce sera long, car tu devras apprendre à maîtriser ta nouvelle forme. En cela, je pourrais t'aider. Mais n'attend pas de moi un apprentissage tout en douceur !

Voilà, tout était dit... Allait-il accepter, malgrè les risques que cela comportait ?... Liliàn allait bientôt le savoir...

Invité

Le soupir de la déesse accéléra le rythme cardiaque de Loreas, ne cessant de fixer celle-ci de ses petits yeux d’humains. Elle prit finalement la parole, après ce qui semblait une éternité d’attente. Elle lui expliqua, relativement vite, qu’il n’y avait aucune option pour revenir en arrière, dés lors qu’il aurait accepté de lui prêter allégeance. La mort serait la seule fin possible s’il tentait de se débarrasser d’elle ... Mais, désormais, à ce stade de la discussion, revenir en arrière était pour lui quelque chose de fort improbable. Pourquoi s’arrêterait-il maintenant ? Si proche de ce qu’il désire ? Liliàn eut un rire léger, et reprit de plus belle son discours qui semblait capter l’entière attention du voleur.

*Lieutenant « le plus proche » ? Entend elle par la un rôle de ‘second’ ? Ce n’est pas un rien, si j’avais imaginé que de ma vie d’homme, je me hisserais aux cotés d’une entité comme elle ...*

Le silence qui s’ensuivit fut assez long pour apaiser l’esprit du jeune homme, et lui permettre de réviser calmement les propos de la déesse. Lorsqu’elle enchaîna la suite de son grand monologue, elle déborda sur ce qu’elle souhaitait offrir en l’échange de son service. Etant donné la faible utilité de Loreas à cet instant t, en tant qu’humain, elle avait opté pour une solution radicale pour lui : le changer en dragon. Bien sur, elle ne souhaitait pas le bloquer sous cette forme ; non, elle avait décider de lui confier le pouvoir de reprendre forme humaine à volonté, et tout cela, sans savoir si Loreas était vraiment prêt à la servir jusqu’à au bout .... Peut être qu’au fond, cette déesse n’était pas plus futée que ce que pensait le voleur ... Ou bien au contraire, peut être qu’elle savait dors et déja que le petit homme serait aussi fidèle que dans les paroles qu’il avait pronnoncé ... Mais, ne lui avait-elle pas dit que la seule voie qui s’offrait à lui en cas de traitrise serait la mort ? ... Elle avait bien jouer son coup !

Loreas se sentit soudain cerné, contraint à accepter l’offre qu’elle lui proposait... Au bien entendu, il aurait accepté même sans y être contraint ! Cela n’influencait donc pas vraiment sa décision.

- La douleur physique ? La torture de mon corps ? Je suis prêt à l’endurer. Mais ... Si je peux encore te demander quelque chose, c’est de ne plus jamais répondre à mes attentes ... Je ne peux t’assurer que, si cette transformation est réellement très douloureuse, je n’essairais pas d’arrêter la métamorphose ... Après tout, la souffrance n’est pas un sentiment agréable pour les êtres vivants. De ce fait, si je te demande de tout arrêter, ne le fait pas. C’est ma dernière demande.

Il savait qu’il en demandait beaucoup, pour un simple mortel s’adressant à un être supérieur ... Mais, c’était pour lui le meilleur moyen de lui montrer que rien ne l’arrêterait ... il souhaitait aller jusqu’au bout, coûte que coûte, même si le chemin pour y arriver était semé de pièges ...

- Liliàn, je souhaite être à tes cotés pour te servir, par ma vie, et s’il le faut, par ma mort. Prête moi ta force, je saurais l’utiliser pour faire ce que tu désires, donne moi ce que j’attends, et mes services te seront de la plus grand aide que je peux te fournir ... J’accepte la torture, j’accepte la souffrance.

Les paroles de l'Humain avaient résonnées aux oreilles de la déesse sombre comme un glas. Ainsi donc, il venait de sceller son destin... Sans trop savoir pourquoi, l'accord de Loreas lui donna la folle envie d'afficher un grand sourire, et pourquoi pas, de rire aux éclats. Elle se retint cependant, consciente que ce n'était pas vraiment une bonne idée. Soit, il pourrait mal le prendre, mais ce n'était pas son soucis principal. Après tout, elle risquait de souvent le contrarier, par la suite...

Liliàn accueillit la dernière demande du voleur avec un air quelque peu sceptique. C'est vrai, qu'en tant que déesse elle ne ressentait pas vraiment la douleur comme le peuvent les mortels, mais tout de même... Enfin, elle avait bien assez souvent mis à la torture Humains et autres êtres à la vie fragile pour savoir que la souffrance peut les forcer à faire des âneries plus grosses qu'elle et son frère réunis sous leur forme draconique !
C'est pourquoi la jeune femme se contenta de plisser les yeux, attentive. Si c'est ce qu'il voulait... Ce n'est pas ça qui allait la gêner outre mesure !

- D'accord. Franchement, tu ne me demandes pas grand chose en plus. Si tu savais ce que certains ont osé me demander, par le passé !.... Enfin, ils ne sont plus là pour en témoigner... siffla-t-elle avec un sourire carnassier.

Puis la divinité des ombres tapa dans ses mains, semblant avoir une espèce de révélation :

- Oh, mais j'y pense !... Tu as une couleur préférée ?... Bah, pourquoi est-ce que je te demande ?... Tu seras un Dragon Noir. Et de toute splendeur. Il ne faudrait pas insulter ce corps d'Humain si attirant...

Sur ces mots, Liliàn vint passer ses bras autour de la taille de Loreas, approchant ses lèvres de son cou... Mais au lieu d'y déposer un baiser, elle planta ses dents, étrangements aiguisées, dans sa chair. Puis elle chuchota :

- Etais-tu au courant que ces transformations se trasnmettaient pas une sorte de venin ?... Le temps que le poison atteigne toutes les extrémités de ton corps, tu n'auras même pas la force de te lever. De toute façon, tu seras trop occupé à te tordre de douleur !... Ne t'inquiète pas pour ta sécurité, tu ne risques pas grand chose en ces terres désertées... Mais a cas où, je vais rester et veiller à ce que tu en sortes indemne. A cet instant, tu ne dois même plus comprendre ce que je te dis !

La déesse retira ses bras, et se recula d'un pas, ses prunelles écarlates toisant Loreas avec une lueur amusée.

Invité

Alors qu’il venait de donner sa décision et de demander une nouvelle faveur à la déesse sombre, celle-ci le rassura en lui disant qu’il n’avait à s’inquiéter de vouloir obtenir plusieurs choses d’elles ... En effet, selon ses dires, d’autres avaient auparavant tenté de l’imiter, mais pour des requêtes bien plus importantes - ceux-là reposent désormais 10 pieds sous terre ! Soudain, alors qu’elle venait de laisser Loreas dans ses songes, elle claqua des mains comme pour attirer son attention. Sa question le laissa quelque peu perplexe ... Une couleur préférée ?

- Pourqu...

Et avant même qu’il ne puisse débuter sa phrase, Liliàn s’était rapprochée de quelques pas à peine et l’enlacait, du moins, le retenait comme ‘prisonnier’ de son charme, et rapprocha ses lèvres de son cou ... Au lieu de sentir la douce sensation d’un baiser, le jeune humain ressentit une déchirure intense, puis un sentiment relaxant de bien être l’emplit, pendant quelques secondes, avant qu’une douleur inconmensurable lui perfore chaque membres, chaque parcelles de sa peau ... Après que la déesse se soit reculée, il décrypta avec difficulté quelques mots dans son monologue ... Bien peu, mais en suffisance pour comprendre ce qui lui arrivait. « Venin ... Force, douleur ! » ... Des mots bien significatifs.

A ce stade, alors que ce dit «venin» venait seulement de s’introduire dans son corps, sa vision était floutée à un point qu’il ne différenciait plus la terre du ciel, et il lui aurait été impossible de décrire une seule couleur. Ses oreilles sifflaient, son crâne était au bord de l’explosion, et des vertiges commencèrent à se faire sentir ... Mais, ce n’était rien par rapport à ces douleurs, partout, dans chaque partie de son corps ! Ainsi, cette femme n’avait pas mentis ! La transformation n’allait pas être une partie de plaisir, bien au contraire ...

- Que-ce ... Que-ce qui m’arrive ? ...

Il tenta dans un ultime effort de combattre ce mal, en se donnant un violent coup dans la jambe avec le peu de force lui restant ... Mais plus rien, il ne sentait déja plus sa jambe ! La panique l’envahit alors, ne sachant comment réagir face à cela. Et si elle l’avait piégé ? Si cette transformation n’était en réalité qu’un mensonge inventé de toute part, afin qu’elle puisse s’amuser avec lui, pendant qu’il restait persuadé que tout cela lui permettrait de devenir beaucoup plus fort ? Sa peur fit face à la rage, quelque chose de bien plus utile dans cette situation. Aveugle, sourd, incapable de faire un pas, il réeussit néanmoins à resserer la paume de sa main, et se lanca finalement en avant afin de donner un dernier coup à Liliàn ... Mais cela s’avéra inutile, puisqu’il s’écroula un instant après au sol, complètement à bout de force, incapable de faire quoi que ce soit ....

- Tu ...

Au fond ... En y réfléchissant un peu plus, Loreas se rendit compte qu’elle avait été sincère jusqu’au bout. Elle l’avait prévenu, l’avait avertit qu’il pouvait encore reculer, lui avait laisser ses chances ... Alors, pourquoi ne pas continuer à croire que tout ceci n’était réellement qu’une épreuve ? Une épreuve avec deux fins possible : la mort, ou la servitude de la mort. Plus rien ne lui permettait de revenir en arrière ! Mais, cette situation, c’était lui qui l’avait délenchée. Désormais, les seules choses qui s’offraient à lui semblaient évidentes : se morfondre, ou se battre jusqu’au bout. Se donnant appui sur son épée, plantée au sol, il réeussit à se remettre sur un genou, affaibli comme jamais. Sa vision floutée semblait déja beaucoup plus nette, bien que les douleurs restaient actives. Le sifflement intense dans ses oreilles avaient disparu, et il pouvait de nouveau comprendre quelques mots.

- Merci ...

Et cette fois-ci, son corps réeussit à se défaire de son envie de se battre : tout se relacha, et il s’écroula pour de bon, inerte, sur le sol fin de la plage ou il se trouvait ... La fin du voyage ? ...

Un éclat de rire échappa à la déesse lorsqu'il vit l'Humain se débattre contre sa douleur, poussant l'effort jusqu'à tenter de lui asséner un coup. Eh bien, il ne manquait de détermination et d'audace, celui-là !... A la bonne heure. Au moins, elle n'avait pas fait d'erreur...

Un filet de sang glissa de sa bouche vers son menton, seul reste de sa morsure. Liliàn l'effaça de ses doigts, avant de passer une langue gourmande sur ses lèvres. Si la chair humaine était assez peu délectable car trop amère, le sang lui, était un véritable délice.
Lorsqu'elle eut fini de se délecter de ce si précieux liquide rouge, la jeune femme reporta son regard sur Loreas, qui s'était effrondré au sol.

Son remerciement, soufflé faiblement, Liliàn l'avait à peine relevé. Merci ?... Et pourquoi donc ? Elle ne faisait pas cela par charité ! Réalisait-il qu'elle pourrait faire tout ce que bon lui semblait de lui ? Elle pourrait même pousser le vice jusqu'à lui ordonner de mettre fin à ses jours, par simple amusement !... Cependant, ce n'était pas le but.

La déesse sombre vint s'assoier à côté du jeune homme, évanoui pour de bon, cette fois-ci, et écarta les quelques mèches ébènes qui étaient venues se coller sur sa joue.

- Bon... Il va falloir se mettre au travail !... Et comme il n'y a aucune autre Dragonne que moi dans le coin...

Elle ajouta après un léger rire :

- J'espère que tu sauras apprécier l'honneur que je te fais, petit voleur...

Sur ces mots, la jeune femme se releva, s'éloigna d'une bonne dizaine de pas, et d'un geste négligent de la main, matérialisa d'épaisses volutes de Ténèbres, qui s'agglomérèrent pour former une sorte d'oeuf. Satisfaite, elle recula encore davantage avant de reprendre sa forme draconique. Puis, Ïlimentã saisit délicatement Loreas entre ses crocs pour le transporter jusqu'à l'intérieur du cocon qui serait le théâtre de sa transformation.
Une fois qu'il fut installé convenablement, la déesse referma l'oeuf et s'enroula autour avec un soupir assez proche du grondement. L'immobilité ne lui plaisait guère, mais il n'y avait pas vraiment d'autre solution !... Et puis déjà qu'elle allait grandement s'affaiblir pour accélérer le processus de métamophose, ce n'était pas le moment de traîner la patte et de rechigner à la tâche !

D'après ses calculs, si la déesse acceptait de brûler la plus grande majorité de ses forces durant la transformation, celle-ci devrait s'achever dans une dizaine de jours... Mais il restait toujours l'apprentissage du futur lézard à faire !...

*Par les Enfers, je suis loin d'en être sortie !... Crépuscule, je te hais...*

Qu'est-ce que venait faire le dieu des Arts, du Voyage et de la Survie dans cette affaire ?... Eh bien... Cela remontait à une certaine fête, et à un certain échange de bon procédé...

Invité

[RP TERMINÉ]

(Bah oui, faut bien le préciser >.< Sait-on jamais !)

A l'épreuve du mal [PV : Ïlimenta] [Terminé]

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