Sous le soleil ou la pluie { John }

5 Autÿn

L’ennui s’était emparée de la donzelle laissée à l’abandon dans les rues de la capitale. Elle n’avait trouvé d’autres occupations que de prendre possession d’une monture et de s’enfuir au loin. Enfin au loin…Du moins, de changer d’air. Tandis que l’étalon avançait tranquillement entre l’herbe déjà bien haute des plaines, le fennec de la belle préférait s’adonner à plus divertissant. Posé sur le dos de l’élégant cheval, il tentait de s’emparer des poils de celui-ci en tirant sur ceux-ci, beaucoup trop courts pour sembler pouvoir être arrachés. A vrai dire, le soleil de plomb qui tapait aussi bien sur le sol que sur les trois compères devenait éreintant. Les plaine semblaient se régaler de pareil délice alors que Thalis venait de terminer sa dernière ration d’eau, autant dire que s’ils ne trouvaient un ruisseau à proximité, elle attaquerait le prochain venu pour lui quémander ou lui prendre alors de force un peu d’eau mais nous n’en étions point là.

Elle croisa sur son chemin quelques créatures sauvages, certaines chassant leur futur dîner, d’autres galopant pour éviter la gueule d’un animal trop fougueux mais la plupart préféraient se cacher à l’intérieur de fougères ou à l’ombre des arbres pour se préserver du soleil trop protubérant. Cependant, quelques nuages dressaient leur silhouette à l’horizon, en prévoyance d’une pluie qui se faisait attendre. Tomberait-elle bientôt ou attendrait-elle que certains meurent de chaleur, étouffés par la lenteur de ce déclinant soleil, par ces rayons préférant les terres aux cimes si majestueuses des cieux ? Ce serait une belle fin, allongée sur le sol, aplatie à l’image d’une crêpe, l’humaine trouvait ce scénario à son goût bien qu’elle aurait préféré quelque chose de plus romanesque. D’ailleurs, son petit animal répondant au nom de Flam serait probablement contre cette éventualité. Lui, si attaché à sa vie déjà bien remplie et à sa maîtresse, de mauvais poil à cet instant, mais adorable autrement.

Pourtant, la beauté du paysage accapara une nouvelle fois son attention, même si le chemin semblait se répéter à l’infini, elle appréciait toujours ces couleurs à perte de vue. Cette impression de plénitude et de sérénité qui s’emparait d’elle à chaque foulée de sa monture. Malheureusement, la nature, capricieuse à souhait se hâta de déroger à ses plans pour offrir une fine pluie bien méritée. Ainsi, elle pouvait chevaucher sans peine, oubliant même son besoin de se désaltérer. Le cheval ne rechignait guère à la tâche, cependant, lorsqu’un éclair retentit, il sembla plus prudent de s’abriter près de cette vieille bâtisse en ruines au milieu des plaines. L’endroit grouillait d’araignées et de bestioles peu avenantes mais elle ne s’en faisait point, les petites bêtes n’ont jamais mangé les plus grosses. Par contre, le temps s’était rafraîchi laissant une brise amère traverser les vêtements mouillés des réfugiés. Tentant d’allumer un feu, ses efforts furent bien maigres et n’aboutirent qu’à des succès éphémères. Enervée, c’est le temps qui prirent ses foudres.

« C’était pas la peine de décharger toutes les réserves d’eau, du coup, on se gèle nous. Rappelle-moi de ne plus souhaiter qu’il pleuve Flam. »

Et ce maudit feu, ses nerfs semblaient à bloc bien que la présence doucereuse de son compagnon relâche la tension qui venait de monter en elle. Sachant qu’elle s’énerve pour un rien, il est bien peu aisé de convenir à un calme plat en toute circonstance. Et sa voix qui s’était probablement élevée à des kilomètres à la ronde avait certainement dû alerter le plus petit des insectes. Enfin, en exagérant.

"Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté."

"Rien n'est jamais sans conséquences, en conséquence, rien n'est jamais gratuit."

Confucius

Voilà de bien tristes nouvelles qui venaient de Ra'sibe, la guerre au Nalamis était déclarée. A peine les rumeurs étaient-elles montées dans la foule de la capitale, tel une brise, John s'était esquivé, ombre discrète et fougueuse. En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, le Raptor était en route pour rejoindre Ulrick, le chef des Nalamis, le plus vite possible. A une distance éloignée de la capitale, dans la pleine brousse, John prit sa forme animale, lui permettant d'accélerer considérablement. Pourtant il s'essoufla rapidement et s'écroula de fatigue dans les herbes de la plaine, soufflant les brindilles et autre plantes fragilles à quelques centimètres plus loin. Reprenant son souffle, il ne put contenir et reprit sa forme humaine, empoigna sa gourde, l'arrachant presque de sa ceinture, faisant descendre l'eau dans sa gorge. Toutefois, peu enclin à garder cette forme fébrile et peu résistante, le Nalami reprit sa forme animale, plus résistante à la faim et à la fatigue. Il courut encore un bon quart d'heure quand finalement, à la descente d'une colline, il apperçut une tour de guet, celle utilisée par les chasseurs pour se reposer ou attendre leur proie. Prenant forme humaine, il se dépêcha de monter au sommet. Il serait bien protegé du soleil par le toit en bois, qui absorberait la chaleur, et peut-être qu'un chasseur généreux aurait laissé de quoi boire ou manger.

Mais arrivé aux derniers barreaux de l'échelle, John du presque se tirer pour arriver au sommet, mais ce ne fut pas ce qu'il attendait, ce fut l'horreur. Un Nalami, sous forme humaine, -John pouvait le sentir- adossé contre la paroi en bois, une flèche plantée en plein coeur, et écrit avec son sang à côté de lui, par terre : "Mort aux Nalamis". Même sous forme humaine, John ne put se retenir d'un petit grognement de rage bestial. De l'autre côté de son cadavre, l'arc de l'autre Nalami, la corde était âbimée et de la ficelle se détachait, dans le carquois, ne restait plus qu'une flèche et la main désincarné du défunt, un poignard peu aiguisé et couvert de sang -pas le sien. Le Nalami avait dû défendre sa position à l'arc, et une flèche avait dû l'atteindre, les bougres qui avaient fait ça était donc venu finir le Nalami blessé à mort, et ce dernier avait libré un dernier baroud d'honneur sanglant. John constatnat cette scène de désespoir, ne put s'empêcher de tomber à genoux, assant la flèche qui était dans le coeur du Nalami, il l'enleva, et même s'il ne connaissait pas cleui-là, d'instinct, il serra le Nalami contre lui, sanglotant, lui murmurant, comme s'il était encore en vie.

-Mon frère... mon frère.... Je te vengerais... Le sang coulera... Ce crime ne restera pas impuni, j'en fait le serment.

Et comme si les dieux avaient assistés à cette triste scène, les nuages lâchèrent aussi leurs sanglots, et la pluie s'abattit sur le toit de la tour. Installant le défunt confrère dans une position convenable, allongé, les bras croisés, et mit ses dernières armes sur lui avant de faire couler quelques gouttes d'eau sur le sol en bois pour diluer la phrase provocatrice. John redescendit de la tour, toujours sous la pluie. Une enveloppe noire entoura le Nalami sous sa forme humaine, quand Ash, ou John, selon sa forme, sortit de l'ombre obscure, le Raptor était de nouveau prêt à repartir. Essayant d'oublier les précedents et sombres évenèments, le Nalami secoua la tête, et démarra en tromba, manquant de glisser sur l'herbe mouillée. Le Raptor courrait tellement vite, que son faucon, Black Bird, avait du mal à le suivre depuis les airs.

En pleine course cependant, le reptile flaira une odeur, ou plutôt deux. Un animal de petite taille, qui ferait un régal pour son compagnon volant, et... un humain... était-il possible que le tueur du précedent Nalami eut parcourut si peu de chemin, au risque de tomber sur des compagnons du défunt ? Peu importe, la rage montait tellement vite en Ash, qu'il se déçida à attaquer, puis réfléchir ensuite. Toujours en course, le Raptor vit à quelques centaines de mètres enfin, une vieille bâtisse de pierre, l'odeur d'un feu faible remonta jusqu'au narines reptilliennes du chasseur. Accélérant de plus belle, il finit par déscèlerer arrivé à une dizaine de mètres de la maison abandonnée, et tel un tigre, le Raptor plia ses jambes, se baissa, effleurant les herbes, avant qu'une voix ne s'élève de la maison.

« C’était pas la peine de décharger toutes les réserves d’eau, du coup, on se gèle nous. Rappelle-moi de ne plus souhaiter qu’il pleuve Flam. »

Vociféra une femme. L'odorat aiguisé du prédateur ne se trompait jamais. Black Bird se posa sur le toit de la maison, ayant lui aussi sentit l'odeur de la nourriture. Puis, le Raptor se mit à tourner autour de la maison, dévoilant son ombre furtive aux fenêtres, grognant de temps à autres ou sifflant de rage. Enfin, Ash poussa la légère porte en bois du bout de son museau et lentement, faisant claquer sa griffe rétractable sur le plancher miteux, il s'avança à l'intérieur, observant Thalis et son petit familier, Flam, le fenec. S'aventurant un peu plus dans la maison, mais restant tout dem ême aux aguets, contre le mur, pour éviter une quelquonque attaque surprise. Lâchant un dernier sifflement entre ses dents, il fusilla Thalis de ses yeux reptiliens en amande, puis peu commun chez les Raptors sauvages, le Nalami prit la parole, s'adressant à la jeune femme qui était à l'autre bout de la petite maison, toujours sous sa forme animale.

-Par pure politesse, je me présente, je suis Ash, Nalami. Je vois maintenant qui a tuée un de mes frères dans la tour de chasse, à quelques kilomètres d'ici. Je souhaite tes explications, humaine, et accesoirement... tes dernières paroles.

Ayant finalement changé d'avis, le Raptor essaya déjà de comprendre pourquoi ce Nalami était mort aujourd'hui. Pour, au moins, ne pas se rabaisser au niveau des tueurs.

[ Désolée du temps de réponse >< J'ai pas eu beaucoup de temps à moi, j'espère que ça t'ira =) ]

Quoi que le temps puisse laisser paraître, le moral de la donzelle ne chutait point. Elle adorait la pluie, même si elle paraissait s’en cacher, celle-ci apportait un peu de fraîcheur en ce bas monde, semblant laver plus de maux qu’aucune divinité ne l’aurait pu. Appréciant la chaleur lorsqu’il tonne dehors, elle aurait cependant désiré se retrouver auprès d’un coin chaleureux et non au milieu des plaines s’étendant à perte de vue et à l’affût de n’importe quoi. Certes elle adorait l’aventure et le danger, on la surnommait parfois « Thalis ou comment mettre les pieds dans le plat » bien que qu’elle souhaitait également de la tranquillité. Solitaire de surcroît, des bruits parvenaient à ses oreilles, parfois, elle distinguait des bruits de conversations qui n’existaient que dans son esprit. Les méandres du clair obscur l’avaient toujours initié à des choses qui n’existaient pas, s’inventant n’importe quoi au milieu de la peur qu’éprouve certaines personnes lorsque se cachent les nuages et s’enfuit le soleil. Le monde paraissait pourtant tourner à merveille sans que les gouttes d’eau ne perturbent son équilibre, ne troublant ainsi guère la quiétude de la belle. Sauf que…Un imprévu aime se faire attendre dans chaque circonstance.

Tandis qu’elle préférait renoncer à une quelconque main d’aventurière qu’elle ne possédait point, des bruits se firent entendre, des pas, des grincements, elle n’aurait su dire la provenance exacte de ceux-là n’ayant l’ouïe assez fine que pour repérer les mouvements de ses adversaires à moins de quelques mètres, en tout cas, ils étaient envahis. Les oreilles de Flam se dressèrent tandis que la jeune femme portait la main à sa botte, là où résidait son poignard. Assise au sol, ils s’éclipsèrent le long de celui-ci dans le coin d’un mur, là où l’atteinte serait moins aisée. Serait-ce une population de fourmis rouges géantes ? Ou bien, des abeilles tueuses ayant élu domicile en ces lieux et venues désormais chasser les intrus ? Elle ne savait guère mais elle était lasse des combats, lasse de toute cette affabulation autour de simples armes, elle avait cherché la paix et la tranquillité et voila que la querelle revenait au galop.

Un élégant personnage se dressait devant eux, la silhouette habile et souple, d’une couleur sans précédent, Messire l’animal se tenait face à Thalis et Flam. Les ombres dansantes auparavant ne l’avaient aidé dans sa détermination de la qualité de l’individu bien que désormais, elle distinguait parfaitement de ses yeux perçants celui-ci. Aucune chaleur n’en ressortait, accusée à tort d’un outrage qu’elle n’avait guère commis. La médisance, cela existait aussi chez les autres, les humains n’étant pas les seuls possesseurs de cette qualité infâme, elle s’en trouvait bien peinée.

« La politesse me touche, surtout quand on me condamne au rang de meurtrière. »

La brune osa un sourire amer devant ses accusations qu’elle ne méritait guère. Au lieu d’entrer dans de longs débats, elle se débarrassa de son poignard, empoignant au passage son épée et les présenta devant son inquisiteur.

« Ce serait donc avec ceci que j’aurai tué ton ami ? Je ne sais même pas où se trouve cette tour de chasse. On se promenait Flam et moi et la pluie nous a surpris donc on s’est abrités. Ca te semble logique non ? Après, c’est vrai que nous sommes des grands carnassiers et que j’avais besoin de me faire les dents en mangeant un Nalami. »

Vexée, piquée au vif par cet individu la prenant pour tout sauf ce qu’elle pouvait être, la demoiselle osa ne point défaillir et le fixer ardemment dans ses deux yeux. Pareil affront aurait dû lui faire peur mais elle semblait seulement torturée de voir qu’on puisse la prendre pour un être mauvais au point de tuer quelqu’un qui ne l’avait guère mérité. »

« Et maintenant on fait quoi ? Je te décris la victime qui, paix à son âme, j’espère repose en paix. »

Des remords étaient venus doucement se glisser dans son esprit lorsqu’elle avait pensé avaler celui-ci tout à l’heure durant son monologue, et son ironie des plus douteuses. La fennec se tenait en retrait, méfiant face à leur interlocuteur, préférant se lover contre la nuque de sa maîtresse pour réchauffer cette atmosphère qui devenait de plus en glaciale. Ne lui communiquant guère son nom, elle attendit son verdict, pensant que cette fin ne serait pas si mauvaise, il regretterait sûrement tout au long de sa vie et apprendrait ainsi une leçon bien qu’elle n’est point envie de mourir si jeune…

[Je lock.]

» Sous la pluie... (free)
» La plage, le soleil, la mer...
» Baignade sous le Couchant... {Libre}
» John Dan

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