Le Raptor se retourna après avoir encore incliné la tête devant Ulrick. Il devait aller voir le forgeron, Istrick. Ce dernier lui forgerait une armure adapté à sa forme natale. Le forgeron lui dirais surement après où il devrait se rendre. Mais à peine John s'était-il retourné qu'un autre Nalami reptile s'approchait, sous forme hybride. Mais Ash ne souhaitait pas prendre de retard, il partit en sens inverse, vers la seul sortie, et la seul entrée, arrivé à hauteur de Tamaari, le Raptor inclina doucement la tête et soufflant d'un air calme.

-Mon frère.

Sans plus en ajouter, John continua sa route, sortant de la salle du trône et partant pour la forge du château. Même si l'odeur de Tamaari emplissait l'air des couloirs, Ash en distingua une autre, plus faible, plus douce, c'était l'odeur de l'autre Raptor qu'il avait sentit peu avant. N'ayant rien à perdre à la suivre, le reptile parcourait les couloirs, trotinant, faisant claquer ses griffes à terre, grognant à chaque fois que l'odeur se faisait moins forte et qu'il devait accélerer pour ne pas la perdre. Et tout à coup, au croisement d'une allée en T, sur sa droite, où l'odeur de la Raptor continuait, Ash tourna la tête, juste à temps pour la voir, peau écailleuse légèremment bleutée, taille fine et longiligne. John inclina la tête de gauche à droite, laissant s'échapper un ronflement léger et intrigué, clignant plus lentement des yeux. Mais une fois de plus, la Raptor s'échappa et le Nalami la perdue de vue. Ash continua à suivre l'odeur de l'autre Raptor, commençant lentement, trotinant ensuite, avant de se mettre à courir, sans raison particulière, faisant résonner les quelques dalles de marbres restantes. Faisant résonner ses griffes, esquivant les endroits où les racines de grands arbres décalaient le sol, formant des creux qui auraient pu casser une patte en pleine course.

Voilà que le Raptor ralentit pour tourner, arrivant devant une porte en bois entrouverte avec une petite ouverture rectangulaire à barreaux d'où filtrait une lumière rougeâtre sur sa partie supérieure. Une fois encore, l'odeur s'arrêtait net devant la porte, résigné, John poussa la porte du bout du museau, le forgeron panthère noir, Istrick, sous sa forme hybride, arborait ses muscles à demi-humains, tandis qu'il frappait de son marteau un morceau de métal apparemment anodin sur une enclume. Le Raptor entra dans la pièce surchauffée. Quelques temps après, Ash, toujours sous sa forme animale, secoua ses épaules, bougeant sa mâchoire. Une armure à l'air épaisse recouvrait son corps. Quand Istrick lui avait montré les pièces de l'armure, John cru qu'elles allaient l'écraser, et pourtant, une fois complète, Ash s'étonna de sa légereté, et le forgeron n'en était pas à sa première, elle était d'une qualité impressionante.

Istrick posa un grand miroir contre le mur et Ash se mit devant, pour contempler sa deuxième peau. Un épais casque sur mesure lui couvrait la gueule, pourtant cette dernière était ralongée de quelques centimètres par le casque, lui donnant un air plus aggressif. De plus, la partie métallique qui entourait sa gueule, lui rajoutait une rangée de dents supplémentaires, une rangée de dents métalliques et meurtrières. Même si la partie d'armure qui lui protégeait le visage était métallique, elle était totalement flexible au niveau des mouvements et ne le gênait en rien. Les pièces d'armures corporelles étaient d'une toute beautée. Son dos et ses flans étaient ornés de piques métalliques recourbés en arrière, donnant un air cauchmardesque au Raptor, même s'il était déjà pour mal d'humains. L'armure continuait jusqu'au pattes, mais ici, elle était plus perméable, car pour donner plus de liberté de mouvements, les plaques étaient plus nombreuses et "craquelées", les deux griffes rétractables du Raptor était même entourée d'une coque protectrice métallique très tranchante et aiguisée. Venait ensuite la queue du Raptor, qui n'était pas entourée, mais protegée sur la partie supérieure, et ornée de piques, elle même.

-Parfait.

Déclara Ash.

-Où dois-je me rendre ensuite, forgeron Istrick ?

Ajouta t-il, visiblemment satisfait.

Spoiler:

Le Chef de meute Ulrick semblait confiant, n'hésitant pas à afficher un sourire. Etait-ce dû à l'importance de son image, afin d'apporter aux volontaires un surplus de confiance ? Impossible à définir mais cela semblait porter ses fruits. Les visages étaient certes tendus dans l'assemblée mais seule la concentration voire l'excitation semblait guider leurs traits. Son prédécesseur reptilien l'ayant brièvement salué auparavant semblait avoir pris le chemin de la forge pendant son bref entretien avec le Chef, comme il avait été invité à le faire.

La forteresse fournissait donc armures et équipements, ce qui était un bien pour ceux dont la seule charge réside dans la gourde et l'outil. Tamaari se voyait mal porter une armure de métal, aussi rutilante que l'horizon de mirages au coeur du désert. Une cloche humaine n'aurait pas meilleur timbre que cet amalgame de plaques s'entrechoquant au moindre mouvement. Cela représentait une forte gêne pour le reptile dont la nécessité de discrétion était maîtresse de survie. Saluant une dernière fois le Chef Ulrick, ce dernier emprunta le chemin de la forge dont les couloirs se ressemblaient tristement. Il fallut encore esquiver l'imperfection du sol malgré ses fascinantes variantes. Le soleil perçait miraculeusement certaines cavités, réchauffant les lieux. C'est ainsi que l'on remarquait l'impressionnant nombre d'allées que comptait la forteresse, ce qui serait un bien en cas d'intrusion.

Il parcourut ainsi l'intérieur jusqu'à entendre des voix non loin de là. Il pénétra la salle gardée par une porte en bois dont réchappait une chaleur qui lui était fort agréable.
Le forgeron était à pied d'oeuvre, et sur le côté, le Raptor qu'il rencontra plus tôt semblait subjugué par l'armure fraîchement achevée. L'ensemble se voulait fort impressionnant et semblait apporter un surplus de confiance à son porteur, visiblement enchanté par son acquisition. L'appréhension de Tamaari au sujet de l'armure diminuait face à cette démonstration sans pour autant l'enchanter outre-mesure. Il salua tout d'abord le forgeron avant de s'approcher de son frère.

- Avec pareille protection nul doute que l'on y réfléchira à deux fois avant d'y trépasser, dit-il sourire aux lèvres. Nous avons de la chance d'avoir un expert sous le bras et cet ensemble en est la preuve.

Le traqueur fit frétiller sa langue scindée, pouvant traduire bien des sentiments. Il s'agissait là d'un réflexe amical expriment un contentement.

Le Raptor bougeait les épaules dans tous les sens possibles. Cette armure, bien que terrifiante de l'extérieur, était diablement confortable à l'intérieur. Après quelques minutes, un autre Nalami franchi la porte, la glace en face de lui permit à John de voir que c'était le reptile qui allait parler à Ulrick après lui. Le Raptor n'arrivait pas à saisir ce qu'était le Nalami. Il sembla à mi-hemin entre le Raptor, et le lézard, et Tamaari était sous sa forme hybride ce qui ne facilitait pas l'identification. Une fois completement dans la pièce, Tamaari constata à son tour l'armure de John avant de féliciter les talents de Istrick. Le Raptor se retourna avant de répondre.

-Une armure ne sera pas de trop, face à ce qui nous attend. Nos crocs et nos griffes ne réussiront pas seuls à vaincre. Je suis Ash. Je t'aurais bien serré la main, mon frère, mais la morphologie du Raptor n'y est pas adapté.

Ash était pensif, voilà bien longtemps que son faucon ne l'aviat quitté si longtemps. Mias Black Bird se débrouillerait fort bien, il ni avait pas de soucis à se faire. Alors que le Raptor revint sur terre, il s'aperçut que le forgeron et Tamaari conversait à propos de la future armure de ce dernier. L'acier... John n'y avait pas pensé, mais il finit par déclarer, brisant la bulle de silence le protégeant.

-Par soucis de bon sens et d'éthique en ces temps sombres, je ne me remettrais pas sous ma forme humaine de si tôt.

Après quelques seocndes, il lâcha un ronflement de satisfaction, avant de se tourner vers son "frère".

-Concernant ton offre, Tamaari, je serais honoré de partager avec toi les fruits de ta chasse. C'est un geste respecté, pour nous autres, Raptors. Si tu le veux bien par contre, je m'en vais dans les couloirs, j'ai quelques petites affaires à régler.

Se tournant ensuite vers Istrick, Ash continua.

-Merci pour ton aide, Istrick. Je ne l'oublierais pas.

Puis, sans attendre davantage, John sortit de la pièce, l'armure presque luisante, toute neuve. Il erra dans les couloirs quelques minutes. Cherchant une odeur familière. Il cherchait son faucon, mais la Raptor qu'il avait vu auparavent n'arrêtait pas de l'intriguer. S'arrêtant de marcher, il baissa le cou, mettant sa tête à l'horizontal au dessus du sol, tel une autruche, espérant repérer plus facilement une odeur. Il n'en était rien. Puis en fin, il flaira quelque chose, mais cette odeur n'était pas neuve, au contraire. John la suivit, jusqu'à arriver dans une grande cour. Au centre, se trouvait une immense fontaine de pierre, ensevelie sous une légion de plantes grimpantes, fracturant, écartant son ossature. Un balcon de la même matière entourait cette cour, en hauteur, lui aussi, completement recouvert de lichens, de mousse. Et tout à coup, comme sortit du néant, un soldat humain fonça sur le Nalami, épée brandie. Ce dernier fit un petit de bond de côté, esquivant une coup de taille, lâchant un sifflement de rage et de surprise. Mais à la grande stuppeur de John, l'humain continua sa course, et en se retournant, le Raptor constata avec effroi que l'humain avait tailladé à mort un autre Nalami. Se tournant vers la cour et la fontaine, un frisson parcourut Ash. Les fantômes du passé revenaient sur leurs terres, rejouant une scène de bataille, dans un silence fantomatique et effrayant. Soudain, John vit un autre Raptor. C'était la Raptor. Ils se regardèrent, puis cette dernière finit par lâcher un sifflement strident et aigu, terrifiant, brisant le silence olympien de la bataille passée. Et puis, plus rien, Ash ré-ouvrit les yeux, il était à demi-allongé contre un mur, devant cette fameuse cour -cette fois, vide-, son faucon, Black Bird, à ses pieds, sifflant de toutes ses forces, ne sachant plus quoi faire d'autre. D'un coup de queue horizontal, Ash chassa le pertubateur, avant de se relever sur ses deux pattes, secouant la tête, reprenant ses esprits. Une fois debout, Black Bird vint se poser sur l'épaule d'Ash, et ce dernier reprit son vagabondage à travers les couloirs.

[Séparation du sujet puisque nous quittons la forge. Suite : Par ici !]

-Merci et vos conclusions sont justes…

Je me hâta de fouler les pavés limitrophes de la forge, les mains dégoulinantes d’encre pourpre et les narines béantes de cette exploitation déplaisante. Pour trouver mon fluide guérisseur, je dus m’y reprendre à plusieurs fois car la pièce octogonale ne correspondait pas à mon sens de l’orientation limité. Les murs repeints en un rouge verdâtre, je parvins à dénicher un pichet d’eau destiné au repas… Le décrassage fut long et difficile tant des croûtes avaient éclos des plaies séchées par l’humidité ambiante. Ma tête tourbillonnait gentiment et mes impressions sensorielles se confondaient à cause de l'effusion sanguine prolongée. Assise sur un divan rigide, j’élabora la partie théorique d’une armure apte à garnir sans peines mes lacunes oculaires. Un haubert flexible et vaporeux où aucun hiatus ne deviendraient un point venimeux. Une cuirasse aussi composée de mes instruments défensifs, lesquels parachèveraient une armure empreinte de magie. L’onde merveilleuse était un concept échappant à mon habileté métallurgique et le forgeron en chef semblait absorbé et noyé par cette vague de dur labeur.
Ainsi je misa toute mon énergie dans mon activité cérébrale, implorant mes neurones de comprendre l’affiliation paradoxale de la matière. Les céphalalgies crâniennes me submergeaient d’une lourde ampleur mais je n’allais pas plier sous le poids de migraines futiles comme la colère. Une équation à maintes inconnues que mon esprit torturé s’ordonnait de résoudre… Je retournais le calvaire dans tous les sens, prônant le détail des angles cachés par la raison. Utilisant l’absurde comme aiguille à laine, je tissais des images farfelues, des récitals incohérents tout en espérant à trouver de la logique dans l’irrationnel.
Le déclic fut désireux de me faire languir telle une dame faisait angoisser un amant lors d’un premier rendez-vous. Mes lèvres dépossédées de salive, la solution illumina la lanterne de ma raison. Dans un vœu de lumière kinesthésique, je palpa tout ce qui fut autorisé à mes dix petites souris… La connivence exercée jusqu’au bout des doigts, je dévalisa le dépôt du propriétaire sans le moindre opprobre. De mon glaive acuminé, je trancha les grands draps de tissus pour ne prendre que le strict nécessaire. Le découpage achevé, il fut temps d’assembler ce puzzle dont la résolution s’atrophiait dans les viscères de mon esprit.
L’outillage des nalamis était d’une rare complexité tant leur construction déviait de nos coutumes habituelles. Du retard ou de l’avance ? Aucun des deux car il est préjudiciable de comparer deux univers lointains dans les mœurs et également proche dans ce plasma tridimensionnel. Mes ongles s’écorchaient sur les scies de fer pendant que la densité de travail restait analogue à sa vitesse liminaire. Ceci n’était qu’une impression mais la sueur dévalait mes bras comme une luge d’enfant déroule dans une peinture montagnarde.
Les semelles de mon armure se terminèrent sur un long soupir d’exaspération. Rare était le jour où j’essuyais mon front comme ce monde essuierait les tempêtes à venir. Il en valait de ma survie et même si la mort me réunirait avec l’âtre de mon cœur, les retrouvailles gagneraient en succulence si je revenais victorieuse du marathon de l’existence. Cette phrase était un euphémisme à l’ode lyrique qui chanterait mes exploits et conterait mes mésaventures, cela dès mon arrivé au royaume des anges…
Lassée de tergiverser sur mon trépas, j'assaillit hargneusement la partie ultime de mon habit de guerre. Enchanter un morceau de cuir sur un léger interstice temporel, serait d’une facilité déconcertante. En continu, le problème de la concordance syntaxique entre deux ensembles contraires devenait l’objet de mon malaise mental… Les instances calligraphiques devraient alors devenir une chanson dans laquelle chaque ritournelle lancerait une série de couplet féerique. Seul inconvénient : le coût d’énergie abyssal… Les facultés magiques seraient véritablement un bouclier de dernier recours.

L’eau transparente est le symbole du temps qui passe
Car les saisons harmonisent la structure de l’espace.
Le monde tourne sur lui-même car l’engrenage de l’univers
Transporte les générations du soleil à l’hiver.

Ô j’implore la permission de cette ronde sacrée et cyclique…
De grâce, harmonisez vos charmes magnifiques
Dans le fer dont l’homme est le rusé créateur
Et dans laquelle, il s’improvise vite créature.
Enfouis dans le risque, les vers chanteront en chœur
Pour enjoliver magiquement une armature,
Erigée gardienne consubstantielle de mon cœur.

Par la force et la culture des alexandrins,
Que le mythe d’Œdipe me déterre du pétrin.

La magie fut orchestrée par la force de mes mots. La pratique s’immisça dans la spéculation et l’envie de tester ce vêtement bleu comme le ciel, devint insupportable.
Je me changea très hâtivement, cachant mes attributs intimes de mes mains, de crainte que le forgeron ne fasse irruption dans la salle à un moment embarrassant.
Affublée d’une longue robe de cuir azuréen, je m’en alla voir le nalami… Elégante et efficace à la fois, j’étais satisfaite de moi bien que son avis primait sur le mien.

-Alors qu’en pensez-vous ?


(Hrp : c’est une armure qui à chaque fois que ma perso prononcera le mot Œdipe, un voile magique la protégera. En contrepartie, cette technique la videra de son énergie et pire si cela dure… Prévenez-moi si ça va pas car je sais que c’est un peu grosbille comme vous dîtes.)