Comment Réapprendre à Vivre ? [Mayu]

- Comment Réapprendre à Vivre ? -
Soirée du 16 Juwÿn

Un. Deux. Trois.
Silence... Elle se tapit dans un nuage de feuilles mortes, ombre invisible dans ces couleurs chatoyantes. Elle équilibra ses appuis, se fondit dans la terre ocre et molle particulière aux forêts sombres. Son souffle ne produisait pas le moindre son, en parfaite harmonie avec la respiration hachurée de celui qu'elle traquait. Inlassablement. Jours après jours... Elle sentit la brise glisser sur son visage, jouer dans ses cheveux. Le vent lui venait de face. Elle pouvait sentir l'odeur tenue du chevreuil qu'elle poursuivait. Il l'ignorait, bien entendu, sans jamais baisser sa garde. Un seul faux pas, un seul craquement sec et il s'évaporerait, la mort aux trousses.
Elle aimait les défis. Et les évènements des derniers jours avaient éveillés en elle une soif insatiable. Bouger, il fallait qu'elle bouge ! Qu'elle se sente en vie ! Elle ferma les yeux, paupières closes sur le monde de lumière et de ténèbres qui était le sien. Elle écouta les battements de son cœur, se délecta de cette simple sensation. Une seconde mélodie vint se mêler à ce son. Tout proche, tellement proche, qu'elle aurait pus l'effleurer du bout des doigts. Rien de plus admirable qu'un être qui vit...
Elle vint perdre ses prunelles à travers la barrière de verdure chaotique qui bloquait sa vue, repéra la silhouette élancée de son chevreuil. Et alors, elle avança. De ce pas glissé si souple qu'il en devient furtif, indécelable. L'herbe tendre et verte se balança sous un vent imaginaire, glissa tel un serpent jusqu'aux sens de l'animal... Il redressa la tête, vif. Son esprit clamait « Danger » sans que son corps ne parvienne à le comprendre. Il n'y avait aucune trace après tout ?
Un. Deux. Trois.
Elle inspira longuement, banda son arc dans un silence infini. Elle sentit le bois chauffer sous sa paume, la corde hurler. Mais elle continua à tendre le tout, un trait mortel soigneusement encoché... Ses prunelles émeraudes captèrent un très court instant le regard sombre du chevreuil et elle libéra sa flèche qui fila se ficher dans la chair tendre de l'épaule de la bête, dans un sifflement ténu tristement connu. La forêt implosa. Et Luz bondit d'une formidable détente, son corps décrivant une courbe parfaite sur le ciel d'un bleu limpide. A ce moment, sûrement aurait-elle alors tout donné pour s'envoler, partir et ne plus jamais revenir. Mais elle ne parvenait pas à se résoudre à voler de nouveau. Du moins pas pour quelque chose qui n'en vaudrait pas vraiment la peine...
Le tranchant de son pieds ne fit qu'effleurer le chevreuil affolé, un mince filet de sang vermeil se mélangeant au châtain de son pelage. Il en faudrait plus pour le tuer. Ça aussi, elle le savait. Déjà, il s'élançait à travers la forêt, ses mouvements inégaux brisant la paisible atmosphère elfique. Alors elle se mit elle aussi à courir, tranchant par un chemin plus court sur les vieux sentiers de terre battue. Elle pivota sur ses hanches, reprit sa course d'un même élan, attrapa sa dernière flèche potable dans son carquois et se jeta au sol. Un sabot mortel frôla son front, fit voler ses cheveux et vint retourner la terre dans un geyser sombre de peur panique... Elle n'hésita pas un instant lorsque le ventre offert de l'animal se retrouva glissant au-dessus d'elle ! La pointe de sa flèche vint rencontrer le cœur essentiel du chevreuil et la mélodie se tut brusquement dans un son mat et écœurant.
Un. Deux. Trois.
Elle resta de longues secondes ainsi étalée au sol, ses mèches flammes en bataille, le visage et le corps maculés de boue, à contempler les cieux. Elle l'avait eu. Et n'en retirait aucune joie, aucune exaltation. Ces temps-ci d'ailleurs, elle n'était plus bonne à grand chose... Il faut croire que quelqu'un avait kidnappé sa fierté, son envie de vivre. Mais elle avait le temps et la patience pour elle... Elle faisait partie des prédateurs après tout ! Elle se releva d'un bond souple et s'approcha de son trophée de chasse avec la faim au ventre. Elle ne tuait jamais par plaisir, juste pour survivre. Et elle allait devoir attendre d'avoir préparé son camp avant de pouvoir faire quoi que ce soit...

Les heures avaient filées, lisses et libres comme l'eau, plus rapides qu'elle ne l'avait d'abord supposé. Luz avait nettoyé ses flèches, fait un feu, monté un abri de fortune fait de conifères et de longues feuilles qu'elle était parvenue à trouver, avait posé des pièges pour petits gibiers dans les environs. Elle espérait ne pas rentrer les mains vides, d'ailleurs. Elle donna sa part de ration à Vent Ardent, accroché par le licol à un arbre renversé, déposa un baiser sur sa fine fourrure veloutée, et partie s'installer au coin du feu où cuisait délicieusement un bon quartier de viande.
Elle goûta le fumet alléchant de la chair grillée, observant l'étrange plénitude qui régnait dans les environs. Était-elle donc la seule à chasser en Aldarìon ? Peut-être. Les elfes n'étaient pas réputés pour être accueillant envers ceux qui débusquaient leurs amis de la forêt. Mais elle s'en foutait. Il fallait bien survivre !
Elle murmura au ciel, une main tendue vers l'infini étoilé que venait baigner la douce clarté mouvante de la Lune :

« Cette nuit va être magnifique... Limpide ! »

Mayu s’était remise à marcher la veille, elle avait un lieu où aller, il fallait bien y arriver un jour, et ces quelques jours de repos lui avaient fait le plus grand bien. Elle marchait donc, sereine et bien dans sa peau, son sang elfe étant dans son élément, elle se sentait chez elle, à bien y réfléchir où qu’elle soit elle se sentait chez elle, les dragons lui avaient offert des ailes… Les cieux étaient chez elle, les humains lui avaient donné les plaines… Enfin, elle se sentait bien à peu près partout où elle allait, c’est ce qui faisait son paraissait-il un bonheur toujours présent et une joie de vivre vive comme le feu.
La nuit… Un des moments qu’adorait Mayu, elle se sentait si minuscule avec cette étendue d’étoiles. Elle marchait d’ailleurs le nez en l’air, à observer les étoiles, et pourtant le moindre de ses pas était fait avec une agilité et un naturel parfait, comme si c’était un elfe qui regardait sa route dans les bois en marchant.
De la lumière… Une lumière extérieur à celle de la lune apparut dans le champ de vision de Mayu, qu’est ce que cette lumière qui perturbait la clarté de la lune.
Une odeur… Une odeur bien connue, un animal qui cuit, et si son nez ne la trompait pas ce devait être un chevreuil.
Que faisait un chasseur dans ces environs…　? Mayu baissa les yeux sur l’origine du feu et s’avança, si c’était encore un de ces chasseurs qui ne chassent juste que pour le sport, comme ils disent, il allait passer un mauvais quart d’heure… voire plus qu’un quart d’heure d’ailleurs.
Elle arriva rapidement au campement et s’avança discrètement, se mêlant aux fourrés pour voir sans être vue. Une jeune femme était là debout à contempler le ciel. Mayu la regardait attendant de voir ce qu’elle comptait faire, quand un bruit qu’elle aurait bien désiré qu’il ne se manifeste pas la trahit, son ventre émis un signe caractéristique　: elle avait faim.

*Et mince…*

*Je te félicite…*

Mayu se pencha un peu plus dans son buisson, et un bruit encore plus fort se fit entendre. Découverte elle préféra se lever et aller à la rencontre de la jeune femme. Elle leva les mains au ciel en signe de non violence. L’arc de la femme n’avait pas échappé aux yeux de Mayu. Son médaillon était bien visible sur sa poitrine et ses ailes était repliées dans son dos mais le bout était visible au dessus de ses épaules.

"Je m’excuse de vous déranger… Etes vous un de ces chasseurs qui chasse pour le sport ??"

Mayu et ses questions si directes… Elle ne savait pas d’où elle tenait ça, mais elle posait des fois des questions franches sans réfléchir aux conséquences… sans doute son coté humain…

La forêt grouilla soudain de bruits, les crépitements sonores des bûches enflammées répondant aux chants incessants des oiseaux nocturnes. Très loin à l'ouest un sanglier ne cessait de grogner tout en cherchant quelque chose de potentiellement comestible, et, un peu plus au Nord, le hululement caractéristique d'un grand duc en chasse se réverbéra d'arbre en arbre. Mais le son qui n'avait rien à faire ici fut le grondement familier d'un ventre criant famine. Surprise, Luz se plaça face au bruit d'un mouvement vif. Mais pas en posture de combat.
Il y avait plusieurs raisons à cela, comme à à peu près tout. L'être qui se tenait là -Loup ? Humain ? Elfe ?- ne l'avait pas encore attaqué. Alors qu'il aurait eu toute l'occasion de s'y risquer, la dragonne ne l'ayant repérer qu'à l'ultime instant... Cette discrétion particulière lui en rappela une autre, des jours auparavant. Fënyl. Lui aussi, grâce à son sang d'elfe, était parvenu à s'approcher extrêmement près d'elle avant qu'elle ne l'entende. Elle éloigna donc la possibilité que cela soit un humain d'un revers de main. Elle l'aurait sentit venir. Peu discrets et patauds qu'ils étaient... A moins bien sûr, que cela ne soit un sang mêlé ? Ce qui l'avait attiré vers elle, elle s'en doutait bien. La lueur caractéristique des flammes dansant dans la nuit en aurait surpris plus d'un, bien vite attrapé par l'odeur alléchante de sa proie. Hypothèse d'ailleurs vérifiée par la faim bruyante de celui (ou celle ?) qui l'observait !
Un deuxième son identique au premier résonna à deux pas d'elle, un peu plus insistant. Alors Luz se mit à rire, ses intonations clochettes éclairant cette douce nuit de Juwÿn... Celui qui avait faim n'était jamais un danger. Juste un compagnon de route, quel qu'il soit. C'était ainsi qu'elle se plaisait à résonner, déjà convaincue de partager une part de son repas.
Les buissons se fendirent et une jeune femme apparut, l'air un peu embêtée. Aussitôt son apparence attira la curiosité légendaire de Luz qui la détailla sans gêne de ses iris d'un vert foncé. Elle avait un étrange je-ne-sais-quoi d'elfique, dans sa façon souple de se déplacer, dans ses traits d'une finesse parfaite... Mais ce n'était pas le plus étonnant. Car derrière son dos de grandes ailes particulières aux dragons se tenaient soigneusement repliées, leurs fines membranes d'une couleur très sombre. Mais elle sentait que ce n'était pas tout. Cette jeune inconnue possédait quelque chose en plus, quelque chose de bien différent qu'un simple mélange elfe à dragon... Cette dernière leva alors les mains devant elle en un signe mondialement connu de paix.
Luz ne fit pas mine de vouloir se saisir de son arc.

- Je m’excuse de vous déranger… Êtes-vous un de ces chasseurs qui chassent pour le sport ??

Quelle bien étrange question ! Elles ne se connaissaient nullement, et pourtant, c'était la première chose à laquelle l'inconnue avait songé à penser. Question d'éthique ?
C'est alors que Luz le remarqua. Le médaillon. Une foule de souvenirs remontèrent de son esprit, le contact appréciable d'une veste sur ses épaules, le rire de trois -non quatre- amis, un secret révélé... Ilmidya. Le faucon magnifique d'Elvir. Et son médaillon, par la même occasion. Était-ce le même principe pour la nouvelle venue ? Avait-elle elle aussi ce pouvoir étrange de matérialiser son frère de combat ? De quelle espèce était-il ? Ou elle, peut-être ?
Égale à elle-même, Luz s'exclama derechef :

« Ce médaillon ! Connaissez-vous un dénommé Elvir ?! »

Elle se tut brutalement, un silence surprenant s'installant entre les deux jeunes femmes. Répondre à une question par une autre question. Elle avait toujours autant de problème à entretenir une conversation banale avec quelqu'un décidément... Mais elle ne voulait pas trahir le secret d'Elvir en énonçant son hypothèse à voix haute. Elle désirait d'abord savoir si ces deux là se connaissaient d'une quelconque manière... Et aviserait ensuite.
Elle se décida enfin à répondre à la question qui lui avait été posée. Enfin, répondre... Pas tout à fait.

« Et vous ? »

Elle précisa, consciente qu'elle était peut-être en train d'embrouiller la semi :

« ...Chassez-vous pour le sport ? »

Mayu baissa les bras quand elle vit que la jeune femme n’avait pas l’intention d’utiliser son arc, elle s’apprêtais à lâché Manki sur elle si elle répondait que c’était un chasseur "sportif". Mais sa réponse, enfin sa question la laissa un moment perplexe. Elle lui demandait si elle connaissait Elvir, elle, Mayu, celle qui avait fait sa formation avec lui durant ces cinq merveilleuses années. Son regard se perdit dans les souvenirs de ces années de bonheur et en même temps de souffrance où leur maître n’avait pas été un tendre avec eux. Et cette femme, comment connaissait elle Elvir…　? Elle la regarda dans les yeux.
Ces yeux… ce n’était pas des yeux d’humains… qu’était elle réellement　? Le temps de cette réflexion la jeune femme demanda aussi si Mayu était une chasseuse "sportive".

" Je connais effectivement un Elvir, c’est un ami à moi… Comment le connaissez vous ?"

Son ton se fit plus dur.

"Et non je ne chasse jamais pour le sport."

Son ton avait été tel un grondement. Comme un félin en colère.
Puis d’un coup son sourire apparut.

"Si vous connaissez Elvir, alors vous devez être gentille. Je m’appelle Maruyama Kazuki, mais tout le monde m’appelle Mayu."

Mayu tendit la main en signe de bonjour.

- Je connais effectivement un Elvir, c’est un ami à moi… Comment le connaissez vous ?

Aussitôt, inexorablement, Luz l'apprécia. Si elle était l'une de ses amies, alors elle n'était pas son ennemie. Son instinct ne l'avait pas trompé. Ses techniques de combat devaient être bien proche de l'efficacité mortelle d'Elvir... Elle lui offrit un joli sourire, ses traits s'illuminant d'une lueur rassurante, amicale. Elle lui raconta d'une voix enjouée :

« Je l'ai croisé il n'y a pas si longtemps de cela. Quelques jours je dirais. Nous avons volé ensemble... »

Son sourire s'accentua un peu plus, les souvenirs remontant à son esprit. Que faisait-il en ce moment ? Allait-il bien ? Avait-il cessé son « entraînement spécial » aux côtés de la Rivière d'Eau Pure ? Elle se demanda alors d'où est-ce qu'ils pouvaient bien se connaitre. S'ils étaient proches au point de partager le même secret. Et accessoirement si elle pouvait s'en confier à la jeune femme, l'inonder de ses questions intarissables.
La voix dure de l'inconnue vint perturber ses pensées, une menace à peine voilée cinglant l'air :

- Et non je ne chasse jamais pour le sport.

Luz ferma les yeux, goûta au silence pendant quelques secondes. Elle ouvrit la bouche et affirma de toute sa volonté :

« Alors vous avez votre réponse. »

Elle ne se le serait jamais permis. Car malgré son métier de rôdeur, chassant de temps en temps pour payer sa vie, elle limitait ses actions au stricte minimum du terme. A ses yeux, la mélodie d'un cœur qui bat de toutes ses forces était le plus admirable de tous les sons. Celui qui persistait même dans les ténèbres les plus obscures, lorsque tout espoir se révélait impossible...
Un grondement en colère monta de la gorge de l'inconnue, surpris la jeune dragonne qui posa sur elle des prunelles étonnées. Ah. C'était donc un sujet tabou pour elle. Une digne protectrice des forêts et de la vie qu'elle abritait. Aussi brusquement que ce feulement était venu, un sourire naquit sur ses lèvres, des présentations en bon terme se profilant à l'horizon.

- Si vous connaissez Elvir, alors vous devez être gentille. Je m’appelle Maruyama Kazuki, mais tout le monde m’appelle Mayu.

Elle se saisit avec douceur de la main qu'elle lui tendait. Lui serra brièvement, inclinant la tête respectueusement en signe de salut. Cette dénommée Maruyama avait donc une grande confiance en Elvir. Comme elle s'en doutait, la jeune fille ne se révèlerait pas être une ennemie !

« Ce sera donc Mayu. »

Elle lui offrit un demi-sourire craquant, signifiant qu'elle était prête à lui accorder son amitié comme elle l'avait fait pour Elvir. D'un geste vague de la main elle désigna son joyeux feu de camp et la viande qui y grillait paisiblement.

« Serait-ce trop vous demander que de vous inviter à ma modeste table ? Il me semble que la faim vous tient compagnie... »

Allusion au bruit qui avait permis à Luz de la débusquer. Elle tourna les talons et s'assit en tailleur sur le sol dur et tapissé de feuilles, les crépitements du feu la berçant agréablement. Elle reprit à l'intention de son invitée, convaincue qu'elle ne refuserait pas son offre :

« Je me nomme Luz Vincën, dragonne. »

Et en quelques sortes, elles étaient de la même famille. Sœurs de par le sang draconien qui coulait dans leurs veines...

Ils avaient volés ensemble… Un air des plus étonnés s’afficha sur le visage de Mayu. Un nombre incalculable de souvenirs se fraya un chemin jusqu’à sa conscience, surtout lors de leur dernière année… cette dernière année avait été la mieux… C’est là où ils avaient appris à… Mayu se rappela qu’elle n’était pas seule et reflua le flot de souvenir pour se concentrer sur la réalité. Luz venait de dire que Mayu avait sa réponse… donc elle ne chassait pas pour le sport. Bien !

"Aurait-il réussi… ? Ca serait formidable…" murmura Mayu.

Salutation…Luz serra la main de Mayu et l’accompagna d’un signe de tête. "　ce sera donc Mayu　". Luz s’assit devant son feu et invitait Mayu à se joindre à elle Elle se présenta　: Luz, dragonne… Alors c’était une sœur de tiers-sang comme Mayu se plaisait à dire.

"Avec plaisir….　 Et je suis enchantée."

Mayu la rejoignit et s’assit à coté d’elle devant le feu, dans sa chaleur tiède. Et ce fumet… Son ventre émit de nouveau un son rauque. Mayu rigola doucement. Puis un air sérieux revint sur son visage.

*mauvaise idée…*

*Si ils ont volés ensemble, il a dû lui montrer Ilmi, alors on peut avoir confiance…*

*… C’est toi qui voit, si elle fait le moindre signe de trahison, dragonne ou pas je la mange !*

*Ca sera inutile alors calme toi et savoure un peu ce moment de détente ! !*

" Si vous avez volé avec Elvir, il a dû… hmm comment dire enfin… Je suis désolé, oubliez, je n’aurais pas dû vous en parler."

Mayu fit comme si elle n’avait rien dit et regarda le chevreuil.

"C’est une belle bête, quand même…"

[Hrp : Désolé pour le retard... ^^]

Il y a des secrets que l'on ne voudrait jamais avouer. Parce qu'ils nous tiennent à cœur, parce qu'ils sont notre raison de vivre. Sans eux, et bien... On est plus tout à fait nous-même. Différent parce que les autres apprennent à nous connaître par ce qu'il y a de plus cher pour nous.
Luz se posait une foule de questions. Pas différent de d'habitude, me direz-vous ! Si le médaillon de Mayu était bien ce à quoi elle songeait, alors peut-être qu'Elvir et elle avait eu le même enseignement. Sans doute pas à la même période, mais c'était déjà un bon début. Avaient-ils fait une promesse ? Afin de protéger leurs frères de combats de la folie des humanoïdes ? Ou n'était-ce que pour maintenir un lien fort et puissant entre eux ? La dragonne rêvait de le savoir. Mais respectait bien trop ceux qu'elle appréciait pour les forcer à quoi que ce soit. Elvir lui avait fait confiance, mais cela se limitait à cela...
Elle s'arracha à la contemplation du feu, observant à présent la jolie semi qui s'était installée en face d'elle. Un détail la frappa. Le regard perdu dans le vague, elle semblait converser avec elle-même, plusieurs expressions presque invisibles défilant sur son visage, décelables l'espace d'un instant fugace. Exactement comme leur ami en commun. Lorsqu'il décidait de communiquer avec son ami de faucon. Un début d'éclat victorieux naquit dans les prunelles de la dragonne. Elle détailla le pendentif de sa nouvelle amie. Mettons qu'elle ait effectivement ce pouvoir. Faisait-elle, elle aussi, apparaître un oiseau chasseur ?
Luz se souvenait parfaitement du médaillon aux ailes ouvertes dansant sur la peau d'Elvir. Mais cette fois-ci, ce n'était pas le cas. C'était... C'était une patte de prédateur. Une empreinte aux longues griffes aiguisées, plus précisément. La forme et la taille désignaient plus le félin que le canidé. Chat ? Panthère ? Léopard ? Elle se doutait bien que l'animal en question devait être un minimum offensif, qu'ils servent à quelque chose...

- Si vous avez volé avec Elvir, il a dû… hmm comment dire enfin… Je suis désolé, oubliez, je n’aurais pas dû vous en parler.

Pas facile d'aborder le sujet n'est-ce pas ? Car les secrets pèsent lourds sur l'âme lorsqu'il s'agit de communiquer... La dragonne garda pourtant le silence, réfléchissant à un moyen de l'aider sans trahir une amitié.

- C’est une belle bête, quand même…

Luz mit un court instant à comprendre de quoi il était question. Elle jaugea à son tour par réflexe la taille de sa proie et tendis la main vers la viande fumante. Elle sentit à peine la morsure des flammes venir lui lécher le bout des doigts en guise de bonjour, arrachant sans difficulté l'une des cuisses de l'animal. Elle la tendis à son invitée, un sourire énigmatique sur les lèvres.

« A-t-il ou a-t-elle également besoin de manger ? »

Elle avait choisit de tenter le tout pour le tout, en faisant référence au possible compagnon de la jeune fille. Elle n'aimait pas particulièrement les situations qui l'empêchaient de dépenser toute sa curiosité. Et si elle se trompait, alors Mayu n'aurait qu'à la prendre pour une folle à lier finie. Cela non plus, cela ne changerait pas énormément de d'habitude.
Elle attrapa l'autre cuisse sans un mot, mordant dans la chair juteuse de ses dents blanches et acérées.

[Up, topic abandonné?]

Mayu, toujours dérangée d'avoir été si loin dans la trahison de leur secret à elle et à Elvir, prit la cuisse presque par automatisme, et répondit naturelement.

"Non c'est un esprit il ne mange pas..."

Au moment où elle prononça sa phrase elle se rendit compte qu'elle avait franchi la limite qu'elle n'aurait jamais dû franchir. Elle essaya de se rattraper

"Enfin là... euh... ça fait longtemps que je n'ai pas manger alors... euh... je vais manger la cuisse que vous me donner avec ... euh plaisir"

Elle afficha un sourire gêné. Les questions se bousculaient dans sa tête : Devrait elle se battre pour sauver son secret ? Est ce que Luz connaissait son secret, vu qu'elle avait rencontrer Elvir ? Est ce que son maitre et Elvir lui en voudrait d'avoir divulguer son secret ?
Elle avait l'impression que sa tête allait exploser sous le poids des questions qui s'y entremelaient.

*Calme toi et tiens toi prête au cas où.*

Elle se calma presque instentanement et mis sa main libre sur sa poitrine, tout proche de son médaillon, tout en continuant de manger.

"Elle est cuite comme je l'aime. Merci"

- Non c'est un esprit il ne mange pas...

Un éclat d'une joie sauvage s'embrasa dans le regard de la dragonne. Nous y voilà. A marcher sur le même terrain que son interlocutrice, elle y avait découvert une potentielle information de taille. Car même Elvir ne lui avait pas livré l'essence même de ce qu'ils nommaient compagnons d'âmes, à savoir esprit ou être de chair et de sang enchainé. Même si connaissant à présent l'aversion de Mayu pour la maltraitance animale, Luz se doutait bien que la jeune semi n'aurait pas participé à un quelconque rituel de ce genre... Envisager plusieurs possibilités l'aidait simplement à trouver des réponses. Et combler son manque cruel de savoir, par la même occasion.

- Enfin là... euh... ça fait longtemps que je n'ai pas manger alors... euh... je vais manger la cuisse que vous me donner avec ... euh plaisir.

De toutes évidences la semi révélation de son secret passait mal. Et Luz pouvait parfaitement le comprendre, bien qu'ignorant la teneur de la promesse qui faisait tant de mal à la jeune femme...
Cette dernière abritait donc un esprit. Ces êtres aux corps inconstants et caractère changeant, capable pour certains de changer les couleurs du monde... Mais étaient-ils vraiment de cette réalité ? Venaient-ils des étincelles de poussière que laissaient les morts derrière eux avant de s'éteindre ? Ou bien d'un monde lointain et fantastique régis par la loi de l'au-delà ? Qu'ils soient ombre ou lumière n'y changeaient après tout pas grand chose... Car leur véritable pouvoir leur permettant de laisser leur empreinte sur les choses ne se révélaient généralement que sous l'aide d'une volonté extérieure à la leur. Bien trop souvent contre leur grès, en l'occurrence...
Un frisson agité sembla trainer ses anneaux dans l'esprit de la jeune semi. Les questions devaient être bien nombreuses... Aucune des deux demoiselles ne trouvant l'envie et la force de lancer le sujet dans toute son ardeur.

- Elle est cuite comme je l'aime. Merci.

Luz suivit des yeux les doigts fins de Mayu effleurer son médaillon en un geste purement instinctif. Oui, Elvir faisait de même, la main sur le cou cachant une menace à peine voilée. La dragonne sentit là une occasion de libérer le poids de ses interrogations, avant d'avoir à se battre contre une personne qu'elle ne voulait pas blesser. Et dont elle ignorait la réelle puissance combative... C'est qu'elle aurait fortement apprécié de ne pas avoir à agoniser par une nuit si belle. Comment ferait Vent Ardent pour retrouver les jolies juments de Ra'Sibe sans elle ?
Elle leva les mains devant elle, paume tournée vers Mayu en un mouvement apaisant. Elle se justifia en expliquant :

« Notre ami commun faisait de même, lorsqu'il se sentait menacé. »

Elle désigna la main de la semi qui s'était rapprochée du médaillon.

« Et je ne suis pas un danger. Juste une vieille dragonne vagabonde et fatiguée. »

Elle lui offrit un léger sourire amusé, étonnée que l'on puisse la considérer comme une ennemie réellement dangereuse. Elle fit jouer ses doigts sur la blancheur frappante de l'os à présent nu de la cuisse de chevreuil, observant d'un regard distrait les reflets fantomatiques des flammes tout autour d'elles.

« J'ai volé aux côtés d'Elvir et d'Ilmidya, il y a pas mal de temps de cela. »

[hrp: désolée pour le (très long) retard... ^^]

Mayu fit retomber sa main, ainsi Luz connaissait cette posture... donc Elvir l'avait déjà fait devant elle... Et si elle est encore là, alors il ne l'a pas tuée. Elle sourit un peu plus franchement à Luz et reposa le morceau de viande devant elle, lorsque Luz annonça qu'elle avait déjà volé avec Elvir.

*Alors il a réussi à se transformer...*

"Vous... avez volé à leurs cotés... c'est à dire ? Il a réussi ??"

*Tu en dis trop !!!*

Mayu décida de jouer franc jeu avec Luz, cette dragonne avait l'air sympathique, et puis... elles avaient une origine en commun...

"Si vous avez rencontré Ilmidya alors vous saurez sans doute apprécier la présence de Manki..."

En même temps que ses paroles elle toucha son médaillon, un bref éclat jaune illumina la pénombre et un tigre magnifique, tout en puissance et en muscles apparut aux cotés de Mayu.

"Voici Manki..."

*Je me nomme Mankadiev, et non Manki...*

Manki avait parlé dans les esprits de Mayu et de Luz, afin d'informer Luz, qu'elle pouvait lui parler, et qu'il acceptait qu'elle lui parle. Sa voix était profonde et puissante, une voix grave de sagesse. Son ton était toutefois un peu froid mais plus par méfiance de l'inconnu que par mal-politesse.

"Excusez-le, il est toujours comme ça, mais il est très gentil."

[Hrp : Pas de problème... xD]

- Vous... avez volé à leurs cotés... c'est à dire ? Il a réussi ??

L'incompréhension se peignit peu à peu sur le visage de la dragonne. Réussit quoi ? Avait-il des problèmes de matérialisation avec son esprit compagnon ? Tentait-il depuis quelques temps certaines expériences de métamorphose, se basant sur les gênes de son faucon ? Sourcils légèrement froncés, elle fouilla ses souvenirs. Elle se souvint du cou sans preuve d'Elvir, de son médaillon secrètement renfermé dans sa main. Des plumes soyeuses à la texture nuageuse d'Ilmidya, lorsque le soleil venait souffler sa lumière sur ses ailes. Des pensées, aussi, qu'ils échangeaient, là haut tout là haut, en compagnie de Fënyl, son demi-frère d'écailles. Mais rien ne vint susceptible de porter sur le sujet en forme de point d'interrogation que Mayu venait de lancer.
Perdue devant tant de secrets, Luz ne put qu'expliquer par vagues ce qu'il s'était réellement passé. Peut-être soulèverait-elle d'autres réponses ?

« J'ignore de quoi vous parlez avec tant de surprise. Je l'avais autrefois pris sur mon dos, son corps d'humain ne lui permettant pas de voler, à contrario de celui de son faucon... Si le fait qu'il est réussit concerne l'apparition de son frère d'esprit, alors c'est bien le cas. »

Elle garda un mystérieux sourire sur les lèvres, invitation à toutes les confidences. Mayu sembla décider qu'elle n'était pas l'un de ces êtres assoiffés de pouvoir, prêts à tout pour posséder la plus infime des puissances, et choisit de lui faire confiance. Elle s'adressa à la dragonne, un éclat franche dans les yeux :

- Si vous avez rencontré Ilmidya alors vous saurez sans doute apprécier la présence de Manki...

Luz sentit sa concentration atteindre son paroxysme. Les réponses à ses questions risquaient fort de trouver leurs essences dans cette apparition, donnant une race et des traits aux félins inconnus qu'elle n'avait jamais vu. La jeune et jolie semi passa ses doigts fins sur son médaillon, entourant ses mains d'un halo mordoré, la lumière éblouissante mordant la peau et effaçant les contours. Ses prunelles vertes grandes ouvertes malgré l'éclat saisissant, Luz put enfin discerner ce que Mayu protégeait avec tant de hargne.
C'était un tigre. Pas un petit. Dans la fleur de l'âge, les mouvements souples et sûrs, amplis de cette confiance absolue agitée d'une volonté de fer. Son pelage paraissait luire dans la nuit de ces mêmes teintes rousses et flammes que Luz connaissait si bien, l'éclat fauve de ses yeux se posant sur les choses comme s'il en décelait la vraie nature. De longues stries d'or parsemaient ses couleurs, son étendard de fourrure, en de minces éclairs que le tonnerre y avait déposé. Silencieux. Absolument silencieux...

- Voici Manki...

Luz ne put détacher son regard de celui de l'esprit. Tout comme Ilmidya avant lui, il avait su trouver un écho dans le cœur de la dragonne, une admiration sans fond pour ces êtres qui ne venaient pas de ce côté du monde. Pourquoi avaient-ils tous cette étrange lueur d'irréalité qui les rendaient si beaux et insaisissables ?

- Je me nomme Mankadiev, et non Manki...

La conscience du tigre n'avait pas cherché à s'imposer à celle de Luz, se présentant plus comme quelque chose de naturel, d'évident. Et puis cette dernière avait l'habitude des conversations télépathiques, étant douée du même don lorsque sa véritable forme reprenait le dessus...
Les timbres de sa voix se faisaient malgré tout froid, barrière invisible imposant une distance à celle qu'il ne connaissait pas. Luz n'en conçu pas la moindre rancœur, s'amusant bien au contraire de cette sagesse qui perlait lorsque l'esprit parlait. Un sourire dans la voix, elle reformula ses présentations à cet être qu'elle admirait tant :

« Luz Vincën, enchanté Mankadiev. Tu as là une bien agréable sœur d'âme... »

Et c'était vrai. Mayu semblait être le parfait complément de son ami, l'étincelle chaleureuse qui allait vers les gens, ouverte aux désirs de « Manki ».

Alors il n'avait pas réussi... Peut-être y arriverait-il un jour. Son esprit était ailleurs, ses yeux perdus dans le vague regardaient Luz mais ne la voyaient pas, ses mains, mécaniquement jouaient avec l'os devant elle. Elle réfléchissait. S'il avait pu voler même sur le dos d'une dragonne, alors son désir de réussir avait dû être ravivé... Elle devait le retrouver, leur maître leur avait dit qu'il fallait attendre un "coup de pouce" du destin comme il aimait à dire. Mayu était plongé dans ses réflexions, elle n'entendit presque pas ce que disait Manki.

*Il est vrai que Mayu est une personne très agréable, elle a su tirer les avantages des différentes races qu'elle incarne tout en minimisant leur défauts... même si elle en a gardé quelques uns... Comme celui-ci, en pleine discussion elle se perd dans les méandres de son esprit... Et le pire c'est que je suis obligé de la suivre...*

Manki émit un feulement, qui ressemblait plus à un rire qu'à autre chose.

*Non... je ne considère pas ça comme une obligation, Mayu est tout pour moi...*

"Et tu es tout pour moi aussi !"

Mayu avait retrouvé ses esprits et ses yeux brillaient du même éclat que d'habitude, un éclat de joie avec un soupçon de naïveté et de candeur, tout en renfermant une sagesse infinie dans le fond de son regard..

[Hrp : Dernier post pour ma part dans ce sujet. J'essaye de terminer les topics du mois dernier, histoire de me maintenir un minimum à jour... Si quelque chose te gênes n'hésite pas à m'envoyer un mp, j'éditerai aussitôt en conséquence ! =D]

Mayu ne fut brusquement plus présente. Branchée sur ondes courtes, ailleurs, là où les propos de Luz avaient su allumé une étincelle. A quoi pouvait-elle bien réfléchir ? La jeune dragonne fit taire son éternel curiosité, se plongeant dans la contemplation des jeux de mouvements que le bout d'os de la semie rendait clairement visible dans l'obscurité. Certains savants concédaient que les mains étaient le plus sûr moyen de connaître quelqu'un. Étaient-elles nerveuses ? Aériennes ? Effilées ? Ou bien au contraire larges et calleuses, des mains d'Homme ayant travaillé toute sa vie ? Des mains, oui, aux gestes parfois intenses, parfois lourds et gours, parfois léger ou insaisissables... Toute une kyrielle de définitions, de sens cachés au mystère épais que ne dévoilaient que ceux ayant pris le temps de les apprendre. Peut-être Luz aurait-elle pu dire ce qui agitait ainsi les pensées de son interlocutrice, satisfaire la curiosité qui s'agitait péniblement dans son ventre... Si seulement il lui était venu la conviction du pouvoir des mains. Il faut bien croire qu'en tant de temps et d'années d'existence, aucune puissance obscure n'avait jeté sur son chemin un quelconque petit savant bien informé sur le sujet.

¤ Il est vrai que Mayu est une personne très agréable, elle a su tirer les avantages des différentes races qu'elle incarne tout en minimisant leur défauts... Même si elle en a gardé quelques uns... Comme celui-ci, en pleine discussion elle se perd dans les méandres de son esprit... Et le pire c'est que je suis obligé de la suivre... ¤

Le rire enjoué de Luz vint rejoindre celui feulé du félin. Ainsi donc leur lien mental se révélait si puissant que les deux partenaires se devaient de partager inlassablement leurs pensées. A eux d'équilibrer leur temps de réflexions, de manière à ne pas rendre fou l'autre... L'idée en elle-même lui donnait de sérieux frissons. Elle n'aurait donné son esprit en partage pour rien au monde ! Comment pouvait-on vivre, sans jamais aucun secret, ni espace protégé ? Mayu était insondable pour la science...

- Et tu es tout pour moi aussi !

L'espace d'un court instant, les deux êtres liés parurent en accord parfait, nageant ensemble dans le même univers, sans regard pour les tromper. Ils entretenaient une relation que Luz aurait bien volontiers qualifiée de « pure ». Sans défaut ni intérêt personnel. Juste et tout simplement basée sur un accord tacite impossible à analyser. Peu de gens de nos jours se révélaient digne d'une telle amitié, voyant par ce bien étrange sentiment un moyen de plus de se mettre en avant. Ah l'amour propre... Étonnante création universelle.
La jeune femme reposa ce qu'il restait de son repas, attisa légèrement les braises du bout des doigts. La lune était haute, sa lumière claire et argent entourant les deux filles d'un halo protecteur. Dans certaines croyances, la femme était ainsi le symbole de l'astre lunaire, invincible lorsqu'elle se faisait disque dans le ciel tacheté d'étoiles. Luz ne voyait plus aucune raison de rester ici. Les routes l'appelaient, chantaient pour elle le son des sabots foulant le sol rocailleux. Elle devait continuer à avancer, sa vie était de mouvements.
Elle se releva d'un bond silencieux, ramassant ses maigres affaires éparpillées de ci de de là. Vent Ardent comprit rapidement le message et signifia qu'il était en forme d'un simple hennissement. La nuit était belle, merveilleuse de lumière... Un immense terrain de chasse et de voyage, recouvert du manteau du sommeil. Un monde d'ombres... Elle salua Mayu et son frère d'âme d'un hochement de tête accompagné d'un sourire, expliquant ses gestes :

« La nuit exerce bien trop d'attirance pour la passer à dormir ou manger. Et comme voyager est ce que je sais faire de mieux, je vais donc avancer. J'ai été ravie de faire vos connaissances, et de la confiance que vous m'avez accordée... Si par hasard vos routes croisaient celle d'Elvir, saluez-le de ma part ! C'est... Un chic type. »

Elle sourit de plus belle, désignant le feu et le reste de viande qui y grésillait doucement :

« J'ai conscience de partir un peu soudainement, alors acceptez donc ce qu'il reste de ma prise. Les longs voyages ont toujours besoin de substance... Et il me semble que manger est toujours indispensable. »

Elle récupéra son arc et son carquois, attachant le tout bien évidence sur la selle de sa monture. Les heures étaient nombreuses avant Ra'Sibe. Des kilomètres et des kilomètres de sentiers battus, de lunes et de soleils.
Elle se hissa sans mal sur le grand étalon, se tournant une dernière fois vers Mayu et Manki.

« J'espère également pouvoir vous recroiser un jour, avoir de nouvelles discussions avec vous... Chérissez ce lien qui vous lie, il est autant précieux qu'unique. »

Elle esquissa un « coucou » dans les airs et talonna Vent Ardent qui partir d'un petit trop tranquille à travers bois...

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