Tribulations d'un agonisant sur les montagnes de la surprise [PV Olia]

Et tout commença ainsi, collant juste à la note sur cet air, doux, vibrant... oh laissez vous porter par le son... Car il est votre maître à penser, sans lui vous n'êtes rien, sans lui vous n'êtes que néant !

J'avançais d'un pas calme et habile, qui alors que sous le soleil ardent de la mie journée, ma position écrasait quelque peu le crâne de ma monture, je me laissais à penser que cette vieille bête pourtant charnue, serait capable de me jouer un sale tour, juste histoire de montrer qu'elle n'est qu'un cheval poisseux, qui aimerait prendre la vie à ceux qui lui ont, au fin fond de sa race, prit sa liberté absurde.

Je fumais alors avec douceur ma pipe, seul ami dans ces lieux si reculés, car je vais vous révéler un secret, l'on est à l'abris nul part, ici, tous sont des voleurs... Mais pas un mot ! Ils nous écoutent...

Ah qu'elle peine j'éprouvais pour se monde, et qu'elle fierté j'éprouvais pour moi... Tous n'étaient véritablement que reflet tristement crasseux de guerres et combats inutiles qui dans le sang nue qui flottait sur la plaine, baignant dans leurs membres décharnés, démembrés, jouissaient d'un contentement parfait entre l’exploitation des uns qui fait le plaisir du pillage des autres, quel manque de savoir vivre, où sont passés les valeurs anciennes de l'artisanat et du commerçant qui font avec plaisir et joie leurs grâces du matin, épris dans le culte divin, pendant que riches et érudits cultivaient le savoir de la vie et l'expérience du temps ?

Tant de pensées si moroses, ne faisaient rien d'autre que m'embrouiller l'esprit, je décidais de vider toutes ces pensées négatives dans le repos de ma misérable carcasse... Laissant bien au loin ces vies de médiocrité qui tentaient de me prendre le peu d'esprit que j'avais, je me jetais sous un arbre à l'ombre, attachant soigneusement la sangle de ma monture à une branche.

Bientôt mes yeux se fermèrent, et dans cette noirceur qu'est la vie, vint la lumière... Non je n'aimais pas les gens de ce monde, oui j'étais fière de penser différemment, mais de tout ce qu'il y avait sur ces terres, tout disparaissait à la douce mélodie. Chant divinement magique, notes orgasmique. Je me souviens de cet air tranquille, il commençait par un peu de clavecin, tranquilles et cabalistique, cette aubade me tirait vers les lointains nuages, au dessus de plaines et montagnes, je volais au loin par dessus mers et vallées, j'étais libre tel un oiseau... "Oh free bird..."

Je m'éveillais alors, après quelques secondes de plaisirs exquis, comme réveillé soudain d'un univers céleste. Je faisais lentement tourner ma tête pour tirer les os de mon coup, et puis, détendu, je me levais, ouvrais une boite de cuir à la forme ovale, et en sortait un instrument, un violon...

Vérifiant à droite à gauche si je ne voyais personne en ces lieux, je me mis soudain, à pauser l'instrument contre mon coup, pointer l'archet sur les cordes, et dans un grondement merveilleux, je laissais la parole au son (lien).

Libre ! Enfin ! La cage de pierre qui l'avait retenue prisonnière depuis plusieurs jours était enfin disparue, loin derrière elle ! Ra'Sibe lui avait apporté son lot de contrariétés. Elle se promettait d'ailleurs à présent que jamais elle ne remettrait ne serait-ce qu'un pied à la capitale. Tout ce monde l'avait étourdie, choquée, profondément marquée. Mais surtout, elle était triste et déçue, et ce pour deux raisons. La première, une disparition qui l'avait blessée au plus profond de son être, la seconde un manque de réponse doublé d'une promesse bafouée. Elle n'aurait jamais dû passer à Ra'Sibe. Jamais.
C'est toute à ces pensées qu'elle chevauchait lentement à travers les plaines. Shanira était partie de son côté en quittant de la grande ville, Arkys avait eu quelque chose à faire. À présent, elle était seule. Pour elle qui avait fait le deuil de sa solitude, cela semblait bizarre, de n'avoir personne alentour. De retrouver la sérénité et le calme.
À sa plus grande surprise, elle était triste. D'une tristesse qui laissait parfois couler quelques larmes sur son visage. Oliana aurait aimé être contente, bondir de joie, courrir à nouveau vers l'inconnu si attrayant... elle en était proprement incapable. Son passé, plus encore que toutes les autres fois depuis 25 ans, la hantait. Elle ne savait plus quoi faire. Il ne se décidait pas à lui revenir en mémoire, et le chercher ne lui avait apporté que des ennuis... Une simple perte de temps.
C'est précisément à cet instant qu'elle prit la décision. Décision cruciale et difficile. Elle allait faire une croix sur son passé, même si ce n'était pas encore définitif. C'était décidément le seul moyen pour qu'elle arrête de se faire du soucis. Il lui fallait se résoudre à vivre dans le présent.
Ceci décidé, autre chose lui revint en mémoire. Une lecture qu'elle avait faite dans une bibliothèque de la capitale. Elle la tourmentait par instant, et la jeune elfe n'était pas sans savoir que c'était peut-être lié à sa tristesse. En quittant la capitale, elle avait eu l'impression de s'éloigner de son destin. Chose étrange. Et elle était certaine de ne pas se tromper.
Oliana boucla ses pensées au fin fond de sa tête. Elle se faisait du mal. Ce qu'il lui fallait c'était du repos, pas une dépression. Se redressant sur Dan Liang, elle tacha de se montrer plus heureuse.

Au bout d'un certain temps elle atteint une zone occupée par des arbres fruitiers. Le sourire lui revint plus facilement que par toutes les volontés du monde. La nature dans toute sa splendeur, voila ce qu'elle avait sous les yeux. Les végétaux autour d'elle la réjouirent. Elle s'imagina passant au même endroit durant une autre saison, cueillant tous les fruits qui pendaient aux branches. Pour l'heure elle se résolut néanmoins à ne pas prendre de goûter, mais ne put résister à l'envie irréprécible de s'aventurer entre les arbres.
Attentive au moindre souffle de la nature, elle se sentait à nouveau réconcilée avec le monde. Ce que tout pouvait tenir parfois à si peu de chose...
Qu'est-ce que tu en dis Dan Liang ? L'endroit est agréable, non ?
Elle sourit à sa monture et flatta son encolure. Le cheval renacla. En d'autre circonstances, il aurait henni joyeusement, mais il manquait dans cette scène l'approbation d'un tourbillon bleu... qui ne viendrait pas. Oliana caressa la tête de Dan Liang. Elle comprenait aisément sa détresse et se décida à le ménager en marchant à ses côtés. Une douce musique naquit alors dans sa tête, prennant source de la nature peut-être.
Elle marcha plusieurs minutes avant de se rendre compte que la mélodie ne provenait pas de son esprit, mais d'un violon, quelque part alentour, certainement très proche.
Qui cela peut-il bien être d'après toi ? demanda l'elfe à Dan Liang. En tout cas il joue remarquablement bien.
Son familier dressa les oreilles pour mieux entendre. Il paraissait lui aussi captivé par la musique. C'est ainsi qu'il se rapprochèrent petit à petit de sa source, la cherchant avec circonspection, attirés par elle comme des aimants.

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