Sauvetage en terre hostile [ Pv : Luz ]

18 Octÿn

Le dragon noir venait tout juste d'arriver dans ce paysage désolé, se posant sur un rocher dépassant du sol de taille suffisante pour l'accueillir. Il replia délicatement ses ailes contre lui, en prenant grand soin. Tout était encore sombre alentour, même si la nuit touchait à sa fin, le soleil ne s'était pas encore levé avec ses couleurs qui ne tarderaient pas à réchauffer le monde. Le champ d'épines, très imagé comme nom, bien évidement ce n’était pas les épines qui manquaient ici, même si, il y avait rien d'intéressant avec.
Il s'attarda donc sur ce qu'il y avait au-dessus de sa tête, le ciel où il se trouvait il y a encore peu. Les étoiles brillaient de mille feux cette nuit, pas le moindre nuage venant les masquer. Le dragon s’attarda sur une longue bande où se concentrait davantage d'étoiles, formant une branche de la Voie lactée. Il les observait avec une certaine curiosité sans même se douter de l’existence des innombrables mondes qui se cachaient, gravitant autour de leurs étoiles respectives, insensibles aux mortels.

Pourquoi il venait ici déjà ? Car en apparence il y avait rien ici, et pourtant. Des elfes lui avaient réclamés de l'aide pour sauver l'un des leurs détenu par un puissant nécromancien. Pour avoir en retour en récompense, la satisfaction d'avoir fait une bonne action, ou autrement dit, prendre des risques inconsidérés et y perdre des écailles pour un groupe d'inconnu et obtenir pas grand chose. Sous ce point de vu, il est vrai qu'accepter la mission ne donnait pas réellement envie, pourtant il était là. Comme à son habitude, il ne savait pas le pourquoi de sa décision, peut être le goût de l'aventure, ou alors qu'il se voyait mal laisser un elfe dans une telle situation alors qu'il connaissait une autre elfe qui aurait pas manquée de le réprimander de ne pas lui être venu en aide.
Cependant, on lui avait également dit qu'il ne serait pas seul pour cette mission de sauvetage. Arkys ignorait encore tout de qui allait l’épauler durant cette opération, mais une chose était sûr, c'est qu'il l'attendait ... Et le temps devient très vite long à passer. L'être des airs fit cliqueter ses griffes sur la roche, laissant entendre un son agaçant à force et traduisant son impatience. Il avait toujours eu en horreur de devoir attendre sur place à rien faire. Mais les étoiles continuaient leurs courses célestes, et bientôt, des lueurs pâles se montrèrent à l'horizon, annonçant l'arrivée d'un jour nouveau.

Et toujours personne, ce qui exaspérait le dragon, après tout, ce n'était pas comme si quelqu'un était en danger.

* Mais il fait quoi ... pourtant pas compliqué de trouver quelqu'un dans un endroit aussi vide de vie *

On se foutait d'elle. Elle ne voyait pas d'autres hypothèses plausibles. Mais de quelle chimère s'était-elle donc entichée pour avoir prit pareille décision sur un coup de tête ? Déjà, elle aurait dû se méfier. Tomber sur la seule famille d'elfes éplorés de toute la forêt était déjà en soit assez louche... Si en plus ces derniers l'imploraient de leur venir en aide en lâchant habilement le mot « prime » toutes les deux trois phrases, là, c'était carrément du suicide. Le regard méchant de Vent Ardent avait beaucoup contribué dans l'affaire. Il faut dire que sans cristallis, pas de carottes ni autres gourmandises de ce genre. Sans parler des soins à domicile procurés par des auberges souvent chères ! Et ces temps-ci, sa maîtresse n'avait pas l'air de mettre beaucoup la main à la patte pour trouver de quoi rentabiliser tout ça... Elle s'était préparée à refuser. Certes, elle vivait pour aider les gens, ne subsistant réellement que dans leurs sourires et dans les joies du cœur. Mais là tout de même, c'était un peu gros pour se jeter dans l'amour et la bonne humeur entre les mains d'elfes noirs psychorigides !

Oui, mais voilà. La discussion s'était avancée vers le nécromancien qui avait la main basse dans toute cette histoire. Et sur son bien étrange art de faire revivre les morts pour un second round... Bon, vous connaissez Luz. Elle venait d'atteindre le point de non retour, se faisant bêtement avoir à plate couture par cette satanée famille d'elfes des bois. Parce qu'ils avaient émis l'existence d'un tel pouvoir, qu'elle ne connaissait pas et n'avait jamais vu à l’œuvre. Un mystère merveilleux, tout pile celui qu'il lui manquait par ces temps-ci où les jours se faisaient ennuis. De quoi ravir sa curiosité pour des heures et des heures, s'extasier dans l'étude de cette branche de la magie qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de décortiquer ! Tout était matière à réflexion et ce, depuis sa tendre enfance. Le danger de cette entreprise ne contribuait qu'à rajouter un peu de piment à ses forces, ravivant cette curiosité maladive qui lui rongeait l'esprit depuis bien longtemps...

C'est ainsi qu'elle s'était retrouvée parachuté dans cet autre monde, à des kilomètres et des kilomètres de ses territoires habituels d'errance. La terre s'était soulevée sous le souffle des dieux, se hérissant de douleur à travers la souffrance d'une trop longue immobilité. Elle s'était fendue, blessée, écorchée de part en part pour parvenir à modeler les formes qu'on lui demandait. Elle ne faisait rien de plus que remuer dans son sommeil millénaire, dérisoire à ses yeux, changeant inlassablement de paysages et de reliefs. Mais un léger cauchemar pour elle devenait désastre pour les mortels parcourant son échine... Ainsi était le champ d'épines, distordus de longs bras crochus et décharnés, cherchant continuellement à enlacer les voyageurs de leurs étreintes coupantes de végétaux abandonnés. Une revanche perpétuelle sur ce manque de vie qui les parcourait, se plaisant à transpercer, arracher tout ce qu'ils pouvaient de chair aux vivants. Il n'était pas rare de se voir arrêter, une épine accrochée à un vêtement, une voix suppliante grinçant dans le vent...
« Reeeeste avec moiiiii... »

Luz se riait de leurs étreintes. Ombre féline se coulant sous les nœuds noueux, savourant cet exercice physique qui demandait à chaque instant un tour de force et de souplesse, une maitrise frôlant la perfection de chacun de ses pas glissés et sautés. Le vent qui parcourait ces plaines semblaient avoir déposé sur sa silhouette l'empreinte de sa gestuelle toute de mouvements lumineux et éphémères. Vent Ardent l'attendrait, ce n'était pas un terrain pour le galop. Elle ne voulait pas que ces épines furibondes écorchent son beau pelage de traits de sang... Les elfes avaient bien sûr accepté de le veiller, c'était la moindre des choses. Elle espérait simplement ne pas le retrouver chouchouté jusqu'à l’écœurement, gavé de tout ce qu'il oserait quémander ! Elle avait donc fait les trois quarts du chemin par la voie des airs, comme au bon vieux temps, se plaisant à tester sa résistance et repousser ses limites à travers vents et tempêtes. Ses ailes étaient infaillibles tant qu'il y avait de la volonté, elle en était certaine ! Cependant... Elle n'avait pas réussie à résister à l'attrait de ce nouveau terrain de jeu. Un challenge écorchant. Et dans un coin de son esprit, tout en pivotant sur ses hanches dans une légèreté divine pour éviter un bras végétal, elle se demanda combien de temps son corps humain tiendrait à se jouer des épines... Mais elle avait la grâce du vent pour elle. Cet ami de lumière que rien n'arrêtait !

Et voilà qu'à l'horizon, se découpant sur le soleil naissant, se tenait une ombre. Les rayons de l'astre en étaient encore à raser la terre de leurs tâtonnements timides, ne lui permettant pas de discerner autre chose que la silhouette de ce nouveau compagnon d'infortune. Un dragon. Son énergie s'en retrouva décuplée, et c'est avec plus d'ardeur et de vitesse qu'elle foula au pieds la fierté de ces épines vengeresses ! Ce n'est qu'une fois au bas de l'immense rocher qui le soutenait, qu'elle prit le temps de le détailler. Grand et sombre, il était l'ajout de trois couleurs aux écailles merveilleuses. Ailes repliées, caractère impatienté, elle ne doutait pas un instant qu'il ne l'ait guère remarquée. Il était dur de louper les reflets solaires et enflammés de ses cheveux, contrastant avec le noir profond du paysage alentour. Elle braqua donc sur lui ses prunelles émeraudes enjouées, une main sur la hanche, l'autre dérobant sa vue à la lumière aveuglante du soleil. De la mission qui l'avait amené ici, elle n'en savait rien. Les elfes l'avait vue la première et n'avait donc pas pu la prévenir qu'un futur compagnon viendrait à la rejoindre sur le coup...

« Bien le bonjour frère d'écailles ! »

Elle lui offrit un grand sourire craquant, sa présence ne manquant pas de lui rappeler son vieil ami... Niddrölf, le dragon le plus merveilleux qu'elle n'ait jamais connu. C'est donc d'un air tout à fait naturel, de cette spontanéité et de cette bizarrerie qui lui étaient propres qu'elle s'enquit :

« Vous n'auriez pas vu un camp d'elfes noirs dans les parages, avec un grand psychopathe qui se balade à leurs têtes ? »

Non parce que le champ d'épines était grand, d'ici à ce qu'elle trouve LE coin habité de la région, l'otage périrait mangé par la végétation... Et puis, là, franchement, elle avait la flemme... Et c'était sans compter les talents hors norme des elfes de nuit pour la dissimulation !

Les étoiles s'effaçaient peu à peu dans le ciel nocturne, toujours moins nombreuses tandis que les minutes s'écoulaient. Le ciel lui prit une teinte bleue, sombre au début, pour s'éclaircir lentement autour de l'astre de lumière qui une nouvelle fois, venait apporter au monde chaleur et couleur. Un cycle sans fin qui reprenait à nouveau.
Un vent glacial souffla sur cette contrée désolée, vent suffisamment glacial pour faire frissonner les écailles du dragon. Il aurait bien prit son envol, quitté ce lieu sans vie, ce champs d'épines à perte de vue, un paysage monotone, il y avait rien ici pour inciter à rester. Plus d'une fois, il faillit se lever, bondir dans les airs d'un simple battement et partir pour ne plus revenir. Mais on comptait sur lui, pour sauver cet elfe, ainsi que celui ou celle qui serait son partenaire pour cette mission. Il se demandait vraiment ce qui lui avait prit d'accepter, prendre ces risques pour pas grand chose. Encore et toujours les mêmes questions qui tourmentaient l'esprit du dragon, ou alors, peut-être que le souvenir d'une mauvaise rencontre qui avait bien faillit lui coûter la vie le terrifiait encore ? Car il est vrai que ce n’est pas loin d'ici qu'il s'était retrouvé face à face avec cette déesse des ombres, craignait-il de la rencontrer à nouveau ? Possible, et il ne voulait pour rien au monde s'éterniser ici, faire au plus vite ce qu'il avait à faire, sauver un elfe et faire comprendre à un mage que la nécromancie devrait rester dans l'oubli.

Et le vent, toujours aussi froid et inhospitalier, apportait avec lui, et à la grande surprise du dragon toujours plus impatient, l'odeur d'une autre créature. Qui pouvait bien venir fouler ces terres hostiles. Sans compter qu'Arkys fut effaré de voir qu'il s'agissait d'une humaine. Du moins à première vue, car il n'eut même pas le temps de se demander ce que pouvait venir faire un humain ici bas que l'aura dégagée par cette inconnue lui fit comprendre qu'il y avait là rien d'un humain. Chose qui fut confirmée par les salutations qu'on lui présentait, frère d'écaille, ça voulait tout dire.
Il passa de l'incompréhension, à la curiosité, voir même l'émerveillement. Pourquoi donc elle avait choisit de traverser une voie si peu praticable alors que celle offerte par les airs était bien plus agréable et facile à parcourir. Même si il brûlait d'envie de poser la question pour en savoir plus, il n'en dit rien, il avait bien d'autres choses à faire avant. Vraiment dommage, alors que le hasard le laisse faire une rencontre des plus agréable, il devait encore rester planté là à attendre celui qui devait le seconder dans cette mission de sauvetage, à moins que ce soit lui qui devait seconder cet inconnu, la hiérarchie, vraiment un sujet prise de tête qui apportait son lot de tension aisément évitable.
Il rapporta son attention sur son interlocutrice qu'il devait faire attendre. Répondant à sa salutation sur le même ton et en reprenant la même salutation.

Bonjour à vous sœur d'écaille, que me vaux donc l'honneur de votre présence en ce lieu si ... Il eut un regard désabusé vis-à-vis du décor environnant. ... Vous voyez ce que je veux dire. Et puis, serait-il possible de connaitre votre nom ? Ce serait plus commode.

Il se sentit gêné, pourquoi ? Allez savoir, un dragon n'a pas d'explication logique à tout ce qu'il fait et ressent. Les dragons ont beau être réputés pour leur grande sagesse, ça en reste des êtres sujets à leurs sentiments, et comme tout le monde, ont d'étranges réactions. Mais suite à cela, Arkys détourna son regard de Luz, fixant l'horizon où le soleil continuait sa lente course, toujours aussi imperturbable celui-là.
La question qu'on lui posait ne manqua pas de le surprendre et de le laisser immobile, incapable de répondre immédiatement sous le coup de la stupeur. Alors c'était elle, elle qu'il attendait depuis bon nombre d'heures. La frustration qu'il avait accumulée par son attente se dissipa sans aucun mal. Alors cette rencontre n'était pas le fruit du hasard, mais le dragon était ravi d'avoir pour partenaire un membre de sa race pour ce sauvetage.
Une fois remit de ses émotions, le dragon se remit face à Luz, même si il n'apporta pas de réponse à sa question, de toute manière, il ne la détenait pas, du moins, pour l'instant.

Tiens donc, voilà qui est intéressant. Alors c'est donc vous dont me parlait ce groupe d'elfe qui réclamait de l'aide pour sauver l'un des leurs. Si j'avais osé imaginer qu'on me réservait si belle surprise. Le dragon enchaîna immédiatement, pensant à un détail pratique pour la suite des évènements à venir. Comptez-vous conserver cette forme ? Histoire de voir comment allons-nous procéder pour sauver cette personne en danger.

Bien que derrière cela, Arkys se demandait bien quelle dragonne pouvait se cacher sous ces traits d'humain, et il était curieux, voir avide de le savoir. Même si, c'était sans doute pas dans l'immédiat qu'il allait y faire attention, il devait encore éliminer un puissant nécromancien, et la tâche s'annonçait ardue.

La morsure du froid se faisait sentir sur sa peau, insufflant son souffle gelé le long des mèches de ses cheveux, se lovant au creux de ses vêtements comme un animal endormit. Mais elle n'en avait cure. C'était une façon de se sentir en vie comme une autre, la respiration parfois coupée par ce vent, ce vent figé, la pulpe de sa chair se hérissant de frissons couleur de givre. Peut-être même qu'après tout, cette plaine ne faisait qu'avoir froid, tendue dans l'attente de ses épines frileuses comme une peau nue le ferait dans la neige ! Car si Arkys possédait les écailles nécessaires à son confort de température, Luz n'était qu'humaine. Enfin... En apparence. Et cela lui suffisait amplement, quand bien même l'atmosphère gelée devait se faire intense ! N'avait-elle pas assez de feu en elle pour se rire de ce temps ?
Elle gardait donc les yeux levés vers lui, en toute confiance, ne songeant pas même au fait qu'il lui aurait suffit d'un coup de patte pour faucher sa silhouette. Les dragons étaient tous du même univers, pourquoi se battre ? Elle n'y aurait pas pensé d'elle-même. Et quelque chose en lui l'incitait à renier le danger, à s'offrir en parfaite conscience à ses griffes acérées... Il ne lui ferait rien. Elle en était certaine. L'accueil qu'il lui fit ne contribua qu'à renforcer ce savoir, on ne salut pas cordialement quelqu'un que l'on se ferait un plaisir de tuer...

- Bonjour à vous sœur d'écaille, que me vaux donc l'honneur de votre présence en ce lieu si… ... Vous voyez ce que je veux dire. -

Elle eut un léger regard interrogateur, posant à son tour un vague regard circulaire sur les lieux qui les entouraient. Non vraiment, elle ne comprenait pas. Cette impression d'immensité sauvage lui plaisait, et ce, même s'il n'y avait ni arbre ni vert tendre. Le vent ici était libre, majestueux dans toute cette puissance divine qui venait balayer ce terrain aplanit d'un seul geste, comme s'il se fut agit d'un fétu de paille... Nul obstacle, nul impact. Seulement une étendue sans fin jusqu'au confins du monde. La beauté était en tout, restait à percevoir son chant derrière ce rideau de ronces efflanquées d'épines.
Un bien étrange sourire naquit donc sur son visage, étirant ses lèvres en une mimique des plus mystérieuse. Sa voix se contint dans un murmure à peine audible pour un humain, mais elle ne douta pas un instant que les sens hors du commun du dragon n'eurent aucun mal à percevoir ses propos fort sibyllins :

« La terre qui nous porte est pourtant la même qu'ailleurs, elle reste inchangée. »

Elle fit glisser entre ses doigts la fine poignée de terre qu'elle venait de soulever, embrumant l'air d'un nuage de poussière et de craie. Un sol aride. Et pourtant fertile puisque la vie s'y cantonnait en épines laborieuses... En un instant elle retrouva son joli sourire enjoué, effaçant de son tempérament girouette l'aura mystique qui s'était saisit d'elle. Bien étrange humaine que voilà, l'esprit au ciel et corps fondu au sol mère, si vivante dans le flamme liquide de ses cheveux... Dragon en tout et pour tout, dans son sang, dans son cœur, jusqu'à l'étincelle de ses pensées. Et sa fierté n'en était que plus belle.

- Et puis, serait-il possible de connaitre votre nom ? Ce serait plus commode. -

Elle posa sur lui un regard amusé, lui faisant remarquer d'une voix rieuse :

« Il me semble ne pas avoir non plus entendu votre nom, c'est équitable. »

- Alors c'est donc vous dont me parlait ce groupe d'elfe qui réclamait de l'aide pour sauver l'un des leurs. Si j'avais osé imaginer qu'on me réservait si belle surprise. -

Elle le contempla sans bouger, étonnée. Ainsi donc ne serait-elle pas seule à se tuer à la tâche contre ces elfes vifs. Voilà maintenant que l'affaire mutait en suicide collectif ! Au moins serait-elle avec un être bien plus résistant que la moyenne, et non avec l'un de ces humains éphémères qu'elle aimait tant... Et puis... Elle avait envie de lui faire confiance. Quelque chose dans le luisant de ses écailles, dans ce trait de grandeur qui était propre aux dragons...

- Comptez-vous conserver cette forme ? Histoire de voir comment allons-nous procéder pour sauver cette personne en danger. -

Elle fit la moue. Parut dessiner quelque chose dans l'air du bout des doigts, gestes invisibles. En une fraction de seconde, son arc était arrivé entre ses mains, bois tendre tendu à ployer, une flèche délogée de son écrin et braquée sur Arkys avec toute la précision que lui offrait ses prunelles non humaines. La corde ne produisit qu'un claquement sec mortel lorsque le trait de feu partit comme un éclair, manquant d'une écaille son compagnon d'aventure. Pour s'enfoncer net dans l'éclaireur elfe noir qui mourut sur le coup, bouche ouverte, prêt à donner l'alerte à ses semblables. Il avait bien entendu prit soin de se cacher sous un frêle bosquet, à quelques mètres du duo...
Luz respira à nouveau, caressa du regard cet arc qu'elle aimait plus que tout, ce bois souple si commun aux armes des elfes. Efficace. Son attention revint instantanément sur Arkys, tandis qu'elle le contournait de son pas glissé silencieux pour atteindre le corps de l'elfe de nuit, une seconde flèche encochée, prudente.

« Le camp ne doit pas être bien loin s'ils commencent déjà à nous attaquer... »

Elle s'installa sur ses jambes, vérifia qu'il était bel et bien mort et ôta sa flèche avec délicatesse afin de ne pas en froisser les plumes. Elle se tourna à nouveau vers le dragon sombre, les prunelles joyeuses :

« Je me nomme Luz, enchantée. Et je n'ai pas la moindre idée de la forme que j'utiliserai. Peut-être elle, peut-être les deux. »

Parce que sa silhouette humaine était tout aussi létale que sa forme draconienne...

Le dragon restait intrigué par l'avis que Luz portait sur ces terres hostiles. Car à en juger ses propos, elle semblait les trouver à son gout, alors qu'il y avait rien ici. Un sol aride où poussaient uniquement des plantes épineuses, plantes qui n'avaient rien pour flatter la rétine. Pas de magnifique fleur étalant une diversité de couleur passant par tout ce que la lumière pouvait offrir. Ici, tout était terne, pas de couleur vive, juste un vert sombre et terne. Et le sol craquelé par la sécheresse n'accueillait nulle autre forme de vie, preuve de l'inhospitalité de ces contrées.
Et Luz se plaisait ici, et elle cherchait même à lui prouver qu'il n'y avait rien de différent ici qu’ailleurs sur les terres. La terre justement, c'était de ça qu'elle lui parlait, la terre était inchangé, la même partout et pour tous. Pourtant, c'était bien la nature de sol qu'il favorisait le développement de tel ou tel espèce végétal, il l'avait remarqué, lors de ses passages en bord de mer ou la végétation était différente, du à la présence du sel. Et puis, si la terre était partout la même, se serait aussi le cas de la nature alors, qui dans l'exemple présent, Arkys était bien loin d'avoir en face de lui une forêt luxuriante.
Luz parlait d'une voix quasi inaudible, il n'en perçut le sens exact que grâce à ces sens de dragon plus affûté que le commun des mortels, mais même entre dragon, jamais il n'avait conversé sur un ton si faiblement audible, pourquoi son interlocutrice agissait ainsi ? Arkys en restait surprit. Il fixa les prunelles de la dragonne qui se tenait face à elle sans la moindre crainte, puis détourna son regard vers le nuage de poussière formé par la terre que Luz laissait tomber, nuage qui fut bien vite dissipé par le vent toujours aussi froid.

Si ce lieu vous va à merveille, je ne peux qu'honorer et respecter votre choix, mais pour ma part, je préfère de loin des paysages plus verdoyant et où la morsure du vent ne se fait point sentir. La douce caresse de l'astre de lumière et la chaleur qu'elle apporte et nettement plus enviable à mon gout.

La dragonne était amusée par sa question, lui n'avait juste réclamé son nom. Et qu'elle refuse le vexa quelque peu, mais n'en fit rien paraître, se contentant d'ajouter.

Vous m'auriez posée la question, je vous l'aurais donné volontiers, mais inutile de vous faire attendre, je me nomme ...

Il suspendit sa phrase en voyant Luz, qui le fixait alors qu'elle dégainait son arc. Son cœur se glaça, le dragon resta figé durant un instant, instant durant lequel il crut que se tire mortel allait lui être destiné. Sa rencontre avec Luz avait accaparé tout son attention, et n'ayant pas vu venir l'elfe éclaireur. Puis la dragonne sous son aspect d'humaine finit par décocher sa flèche, le dragon lui ne ressentit juste que la caresse de l'air vibrant au passage de la pointe mortelle filant à vive allure, frôlant seulement ses écailles sans même les toucher, et terminer sa course sur l'éclaireur qui menaçait de révéler leurs présence, qui poussa son dernier soupir avant de basculer dans l'autre monde.
Le dragon se sentit stupide d'avoir songé durant même pas une seconde que Luz n'était pas digne de confiance. Alors qu'elle venait tout juste de le tirer d'une bien mauvaise posture. Elle s'approcha du corps, lui la suivait du regard, ajoutant histoire de faire un peu d'humour et de détendre l'atmosphère.

L'affection que tu dois porter à cet elfe à dû lui aller droit dans le cœur.

Il était passé au tutoiement naturellement, sans y faire attention. Elle venait sans doute de lui sauver la vie, l'elfe pouvait profiter de sa discrétion pour l'attaquer dans le dos et mettre fin facilement à ses jours. Alors Arkys se permettait d'être plus familier.

Et à moi aussi ça me va droit au cœur merci, sans toi, je serais peut-être ... Il préféra ne pas y penser et changea comme si de rien n'était de sujet de conversation. En effet, leurs camp doit être tout proche, la prudence s'impose. De même, ravi de te rencontrer Luz, et tu peux m'appeler Arkys si l'envie t'en prend.

Il laissa la dragonne prendre la marche, sous forme humaine, elle pourrait se faire plus facilement discrète que lui. Mais le destin l'avait placé entre de bonne main pour accomplir à bien ce sauvetage. Car seul, il se rend compte qu'il n'y aurait trouvé que la mort.

[Abandonné ?]

[Luz à quittée le forum, donc oui]

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Sauvetage en terre hostile [ Pv : Luz ]

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