Deux canidés en vadrouille [Elyë]

[Suite de "Quand la Renarde rencontre le Loup" ]

Amidatelion sauta par dessus un tronc couché lors du dernier orage, puis se mit à louvoyer entre les feuillus, sans pour autant ralentir son rythme. La course, ça le connaissait !

*Ah, un ruisseau ! Pas trop tôt !*

Le Nalami sauta à l'eau, puis se mit à remonter le courant à fond de train, ses pattes foulant les galets sans faiblir. Puis, après une bonne lieu, il revint sur la terre ferme, s'éloigna du cours d'eau jusqu'à ce qu'il n'entende plus ses clapotis, et s'arrêta enfin.

Là, il lâcha la Renarde et tourna la tête en arrière, oreilles dressées, attentif aux moindres sons. Normalment, ça devrait suffir, mais sait-on jamais...

Trimballée comme un renardeau, ce n'était pas désagréable, mais ce n'était pas rassurant non plus de sentir les crocs du loup contre sa peau. Une fois que le loup l'eut lâchée elle secoua son pelage gorgé de l'eau du ruisseau qui avait éclaboussé sa fourrure, du coup elle éclaboussa un peu le loup aussi. De la tête jusqu'à la pointe de la queue elle se débarrassa de l'humidité.

Puis, elle leva la tête la petite renarde et écouta également, tout comme son compère loup, apparemment ils les avaient semés et de toutes façons les humains n'auraient pas osés entrer dans la forêt à l'avis d'Elyë. Elle les avait souvent vus approcher des bois et hésiter à y entrer. Ils avaient peur des elfes, ou des bois, en tout cas de quelque chose et au fond Elyë s'en fichait.

-Ils ne nous suivrons pas dans les bois.

Elyë baissa la tête et tira la langue, elle avait soif et faim. Elle n'avait pas eu sa gourmandise en plus, décidément elle aurait mieux fait de rester dans son terrier ce matin, quoi que la rencontre qu'elle avait faite était bénéfique enfin pour le moment.

Elle eut un sursaut en voyant une souris filer sous son nez. Une seule idée germa dans sa tête : DEJEUNER! Elle fit un bon en avant prodigieux et piégea la souris entre ses pattes, elle allait manger la souris et se souvint qu'elle n'était pas seule.

-Tu as faim?

Sa queue rousse s'agita dans l'air en attendant la réponse de son frère canin. En sentant la souris remuer et l'entendant couiner sous ses pattes, elle eut envie de la dévorer sur-le-champ, mais résista pour attendre la réponse.

Ami ne prit même pas la peine de noter que la renarde l'avait arrosée en s'ébrouant, trop préoccupé par ce qui se passait (ou plutôt ce qui ne se passait pas, justement) dans son dos.

-Ils ne nous suivrons pas dans les bois.

A peine une oreille tournée vers elle, voilà tout ce qu'il lui avait accordé. Pourtant, elle avait raison. Le Loup se tourna de nouveau vers elle avec un léger soupir. De soulagement ? Peut-être bien. Mais avec lui, on était jamais sûr de rien.

Et soudain, Elyë bondit sur une souris, de ce saut caractéristique des renards. Très impressionnant, au passage. Le jeune Nalami la regarda faire, incrédule. Il ne lui serait jamais venu à l'idée de se jeter sur une souris !... Enfin, il ne faisait pas vraiment le même gabarit...
Lorsqu'elle lui demanda s'il avait faim, Amidatelion fit non de la tête puis lâcha dans un sourire lupin :

- Pas assez gros pour moi ! Et puis, c'est ta proie, pas la mienne.

Evidemment, en bon loup, Ami aurait sans hésiter partagé l'une de ses prises avec un autre loup, mais là, ce n'était pas la même. Les renards sont des chasseurs solitaires, et il ne voulait pas empiéter sur ses plates-bandes.
Amidatelion avisa une flaque d'eau à peu près claire. A la bonne heure ! Il alla s'y désaltérer d'un pas tranquille, avant de se coucher au bord, la truffe à quelques centimètres de l'eau.

Elyë dévora la souris immédiatement après le refus du loup, elle se délecta de sentir les os fragiles et minuscules de la souris craquer sous ses dents. Elle se lécha ensuite les babines et avisa que le loup n'était plus à côté d'elle, elle se retourna et le vit allongé près d'une flaque d'eau. Elle trottina vers le loup en agitant sa queue rousse, elle lapa un peu d'eau qui fit disparaitre le goût de la souris, puis elle regarda le loup, il avait l'air plutôt solitaire, ou alors peu sociable, enfin un peu bizarre.

Elle avança lentement vers lui la tête un peu baissée, offrant sa nuque et donc signe de paix, pourquoi optait-elle pour cette attitude? Elle l'ignorait, mais cela avait été automatique. Elle approcha son museau de celui du loup jusqu'à presque le toucher et renifla doucement, puis recula un peu.

-Dit... t'es timide ou je te fais peur?

Elle s'assit devant lui, juste à côté de la flaque, elle pencha la tête sur le côté et une oreille s'inclina vers l'avant, une autre dressée, c'était assez comique et adorable, elle agitait sa queue joyeusement en attendant la réponse. Elle se demandait pleins de choses sur son confrère nalamis, par exemple quel âge il avait, qu'est-ce qu'il faisait de ses journées, probablement qu'il avait pris partit dans la guerre entre les nalamis et les humains. Mais elle, elle ne le voulait pas, elle appartenait plutôt au peuple des elfes, même si elle avait pris ses distances ces temps-ci, mais sa place et son chez-elle, c'était ici.

Ami' laissa faire la Renarde, lorsqu'elle s'approcha de lui au point que leurs museaux se touchaient presque. Cela ne le gênait pas, sous sa forme animale. Pour lui, ce n'était pas pareil.
En revanche, ses paroles attirèrent son attention. Lui, timide ?... Peut-être bien. Mais pas maintenant. Pas là. C'était autre chose. Quoi ? Lui-même l'ignorait, mais il n'était pas tranquille.

Le Loup releva la tête et porta ses prunelles dorées sur Elyë, oreilles bien droites. Après quelques instants de silence, durant lequel on ne perçut plus que le son du vent entre les branches et les gazouillis des oiseaux, il finit par consentir à lui répondre :

- Ni l'un ni l'autre. Tu devrais éviter d'aller sur le territoire des Humains, c'est dangereux. Avec cette fichue guerre, ils sont encore plus vigilants que d'ordinaire, et ils ont doublé le nombre de patrouilles, même en rase campagne.

D'accord, c'était un hors-sujet total comparaît à ce qu'elle lui avait demandé, mais le jeune homme ne tenait pas à voir l'une de ses consoeurs se faire poursuivre et abattre comme du vulgaire gibier.

La renarde écouta sagement la réponse d'Ami... qui... était totalement hors sujet, enfin plutôt qu'il avait embrayé sur un autre sujet moins périlleux pour lui sûrement, enfin c'est ce qu'il semblait. Elyë eut un rictus amusé, découvrant à peine ses crocs, une expression que les personnes humaines, ou assimilé, ne comprenaient jamais, ou si rarement, bref. Quant à... se faire chasser comme du gibier d'après ses dires, c'était une remarque qui fit se hérisser ses poils d'indignation. Elle le savait il n'avait pas voulut la sous-estimer, ni la blesser, mais il la croyait apparemment sans cervelle.

Elyë se secoua pour que ses poils retombent normalement et ne soient plus hérissés, c'était aussi sa façon de montrer son mécontentement sous cette apparence.

-Je fais attention figure toi et il serait mal avisé de me juger sur une erreur de jugement... Je n'avais pas envie de tenir tête à ces chiens et en vérité je n'aurais pas pu aujourd'hui, mais une autre fois ils n'auraient pas tenus cinq minutes...

Elle hérissa son pelage et dévoila ses crocs menaçante.

-… et les humains venus ensuite auraient abreuvé la terre de leur sang!

Elle se radoucit un peu et se lécha le museau avec sa langue, puis se rassit et se passa la patte sur l’oreille, comme elle aurait passé sa main dans ses cheveux ou les auraient ramenés derrière son oreille lorsqu’elle était totalement sous forme humaine.

-Je sens l’odeur de mort que tu as répandu tout à l’heure en abattant ces chiens domestiques, ne te voyant pas hésité j’en déduis que tu es un assassin. Sache, mon ami, que mon ancien métier pouvait se rattacher au tien, simplement, comment dire… et puis zut : quand j’ai l’estomac dans les talons je ne peux pas user de mon pouvoir correctement et donc impossible de me protéger, sinon j’aurais réduit ces bâtards en miettes tout comme tu l’as très bien commencé. Ayant faim et ayant senti l’odeur de mon plat préféré je n’ai pas pu résister… C’est ma seule erreur, sinon je ne suis pas aussi vulnérable crois moi.

Elyë avait terminé d'un ton très calme, elle n'espérait pas le convaincre, là n'était pas le but, il la croirait ou non, mais elle voulait se justifier et s'assurer qu'il ne la sous-estimait pas. Surtout qu'elle ne mentait pas en disant cela.

» La Grande Vadrouille des... Pokemons ! 8D

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