Un join pour mon royaume!! [Ilona + Libre]

3 Autwÿn

La nuit fut aussi brève que la vision d’une étoile filante et autant mouvementée qu’une supernova en pleine implosion. Sous l’effet de mes philtres magistraux, deux hommes ont engagé un combat à mort. Un affrontement où bouteilles et tables servaient d’épées et de boucliers. Deux belliqueux émérites se tapant dessus pour le plaisir des yeux… De quoi ravir mes clients et surtout donner une apparence négligée à mon bar. Mais du moment que la casse reste minime, il n’y a aucun obstacles aux pires fantaisies.
Le petit matin arrivant à grands pas, je me précipita de faire déguerpir les moins sobres et indiqua la porte de sortie aux gens encore sur deux jambes. Mes yeux se fermèrent tout seuls, m’emmenant dans des rêves fougueux et intrépides. Ce songe fut éphémère car une envie pressante m’envoya quérir la disposition des toilettes. Avec ma tête de déterré, j’aurais pu ouvrir la taverne mais le cœur n’y étais pas… Plutôt le courage n’était pas de mise, la paresse me serrant dans ses bras comme si j’étais son fils. Il me fallait un petit remontant, rien de liquide puisque ma vessie était hors d’usage après cet effort sans précédent. Une petite bouffée magique et je serais comme neuf œufs sortis de l’arrière train d’une poule… Tout flasque et à la fois tout dur mais en bonne santé. Un sourire amusé me caressa les lèvres avant qu’un air dépité ne conquît mon visage. Au bord des larmes, je m’aperçu du vide régnant dans chaque recoins de ma boite à herbe. Il fallait remédier à ce petit contre temps. Je pris mon attirail de névrosé et m’en alla à la chasse aux feuilles médicinales. Ces petits brins de verdure avaient des propriétés thaumaturgiques mais certains le qualifient d’hallucinogènes. Arrivé aux plaines dont l’immensité s’égarait dans l’horizon, je pénétra dans mon lieu de cueillette habituelle… Mes bocaux remplis à ras bord, une petite lichette de la toxine attisa mon appétit visiblement en manque. Tout était prêt. Ce rouleau de Belladone était d’une telle d’élégance, ses formes cylindriques étaient parfaitement voluptueuses et son odeur me mettait l’eau à la bouche… Une fois ma salive crachée, je décida d’allumer cette petite merveille car elle semblait bien trop bonne pour qu’on en fasse l’éloge plus longtemps. Et la…

-NOOOOOOOOOOOOOOON …

J’avais tout ce qu’il me fallait sauf une boite d’allumette. Désespoir quand tu me tiens, tu ne me lâches donc plus ?

Invité

Le jour se leva, cajolant mes rideaux d’une teinte finement chatoyée par un orange maltaise. Je m’imaginai sur une balustrade culminant au-delà des nuées moutonneuses, contemplant ce florilège d'écharpe d'Iris. Puis ensuite, une aurore boréale descendrait ici bas afin d’allumer des étoiles dans nos yeux écarquillés… Pour un adulte banal, cet esclandre céleste serait une distraction béante de tout intérêt. J’idolâtrai les cieux si une pareille algarade franchissait le seuil de mon maudit handicap. Je devais me contenter d’un noir toujours plus scotopique, davantage frugal et désespérant. Poser des mots sur l’invisible… Tel était l’antienne de ma routine quotidienne.
De charmantes élocutions méritant qu’un poète adroit y attache de l’intention. Depuis cette chicane avec la voleuse, un arsenal d’équipement combatif accompagnait mes balades. Nous n’étions jamais assez prudent et cela nous rendait propice aux drames… Des avalanches de magnifiques vers me tombaient dessus, mais j’attendis de me poser dans la frondaison émeraude pour assembler ce puzzle littéraire. Un hurlement chassa la flegmatique atmosphère de ce lieu bucolique… Un homme se lamentait sur son sort, se décrivant tel un martyre divin…

« Je peux peut-être vous aider monsieur ?

« Je peux peut-être vous aider monsieur ?

En colère contre moi-même, une voix interrompit les admonestations destinées à cette imbécillité sempiternelle, ingénieur de toutes mes bévues… Une aide ? Quelle bonne blague ! Le mot aide s’était enfui de mon catalogue verbal, congédié au banc de touche par des valeurs éducatrices des pires transgressions morales.

« De l’aide ? Je vais t’en foutre moi de…

Ma langue fourcha à l’instant où j’étala mon regard sur cette beauté enchanteresse. Une elfe dont les cheveux bleus reflétait l'aurore dorée et illuminait cet étendue olivâtre… Elle me défendait le charme de ses yeux, sans doute aveuglée par le Soleil d’orient. Vêtu d’une toilette sardanapalesque, ses courbes s’emmêlaient dans une enveloppe pour le moins sensuelle… Sa peau, une fresque pâlichonne. Ses jambes, deux jolis segments de chair sans effilochure. Ses mains, un ménage d’arabesques arachnéennes… Cette elfette correspondait à mes canons de beautés, au concept même de la perfection.
Allongé comme une chipolata déshydratée, je ne me présentais pas sous le meilleur angle. Je me releva, ingurgitant une mixture à la menthe par soucis d’haleine et me rapprocha de la dame. Qu’on se le dise, je ne m’interdisais pas les tendances machistes. Mon entrejambe devient ma tête pensante lorsque l’on aborde un thème féminin… D’une démarche noble et d’un sourire de cow-boy, je prépara mon lasso pour embellir mon tableau de chasse… La tâche s’annonçait laborieuse car je risquais d’aller trop vite en besogne. La plupart des femelles tombées dans mes filets, étaient au préalable alourdies par un surplus d’alcool… Agir diligemment n’était plus une défectuosité mais une exigence au bien-être de ces femmes…

-Je serais ravi de recevoir votre si généreuse aide, bien qu’abuser de votre temps m’ennuierai fort. Voyez-vous, j’ai besoin de feu car le mien n’a cru bon de se joindre à moi. Le ferez vous ?

Je lui déployas mon flanc héraldique d’une façon très gentleman, lui priant de consentir à ma requête.

Invité

Un léger silence sépara mon offre d’un refus hostile… L’homme s’apprêtait à vomir un ramassis d'immondices orales mais il s’arrêta en cours de route, laissant onduler un court instant de sursis. Choquée par sa répulsion singulière, j’eus un infime mouvement de recul. Une telle antipathie n’était que sous-fifre d’un caractère encore plus mauvais. La peur submergea mon esprit car ces derniers temps, chacune de mes escapades se soldaient par de la barbarie. D’une relativité particulière, la quiétude revint à moi dans un éclaboussement cérébral. J’accorda subtilement deux flèches à mon instrument de guerre, tendant la ficelle de mon ustensile pour remédier à un possible assaut. Ceci serait fort regrettable car ma cheville souffre d’un hématome assez douloureux, le résultat d’une chute vertigineuse. Cette contusion accidentelle était compensée par l’avantage de la steppe bucolique. Les landes printanières était mon éden personnel et mon geyser de bravoure. Mes sens gagnaient en souplesse et en finesse à la sentie de ce panorama champêtre. J’aurais préférée éviter ce gain de force sensorielle car un parfum fétide ne m’octroyait aucun échappatoire. Cette exhalaison émanait de cet homme et si on en présume la mouvance, elle venait à moi sous la couverture de la menthe fraîche. Cette odeur ignominieuse m’était familière. Les cadavres de la place marchande portaient un insigne proclamant leur addiction pour les eaux de vies. Ce type semblait adhérer à cette affiliation de poivrots unis dans la beuverie…

-Je serais ravi de recevoir votre si généreuse aide, bien qu’abuser de votre temps m’ennuierai fort. Voyez-vous, j’ai besoin de feu car le mien n’a cru bon de se joindre à moi. Le ferez vous ?

Un retournement de situation très insipide… Il avait retourné sa veste, tirant un trait sur ses brouillons vocaux pour finalement accepté mon aide. Relâchant la pression de ma corde, je m’écarta de lui par la droite avant de prendre la parole.

-Me joindre à vous ne serait pas une bonne idée… Par contre, je puis aisément vous fournir la braise dont vous avez besoin.

Un minuscule bout de bois mort perturbait la plénitude de ces douces végétations. D’une main agressive, je le ramassa avant d’y insuffler un courroux enflammé.

Puisses-tu engendrer moult incendies…
Puisses-tu raviver la flamme de cette brindille…
Car un homme souffre et à besoin de toi…
Puisque la lumière fut, que la flamme soit.

Une légère étincelle jaillit de mes vers, me brûlant les doigts au passage.

-Tenez, ceci vous servira de flambeau.

Une lueur d’ébahissement éclaira le visage de la jouvencelle. A l’inverse des grands publics, cette esquisse faciale ne fut pas ostentatoire et ne se manifesta point par des yeux expiés de leur orbite. Ces oreilles avaient glissé le long sa plage cutanée, piqués par les deux petites apis lui servant de zénith elfique. Un peu comme un petit caniche battu par ses vilains maîtres… Etait-ce un signe de soumission ? Son arc, discrètement rivé sur mon épaule droite, argumentait dans le sens inverse. Cette docilité devait s’être affranchie de sa de sa conscience et s’incruster dans sa vie de façon très gênante. Enfin, cela ne m’importait guère du moment que cette précieuse lazurite aux pupilles saphir oubliait toute attitude chaste. Et si me rejoindre fut insurmontable, alors je gravirais la plus haute des cimes, traverserais à la nage les plus vastes océans, braverais démons sanglants et dragons mordants juste pour un baiser de ma belle… Trêve de plaisanterie, si ma tentative de corruption morale échouait, mes mains iraient se balader ailleurs. Dans les bas fonds de Ra’sibe par exemple, où de simples cristallis suffisent à nous ouvrir les portes, les orifices menant aux plaisirs interdits…

Puisses-tu engendrer moult incendies…
Puisses-tu raviver la flamme de cette brindille…
Car un homme souffre et à besoin de toi…
Puisque la lumière fut, que la flamme soit.

Une petite flammèche embrassa la brindille, sacrifiée sur un autel calligraphique… Si ma conduite venait à en devenir irritante, elle pourrait me faire subir la même sentence. Un jugement prononcé par ses propres instances et mon propre avocat atteint de flémeingite aiguë… Mon avenir s’annonçait bien sombre. Mais après la nuit, n’y a t-il pas le jour ?
Bon je vous l’accorde, si la lune s’écrase sur mes pieds, aucune chance de voir le soleil. L’espoir fait vivre… Néanmoins, sa capacité à remplir la panse n’atteint pas l’efficacité redoutable d’un bon petit joint !

-Tenez, ceci vous servira de flambeau.

-Merci et excusez mon indélicatesse. Il se trouve que j’étais fort énervé à votre venue…

Je mit le feu aux poudres curatives, alliant toutes les saveurs nauséabondes dans un savant panachage. J’enfourna le calumet dans mon bec et attendais patiemment le cabaret d’éléphant roses…

Invité

-Merci et excusez mon indélicatesse. Il se trouve que j’étais fort énervé à votre venue…

Je lui fit offrande de la bougie improvisée et m’en alla dénicher un coin paisible où les marauds ne feraient pas légion. La véritable nature de ce pervers ne m’avait pas échappé, tout comme l’intérêt porté à mes attributs féminins. Au moindre de ses regards, je sentais mes vêtements déchoir tant il me déshabillait des yeux. Ces ressentis concordaient avec sa subite invitation… Un débat philosophique personnifiait mal l’objet de sa convoitise, braquée vers des actes d’une sordidité inqualifiable. Ce style de pensées arbitraire nous condamne à l’état de viande froide onctueuse sur le coup, ceci avant d’être jetées aux ordures une fois notre fraîcheur dépassée. L’amour du plaisir s’éparpille comme les bien-faits de la jeunesse et cède sa place à un désert de lassitude. Cette ligne fragmente la vie en deux parties distinctes, aussi incomparable que la lumière et l’ombre le sont. D’un bord à l’autre, l’on saute de la période des boutons à l’âge des rides… Un voyage tout frais payé par la vie elle-même. Et puis selon notre bonne étoile, nous voyageons soit dans la soute, soit en première classe. Tout se détermine à partir d’un fatras génétique, trop peu compris des plus éminents scientifiques. Ce casse-tête est un challenge exaltant pour les générations futures, désireuse de surpasser la quintessence devenue indigène dans son propre jardin. Dans une logique manichéenne, celui qui gagnera cette joute métaphysique, sacrifiera la survie de son espèce… Seuls les elfes ne s’aventuraient pas à un pareil affront, équivalant la faillite de nos plus anciennes croyances. Croire, ce terme m’apparaissait comme paronyme à tous autres mots relatifs au monde extérieur. Il était d’ailleurs temps que j’y retourne car une fois la mécanique spirituelle lancée, rien ne pouvait plus l’enrayer.
Je caressa ma planche lyrique encore vierge de tout fluide enlumineur… La pauvre était atteinte du syndrome de la feuille blanche.

L’elfette me jeta le chandelier primitif au visage et s’en alla au loin. Le fiasco de mon plan drague n’était plus à illustrer… Cet échec annonçait la pâmoison de mes chances d’écouler ma testostérone. Ceci était sans gravité au vu de ma bourse épaisse comme une écharpe de seigneur. Mon repas végétarien crépitait tendrement sous l’effet d’une braise féerique, procurant à mes papilles gustatives des spasmes extatiques. La cuisson arrivait à son terme, tout comme la régence de cette stupide sobriété, maîtresse d’une abstinence peu persuasive.
J’inhala vapeur après vapeur en prenant garde de ne rien laissé à ces brins d’herbes épicuriens. Cette drogue était ma propriété, pourquoi devrais-je partager ?
Arrivé au bout du rouleau, le ciel et la terre commençaient à se mélanger comme des cocktails de manzana et de curaçao. J’attrapa mon shaker et l’agita de toutes mes forces… Le résultat fut surprenant puisque les nuages se mêlaient à l’herbe dans une salsa endiablée. Qu’est ce que je dis moi ? C’était une samba et non une salsa… A première vue, il n’y a aucune différence mais en fait si. Dans la danse cubaine, le cavalier pose ses doigts sur les hanches de sa partenaire et les faits glissés avec l’intensité bondissante du tempo musical… Puis un escalier en colimaçon descendit des cieux. Une vrille en forme de gastéropode avait manqué de s’écraser sur ma tête… Irrité au plus haut point, je me cramponna à la rambarde et escalada cet ascenseur rustique. Ce fut assez pénible car des tremblements de terres martyrisaient le sol et rendait cette ascension céleste laborieuse. Habitué aux secousses sismiques, je me pointa aux sommets des marches et tomba dans un gouffre invisible. Mon bras heurta le parterre et sous l’impulsion du choc, la tige enflammée effleura mon pouce… Je canalisa la brûlure mais dans le feu de l’action, j’eus le réflexe de lâcher mon précieux bien. Il était trop tard, les feuilles vertes devenaient cendres et le virus d’Héphaïstos se répandait comme une maladie contagieuse par l’air.
Je pris le temps de réfléchir sérieusement.
La solution m’apparu tel un dieu apparaît à un mortel… Je ramassa un bâton tout cornu et effectua la danse des Zoulous autour du feu. D’une chorégraphie très sophistiquée, je transpira à grosses gouttes pour ne pas blasphémer la divinité des Ouistitis nains. Cet écureuil débile tentait de me détourner du droit chemin… Je ramassa mon outil de cocktail et le balargua sur cette saleté d’animal, l’injuriant de tous les noms. Lui et ses petites cuisses touffues détalèrent à vive allure et en direction de l’elfe à la chevelure bleutée…

Invité

La simple confrontation avec ce piteux avait suffit à morceler mon inspiration, dorénavant fracas de rimes révolus de manière paradoxale. Ni achevés sans pour autant disparus, des mots sinuaient dans cet embrun envoyé par l'humain nauséabondeux. Mon inspiration lyrique fut tranchée par les viles ailes de l’ignorance malsaine… Ignorance englobant bien plus de monde que le monde lui-même ne croit. Néanmoins, si l’obscurantisme se définissait par de somptueux ailerons noirs, le savoir et la culture se voyaient symbolisés par de superbes élytres d’une luminescence presque indécente. Bon ou mauvais, chaque plumes dégageaient un précepte à suivre ou une doctrine à appliquer. De l’altruisme au vol, il n’avait point de vertus et de péchés que les hommes n’avaient découvert. L’intelligence enfante le maléfice, la cicatrice éternelle du bien…
D’autres créatures sont épargnées par l’évolution des mœurs et immunisées des plaies vous gâchant les plaisirs futiles que la nature nous accorde de bonne grâce.

Les papillons, insectes tristement magnifique,
Affleurent de leurs berceaux, parcourent tout un
Monde emplit d’hommes et souffle ce poison onirique.
Maestro de nos sentiments, ils vivent en vain,
Comptant un jour, mais oubliés le lendemain
De ceux attendris pour un rien. Seul nos enfants
Les voient si bien et disent avec joie « Regarde maman ».

Les vers s‘étalèrent sur le papier comme le cruor fuse des glaives. Ma plume fondit sur ma planche lyrique et la décora sans préavis d’un zèle espiègle. Mes pensées furent séduites par un insecte rose papillonnant et butinant le nectar des coquelicots ardents comme les feux des limbes sataniques. Satisfaite, je me déroula sur le carrelage végétal et laissa les faisceaux solaires pénétrés mes prunelles mortes. Mouillant dans un bonheur injustifié, une petite boule de poil vint se frotter à moi… Elle murmurait des bruits inaudibles, des ondes sonores si aigus que mes oreilles en devenaient incapables d’en filtrer le sens. Alors à l’écoute de la créature toute mignonne, la présence d’un élément meurtrier devint perceptible. Une chaleur glaciale torturait l’herbe de ses fulgurances rutilantes. J’accourus et une odeur pestilentielle se faufila dans ma truffe alors aiguisée comme celle des meilleurs chasseurs. Mon cerveau, tout affolé, pondit une théorie sans doute mise en pratique par l’homme à l’abstinence chiendente… Cet abruti du faire tomber le cierge volcanique et procréer des feux assassins de la planète émeraude.

A tous maux, tous remèdes.
Dieu d’en haut, je conjure ton aide
Car l’aède du feu n’a pour rival que l’eau.

Un bruissement sourd et cette apocalypse cessa…

A tous maux, tous remèdes.
Dieu d’en haut, je conjure ton aide
Car l’aède du feu n’a pour rival que l’eau

Ce sonnet eut l’effet d’un glas, planant depuis fort longtemps au-dessus de moi tel un insatiable couperet et cela sans que je m’en aperçoive… Ma cérémonie tribale fut interrompu par cette impitoyable elfette à la tenue légèrement indécente. Je discernais ses courbes altérées par la dimension distordue s’imposant comme miroir entre la fenêtre de mon âme et le monde externe. Ma clairvoyance n’était pas la garante de ces désagréments mais le brouillard harmonisé par l’alliance de ce couple d’éléments aussi adversaires que le sont le ping et le pong. Abattu par cette abominable tragédie, je baissa la tête et orienta mon regard vers mes sandales.

« Alors petit mec, on se laisse tourmenter par une fillette ?

Le phonème ne s’apparentait pas à celle de la dame Azur… Se pourrait-il que ma voix ait sillonné toute l’immensité des terres infinies avant de me revenir par le vent inverse ? Peut-être… Les lois de la nature n’existent pas mais se nourrissent de nos esprits trop peu farfelus.

-Comment oses tu t’adresser au Marquis Binoche d’un acabit si rabaissant ?

Le titre mensonger n’était que feinte, une ruse destinée à identifier mon interlocuteur. Prêché le faux pour obtenir le vrai. Une vieille maxime seyant l’érudit et le fourbe de la même élégance. Le sage invente des fondements moraux qu’il s’interdit de suivre tandis que nous sommes contraints de les appliquer à la lettre. Puis ces vieillards tout pubescents sont outrés aux déconvenues de leurs principes à la noix…

-Sot… C’est moi, ton orteil gauche qui te parle.

Abasourdi, je catapulta mes yeux sur le parquet grisé et souillé par le dynamisme étincelant du feu. Mon pied dodu me fit un large sourire puis d’un geste m’arbora toute sa famille, neuf rejetons aussi boursouflés que leur géniteur.
J’étais grand-père !!
C’est plein d’émotion que je rabattis mon regard sur la chair de ma chair.

-Vas-tu la laisser te marcher sur les pieds indéfiniment ?

-Non, je ne voudrais pas être responsable de tes douleurs… Console-toi, je vais régir.

Non loin de la reposait mon arme de prédilection, la faux se prélassait oisivement. Profitant de la brume décolorée, je m’exerça à quelque huit et chemina en direction de ma proie d’une allure déterminée. Je discernais ses configurations superficielles abstraitement mais ceci suffisait amplement à justifier une attaque sanglante…
Une kyrielle de violent coup s’abattirent sur la jeune fille comme si un effondrement céleste croulait sur son petit minois…

Invité

Au trépas de ce feu violeur d’une nature encore vierge de tout affront, une brume surgit de cet amas d’escarbilles. Sans doute surgissa t-elle de l’au-delà car les flammes s’étaient éteintes au contact de mes rimes féeriques. Tel un spectre insipide revenu d’outre-tombe pour hanter notre monde tout empli de matières civilement imbriquées entres-elles. Cette apparition vaporeuse ne me dérangeait guère car ses capitaux gazeux mettaient à mal la vue de mon antagoniste. Nous étions sur le même pied d’égalité, dépossédé de nos facultés optiques et ayant pour seul pilote notre instinct.

-Non, je ne voudrais pas être responsable de tes douleurs… Console-toi, je vais régir.

La voix de cet indigène, aussi primate qu’un singe accro à la morphine, se matérialisait de loin tant elle était abrupte et prodigieusement laide. La réaction chez un homme pareil se traduisait par férocité et coups brutaux, n’épargnant ni les enfants ni les femmes. Je détenais cette expérience d’une triste éphéméride racontée par mon père à la première personne. Une anecdote retraça les nuits où l’on a envie de découvrir l’autre côté de la barrière, de faire le grand saut et atterrir sur le crâne quand derrière se dressaient fièrement les marches laiteuses de la vie. De mes premiers anniversaires ne résulta que malheur et mélancolie pour mon bien-aimé père. Le mouchoir humidifié par le chagrin, il se remémorait sans cesse l’effigie d’une femme ayant gravé son nom dans l’estime d’un homme ensuite abandonné. Pour combler ce vide affectif, il sombrait dans l’alcool comme une simple chaloupe se ferait engloutir par un tsunami colérique. Puis au détour de répugnantes déjections buccales, sa conscience lui attachait sa laisse pour éviter que cette mortification aux crocs aiguisés ne déchiquète une existence trop belle pour être gâchée…
Dans chaque verre de vin, notre mal-être patauge et se complait… C’est pour cette raison qu’une indulgence charitable coloria mes idées noires en rose fuchsia. Préconisant une armistice prématuré, je m’avança timidement car ce lieu bucolique, désormais souillé, n’était plus que l’ombre de lui même… Très vite, les choses prirent une autre tournure. Une révolution complète du à une arme s'aplatissant à quelques millimètres de moi. Depuis ma rencontre avec la fameuse Ombre Ecarlate, aucunes des composantes de son butin n’avaient retrouvé leurs places originelles. Mes chevilles se découvraient plus agile sous l’effet de ces jambières-trampolines. D’une simple pression pédestre, je me retrouva à deux voire trois mètres de cet homme pour lequel ma clémence s’étaient envolé comme une blanche colombe s’envola des enfers.

Toi qui nourris des intentions malsaines,
Devant ton arme vorace, le doute je sème.
La magie dessinera mes plus humbles contours,
Si les coups viennent à s’abattre tel de vulgaires vautours.

Une enveloppe sans contenance apparue à une vitesse frôlant la perfection. Des onomatopées d’une bruyance à vous en assourdir les tympans, rénova un mannequin déjà trop mal modelé. Ce concerto parvenu à son dénouement, je tira une aubade de flèches en direction de la marionnette défigurée…

Une myriade de percussions offensives et pour seule récompense, une entorse au bras à cause d’une mauvaise manipulation de mon arme. Ma faux avait troqué sa cible pour une autre et cette chair finement épaisse échappa à une vindicte sanguinolente, des télescopages incessant creusant le sépulcre du prétendu débonnaire. Un bois tout de chêne ocreux s’échoua aux portes invisibles de la cité d’Eole, capitale invincible du royaume de la vie. Un adversaire dont l’existence subsiste relégable au rang de conjectural. Les représailles à ma vengeance consentirent à prendre mon corps pour époux… Un torrent de flèches prêtes à embrasser chacun de mes membres sans aucune timidité. Certaines me passèrent à travers car elles n’étaient que conséquence de mes troubles psychiques. L’ultime javelot elfique semblait pourtant être équipé d’une boussole, un compas poursuivant un unique but, celui de révéler la pourriture de mes entrailles à la lumière du jour. Mon bras droit fit les frais de cette volonté hargneuse et se mit à pleurer des larmes de sang rubicondes comme les femmes se déguisant en pot de peinture. Dans une promptitude obtuse, ma main gauche alla voir si ma blessure était profonde ou non, négligeant le maintien du gargantuesque calumet… Il s’écrasa sur mon pied tel une comète s’écraserait sur une étoile lilliputienne. Je m’esclaffa tapageusement tant la situation était bête et cocasse. L’euphorie maquillée en haine et la haine maquillée en souffrance, je plongea mes doigts dans mes poches, lieu où les saletés foisonnent librement et prolifèrent sans nul menace. Par chance, un mariage artificiel de saveurs proscrites vint à mon secours et se dissocia de ces particules ignominieuses. Les ingrédients étaient d’une pimentade extrême et d’une pigmentation très séduisante, le tout réunit dans un philtre solide et argentin. L’alliance de ces épices scélératesses produira une déflagration toxique, une fulmination équivalente à mille bouteilles de vins blancs…
Les yeux cloués sur cette flammerole ornée d’une constellation lazurite, je rassembla les dernières forces de mon cubitus-radius et canonna le globe explosif non loin de l’elfette.

Invité

Les flèches mordantes et affamées se brisèrent sur mon alter-ego virtuel comme des comètes vengeresses venues des confins de l’univers. Le pantin évanouit, l’encre de la magie sèche, les rescapés de cette galopé kamikaze élurent domicile dans la chair détériorée de mon opposant. Si une quelconque entaille s’est dessinée de ma plume acérée alors mes sens empiriques ont pris congé de leurs fonctions essentielles, me laissant à la merci de tout et de n’importe quoi… Quelques secondes s’écoulèrent nonchalamment et ma batterie d’angoisse battit son plein jusqu’à même risquer un court-circuit mortel. Coupée du monde par de tristes trahisons, je garda mon arc en suspens, ma flèche en sursis. Mon esprit tracassé devint le créateur de scénario tragique et l’investigateur d’une solution concrète à proposer aux multitudes d’émotions nageant en moi. Une habitude délicate de gestion avait pris mon inconscience pour un sanctuaire. Les promenades ingénues devenaient des croisades irriguées de violence et la métamorphose s’effectuait sous les prières du destin et les yeux des tous puissants. Avancer sous une avalanche de mauvaises étoiles devenaient pénible… Depuis mon astre personnel éteint, les tuiles me tombaient dessus et l’on se chargeait de toujours restaurer la toiture. Une spirale infernale dont je m’extirperais volontiers car les maelströms de l’ennui amènent avec eux les succubes de la nuit. Si le mal se fait omniprésent, le bien l’est tout autant… Seulement à l’instar de ces ermites à la sagesse inconditionnelle, il n’est pas du genre à s’aplatir sur un pied d’estal. Il n’en est plus à cracher une fierté monstrueusement matamore pour montrer le noyau de son âme étincelante. Le maléfice peut lui se revendiquer clairement et si les ténèbres vous enlacent de leurs bras obscurs, de l’autre rive céleste plane l’emblème de la lumière, le bien personnifié, l’espoir de la voie lactée…
Un rire brisa les chaînes métalliques du silence désormais mort et enterré par sa sonorité frôlant le satanisme. Mon magnétophone auditif s’était laissé submerger par la fatigue fraîchement découverte dans mes antres spirituels… Lancer des sorts littéraires à la moindre occasion révélait ma facette dilapidatrice. L’énergie était une chose précieuse et son gaspillage ne m’apporterai rien de bon puisqu’elle était la locatrice de la vie.
Une légère secousse ébranla le sol pollué de charbons incandescents comme les bas fonds de Ra’sibe sont pollués de malfrats. L’air s’était affaibli à l’entracte d’une fusion manichéenne et sa fébrilité égalait la résistance d’une tige fleurie et meurtrie à l’arrachement de ses pétales. Un souffle lancinant envahit l’atmosphère sans aucune difficulté… Les remparts décimés, tous les soldats gazeux s’empressèrent de saccager la citadelle du vent. L’oxygène fut exterminé à la façon d’un génocide et la sélection naturelle laissa le carbone indemne. Ces maudits atomes sains et saufs, il me devint impossible de respirer à ma guise. Asphyxiée, je suffoquais comme si un marathon avait été éprouvé par mes chevilles vulnérables. Une évasion fut essayée par ces mêmes jambes chétives mais sans réussite… Un pied dans la tombe, j’inspira cette fumée nauséeuse puis l’ensemble de mon emballage corporel sombra dans une béatitude déconcertante. Une harmonie avec le cosmos, une alchimie entre corps et âme, une osmose partagée avec la nature… Ces sensations s’amalgamaient dans ma boite à sentiments, me contraignant à abandonner toute antipathie et toute amertume.

« Youhou !! Messire, si votre offre tient toujours, je serai ravi de l’accepter.

Et je m’envola vers lui en sautillant de joie et agitant ma longue chevelure. Une fulmination de saveur unique et une journée magnifique…

La boule aux cheveux gris et pernicieuse à souhait atteignit le cochonnet cyrénaïque, répandant un écran de fumée autour de sa panique jouissive. Luttant d’abord pour sa sauvegarde, elle s’abandonna aux affres hydrogéniques qui la privaient du souffle de la vie. La petite chérubine à l’écaille bleue avait résistée comme une gladiatrice mais en bon César, j’eus courbé le pouce vers l'abysse, ceci en gage de signe démonstratif à la perte de sa conscience véritable. Débarrassée de ses dispositions chastes et de ses retenues œcuméniques, elle s’extasia pour des choses futilement vaines et sans intérêt.
L’alcool est bel et bien le strip-tease de l’âme… La soif s’étanche comme les prudes retroussent leurs manches. Le biberon des adultes noyé sous l’air cruellement aventureux, les masques tombent et l’on acquiert la clé des secrets les plus inavouables. Une personne à la cravate souillée par le vomi n’est plus qu’un livre déchiré par la vérité et la honte. Mon bar eut parfois des traits de plages naturistes, dans le sens propre comme dans le sens figuré. Tous étaient nus comme le sont les limaces en quête de coquilles, livrant sans complaisance leurs propres liches spectrales, les fantômes de leurs passés.

« Youhou !! Messire, si votre offre tient toujours, je serai ravi de l’accepter.

La clarté de sa voix eut un goût agaçant et difficile à digérer. Entendre sans malaise, voir sans brouillard, palper sa truffe sans y introduire son index… Les herbes fraîchement absorbées arrivaient au terminus intestinal et faisaient la queue sans prendre de ticket. Les contrecoups de cette overdose essentielle à ma survie s’estompèrent avant de s'évaporer avec toute mon ivresse. La journée ne s’annonçait pas rose mais la compagnie de cette fleur bleue pourrait susciter de l’apaisement et du plaisir. Un sourire d’aristocrate à la bouche, je pris une posture grandiose pour authentifier mes nobles intentions. La crevasse faciale, qui dévoilait mes dents jaunes d’inattention sanitaire, se ferma sur un froncement de sourcil aberré. Cette gourde bondissait dans la mauvaise direction à cause d’une cécité volontaire…
Pourquoi fermait-elle les yeux ? Pas de soleil et pas de laideurs en vue, pourquoi ?
Pas l’ombre d’une idée mais toutes ces chroniques fastidieuses avaient alerté les bienveillants, venus en nombre pour voir la nature de ce tintamarre. De plus, certains des visages ne me parurent pas nouveaux et cette identification semblait bilatérale. Mon balluchon sur le dos, je courus rejoindre ce que les gens croyaient être une folle. Mes deux mains agrippées sur ces hanches subtilement enveloppées d’une peau veloutée, j’approcha ma langue près de son oreille :

-Je crains que nous devions faire nos aux revoirs à cette prairie… Les nombreux curieux ne sont pas un bon augure, croyez-moi. Venez donc découvrir mon palace, vous y serez forte aise.

Invité

Mes boucles de saphir virevoltaient autour de mon sourire enfantin et espiègle. Chantant une comptine saccadée par des sautillements d’allégresse, je butinais la vie comme les abeilles moissonnaient les tournesols de leurs sabres bicolores. Leurs dards étaient gentiment élaborés par un soleil noir une strie sur deux et acérés lorsque la nature l’exige. A cloche pied, mes bonds résonnaient sur le sol telles des cymbales frappées par la foudre des baguettes. Mon soleil brillait plus qu’une topaze et chantaient en chœur les carillons du bonheur. Une chorale de joie émouvante et excitante où fièvre et frissons s’unissaient dans un vent de folie…

-Je crains que nous devions faire nos aux revoirs à cette prairie… Les nombreux curieux ne sont pas un bon augure, croyez-moi. Venez donc découvrir mon palace, vous y serez forte aise.

Cet homme était l’incarnation de la gentillesse désintéressée car proposer vos draps à une ancienne ennemie exposait des prédispositions à une amabilité hors du commun. Je pouvais marcher sur son cœur car il était à mes pieds…
A quoi bon refuser des avances si charitables ? La docilité était une de mes valeurs protectrices mais le gardien de mon cœur s’était proclamé garant de mes peines… Ses mains délicatement posées sur mes hanches dodues, m’évoquaient un souvenir déjà lointain et perdu dans les préludes du passé. La rencontre avec Miguel de Cérédana ou l’entrevue avec le charme mélodieux… Un si bel homme mais aurais-je la chance de le revoir un jour ?
Je crois en un pessimisme justifié car mes recherches se furent avérées vaines comme s’il eut quitté la surface de ce monde. Sa voix étaient bien loin à présent car une de ses régentes s’était emparée du trône de mon estime. Et quant à ce patriarche atypique, jamais plus je n’entendis sa jambe de bois foulé le parquet mondain. Il semblait fort comme un lion et cela en dépit de cet âge nécessitant l’aide de nombreuses pâtisseries pour en confectionner son gâteau. Une jungle de bougie saurait illuminer cette vieillesse proche du tombeau de l’éternité, ce monument immortel réservé aux âmes qui le sont…

« Je crois en vos paroles, noble paladin. Et découvrir l’antre berçant chaque soir vos rêves serait un grand honneur…

Ses doigts calamistraient le long de mes côtes chatouilleuses et oblongues tandis que je traçais la voie de nouveaux horizons. A vive allure, nous nous enfoncions dans la ville tentaculaire qu’est Ra’sibe.

Agrippé à elle comme un harpagon s’agripperait à son aumône, nous ramassèrent l’ancre de notre rencontre pour déposer son amarre au pied de notre sédiment nocturne. Cet écureuil, d’une mocheté problématique, avait le mauvais usage d’interagir avec mes proies pour les faire passer à travers les mailles du filet. Je ne lui en pas laissa l’occasion et un coup endiablé comme la foudre lui fit son baptême de l’air, un crash en guise de diplôme. La seule grille à une extase des plus sordides fut éliminée et désormais se sculptait une route pleine de pavés lisses. Manœuvrer était plus complexe car sur ces pavés lisses, le fruit de mon intellect maléfique, le gouvernail de la demoiselle oscillait. J’étais le capitaine de ce bateau elfique où les vagues se faisaient discontinus et crucifiaient une stabilité du corps mais aussi de l’âme.
Les contours des ruelles grises devenaient clairs et la puanteur des ces égouts primitifs accroissait la répugnance que l’on peut avoir à l’égard du monde d’en bas. Je fis un détour monstre pour qu’aucun vicieux n’aspirent à un partage proscrit par mes principes. Malheureusement pour moi, une garniture de garde se fit l’avocat des cieux. Feignant de ne pas les apercevoir, j’accéléra la cadence pour ne pas éveiller les soupçons. Un stratagème idiot, je vous l’accorde… Car les soldats déchiffrèrent la nature de ma fuite, que j’avais quelque chose à dissimuler et dont la découverte m’enverrait moisir dans un donjon. Une chose ayant des mensurations généreuses et une naïveté innocente à la hauteur de la prudence d’une vierge. Je lui chuchota de se blottir sa langue contre son palet et de laisser agir comme un bon domestique. J’avais le courage nécessaire pour encaisser des tourments provoqués par la tentation de la fraîcheur, chaude et ardente comme la braise. Les cloches de conserves arrivèrent et apparemment leurs oreilles débordaient de remontrance très fine, au contraire de leurs bouches aboyantes par leurs délicatesses.. … Les caisses de l’état vide, la bourse des honnêtes gens le seraient aussi. Je ne me considérais pas en tant que tel mais ma taverne avait son importance économique et touristique.

-Messieurs, quel est l’objet de cette doléance à première vue outrepasseuse de vos droits ?

Un vocabulaire riche servait à se dissocier des malfrats et à emballer les plus jolies créations des dieux dans nos épuisettes. La provocation n’avait pas d’euphémisme connu à ce jour et s’exerçait sous des traits francs.
Qui sait ?
Les mages et leurs stupidités récurrentes auraient moyen de nous concocter une formule prompte à amoindrir le ressenti émeutier…

Invité

Ma tête tournait d’elle-même, un siphon dépourvu d’eau mais atténuant grandement mon sens de l’équilibre… Le monde devint alors une toupie malmenée par des enfants trop possessifs et excédant les limites de la torture. Les rues grisonnantes devinrent des rosaces de cendres tandis que je n’étais plus la maîtresse de mes mouvements. Les tableaux d’un terne imperméable s’échevelaient dans la chevelure d’une migraine impossible à racornir. Les poussières de ce bilboquet infernal semblaient prendre racine et cherchaient des poux à mes anti-virus pacifiques. Mon corps, dégarni de protection viable, s’haletaient profusément lorsque les ciseaux de l’orgasme catholique arrachaient les sabres de mes défenses immunitaires. Chacun de mes martèlements cardiaques résonnait d’une sempiternelle mitraillette et dans l’enceinte calcinée que fut devenue la caserne de mon âme, l’agitation réduisait mon énergie à néant. Le sol goudronneux reculait sous la cadence de mon avancée pathétique…
Les bras d’un autre se faisaient facteur de mon enveloppe corporel et l’idée d’être une nouvelle fois un paquetage dont on se débarrasserait volontiers me crispait. Je jouais le rôle du fardeau à la perfection mais cette qualité était déshonneur, puis le litige autoritaire de ma voie relationnelle. Et en parlant de voix, celle de mon nuage masculin faisait tomber la pluie de diverses ordonnances, des conditions écumeuses pour mener notre mission à bon port. Rien n’était fluide sauf les virages qui n’étaient pas avertis pas des clignotants sonores. Puis le panneau d’arrêt mit fin à notre randonnée pédestre, un panneau ayant l’allure symphonique d’une carcasse de fer et d’acier. Nous y étions tombés car même mon cerveau chancelant pu deviner une once d’agressivité dans cet examen non-justifié.

-Messieurs, quel est l’objet de cette doléance à première vue outrepasseuse de vos droits ?

La conversation s’engagea sans aucun échauffement, ce qui était propice à une mésentente parfaitement normale… Les nuits d’amours déraillaient si l’on a pas huilé la mécanique par des préliminaires acceptables. Mais mon transporteur n’avait pris aucuns gants et avait embauché les méandres de la provocation.

-Un simple contrôle de routine du à une récidive criminelle. Quels sont vos noms ? Car c’est la seule chose qui nous intéressent en plus de la reconnaissance faciale…

-Je m’appelle Ilona Macalaure !! Et maintenant lâche-moi, je peux tenir debout toute seule…

Ces soupçons d’ambages sortirent de ma bouche sans prévenir et en désobéissent au couvre feu imposé par ma stèle humaine. Toute guillerette, j’avais jeté un froid alors que l’atmosphère prétendait le contraire…

Un simple contrôle de routine…
Une œuvre caritative destinée à récolter des capitaux pour embellir le palace de notre empereur, invisible comme les sentiments de haine éprouvés à son égard. Une mascarade politique et une réforme à visée économique, le tout sous un nuage de sympathie. Apparemment, l’armée prenait des cours de théâtre et à juger de leurs qualités d’interprètes, je crois pouvoir affirmer la nature de leur école… Les elfes n’avaient pu engendrer cette insulte à l’art Shakespearien. Les humains, éternellement discrédités dans le monde artistique, n’accentuaient pas l’instance philanthropique de leurs procédés gestuels. Le coupable de cette abjection se taisait sous des cicatrices olympiennes, sur un visage noble de naissance mais souillé par la décadence des fonctionnaires. L’Auguste de nos prairies s’érigea en référence suprême, l’incarnation de la posture à adopter. Un dénigrement arbitraire dont la véracité reposait sur des lits de discours facétieux… A présent, chaque centurion était accompagné d’un écusson à l’effigie d’un empire décousu, tombé entre de mauvaises mains et qui poursuivra sa chute au fil des décrets.
Me faisaient face les fidèles caporaux tenant ce charisme solaire de leur bien-aimé souverain… La fleur bleue fit offrande de sa tendre dénomination et se délesta de mon assistance, renvoyant mes bras à leurs épaules, un foyer lorsque le rejet est palpable. Le malaise jeté, le ménage policier s’échangea un regard furtif et son désir de faire plus ample connaissance s’exprima tacitement, sous l’œil taciturne de l’infortune. Réticent à révéler mon nom, je fis tomber une nuée de cristallis sur les dalles insalubres, devenues cymbales de ces baguettes dorées. L’avènement de mon nom exciterait les foules ilotes puis des émeutes intolérables s’en suivraient. A l’apothéose d’une pagaille civile, le donjon m’accorderait ses draps noirs de criminels et tachés d’amertume…

-Ainsi, tu as des choses à te reprocher… Plus un geste sinon je te découpe en morceau !!

Deux honnêtes et incorruptible soldats se dressaient devant moi et l’appât du gain ne sonnait pas leurs cloches de la cupidité…
Fus-je plein d’avarice à l’aube de cette généreuse donation ?
Un vide intergalactique régnait dans ma bourse… Une somme non-négligeable et nimbée d’un regret profond, d’une volonté d’oublier cet échec cuisant dont les flammes brûlaient mes élytres. L’honneur subsistait dans le cœur de rares spécimens tandis que le maléfice proliférait librement dans le cœur des plus lâches.
D’un coup de faux habilement décochés, l’elfette récidiva à la tentation de mes bras musclés et dont la force titanesque égalait un esprit divin… Une course effrénée à une vitesse folle durant laquelle ma force physique flanchait malencontreusement dans les affres de la tourmente temporelle. La vieillesse surgissait à un bien mauvais moment…
Dans l’obligation d’oublier mes envies primaires, je jeta la perle azuréenne dans une voirie pastorale. Un véritable gâchis, je vous l’accorde.

Un petit mot d’adieu soufflé dans son oreille mi-consciencieuse de la situation actuelle, je disparus durant trois lunes pour évincer les soupçons de l’autorité supérieure…

Invité

« …. Tenant debout par ma seule conscience, ce partisan de la corruption exerça ses talents sur des âmes immunisées par la tentation monétaire… Un prodige de l’arnaque mis en déroute par des cœurs de pierres mais taillées dans une roche de qualité. Un esprit d’améthyste rose reposait dans ces carcasses de fer. L’averse de l’or citoyen n’avait provoqué aucune joie chez les soldats forts et fiers de leurs légitimités intérieurs. Beaucoup auraient oublié leurs vœux de paladins tant le tambourinement se fit attractif. Les vénérables écuyers de la justice sont restés de marbre et un flot de sueur avait inondé le front de mon receleur charnel. Submergé par une disgrâce lourde de conséquence, il m'invita dans son escapade criminelle, cela contre mon gré et sans que mon jugement moral puisse interférer. Ne sais-je comment, ce piètre délinquant me fit venir à lui sur une simple pression sur ma jambe gauche, encore taché d’un hématome dont je passerais volontiers… Aplatit sur son torse quelque peu décharné, je subissais les ricochets des foulés vive comme l’éclair et blessantes tel des cimeterres. Le coureur de jupons et du mal me susurra un mot d’adieu plein de douceur et de tartuferie, une duplicité cachant des intentions bien plus obscènes. D’une envolée majestueuse, je me retrouva sur le derrière où des monstruosités domestiques gisaient avec une complaisance salit par l’insanité lugubre du secteur. Illuminée par un tunnel de nacre, je m'assoupis brusquement comme si un coup de massue s’abattit sur ma nuque… Une mère alla vider ses poubelles quand elle me vit sous un angle gênant voire honteux, ce genre de quiproquo dont la mémoire ne perd jamais la trace.
Vous connaissez la suite… De crainte de n’avoir dénicher une manante malsaine, elle réclama le secours et l’assistance d’une unité patrouillant pour satisfaire leur ronde.
Voilà, c’est tout ce dont je peux vous conter car les souvenirs me font défaut. »

Le garde posa sa main sur la mienne, ceci en guise de compassion. Le remerciant d’un sourire craquant, je tourna les talons pour redécouvrir le paysage intime qui me manquait tant…
D’une conviction sincère, le capitaine m’eut assuré qu’ils useraient des atouts militaires à sa disposition pour retrouver et condamner celui plus connu sous le nom de Maurice Binoche…

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Un join pour mon royaume!! [Ilona + Libre]

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