[Suite de Un peu de repos]


Jamais, je n'aurai imaginé qu'une naissance serait aussi galère ! On aurait vite pu faire ça dans les champs célestes mais Ïlimentã avait insisté pour venir ici. De peur de voir son frère disait-elle. Et c'est comme ça que nous avions décidé, en urgence, de revenir dans ma clairière. Quand elle m'a dit qu'elle avait eu une première contraction j'avais frôlé l'arrêt cardiaque. M'annoncer ça comme ça ! J'en ai pas l'air mais je suis une âme sensible ... Tout en entraînant délicatement ma déesse vers moi, je lui conseillai de s’installer contre un rocher au milieu de la clairière. Le soleil illuminait seulement l'endroit ou on se trouvait et j'avais l'impression que les arbres nous regardaient je sentai aussi la présence d'animaux tout près de nous probablement pour veiller et être témoin de cette naissance unique. Moment qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Après avoir observé ce qui se déroulait autour de nous je me retournai vers ma dragonne aux longs cheveux noir ébènes et aux yeux rouge écarlate. Elle est magnifique ...

Ça va aller. Détends toi, je suis là il ne peut rien t'arriver.

Oui, même la grande Ïlimentã pouvait stresser. C'est pour ça que j'étais là pour la rassurer et veiller sur elle et aussi pour que tout se passe bien. Et puis, Pour l'instant on étais seul mais j'avais une sensation étrange, un pressentiment désagréable, très désagréable ... Mais aussi perturbant. Je sais ça faisait beaucoup, mais vous ? Ne réagiriez vous pas de la même façon si vous aviez une femme enceinte et que vous ne savez pas comment réagir ?.. Donc bon ... Et puis, plus le temps passait plus ce sentiment s'accentuait. Quelque chose n'allait pas ... Mon inquiétude devait se voir sur mon visage et je ne voulais pas déranger ce moment à cause d'un foutu pressentiment ! Aussitôt, je rassurai Ïlimentã à ce sujet.

Tout va bien. Il n'y a que nous et les animaux ici.

Je souriai en disant ça mais j'avais quand même du mal à cacher mon anxiété par rapport au bébé mais aussi à ce qui allait se produire ... Ne pas le montrer. Surtout ne pas le montrer !

Descendre des terres divines ne vous apparaît peut-être pas comme la meilleure idée que Liliàn ait eu, mais s'il y avait une chose qu'elle craignait encore plus que d'être dérangée par des mortels, c'était de croiser son frère à un moment pareil. D'autant que la douleur ne s'arrangeait pas, loin de là. Cette douleur qui allait croissante et semblait la vider de ses forces... Elle qui, plus d'une fois, avait livré bataille jusqu'à l'épuisement sans jamais se plaindre, se prenait à gémir comme une enfant qui vient de faire une mauvaise chute !

Aucun doute, sa fierté en prenait un coup. La déesse se répétait mentalement que si elle avait su, peut-être n'en aurait-elle pas voulu, de cet enfant... Mais tout de suite après avoir osé penser une telle chose, elle se reprenait et vociférait contre elle-même. Allons, ce n'était qu'un combat de plus !... Cependant, c'était à croire que leur fils avait attendu d'entendre la voix de son père pour pointer le bout de son nez... Un léger sourire aux lèvres, la divinité ne put s'empêcher de penser que ce petit n'était même pas né qu'il était déjà bien intelligent...

Une chose, néanmoins, rendait la future mère de plus en plus inquiète... L'expression de Tinuwÿn. Il paraissait... Nerveux. Voire même anxieux. Vu son état, Liliàn se préoccupait plus d'elle-même que du reste du monde, et même si elle l'avait voulu elle n'aurait pas pu se concentrer sur son environnement. Alors... Que pouvait-il bien sentir ?...

- Tout va bien. Il n'y a que nous et les animaux ici.

Hum... Bien qu'il ait dit cela avec le sourire, la jeune femme n'en fut pas du tout, mais alors pas du tout, convaincue... Cependant, elle n'eut pas le temps d'y prêter plus d'attention, une nouvelle contraction venant lui arracher un nouveau gémissement de douleur.

~~

Sept à huit heures plus tard...

Epuisée. Complètement vidée. Il n'y avait pas de mots, pas d'expressions qui puissent décrire avec justesse dans quelle situation se trouvait la déesse. Néanmoins... C'était un pâle, mais franc sourire qui s'esquissait sur ses lèvres. Blottie dans les bras de Tinuwÿn, elle n'arrivait pas à détacher son regard écarlate de ce petit être si adorable qui pleurait dans ses bras, à peine né. Liliàn leva vers son amour un regard à la fois fatigué et fier, lâchant dans un murmure :

- C'est notre fils... Notre Isarawÿn...

Puis la jeune mère reporta son attention sur son bébé et se mit à le bercer doucement, déposant le plus délicatement du monde son front contre le sien, tout en lui chuchotant les mots les plus doux qu'elle connaisse. Sa voix sembla apaiser le nouveau né, qui cessa de pleurer pour se pelotonner contre la poitrine de sa mère. Enfin... Il était né, ce nouveau petit dieu !

[HRP : J'ai décidé de couper court les descriptions de l'accouchement en lui-même, pour le bien des âmes sensibles présentes sur ce forum ! xD]

[J'ai pas oublié, d'abord ! D8]


Liliàn serrait toujours son enfant contre elle, tentant de le préserver jalousement de son frère, avec les infimes forces que ne lui avaient pas volé l'accouchement. Soit, c'était un peu désespéré, mais avait-elle d'autre choix ? Hors de question de le laisser s'approcher d'Isarawÿn, plutôt mourir !

Les paroles de Tinuwÿn, sur la vie en harmonie entre Lumière et Ombre la firent doucement ricaner. Non, cela ne se ferait jamais. Ils étaient une exception qui confirmait la règle. La seule et unique exception. Jamais les Ténèbres n'iraient de concert avec la Lumière. L'un avait besoin de l'autre pour survivre, mais cela s'arrêtait là, et cela n'irait jamais plus loin ! Il n'y avait qu'à voir la véritable haine qui dominait la déesse à chaque fois que l'on ne faisait ne serait-ce qu'évoquer Elëmentis. Cette même haine qui la dévorait en cet instant même, et qui la poussait à donner son fils à son père pour aller de ce pas montrer à son frère qu'elle savait toujours aussi bien se battre !
Cependant... C'est une autre diée qui lui vint.

D'un geste de la main, elle demanda à son amant de venir prendre Isarawÿn, puis se leva difficilement en prenant appuie sur lui, masquant du mieux qu'elle le pouvait son état de grande faiblesse, et la douleur qui s'estompait très lentement, mais lui causait encore assez de souffrance.
C'est déterminée qu'elle se détacha de Tinuwÿn pour marcher aussi dignement qu'elle le pouvait vers Elëmentis... Avant de lui coller une gifle. La mine furieuse, elle lança sur un ton tranchant et venimeux :

- Cet enfant, je l'ai souhaité pour le bonheur de Tinuwÿn et le mien. Jamais je n'oserais me servir de ma propre chair et de mon propre sang à des fins douteuses. Isarawÿn n'était même pas né que je l'aimais déjà, Elëmentis. Comment peux-tu venir ici et oser prétendre que je vais me servir de mon fils pour une quelconque entreprise malsaine ? Maintenant, si tu as encore un peu de respect pour moi et pour ton neveu, laisse-nous tranquilles.

Vous pouvez faire tous les reproches à Ïlimentã -celui d'avoir trahi la Lumière pour basculer dans l'Ombre, trompant ainsi son propre frère, celui de toujours vouloir intriguer pour arriver à ses fins, ou bien encore celui de constamment essayer de vous dérober votre âme- mais... Là, vous ne oiuviez lui retirer la sincérité avec laquelle elle avait parlé.
Ce petit être qui s'accrochait à la tunique de son père, inquiet de voir sa mère si près d'un inconnu qui ne paraissait pas très amical, était déjà l'un des êtres les plus importants qui soit, aux yeux de la déesse sombre.

Et s'il fallait se battre pour le protéger, eh bien elle se battrait. Quand bien même elle y laisserait ses écailles. C'était sans nul doute ce qu'exprimaient ses fines prunelles écarlates, qui restaient fichées dans celles d'Elëmentis, sans ciller.