Une rencontre mystérieuse [PV : Crépuscule]

13 Decyn

Il faisait beau ce jour là, pas très chaud certes mais on pouvait distinguer quelques rayons de soleil et l'air était sec. C'était une assez belle journée de début d' Hivÿlis. La neige n'avait pas été assez forte pour tenir et seuls quelques endroits restaient blancs. Ce n'était pas le cas dans cette clairière. Grace au passage des animaux il n'y avait plus une trace de cette substance blanche et froide. Seul subsistait l'humidité sur l'herbe fine de la forêt. Mais cela ne dérangeait absolument pas l'elfe qui s'était assise à même le sol. Elle sentait l'eau pénétrer petit à petit ses vêtements mais ne s'en souciait pas. Cela faisait quelques années qu'elle n'était pas venue rendre hommage à ses parents, à tout les membres du village. Après avoir déposé quelques offrandes sur cette terre autrefois détruite elle s'était rendue dans la clairière de Tinuwÿn pour une prière. Comme elle ne voulait pas reprendre la route Arianne avait ensuite décidé de se rendre dans cette clairière qu'elle avait découverte quelques années auparavant. Là elle laissa couler ses larmes. Cela faisait 43 ans que sa famille était morte mais la jeune elfe ne pouvait retenir ses larmes. Elle essayait pourtant. A chaque fois qu'elle venait. Mais elle n'y parvenait pas. Pour se changer les idées, Arianne sortit sa flûte et commença à jouer. Elle joua tout ce qui lui passait par la tête, que ce soit de la musique humaine,elfique ou nalamie. Peut lui importait tant qu'elle jouait. Et entre deux morceaux elle chantait. Au fur et à mesure les animaux de la clairière qui la connaissaient bien maintenant s’approchaient. Un écureuil osa même se percher sur son épaule. Alors elle s'arrêta de jouer et leur conta une histoire. Des histoires elle en connaissait peu, en fait elle n'en connaissait qu'une seule. Celle que ses parents lui racontaient avant qu'elle ne s'endorme, celle qui parlait de l'alliance entre tous les peuples de ce monde. Et Arianne y croyait. Fermement.

Quand elle eut terminé son histoire ses larmes coulèrent de plus belle. Mais on ne pouvait changer le passé, c'est son futur qu'elle devait changer maintenant. L'elfe décida donc de jouer un dernier morceau avant de rentrer à Ra'Sibe.

Le morceau qu'elle joua était particulier. C'était elle qui l'avait écrit. Un peu maladroitement certes mais il regroupait les musiques et chants des différents peuples.

Dans le calme des cieux, un rayon de soleil tomba. Suivi de ses mille compagnons, il chuta. Comme ses mille compagnons, il tenta d’attraper quelque chose de doux pour enfin se poser, offrir à chacun la beauté de ce qu'il touchait.

Il cherchait quelque chose de doux, d'une beauté sans pareille. C'est sur une peau claire qu'il vint poser son chaleureux baiser.

Lorsque vint le chant contant l'union des Terres sous une unique bannière, on eût dit que le soleil lui offrit ses plus beaux rayons pour l'éclairer toute entière. L'espace de ce chant, le temps sembla s'arrêter. Le vent retint son souffle, caressant silencieusement la chevelure bleutée. La terre s’adoucit, laissant ployer sur elle les fleurs et les brins. Rien ne sembla bouger, comme pour admirer une beauté cachée.

Et pourtant tout autour, quelque chose observait. Une douleur éthérée semblait se propager dans la clairière. Une mélancolie, la douleur des coeurs brisés. Une angoisse lointaine sans raison apparente.

Et lorsque le chant cessa, le temps reprit ses droits. Ce fugace instant de magie disparut comme il était venu.

Quelques instants plus tard, des voix se firent entendre. Une voix féminine, apparemment en colère, une voix masculine, un peu chevrottante. Les sons étaient perceptibles, mais pas les mots. Toutes deux se rapprochaient, se précisaient, et il fut vite aisé de les entendre.

"... perdus je te dis ! Y a pas de honte à ça ma chérie !"

"Je t'assure mon cher que nous ne sommes pas égarés. Je connais cette forêt jusqu'aux moindres sentiers. Mais ta folie de ces champignons m'a fait perdre mes repères. Je dois retrouver."

"C'était des comestibles, c'est quand même pas souvent en cette saison. Des petits cèpes blancs des premières neiges, une occasion unique. Tu aurais du repérer d'où l'on venait !"

La discussion sembla aboutir à un profond soupir, tandis qu'ils s'arrêtaient non loin de la clairière, sans visiblement remarquer sa présence.

Lorsqu'elle cessa de chanter les oiseaux reprirent l'air de sa chanson. Arianne sourit légèrement. Elle se trouvait bien ici. Lorsqu'elle leva la tête pour présenter son visage aux rayons du soleil, elle distingua un unique flocon de neige, blanc, léger. Seul, sans ses frères qui n'avaient pu le suivre, il descendait lentement vers la terre, vers le lieu d'où il venait. La jeune elfe tendit la main et le flocon se posa délicatement sur sa peau fraîche avant de devenir eau et de couler le long de son doigt pour finalement tomber sur le sol et pénétrer la terre. Arianne aimait la neige, elle adorait Hivÿlis, cette saison merveilleuse.

Alors qu'elle songeait à cet unique flocon venu de null part elle entendit des murmures. L'elfe se retourna et distingua ce qui semblait être un couple. La femme avait l'air énervé mais l'homme restait calme. Arianne s'approcha doucement, troublée. Elle pensait être seule.

- Excusez moi, je peux vous aider ?

Devant elle se trouvait le couple le plus étrange jamais vu, même en inter-race. La femme était jeune, une humaine a priori, magnifique, habillée plutôt joliment malgré l'environnement sauvage. Des traits très fins, des yeux profonds, de grands cheveux bougeant à la moindre brise, et des manières digne d'une fille de grande éducation.

Son compagnon aurait pu être sa totale antithèse. Il s'agissait d'un vieillard partiellement dégarnie, son reste de cheveux formait une petite couronne blanche décoiffée sur son crâne. Son corps était maigre, ses doigts osseux, et il semblait que certaines de ses dents manquaient. Même si son hygiène semblait presque correcte, son apparence générale ne le rendait guère beau, mais son sourire et ses manières peu cavalières le rendaient sympathiques.

Tous deux portaient chacun un grand sac, très large pour la femme, en bandoulière dans le dos, et assez long, avec une bandoulière tombant sur le côté.

Lorsqu'ils virent l'elfe, tous deux se stoppèrent immédiatement, et firent une révérence plus (pour la femme) ou moins (pour l'homme) réussie. Ce fut à la femme de prendre la parole en premier.

"Rien d'inhabituel hélas, mon mari semble vouer son existence à rendre la mienne impossible."

Arianne était intriguée par ce couple étrange. Une jeune femme avec un vielle homme ce n'était pas si rare mais elle trouvait toujours cela un petit peu étrange bien qu'on racontait que rien ne pouvait empêcher l'amour.
Elle détailla quelques minutes ces personnes. La femme était très belle et bien habillée. Arianne pensa immédiatement à une personne de la bonne société. Le mari était tout le contraire, il n'était pas laid certes, l'elfe lui trouvait même du charme et de la beauté que sans doute personne ne remarquait. Ce que l'Elfe avait aimé chez cet homme au premier regard était son sourire. Un sourire simple mais qui semblait renfermer une myriade de secrets.

A son tour, Arianne leur sourit et leur fit une révérence. Elle n'était pas si réussie que celle de la jeune femme car l'elfe n'en avait pas l'habitude mais elle se débrouillait certainement mieux que le vieil homme.

Lorsque la femme prit la parole Arianne ne put retenir un petit rire. Son air et la façon dont elle avait dit cette phrase montrait qu'elle ne pensait pas réellement ce qu'elle venait de dire. Arry décida de prendre le parti de cet homme mystérieux. Elle lui fit donc un léger clin d'oeil avant de répondre.

" Je ne pense pas que cet homme, qui semble si attentionné envers son épouse puisse vouloir vous rendre la vie impossible"

La femme se figea, comme surprise par cette réponse. Assurément, c'était inattendu, mais cela ne mit pas pour autant fin à ses humeurs. Elle se radoucit cependant.

"Ma chère, je crains que vous n'ayez quelques problèmes visuels. Il existe un lunettier à prix bas à Ra'Sibe, peut-être devriez-vous consulter."

Le mari, quant à lui, donna un coup d'épaule à sa femme, pas assez fort heureusement pour la faire basculer, mais bien assez pour qu'elle se taise.

"L'écoutez pas mam'zelle, elle fait sa tête de sanglier parce qu'elle s'est perdue, 'savez c'que c'est les femmes, toujours le dernier mot."

Il ponctua sa phrase d'un pouffement de rire, visiblement très fier de son ânerie.

Si Arianne était blessée par les propos de la jeune femme elle ne le montra pas, se contentant de sourire. Comme toujours. Et puis elle avait senti que la femme s'était radoucie.

" Je ne suis nullement vexée, monsieur, et si vous êtes perdus je me ferai une joie de vous accompagner ou de vous indiquer le chemin qu'il faut prendre pour vous rendre là où vous le souhaitez. Si vous acceptez mon aide, bien entendu."

Un peu de compagnie ne lui ferrait pas de mal, cela lui changerait les idées. Et elle était ravie de pouvoir offrir son aide a ces personnes qui semblaient fort sympathiques malgré l’attitude de la jeune femme.

La femme semblait vouloir répondre, mais son mari la prit de vitesse, l'empêchant d'en rajouter.

"ça nous f'rai bien plaisir, mam'zelle. Lui en voulez pas, elle a du mal à accepter de perdre. On allait vers Ra'Sibe, mais la forêt est grande et on s'y perd dès qu'on quitte le sentier. Manque de chance."

Le vieillard semblait détailler l'elfe avec intérêt, un peu trop même, et fut stoppé dans son observation par sa femme qui lui pinça la joue avec ardeur. Il n'y eut guère besoins de mots, le vieillard ferma les yeux avec un sourire un peu gêné, tandis qu'elle poussait un long soupir de découragement.

Alors il se rendaient à Ra'Sibe. C'était justement là ou l'Elfe se rendait. Quel curieuse coïncidence,enfin Ra'Sibe était la capitale humaine alors ce n'était pas étonnant que deux humains s'y rendent.

"Il se trouve que je me rends, moi aussi, à Ra'Sibe. Je peux donc vous conduire jusqu’à destination."

Arianne avait remarqué le regard du vieil homme sur elle mais, trop poli elle n'avait pas osé dire quoi que ce soit. Si cet homme avait été seul Arianne n'aurait pas hésité mais il se trouvait avec sa femme et celle-ci se fit un plaisir de le rappeler à l’ordre. L'elfe sourit.

"Ah, les hommes..."

"Avec plaisir"
"Avec plaisir"

C'est à l'unisson qu'ils répondirent, comme si le sujet de dispute venait enfin d'être résolu, ou du moins épuisé. Il se mirent donc en route à ses côtés. Pendant le voyage, la femme tâcha d'éloigner son mari pour qu'il marche derrière, assez loin pour ne pas les entendre ou tenter quoi que ce fût.

"Il m'a semblé entendre, alors que nous cherchions notre route, une fort beau son de flûte. Était-ce votre oeuvre ?"

Lorsqu’ils répondirent à l'unisson, Arianne sourit pour deux raisons, parce qu'ils étaient d'accords, ce qui permettrait à l'elfe d'être accompagnée et parce qu'ils semblaient s'être réconciliés. Arianne prit donc les devants pour leur indiquer la route. Elle choisit de prendre le chemin le plus sûr qui était aussi le plus long. L'elfe remarqua que la femme avait éloigné son mari et s'était rapprochée d'elle pour lui parler. Sa question gêna Arianne qui rougit légèrement, d'autant plus que la femme avait décrit sa musique comme un fort beau son. La jeune elfe venait de commencer en tant que barde et elle n'aimait pas vraiment être écoutée hors de ses représentations mais elle répondit tout de même.

" C'était moi qui jouais, en effet, et le morceau était de moi. Mais je ne dirais pas qu'il était fort beau, il exprime simplement ce que j'espère : la paix entre les races. "

"Ma chère, croyez-moi, vous avez un grand potentiel. Vous savez, conter, chanter, jouer d'un instrument, c'est à la portée de n'importe qui, hélas, même si les résultats ne sont pas réellement probants. Mais sachez que ceux qui sont capables, par quelques notes, de transmettre l'émotion de leur coeur, sont beaucoup plus rares. Cette capacité est le premier pas vers une grande carrière."

Le vieillard, qui avait malgré tout entendu la conversation, vint se placer à leur niveau, de l'autre côté de l'elfette.

"Cette route n'est pas acquise, mam'zelle, mais si vous savez transmettre vos sentiments dans vos airs, vous saurez un jour y mettre ceux d'autrui. Z'avez déjà pensé à jouer devant des gens ?"

Le couple était désormais complètement focalisé sur la jeune femme et son art naissant. Quelque part dans les strates de la réalité, l'Unité souriait. Même si elle ne l'aurait peut-être pas admis, l'une de ces mélodies l'avaient profondément touchée. Désormais, elle avait décidé de parrainer cette barde naissante.

Arianne avait écouté avec attention les paroles de ces personnes qui semblaient en savoir beaucoup sur la musique. Elle leur répondit tour à tour, commençant par celle qui avait parlé en premier.

" Je vous remercie, j'ai appris à jouer de la flûte et à conter quand j'étais encore toute petite. C'est ma mère qui m'a sculpté cette flûte, elle voulait que je devienne une musicienne et, tous les soirs, elle m'en jouait un morceau et me racontait une histoire, toujours la même. C'est, d’ailleurs, la seule que je connaisse. Quant au chant, j'ai découvert ce plaisir beaucoup plus tard, lors de mes voyages. Certains peuples n'utilisent pas d’instrument et ne content des histoires que par la chanson. J'ai donc décidé de les apprendre et de ce fait, d'apprendre à chanter. "

L'elfe se tourna ensuite vers l'homme qui s'était placé juste à coté d'elle.

" J'ai effectivement déjà joué devant des gens. Deux fois. L'une chez les Elfes il y à 20 ans et l'autre il y a trois ans, pour des enfants pauvres de Ra'Sibe. Mais je suis encore gênée de me produire devant des adultes autres que elfes. Les enfants s'émerveillent de tout et les elfes.. Ils sont mon peuple et je trouve cela facile de jouer devant eux. "

L'Unité regretta pour la première fois ce qu'elle venait de faire. Les paroles de cette jeune elfe réveillait en elle quelque chose d'enfoui depuis des millénaires, et à la fois toujours présent dans tous ses actes.

Dans le regard de l'homme, un fugace instant, il n'y eut que le vide. Pas d'expression, pas de regard, rien. La femme subit le même sort, au même instant. Quelque part autour d'eux, un rire se fit entendre. Léger, joyeux, on aurait cru entendre le lointain rire d'une jeune fille. Puis tout redevint normal subitement.

La femme revint prendre le bras de l'elfe pour l'attirer délicatement vers elle, évitant ainsi les frasques de son mari. Elle paraissait plus enjouée, plus radieuse que quelques secondes avant.

"Vous avez de nombreux atouts, vous pouvez les mettre à profit. Il est rare de nos jour, même pour des bardes réputés, de conter chants et histoires des autres contrées. Certains sont hélas bercés par les chants de leurs royaumes et se refusent à connaître les autres et à revoir le monde. Je dirais que vous êtes une perle, vous ne devriez pas vous rabaisser."

Le mari resta totalement silencieux. En fait, on aurait dit qu'il n'essayait plus de montrer sa présence, restant en retrait pendant la conversation.

La réaction ne dura que quelques secondes, si bien qu’Arianne pensa avoir rêvé. Elle avait crû , pendant un court instant seulement, que le couple avait perdu la vie. Leurs yeux étaient vides. Mais ce qui faisait douter Arianne c'est qu'elle ne l'avait pas seulement vu. Elle l'avait sentit aussi. Pendant ces quelques secondes il n'y avait plus trace de vie a côte d'elle, il y avait juste deux corps, vides, tels des marionnettes. Mais les gestes de la jeune femme firent oublier à l'Elfe ce qui s'était passé et Arianne répondit tranquillement.

"" C'est gentil, merci. Je comptais justement privilégier la musique plutôt que la couture ces prochaines années. Connaîtriez-vous quelqu'un qui aurait des chants ou des histoires à m'apprendre ?"

En évoquant la couture, Arianne avait jeté un léger coup d'oeil vers l'homme qui se faisait discret depuis l'incident. Dès qu'elle l'avait vu, la jeune elfe avait imaginé une tenue pour ce vieillard mais elle n'osait pas lui proposer, de peur de le blesser.

La question que posa l'elfette sembla particulièrement réjouir la jeune femme, et c'est avec un sourire particulièrement radieux qu'elle répondit, affirmant qu'elle même, ainsi que son mari, étaient bardes de longue date, et qu'ils auraient probablement quelques chants et rythmes folkloriques à lui démontrer.

"Mais je voudrais vous entendre à nouveau. Avec les humeurs de mon mari, je n'ai hélas pu en entendre que quelques bribes. Me feriez vous l'honneur ... ?"

Le mari ne se manifesta pas malgré la pique envoyée par sa femme. En fait, il restait en arrière, encore. Il ne semblait pas peiner, mais son attitude semblait plus mécanique, comme mue par un train-train quotidien. Il n'avait plus sa joie de vivre qui le caractérisait tellement, cette dernière semblait s'être totalement reportée sur sa femme, dont les yeux pétillaient, comme une enfant devant un jeu désiré.

En découvrant qu'ils étaient tout deux bardes Arianne eu un grand sourire, quel heureux hasard. De plus ils auraient sûrement des musiques à lui apprendre. Quand la jeune femme lui demanda de se produire la jeune elfe réfléchit longuement avant de trouver.

" j'en serais ravie. "

Se désolant de l'état du vieil homme qu'elle ne comprenait pas, Arry s'approcha un peu de lui et commença à parler.

" Il était une fois, dans une étrange contrée... "

Il n'y avait pas d'autres paroles que celles-là, la musique racontait l'histoire. L'elfe aimait beaucoup le morceau qu'elle jouait et essaya de redonner au moins un sourire à l'homme. Se tournant tantôt vers la femme tantôt vers le marin Arianne leur transmettait sa musique.

[ il faudrait trouver une fin...]

[ j'en ai déjà une de prévue ^^ ]

La musique, à nouveau, sembla envoûter la forêt. Une fois encore, un larme perla quelque part entre les mondes. Alors même que l'elfe jouait la musique, quelque chose changea profondément. La jeune femme sembla rajeunir encore, comme une femme d'à peine vingt ans. Ses vêtements semblèrent se colorer, offrant plus de fantaisie. Ses yeux s'emplirent d'étoiles aux reflets enfantins et ses joues s'empourprèrent. Elle n'avait plus rien à voir avec la femme un peu dure avec son mari. Elle était désormais une célibataire dans la fleur de l'âge et à la beauté resplendissante, saisissante même.

Quant au mari, il semblait s'être totalement volatilisé, ne laissait de sa trace ni vêtements, ni bagages, pas même l'écho d'un juron. la forêt semblait être prise d'une joie enfantine alors que les notes résonnaient parmi les arbres, et c'était désormais un regard d'émerveillement qui fixait intensément l'elfette.

Ayant fini de jouer, la jeune elfe reprit conscience de ce qui se passait autour d'elle. Elle chercha alors le couple du regard. Là elle eu la surprise de la vie. La femme semblait plus jeune de quelques années. Quant à l'homme... Il avait tout simplement disparu. Arianne pensa tout d'abord qu'il était parti un peu plus loin, mais même les traces de pas qu'il y aurait dû avoir n'étaient plus là. C'était comme si, il n'avait jamais existé. Pendant les quelques secondes qui suivirent l'étonnement d'Arry céda place à de la peur. Mais la peur dans ses yeux se transforma bien vite en curiosité. Elle voulait comprendre.

"Que... qui êtes-vous ? Que s'est-il passé ? Je n'ai pas rêvé, j'en suis sûre, il y avait un homme avec nous et... Vous étiez moins jeune... "

La jeune inconnue applaudit joyeusement dès que la musique fut terminée. Elle la redemanda encore même. Sa voix respirait la joie de vivre, une innocence bien rare en ces temps troublés. Une voix pure, aussi douce que le murmure du vent. Lorsque la question vint, elle montrait tout autant de joie, dansait presque sur place.

"Je ne sais pas de quoi vous parlez. Votre musique était si belle que je n'ai pas pu m'empêcher de l'écouter. Elle me rappelle tellement de bons souvenirs."

Ce qu'il était resté du couple en elle avait totalement disparu. Une jeune femme innocente et aimante de la vie, aux vêtements colorés et à la joie communicative. Une beauté comme il en existe peu, une pureté comme il n'en est plus. Elle semblait rayonner comme un soleil tant sa bonne humeur et son innocence transparaissait partout autour d'elle.

La forêt même semblait plus colorée, plus agréables, dégageant par endroits des beautés insoupçonnés et des sons si rares et si beaux. Des animaux curieux observaient par les fourrés, comme attirés par un instinct ou une curiosité nouvelle. Les arbres eux mêmes semblaient se pencher pour l'observer, pour l'apprécier. Toute l'attention de la faune et de la flore se centrait sur elle. La Nature célébrait l'arrivée d'une entité oubliée.

Arianne ne comprenais plus rien. Avais-t-elle rêvé ? Non, ce n'était pas possible. Pourquoi aurait-elle joué ce morceau et pourquoi serait-elle sur ce chemin. Elle ne l'empruntait jamais d'habitude. Et pourtant... La jeune femme devant elle semblait sincère. Que s'était-il passé. Arianne aurait inventé ce couple ? Pourquoi ? Si elle se sentait seule il lui suffisait d'appeler les animaux ou d'aller voir les elfes. Peut-être le couple était-il simplement parti. C'était l'explication la plus rationnelle.

" Je... Merci. "

Arianne ne savait que dire de plus. Elle était complètement perdue. Il aurait fallu être un puissant mage pour créer une illusion aussi parfaite de ce couple. Et ça ne pouvait être qu'une illusion.

La jeune femme esquissa un nouveau sourire radieux.

"Oh non, vous ne rêvez pas, je suis bien présente."

Elle lisait dans les pensées de l'elfe comme dans un livre ouvert dans lequel chaque mot ferait la taille d'une page. Elle ne semblait ni s'en cacher, ni trouver ça gênant. Pourtant, ce n'était pas de la malice, simplement qu'elle usait de ses dons sans y prêter gare.

Ce n'était donc pas une illusions. Arianne s’apprêtait à répondre lorsqu'elle se rendit compte que la femme avait lu dans ses pensées. C'était impossible ! Une femme aussi jeune ne pouvait faire cela !

"Co...Comment avez-vous fait cela ? Comment avez-vous su à quoi je pensait ?"

La femme, bien que calme et radieuse commençais à faire peur à Arianne. Ses pouvoir était grands pour son âge. Ce ne devait pas être un humain, mais à quelle race appartenait-elle ?

La jeune femme réfléchit un instant, puis se donna un petit coup de poing sur la tête, avant de répondre avec un sourire gêné :

"Ah, désolé, j'avais oublié que vous n'aimiez pas qu'on fasse ça. Je ne le fais pas exprès, c'est naturel. Je ne voulais pas vous blesser.

Vous êtes très belle vous savez, vous devriez danser aussi."

Elle passait du coq à l'âne sans plus d'explication, sans même s'en rendre compte. Autour d'eux, les animaux s'étaient rapprochés. Renards, belettes, rossignols, cerfs, lapins. Ils semblaient répondre à un appel et observait patiemment, oubliant toutes les lois de la survie et de la prédation, une harmonie parfaite.

Arianne se décontracta en écoutant les paroles de la jeune femme. Elles étaient douces et sa façon de parler lui inspirait confiance. L'elfe sourit avant de répondre.

" Vous ne m'avez nullement blessée. Cela était seulement perturbant.

Danser dites-vous ? Je n'y ai jamais songé, mais maintenant que vous en parlez... Je devrais essayer et peut-être y découvrirais-je une nouvelle passion ? "

Arianne n'était pas troublée par le fait que la femme change de sujet aussi vite, car l'elfe faisait souvent cela. Lorsqu'un sujet ne l'intéressait plus où lorsqu'elle qu'elle décidait qu'il était clos Arry en changeait.

Une rencontre mystérieuse [PV : Crépuscule]

Une rencontre mystérieuse [PV : Crépuscule]

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