Renvoyée de l’auberge telle une malpropre, je dus retrouver les appartements de mon père. De sa chope de café favorite à sa bibliothèque habitée par des livres ennuyeux, chacun des bibelots me criaient son absence. Le pire était son fauteuil améthyste déchiré par les saisons et les intempéries familiales. Ce siège en cuir avait une histoire émouvante à raconter, un chapitre déterminant de ma vie et le tournant d’une page décisive. Autrefois quand je m’asseyais encore sur les genoux de mon paternel, ce divan était déjà dans un état déplorable. Mon père désira lui trouver un héritier, un superbe sofa tout irisé d’un blanc lumineux. Le prix était tout naturellement excessif et nécessitait un salaire digne d’un monarque. Mon géniteur travailla sans relâche pendant plus d’un mois jusqu’à en oublier ma propre existence. Alors qu’il venait de se brûler sévèrement le bras, j’eus le toupet de le traiter de mauvais père… Sa réponse fut une violente rafale de désobligeance. Ce concours de circonstances est la genèse de ma première fugue, un vagabondage de plusieurs heures dans ce guêpier humain fourmillant de psychopathes. Mon père déambula dans toute la cité, son inquiétude grandissant au fil des secondes. Il hurlait tel un demeuré, dérangeant la prétendue quiétude de la ville. Je feignais de ne pas l’entendre mais le soleil couchant véhiculait une nuit sombre et obscure comme les pensées de sinistres démons…
Je répondis à son énième appel puis le serra fort dans mes bras, inondant le veston de mon héros par des larmes aussi angéliques que le cristal. A peine rentrés, mon père m’emmena sur le fauteuil pourpre et me berça de sa voix exquise. A mon éveil, je pus sentir une chaleur réconfortante émanant de sa poitrine et même son cœur battait à la cadence de mon souffle. Il brisa le silence d’un éclaircissement verbal limpide, précisant l’abandon de ce divan faramineux. Sa voix et son sourire étaient contradictoires, synonyme de regrets vis-à-vis de ce caprice masculin…
Le souvenir passé, des gouttes s’ajoutaient à mon paysage facial. D’un coup de carré en soie, je dépoussiéra mes yeux nimbés d’une auréole de nostalgie… La sonnette retentit d’un violent horion et cela pour la première fois depuis la retraite de l’ancien propriétaire. La porte ouverte, un homme d’un âge avancé se présenta comme compagnon de mon défunt père… Dans un étrange bafouillement, il se confondit en excuse et avoua être au courant de ce triste évenement.

-Je vous remercie de vos condoléances bien qu’elles ne puissent nous épargner cette tragédie.

Ce n’est qu’après coup que je pris conscience de l’austérité insolente de ma réplique…

-J’ai du vous paraître désagréable et je m’en excuse. Quelle était le motif de votre visite ?
-Une commande spéciale taillée sur mesure pour Orlando. Attiré par le domaine scientifique, j’aimerais analyser les Gusgaks… Pour ce faire, j’aurais besoin d’une armure forgée en leur cuirasse. Il m’a fait fit de vos talents héréditaires alors puis-je compter sur vous ?
-Je ne sais pas… Le désert ne me procure aucune aisance.
-Je vous gratifierais de jolies récompenses, croyez en mes paroles Ilona Macalaure, fille d’Orlando Macalaure…

De ce ton cérémonial, il remit son couvre-chef et quitta l’aciérie.
Après m’être morfondue à en oublier tout discernement, je pris le strict minimum et partis à la recherche de ces bestioles cuirassées. N’ayant aucune carte pour rallier les contrées désertiques, je m’exprima à voix haute, me croyant encore dans mon salon :

« Comment aller dans ce désert miséricordieux ?

Je me tus de crainte que quelqu’un ne m’ait entendue…

Diane, s'approcha de l'entrée. Elle avait surpris la conversation juste à l'instant, étant de passage en ces lieux. Un voyage ? Voilà qui était fort intéressant. Ce serait le premier qu'elle aurait l'occasion de faire, sur ces terres. Depuis son arrivée, elle n'eut pas le plaisir d'en découvrir quelques beautés ou secrets. C'était donc sans doute l'occasion ou jamais de se lancer à l'aventure.

Elle savait qu'elle avait du paraître malpolie d'avoir épier Ilona de cette manière. Ce fut pourquoi elle s'inclina très bas avant de parler.

- Excusez moi Dame d'avoir dérangé ainsi votre intimité... Et aussi de vous présenter pareil requête. Mais m'accorderiez vous le droit de participer à cette recherche et ainsi vous aider ?

Elle resta incliner, de façon très poli. Les yeux fermés. Elle espérait que l'elfe ne lui en tiendrait pas guerre et accepterait sa proposition vu du fait qu'elle avait semblé en doute.

Je ne sais pas quand vay va répondre alors je le fais pour que le rp avance.

Dans ce torrent criard, ma voix fluette avait du passer aussi inaperçu qu’un squelette se baladant dans un cimetière. Explorer les terres sableuses dans la pénombre, courir après des monstres telluriques ou encore arpenter des falaises vertigineuses… Un travail semé d’embûches et constellé de périls.

-Excusez-moi Dame d'avoir dérangé ainsi votre intimité... Et aussi de vous présenter pareil requête. Mais m'accorderiez vous le droit de participer à cette recherche et ainsi vous aider ?


Ma déesse aurait-elle entendu mes prières dissimulées sous un écrin de plaidoirie ? Une intervention céleste ne serait pas à exclure… La lumière serait devenue le tunnel de ma sollicitation non exhaustive avec comme débouché l’oreille d’une âme suffisamment tendre pour aider son prochain. Mais dans un gant de velours peut également se cacher la main d’un ogre… Une réponse à une demande rhétorique argumentait dans le sens d’une éventuelle traque car nombreux sont les braconniers monétaires à repérer le gibier dans son nid.

-Je ne vous en tiens pas rigueur chère mademoiselle. Et votre offre est la bienvenue. Elle apportera soutien et compagnie dans un voyage qui s’annonce d’ors et déjà fastidieux.

Je calqua toute ma vigilance sur cet être et analysa l’essence de sa personne à priori banal. Une odeur bestiale mais douce, un rythme cardiovasculaire dans la moyenne et une respiration un peu rauque, la conséquence directe de cette tiédeur exténuante. D’un mouvement de bras, je balaya l’air pour sentir la dissimilitude de température… L’atmosphère était plus douce sur un périmètre restreint, ce qui induisait une taille assez fine. Ceci couplé à un avantage racial, mon interlocutrice se devait d’être assez agile. Son éloquence n’était que le semblant de son potentiel, un désir de cacher sa puissance lyrique… Soit une calligraphe, soit un aède. Mais à juger de sa carence cruelle de musicalité, l’art de la plume se dessinait en elle. Quant à la douce brise du médian solaire, elle exhibait un autre indice mais travesti en une énigme dont je n’avais pas encore la clef…

-Pour commencer sur des bases saines, commençons donc à s’échanger nos noms. Ilona Macalaure, c’est comme cela que mes rares amis m'apostrophent…

Se sentant analysée, Diane abaissa quelque peu ses oreilles se demandant se qui se passait, ne pouvant retenir ces réflexes animales, qui sans cesse la trahissaient. Elle se releva et vit que l'elfe, Ilona, la décrivait du regard. Les oreilles partirent en arrière, décontenancée et se demandant si elle avait bien parue, la nalamie se dépêcha de répondre :

"Je m'appelle Diane Anna Elma, mais épargnez-vous le Anna."

Ilona continuait de la sonder comme si elle cherchait à la décrypter, elle sembla songeuse quand elle s'arrêta enfin. Diane se demandait si l'elfe se méfiait d'elle et cherchait à savoir si elle pouvait lui faire confiance. La nalamie fit la moue, c'était une réaction normale, mais elle savait que son but à elle n'était pas de lui faire de mal ou de profiter de quoi que se soit, si ce n'est que du voyage.

Ce fut à ce moment là que Elvis apparu à l'entrée du bâtiment. Le coq gris avançait en picorant le sol, ne regardant pas où il allait. Diane s'empara de lui avant qu'il n'aille plus loin et pointa une griffe vers lui. Le coq coqueta mécontent d'être dérangé dans son picorage.

"Lui c'est Elvis, mon familier. Prenez garde à ce qu'il ne fasse pas de bétise, j'ai du mal moi-même à le garder tranquille. Mais il n'est pas méchant... AÏE !"

Ce à quoi répondit le coq en béquetant le doigt de sa compagne, pas méchant, mais avec son caractère, tout de même ! Elle le reposa par terre et il reprit sa fouille. Voulant rassurer Ilona dans son honnêteté, Diane ajouta :

"Fastidieux ? Et bien nous verrons bien, je ferai de mon mieux pour vous aider. Je ne promet pas d'être là meilleur en tout points mais globalement, je sais me défendre et porté de l'aide."

Elle tapota, à cette phrase, le livre qu'elle transportait en bandoulière. Ilona avait bien devinée le fait que Diane était une calligraphe. Sinon, il y avait juste cette plume de paon dans le dos de la femme chat...

Anna… Tel était le raccourci nominal de mon interlocutrice. Son nom, étendu sur un podium oral, avait une allure souveraine qui reflétait des origines de princesse. Dans ces veines royales devaient couler un sang bleu ou bien ceci n’était qu’un stratagème de mon inconscience… Une politique pour cristalliser l’une des seules personnes s’intéressant à moi en dépit de mes nombreux défauts. Cet intérêt subit n’était pas charitable et cachait des motivations ne me concernant en rien. Perdue dans mes lamentations virtuelles, une odeur de rôti cru interpella mon ventre qui grommelait de famine. L’argent pour la nourriture ne manquait pas mais les placards devinrent dépeuplés quand des ignominieux rats l’eurent placés en quarantaine… A mon retour, seuls quelques vivres avaient survécu à cette extermination nutritive et les reliques alimentaires auraient pu à elle seul remplir un muséum. Pour ma fortune, les fossiles existentiels de mon défunt père furent épargnés par la voracité de ces souris de Satan.
La puanteur environnante me mettait mal à l’aise et même mille excréments de chevaux constipés n’auraient pas eu un effet similaire. A moins que mes narines douillettes ne soient pas encore habituées à ce parfum, comparable à celui d’un paysan noirci par les affres de la saleté et préconisant l’eau pour des besoins moins nobles mais vitaux. Ce vil arôme se rapprocha de nous avant de se fondre dans celui de sa maîtresse… C’était un coq de compagnie et prénommé Elvis, un nom ne correspondant pas à une pestilence de ce degré. Ses fonctions d’auto réveil et de coupe-fin naturelle devait faciliter la vie de sa propriétaire… Les cuisses de cet emplumé ocrerait une famine si la pitance entendue par les dieux ne se faisait pas assez copieuse. Elvis semblait être un coq susceptible et Anna, soumise à sa volonté, ne l’embrocha point par le fil de l’épée.
Une situation loufoque et extravagante par son non-conformisme aux normes morales de la ville. Le sérieux ayant réinvestis l’enceinte de nos dires, elle louangea ses facultés avec une once de modestie. Un bruit sourd retentit alors… Je ne parvenais pas à déceler sa provenance mais devant le calme d’Anna, ce son se devait d’être anodin.

«Soit alors… Elvis sera le mâle de cette épopée féminine. Les portes sont à deux pas d’ici… Sommes nous prêtent à partir pour les colonnes de pierres et les océans de sable ?

Je révisa les boutons de mon sac et le plaça d’une manière confortable à mon épaule. Une fois les oreilles urbaines et les regards cauteleux disparus, j’aborderais la nature de notre exploration…

« Simple curiosité. Comment se fait-il que ce coq hume autant ?