Retour aux Sources [PV : Le Cerf Blanc]

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Premier Octÿn

Le Soleil se levait à peine sur l'Ouest d'Aldarion, dissipant quelques volutes de brumes qui s'étaient étendues entre les branches durant la nuit. L'air était encore très frais, comme il l'avait toujours été en ces lieux, à cet instant du jour. Une légère brise agitait avec douceur la cime des arbres qui, en se balançant doucement, produisaient une douce mélodie semblable à celle que murmurait un filet d'eau en parcourant son lit de roches.
Eveillés par les premières lueurs de l'aube, les oiseaux de la forêt sortirent le bec de leurs nids, secouèrent leurs plumes et entamèrent leurs joyeuses trilles, imperturbables, comme de coutume.

Cëlemiria ouvrit lentement les yeux, encore à moitié endormie. Sous elle, Elil dormait encore, la serrant contre lui dans son sommeil, comme s'il voulait empêcher quiconque de la lui dérober. La jeune Elfe sourit tendrement en contemplant le visage fin et doux de son amant, qui semblait ne pas vouloir se réveiller. Elle déposa un léger baiser sur ses lèvres avant de lui faire lâcher prise et de se relever, arrangeant un peu sa longue robe blanche. Puis elle laissa son regard d'un grenat pâle balayer les environs. La veille, Elil avait dû se poser en catastrophe, victime d'un malencontreuse crampe à l'aile droite... Ce que Cëlemiria n'avait que très mal accepté. Revenir sur les terres qui l'avaient vu naître ne lui plaisait pas du tout...

- Cëlemiria...

La jeune Elfe se retourna vivement en entendant son sragon prononcer son prénom d'une voix encore hésitante, mais néanmoins déjà anxieuse.

- Je suis là, ne t'inquiète pas. Dis-moi, tu ne l'aurais pas un peu fait exprès ?...
- De quoi ? s'enquéra le Dragon (qui pour le moment resembler en tout point à un Elfe) tout en baillant à s'en décrocher la mâchoire.
- De te poser ici.
- Non. Je te promet que non, ma puce, arrête de me regarder comme ça...
- Mouais.

Cëlemiria fit quelques pas vers les arbres, tournant le dos à Elil. Sa main se posa sur le tronc d'un chêne centenaire, auquel elle porta un regard à la fois plein de tendresse, mais aussi de tristesse. Elle n'avait pas oublié d'où elle venait, mais l'aurait presque souhaité.
Elil se sentit coupable de ne pas avoir pu tenir suffisamment longtemps, et d'avoir dû se poser en plein Aldarion. Car il ne l'avait vraiment pas fait exprès !

- Tu m'en veux ?... demanda-t-il en se levant.

La jeune Elfe se tourna à nouveau son Dragon, qui avait à présent des airs de chien battu.

- Mais non. C'est juste que cet endroit me rend sombre... soupira-t-elle en allant se lover contre Elil, qui la prit dans ses bras, en ce geste protecteur qui avait toujours eu le don de la rassurer.

Mais quelque chose se mit à troubler Elil. Ce dernier leva la tête, nerveux. Quelque chose approchait... Mais quoi ?

Que se passait-il dans la forêt d'Aldarion? Une étrange Clameur se répandait, forte comme des cuivres, mais étouffée comme les cordes d'un piano par sa sourdine. Le Cerf Blanc était revenu, pour guider les égarés, qu'ils soient elfes, hommes, animaux ou esprit... Il était venu pour garder la forêt, un Gardien à la fois doux et terrible. Serait-ce pour longtemps, ou simplement de passage? Surement que lui même ne le savait pas. Non, il ne le savait pas. Est ce que les deux voyageurs cités plus hauts savaient entendre la rumeur? Savaient-ils écouter le bruits des feuillages et les langages des oiseaux? Les modulations dans les pas des insectes? Peu importe, car pour la forêt, ces deux là étaient bien insignifiants dans cette marre de vie qu'était Aldarion. La question que l'on pouvait se poser était: Aldarion était elle insignifiante pour ceux là? Ou bien serait-ils marqués au fer rouge de ce qu'ils allaient voir, avaient-ils déjà eu à fair avec des esprits sylvestres?..

Il advint qu'ils ne tardèrent pas à se trouver encercler par un troupeau de cerfs, tous plus benin que les autres. Ils allaient vers un ruisseau où ils pourraient se désalterer et se reposer comme il se doit. Voilà ce qui approchiat et qui inquiétait Elil, Une troupe de cerfs qui passait sans leurs preter attention, eux qui étaient d'habitude si peureux. Que leur arrivaient-ils? Les ongulés passèrent, ils disparurent dans le tas d'arbre aux loin. Mais autre chose approchait, il allait faire son entrée, tous les animaux-qui étaient pour la plupart pas plus gros qu'un écureuil- se stoppèrent dans leur activité qui, mine de rein, était assez agité, et regardait les environs avec discretion, alors qu'une lumière silencieuse appprochait, le Cerf Blanc arrivait. Et que voyait il? Qu'est ce qui arrivait dans ses yeux à ce moment? Deux personnes se serrant l'unes contre l'autre, un Dragon et une Elfe. Un lien fort les unissait, L'esprit remarqua que la force de ce lien avait autant lieu d'exister que la force de son existence, et il aimait le sentiment de savoir qu'il n'était pas le seul fait étrange dans ce monde.

Il s'arrêta juste en face de l'homme, et baissa la tête pour brouter un peu d'herbe, la lumière de son aura s'apaisa un peu, et, pendant qu'il releva la tête, une voix retentit, douce et humaine, une voix d'homme.

"Bienvenue, Voyageurs."

C'était la première fois de sa deuxième vie qu'il voyait deux "bipèdes", il ésperait avoir affaire avec eux.

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Des cerfs ?... Soit, les deux amants n'avaient pas pour habitude de faire fuir les animaux sur leur passage, et même tout au contraire, si l'on tient compte de leur nature d'Elfe et de Dragon, mais tout de même, de là à ce qu'ils passent à un mètre d'eux à peine comme s'ils ne les voyaient pas, il y a tout un monde !

Curieuse, Cëlemiria quitta les bras d'Elil et fit quelques pas en avant. Son Dragon la retint par la main tout en murmurant :

- Attend, on ne sait pas ce qu'il se passe. Prudence est mère de sûreté.

L'Elfe se renfrogna, mécontente. Ah ça non, elle n'aimait pas qu'on lui dise ce qu'elle devait faire, et même si c'était Elil. Ce dernier, pour se rassurer lui-même plus qu'autre chose, ramena Cëlemiria contre lui, avant de scruter les fourrés attentivement.

C'est alors qu'il distingua un être peu commun. Un grand cerf blanc, dont le pelage semblait irradier une douce lueur immaculée. Trop surpris pour dire quoique ce soit, le Dragon se contenta d'indiquer l'animal à sa compagne, qui n'en crut pas ses yeux.
Tranquillement, le cervidé s'approcha d'eux, puis se mit à paître le plus naturellement du monde, presque à leurs pieds.
Lorsque sa fine tête élégante se releva, une voix indéniablement masculine, mais qui n'en restait pas moins assez douce, les salua poliment.

Méfiant, Elil garda le silence, prêt à prendre sa forme draconique si le besoin s'en faisait sentir. En revanche, Cëlemiria s'extirpa tant bien que mal de l'étreinte de son compagnon, et s'inclina légèrement avant de retourner son salut au noble herbivore :

- Je vous salue, Seigneur de la Forêt. Mon nom est Cëlemiria Vilmathien, et voici Elilnaveldir Elvilmariand. En fait, nous sommes natifs de ces bois, mais cela fait très longtemps que nous n'y sommes pas revenus... souffla-t-elle, une lueur de tristesse dans son regard grenat. Mais à qui avons-nous l'honneur ?...

Le cerf blanc regardai maintenant avec une certaine malice qui lui était propre les deux amoureux du coin de l'oeil, L'elfe essayait de s'avancer vers lui,mais le dragon la retint, ainsi donc l'esprit sylvestre les observa... Elle semblait curieuse impétueuse et ne tenait pas en place, peut être même un peu trop, c'était une gamine, certes une gamine elfe, mais tout de même une gamine. Lui, semblait plus prudent, méfiant mais plein de bonne volonté, sûrement plus sage que sa fiancée, il voulait la protéger, mais sans la froisser. Il l'avait ramené contre lui, geste de protection amoureux. Puis Cernunos s'approcha et parla comme décrit plus haut, et l'elfe réussis à se libérer de l'étreinte de son compagnon. Elle s'inclina et parla:

"Je vous salue, Seigneur de la Forêt. Mon nom est Cëlemiria Vilmathien, et voici Elilnaveldir Elvilmariand. En fait, nous sommes natifs de ces bois, mais cela fait très longtemps que nous n'y sommes pas revenus... Mais à qui avons-nous l'honneur ?..."

Elle parla de la raison pour laquelle ils se trouvaient ici, peut être cherchait elle a se justifier? Se méfiait-elle, en fin de compte du cerf blanc? Elle l'appela seigneur de la forêt, ce qui le choqua, il eu même un petit sursaut à l'entente de ce titre. Il était peut être un esprit sylvestre, il ne serait jamais un seigneur de la forêt, il était son serviteur, le guide du peuple, c'était lui qui était le valet de la forêt. Des souvenirs semblait passer devant ses yeux, cette forêt était un souvenir pour elle, et lui était le souvenir de la forêt aussi. Pourquoi avait-il fui la forêt? Et pourquoi revenaient-ils? Pourquoi était-il revenu lui même? Il répondit:

"C'est un honneur pour moi dame elfe. Je suis le cerf blanc, serviteur de la forêt, guide des égarés, non pas leur seigneur. Pourtant je ne suis pas natifs de ces lieux, enfin, seulement à moitié. Vous n'avez rien à craindre de moi, sauf si j'ai à craindre de vous. Mais ça n'a pas l'air d'être le cas, vous semblez plutôt perdus, pas perdus dans la forêt, mais dans les vastes étendus que sont ces terres. Que cherchez vous? Ici comme ailleurs?"

Encore une fois, sa bouche n'avait pas bougé, et la voix résonnait entre les arbres, il semblait que le temps c'était arrêté et que la scène qui se trouvait là était irréelle...

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Elil avait regardé sa bien-aimée s'éloigner de lui avec anxiété. Pourtant, il ne sentait nul danger émaner de cet être singulier, mais sa méfiance naturelle le poussait souvent à être prudent à outrance. De plus, ses paroles avaient été on ne peut plus rassurantes. Le Dragon soupira, tentant de chasser ses mauvaises pensées de son esprit.

Cëlemiria, quant à elle, sourit doucement au cerf, comme à chaque fois qu'on lui posait une question qui la mettait un peu dans l'embarras et qu'elle ne voulait pas froisser son interlocuteur. Son amant avait eu droit à ce sourire des milliers de fois... Il ne le connaissait que trop bien. C'est pourquoi Elil s'approcha de la jeune Elfe et prit l'initiative de répondre à sa place :

- Nous étions en route pour une toute autre destination lorsque j'ai malheureusement été pris d'une douleur dans l'une de mes ailes. J'ai dû me poser un peu au hasard, et il se trouve que c'est ici que le destin a décidé de nous ramener.

L'Elfe lança un regard noir au Dragon, qui se sentit un peu idiot. Visiblement, elle ne comptait pas lui en dire autant... Elil soupira avant de baisser les yeux au sol, lassé.

Puis, Cëlemiria porta une main sur sa hanche avant de se tourner de nouveau vers son interlocuteur pour le moins original :

- Puisque mon compagnon semble vouloir tout vous dire, j'ajouterai que nous sommes natifs de cette forêt, mais que nous n'y sommes pas revenus depuis fort longtemps. Pourquoi ? Alors là, je ne vais non plus tout vous dire, non ? s'emporta-t-elle en tourant le dos aussi bien au cerf qu'à Elil.

Ce dernier la toisa avec une certaine surprise. Ce n'était certes pas la première fois qu'elle s'emportait ainsi, mais tout de même, devant un étranger... Le Dragon lança au cervidé un regard gêné pour toute excuse.

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