Un petit plongeon

[ 2 Juwÿn ]

*Laureline avait claqué quasiment tout son argent en nourriture et en soin pour son infortunée nouvelle amie, si bien qu'elle devait attendre un prochain contrat assez conséquent pour remplir à nouveau son garde-manger. Comme son estomac grondait depuis le début de la matinée, et que les jours chauds venaient enfin, elle s'était mise en tête de pêcher du poisson, n'importe lequel. mais n'ayant ni navire, ni filet, ni même une canne à pêche, elle devait se débrouiller à la main. Debout sur un ponton de bois, elle réfléchissait à la manière de faire. Gesticuler au dessus de l'eau pour attraper un poisson était sûrement idiot, mais plonger ferait tout fuir.

Perplexe, elle observait un minuscule poisson tournant au dessous d'elle, semblant la narguer, tandis qu'elle le voyait déjà avec une motte de beurre et un citron.*

Il est des fois où il y a cette intuition... ce petit quelque chose qui force à tourner la tête, car un on ne sait quoi va se produire. Un danger, ou un fait complètement stupide qui donnera envie de rire. Alors on fixe la scène discrètement, sans intervenir, jusqu'à ce qu'elle se produise. Car on sait qu'elle va avoir lieu, sans savoir pourquoi ni comment.

C'était ce qui arrivait à présent à Zepharion. Comme à son habitude perché sur un toit, il avait obtenu le droit de circuler dans les environs en vol à la condition qu'il ne passe pas près des enfants pour ne pas les effrayer, et à la condition qu'il aide les pêcheurs un peu par moment. Une forme de squat pour lui en l'occurrence, qui l'arrangeait bien. Ainsi perché sur son toit il observait cette nalamis tout en réparant un filet de pêche. Il la voyait regarder l'eau depuis tout à l'heure, et se demandait bien ce qu'elle allait inventer.

La Nalami s'accroupit, la queue de renard remuant doucement, les oreilles en arrière. Son estomac parlait pour elle. Elle se pencha, se tassa presque avec une patience olympienne, prête à bondir, tel un animal, sur sa proie. Mais c'était sans compter le ponton à moitié pourri par les marées, et les marins, qui craqua littéralement sous elle, la projetant dans l'eau.

*Le fynfrig gloussa et applaudit la performance. Il posa son filet et se laissa tomber du tout les ailes déployées. Il remonta, décrivit un ou deux cercles au dessus de l'eau et fondit en piqué, attrapant la jeune femme avec ses deux mains griffues, puis il remonta tout aussi rapidement, comme l'aurait fait un rapace digne de ce nom. Tout en la ramenant près de la rive, il se permit une petite saute d'humour :*

Quand on veut attraper un poisson, il ne faut pas essayer de l'écraser, ça ne marche pas.

Se débattant dans l'eau, Laureline se sentit soulevée dans les airs sans trop saisir pourquoi, mais arrivé à quelques mètres de hauteur, elle abandonna l'idée de se défendre, et attendit, patiente, d'être reposée. La seule chose qu'elle répondit, les yeux brillants, en crachant à moitié l'eau ingurgitée fut :

"Maieuh poisson!"

*Le fynfrig la posa et soupira. S'il n'était pas expressif, à ce moment précis son air blasé apparu réellement sur son visage. Il se rapprocha du bord.*

Il faut être patient et précis pour attraper une telle créature le sais tu? Avec un filet ou une canne à pêche tu aurais eu plus de chance...

*Comme pour la narguer un gros poisson était en nage stationnaire tout au bord. Une bulle se forma autour de lui, une bulle qui le porta hors de l'eau. Le fynfrig suivait ce phénomène du bout du doigt, dirigeant délicatement l'animal hors de l'eau, à distance. Arrivé au sol, la bulle éclata libérant l'animal qui se débâti.*

Attrape le et profites en il se sacrifie pour toi fais lui honneur!

Laureline regarda le poisson se débattre devant elle un petit instant, songeant aux paroles du fynfrig. C'était flippant. Pendant une seconde, elle crut voir là une chose sacrée venue d'on ne sait où qui lui donna un frisson dans tout le dos. D'un coup de pied, elle rejeta le poisson à l'eau. Se rendant compte qu'elle venait de laisser passer son déjeuner, elle s'en prit à l'homme oiseau.

"Ca va pas de dire des trucs pareils? C'est flippant, maintenant le poisson l'est parti!"

A nouveau elle eut un regard triste tandis que son estomac résonnait dans tout le port.

C'est toit qui l'a laissé s'échapper. Mais ce que je dis est réel, et il est toujours important d'y penser lorsque l'on capture une proie, il en va du repos de son âme.

Le fynfrig s'inclina légèrement en avant, tout en joignant les mains, comme s'il saluait l'animal puis se tourna de nouveau vers la jeune femme.

Tu es un animal de la ville, je comprends aussi ta réaction, mais il n'y a rien d'effrayant à cela, le monde fonctionne ainsi ni plus ni moins. En attendant, il va te falloir trouver un autre repas.

[dites le si je peux pas m'incruster ^^]

Elvir avait suivi la côte jusqu'au port de Ra'sibe, il marchait ne savant pas trop où aller, toujours dans ses pensées quand Ilmidya n'était pas là, les seuls fois où il pouvait garder ses pensées pour lui... Lorsqu'il leva la tête il vit une nalami et un fynfrig discuter, il hésita à s'approcher mais son chemin passait devant ces deux là alors il continua de marcher, arrivé à distance d'ouïe, il entendit un gargouillis de ventre, se demandant si c'était le sien il mit sa main sur son ventre, puis constata que non... c'était celui de la nalami vu sa réaction au bruit. Un bruit d'ailes attira son attention, il tourna la tête vers le son et vit un faucon s'approcher des trois personnes, Elvir était arrivé à leur niveau. Le faucon arriva avec un lapin dans les serres qu'il laissa tombé sur le sol devant Elvir avant de se poser sur son épaule.

"C'est gentil, on va s'installer pour manger... Mais tu en as attraper un gros on ne pourra jamais manger tous ça."

Elvir s'était arrêter devant les deux personnes et ne semblait pas les voir.

Laureline s'apprêtait à répondre lorsqu'elle perçut le battement d'ailes, suivit du lâcher de lapin. Elle se tourna immédiatement vers la source du bruit. Son estomac se mit en branle pour lâcher un grognement affamé, tandis que la renarde se jetait sur l'animal.

"Laaaapiiiiiiin!!!!"

*Le fynfrig croisa les bras et soupira. Cette jeune femme n'avait pas une intelligence rare. Il la suivit en marchant, plus par curiosité. La renarde se heurta à un mur invisible maintenu par le fynfrig afin qu'elle ne dévore pas tout le repas du nouveau venu d'une traite. Puis d'une voix blasée, il rajouta :*

Demande avant de te servir...

*Il observa ensuite l'animal volant qui semblait obéir à cet humain. Comme à son habitude, Zepharion restait distant avec les hommes, par respect pour leurs êtres qu'il n'appréciait pas. Les accidents étant vite arrivés, mieux valait-il tenir ses distances. Les humains quand à eux en général avaient si peu l'habitude de voir des membres de sa race qu'ils n'avaient pas le réflexe de le chasser comme ils le faisaient souvent avec les nalamis. Ils préféraient l'éviter également ou faire des compromis avec lui. Ses riches vêtements et ses nombreux tatouages sur son plumage devaient contribuer au respect qu'on lui donnait.

...

Pour l'heure, il s'adossa à un mur et salua simplement Elvir. Par simple coutume.*

#S'il s'en prend à la Nalamis je l'étripe... #

*Bien que cette pensée fut houleuse, son bâton de combat resta accroché dans son dos. Aucun geste agressif n'apparut de sa part, il observait simplement.*

Elvir observa amusé, la jeune nalami se jeté sur le lapin puis se cogné à un mur invisible juste avant d'y arriver.

"Si vous le désirez nous pouvons le partager... mais je manque au politesse de base... Je me nomme Elvir ravi de vous rencontrer."

Elvir salua avec respect les deux personnes en face de lui, son geste ne montrait aucune animosité. Une pointe de curiosité avait pointé dans sa voix. Et l'éclat dans ses yeux indiquait presque qu'il appréciait cette rencontre.

*Dois-je te rapeller que les fynfrigs ne portent pas les humains dans leurs coeurs...*

*Et bien, on va s'arranger pour qu'il change d'avis... au moins pour moi...*

*Méfie toi quand même...*

*Non ! Silence maintenant.*

Elvir souriait chaleureusement.

Laureline mit quelques secondes à comprendre ce qu'il venait de lui arriver. Du moins en partie. Elle ravança la main. Rien. Mais de peur, elle préféra ne pas ressauter sur le repas pourtant si goûteux. Une regard triste, larmoyant, les joues en feu et la bouche en cœur, elle fixa désespérément le "propriétaire" du lapin. Elle n'eut pas à parler, son estomac le fit pour elle, dans un grondement sonore et convaincu.

En voyant l'attitude de la renarde, Zepharion soupira, amusé et blasé à la foi. Il tourna ensuite son visage inexpressif vers l'humain qui semblait faire des efforts ne serais-ce qu'en terme de courtoisie. Encore une foi par respect et comme il l'avait toujours fait avec les personnes courtoises, il se présenta à son tour.

Je me nomme Vantage Zepharion, mage au service du vent et de ses paroles sacrées.

Le tout avait été dit de manière solennelle, le fynfrig s'était même légèrement courbé, avant de rattacher ses longs cheveux noirs en queue de cheval. Il n'avait pas donné ses statuts pour se placer au dessus des deux autres membres du trio, simplement afin de se placer en temps qu'être et non animal. C'était une erreur souvent faite par les humains, et se sentant souillés, ainsi traités comme de simples bêtes, beaucoup de fynfrig réagissaient par la violence. Zepharion préférait faire état d'une partie de la société de ses semblables. Après tout, rare étaient les animaux sociaux possédant des codes de vie aussi développés que ceux des humains.

Elvir remarqua que la jeune nalami se contenait pour ne pas resauter sur le lapin, il s'accroupit alors près du lapin, le prit et chercha un endroit où pouvoir se poser et faire un bon feu. Le fynfrig se présenta, et déclina son métier.

*C'est un mage...du vent... vous allez bien vous entendre...*

*Je n'en suis pas si sûre... Mais on vera bien...*

Elvir se releva et, le sourire touujours accroché à ses lèvres.

"Si vous le désirez, nous pouvons nous asseoir là bas pour pouvoir préparer le lapin et ainsi pouvoir discuter plus aisément qu'au milieu du chemin..."

En parlant Elvir avait désigné un reste de bivouac d'anciens voyageurs : quelques rondins autour d'un petit cercle de pierre, avec du bois, qu'Elvir esperait sec.

La renarde eut un hochement de tête vif en termes d'approbation. Point de politesse, son estomac commandait son cerveau, et l'idée de ce lapin la faisait saliver d'avance. Elle se fichait complètement de se présenter ou des remarques. Elle voulait manger.

Je n'aime pas manger à la table d'autrui, surtout lorsque je ne les connais pas. Je préfère poursuivre mes propres proies.

Se rendant soudain compte que ses propos pouvaient le faire passer pour quelqu'un d'hautain, le fynfrig se rattrapa, prenant un ton plus doux.

Toutefois je veux bien vous suivre, toute rencontre peut être intéressante. J'aimerais juste aller récupérer un filet que j'étais en train de réparer. Je n'ai pas envie de prendre trop de retard dans mon travail. Je m'occuperais donc de lui pendant que vous mangerez.

Il se tourna ensuite vers la Nalamis.

Quand à toi, tiens toi bien. Tu vas avoir de quoi manger, respecte au moins celui qui partage son repas.

Elvir sourit. Il allait avoir de la compagnie pour manger, ce qui ne lui était pas arrivé depuis un certain temps déjà. Être sur les routes n'avait pas que des avantages. Ils s'installèrent autour du cercle de pierre, le fynfrig alla chercher le filet qu'il devait réparer et les rejoignit quand Elvir commençait à préparer un début de petit bucher. Le bois était sec il avait de la chance. Une fois le bucher prêt, il l'alluma avec deux silex [hrp: je sais pas si les briquets existent ^^], puis s'affaira sur le lapin, il l'évida et mit les abats à coté du feu sur une pierre pour qu'ils cuisent, il mit le lapin sur une broche de fortune qu'il confectionna avec des reste de bois. Tous ces gestes avaient été fait avec le plus grand respect du lapin, et ses gestes étaient ceux d'un habitué de ce genre de manoeuvre. Tous ça avait été fait dans un silence presque pesant, le fynfrig ne disant rien et la nalami bavant presque sur elle, devant la préparation du lapin. Quand l'air commença à sentir le roti de lapin, Elvir s'éclaircit la voix.

"Bon et bien... je pense que cela ne va pas tarder à être prêt..."

Il tourna un peu le lapin.

"Si je puis me permettre... Que faisiez vous avant que je ne vous croise ?"

Son ton était courtois, mais une pointe de curiosité se sentait dans sa voix.

Laureline passa tout le temps de la cuisson à regarder le lapin avec une envie grandissante, et une pointe de déception aussi. Même ce lapin entier ne calmerai pas son féroce appétit. Elle ne prêtait aucunement attention aux paroles de l'un ou de l'autre. Lapin.

Assis sur une pierre, le fynfrig travaillait en silence visiblement non habité à parler en "société". Il ne prit donc la parole que lorsque l'humain posa sa question. Toujours concentré sur son filet, l'homme-animal tourna son visage inexpressif vers Elvir.

Eh bien voici une étrange question, mais je suppose que cela doit être une coutume quelconque de votre peuple. Les raisons qui m'ont amené en ville, à côtoyer des membres de votre espèce me sont personnelles. Mais vous pouvez savoir que j'apprenais à cette jeune femme à pêcher et manger une proie tout en la respectant. Je suis d'ailleurs étonné de voir qu'un humain a plus de connaissance dans ce domaine qu'une femme née avec un don de la Nature.

Elvir ne sut s'il devait prendre la phrase de Zépharion pour un compliment ou pas. Il opta pour oui, c'était un compliment, sa réponse alla donc dans ce sens.

"Il y a effectivement matière à s'étonner, mais sachez que je respecte tout un chacun qu'il soit humain ou non, animal ou pas. Et ce voyage n'est pas mon premier donc la nature m'a enseigner qu'elle peut très bien donner mais reprendre au centuple si le don n'a pas été à sa juste valeur apprécier."

Elvir parlait courtoisement.
Il sortit le lapin de sur le feu et commença à le découper avec minutie. Une fois découper il tendit un des plus gros morceau à Laureline qui le prit d'un geste presque sauvage. Elvir tendit un morceau au fynfrig, mais se rappella que le fynfrig n'en voulait pas, il prit donc le morceau pour lui. Il décala les abats pour ne pas qu'il crâme et les mit entre lui et Laureline pour qu'elle se servent si elle en voulait.

La jeune femme dévora la part de lapin avec voracité, puis eut un soupir de soulagement. La bouche à moitié pleine, elle articula :

"Mmmhm, cha fait du biennnnn!!!"

Elle reprit immédiatement un morceau qu'elle enfila à nouveau. Son estomac cessait de gronder, bien qu'encore insatisfait, mais au moins, elle retrouvait un peu ses sens et réapprenait à réfléchir.

"Merci"

Voilà une philosophie intéressante. Vous êtes un original pour votre peuple, mais vous seriez presque un bon fynfrig.

Il se stoppa un moment dans ses dires afin de mieux se concentrer sur son travail puis reprit :

Ainsi donc vous êtes vagabond. QU'est ce qui vous a conduit à faire ceci? Je suis curieux.

Elvir sourit en voyant la jeune nalami s'enfiler presque tous les morceaux de lapin qu'il avait découpé. Il réussit à en prendre un petit pour lui. Il tendit même les abats à la nalami. Il la regarda gentiment.

"Il n'y a pas de quoi. Vous aviez faim, il me semblait normal de partager avec vous."

Elvir se tourna ensuite vers le fynfrig qui lui disait qu'il était un original dans son peuple et qu'il ferait un bon fynfrig. Elvir abaissa la tête en signe de remerciement, se faire dire de la part d'un fynfrig qu'on ferait un bon fynfrig était un compliment, enfin... Elvir le prit pour un compliment.
Quand le fynfrig enchaîna en lui demandant s'il était vagabond, un bref éclat de tristesse passa sur son visage et son sourire revint, c'était un sourire un peu triste.

"Et bien... En fait j'étais marchand ambulant avant... mais certain aléa de ma vie m'ont poussé à arrêter car trop de souvenirs douloureux sont attachés à cette vie. Donc maintenant j'erre. Je comptais me rendre à la rivière d'eau pure, il parait que son eau a des propriétés apaisantes pour l'esprit et le corps... Je vous raconte ma vie... Je suis désolé..."

Elvir souria d'un sourire plus franc cette fois, il semblait que parler de sa vie lui avait permis de retrouver le sourire.

Laureline se saisit avec plaisir des abats offerts par l'humain, et se contenta d'écouter la conversation pendant qu'elle dévorait les restes.

» Petit passion
» Petit sondage sur la guerre !
» petit accrochage Nalami/Humain

Un petit plongeon

Un petit plongeon

Sujets similaires

Sujets similaires

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée