Des pertes et des apports...[PV : Oliana, Arkys]

14 Octÿn

Cela faisait des jours entiers que je traînais dans cette ville humaine, je ne les compte même plus, tellement une journée ressemblait à une autre. Je ne voulais même plus dormir, les gens sont bizarres, et ils n'inviteraient pas à demander hospitalité, ils parlent soit d'une victoire sur des "bêtes sauvages", soit à leur propre tête. Quant à moi, j'essayais de retrouver la sortie, ou un endroit où je pourrais me sentir en sécurité.

J'avais trouvé cet étrange bâtiment dans la ville, il ne ressemblait en rien aux habitations humaines. La construction était... Plus haute, plus pointue aussi, avec des vitres bien plus grandes et bizarres que chez les humains. Par curiosité, je voulais entrer à l'intérieur, comme les portes étaient ouvertes. J'avais remarqué qu'à l'intérieur, il y avait des statues en pierre blanche des dieux, et un silence presque complet régnait dans ce lieu, ce qui constituait un paradoxe par rapport à l'extérieur.

J'étais sale, triste de ne pas pouvoir retourner chez moi par mes propres moyens, mais je ne voulais pas montrer cela, juste par amour propre, et pour ne pas avoir de problèmes, car dans certains endroits de la ville, on pouvait facilement tomber dans un piège, surtout quand on est une femme. J'avais vu un de ces pièges, tendu par un aubergiste un peu trop aimable.

Dans cette église, c'est comme si on entrait dans un autre monde, qui était à part de RaSibe, à part des Terres, et que dans ce monde, il y a juste des vitraux, des dieux, et de quoi s'assoir. Il n'y a plus de temps, ni d'espace autre que cette église. Et après un rapide coup d’œil, je remarquai la représentation d'un dieu auquel j'avais peur de son ressenti, comme du peuple elfe, d'ailleurs...

Depuis ce crime passionnel, j'avais tourné le dos à Tinuwÿn, j'avais tourné le dos au village, de peur que le jugement de ces derniers ne soit une douleur encore plus forte que la survie dans un milieu dénué de toute forme sauvage de la nature.

En guise de repos je commençai à m'assoir près de la statue de ce père de la nature, je pris ma tête entre mes mains et je posai mes coudes sur mes genoux. Envoyant une prière sans mot à un dieu qui pouvait bien m'avoir tourné le dos définitivement. Cette idée me rendait malheureuse. Être seule dans un monde pleins de dangers, c'est mauvais pour la survie. Je restai là, me demandant si je n'aurais pas la bonne idée de faire quelque chose de terrible.

Bousculée par la population Oliana atteint l'encadrement d'une porte où elle put s'arrêter tranquillement. Décidément, elle détestait la capitale humaine, depuis son arrivée ici, elle n'avait fait que des rencontres de second ordre. Des gens louches qui posaient sur elle des regards qu'elle n'appréciait guère, sa race elfique devenant presque un fardeau dans les rues. Elle n'était pas au fait de ce qui se passait dans les terres mais elle supposait aisément qu'elle et son groupe n'étaient pas les bienvenus. Les humains se pensaient vraiment supérieurs, c'était ici flagrant. Cela la dégouttait de cette race.
Arkys parvint jusqu'à elle. Son groupe s'était séparé aujourd'hui pour que Shanira poursuive ses recherches et l'elfe les siennes plus rapidement. Oliana avait d'abord voulu qu'Arkys accompagne son amie nalamie, le danger étant bien plus grand pour sa race que pour la sienne. Mais il avait voulu venir avec elle et Oliana n'avait pas protesté. À vrai dire elle s'accommodait parfaitement de sa présence à ses côté. Il avait pris sa forme humaine durant toute la durée de leur séjour et cela avait grandement facilité leur progression.
La jeune elfe regarda la construction contre la porte de laquelle elle se trouvait. Grande, majestueuse. Elle ne ressemblait en rien aux bâtiments grossiers qui l'entouraient.
Oliana fronça les sourcils. Elle avait déjà vu cet endroit. Jetant un regard lui indiquant de la suivre à Arkys, elle entra. L'intérieur était splendide, il s'y dressait de grandes statues des dieux. Elle comprit qu'elle venait de pénétrer dans une église. Là encore, l'impression de déjà vu la frappa. Elle s'avança de quelques pas, sans faire attention à ce que faisait Arkys. En arrivant à la capitale elle avait cherché en vain l'homme qui lui avait envoyé sa lettre, qu'elle gardait précieusement dans une poche de son sac. Elle était très déçue de ne rien avoir trouvé qui l'éclaira sur son passé. Mais en entrant dans ce lieu ce sentiment s'envola pour faire place à une paix intérieure sans précédents. Elle était dans l'un des endroits de son passé. Elle en était presque certaine.
Elle avança pas à pas, très lentement, comme par peur de briser ce moment de son existence en éclats. Les dieux devant elle semblaient lui jeter des regards conciliants qui la rassurèrent. Elle repéra en quelque secondes Tinuwÿn auquel elle se décida à adresser une prière. Ses pas la guidèrent vers la statue devant laquelle elle s'arrêta.
Elle regarda alentour un instant. Un peu plus loin, la statue d'Aube, imposante. Ses souvenirs, qui étaient revenus depuis quelques jours devant le lac Armony sans pour autant remonter dans sa mémoire, refirent surface à ce moment précis.

« Elle se tenait, à genoux, devant la statue du dieu des elfes, lui adressant une prière inaudible. Au milieu de son silence, elle se décida à tourner la tête vers la gauche, dans le même direction qu'elle venait de le faire il y a quelques secondes dans la réalité. Aux pieds d'Aube, un homme adressait une prière lui aussi. Comme s'apercevant de son regard dans son dos il se retourna. Leur regard se croisèrent et elle reconnut sans problèmes de qui il s'agissait. L'homme de ses souvenirs, celui qui lui avait envoyé la lettre. Se retournant vers la statue, il continua à murmurer, un sourire aux lèvres. Ce n'est que quelques longues minutes plus tard, passées dans un silence serein, et alors qu'elle-même avait fini de s'adresser à Tinuwÿn, qu'il se releva et se dirigea vers elle.
Tu viens ? »

Immobile, tétanisée, Oliana reprit pied. Des tremblements incoercibles agitaient ses mains, elle se sentait mal. Trouverait-elle un jour des réponses à ses questions ? Cet homme mystérieux, qui était-il? Où était-il ? Quel rapport avait-il avec elle ? Pourquoi ses souvenirs lui étaient revenus à présent seulement ?
Elle s'agenouilla devant la statue de Tinuwÿn. Baissa la tête et commença à prier, comme dans son souvenir.
Ayez pitié dieu de ma race, aidez-moi à retrouver ma mémoire égarée il y a si longtemps de cela. Entendez ma prière, j'ai besoin de votre soutien. Mon esprit n'est plus très clair. J'aimerais tellement me souvenir de tout, recouvrir mon intégrité. Je ne sais plus qui je suis ni d'où je viens depuis si longtemps...
Elle ignorait comment s'adresser à un dieu, ce pourquoi elle avait imité son souvenir. De même, elle ne savait pas si Tinuwÿn allait répondre à sa prière, n'ayant jamais était, du moins récemment, l'une de ses fidèles attitrés.
Je ne vous ai jamais vraiment honoré, ne sachant pas à quel dieu me vouer. J'espère seulement que vous m'entendrez.
Ses paroles restaient audibles malgré sa voix très basse. Néanmoins cela ne la gênait pas outre mesure. Qui donc pourrait bien s'intéresser à ce qu'elle disait ?
Je n'aurais peut-être pas dû accepter de me rendre ici, je suis si loin de la nature, de ma solitude à laquelle je suis si chère. Mais pouvoir m'adresser à vous me rassure, savoir que les dieux veillent sur les terres me redonne un peu d'espoir. J'ai eu vent de la guerre qui s'approche. Elle ne me concerne pas, ce dont je suis heureuse, mais elle m'inquiète beaucoup. Tant de personnes risquent de mourir ! Je trouve cela si bête. Nous n'avons pas décemment vécu pour nous détruire...
Elle releva un instant les yeux, se concentrant sur ce qu'elle allait dire.
Je ne sais si c'est vous qui avez mis Arkys et Shanira sur ma route mais je vous en remercie. Cette dernière est à présent une amie en laquelle je pense pouvoir avoir une totale confiance. Quant à Arkys, je l'apprécie beaucoup. C'est lui qui nous protège ici, malgré tout le danger que cela représente pour lui. Je lui en suis très reconnaissante. Si vous deviez m'entendre, veillez aussi bien sur eux que sur moi.
Oliana reprit une profonde inspiration avant de poursuivre.
Je n'ai rien trouvé ici concernant mon passé à part quelques brides de souvenirs, mais je crois que mon destin se profile mieux devant mes yeux. J'ai trouvé hier un document dans une bibliothèque de la ville. S'il a un rapport avec moi et que je ne l'ai pas trouvé par hasard, dois-je l'utiliser ?
Le vieux livre lui revint en mémoire et ses pensées s'orientèrent presque automatiquement vers Arkys. La jeune elfe ne croyait pas aux coïncidences mais ce coup du destin que lui avait fait le document l'avait on ne peut plus surprise. Il allait falloir qu'elle ait une conversation avec Arkys.
Merci de m'avoir permis d'arriver jusqu'ici et de m'avoir écouté.
Sur ce elle se releva. Une nouvelle certitude brillait en elle, les dieux prendraient soin des terres pour le futur.
Ce n'est qu'en se détournant qu'elle aperçut à quelques mètres à peine une autre membre de sa race, assise près de la statue du même dieu. Elle était plus maigre qu'elle et semblait très triste. Prise d'un élan de compassion elle se dirigea vers elle.
Bonjour, vous me paraissez bien malheureuse. Pourquoi ne pas adresser une prière aux dieux pour vous aider ?
Elle ne savait pas vraiment quoi ajouter, mis à part un faible sourire à son attention, et elle attendit une hypothétique réponse.

Le dragon avait été quelque peu déçu de ce passage en ville, il était rare qu'il y passe faire un tour, et son prochain passage n'allait pas être de si tôt. Tout semblait si terne ici, pas de couleurs, vives, juste le même gris monotone des roches utilisées pour les innombrables constructions qui s'entassaient les unes sur les autres. Pas le moindre coin de verdure, quelques rares mauvaises herbes, et autres plantes en pot luttant pour survivre. Encore plus rares étaient les arbres, ce manque de verdure et de nature sauvage se ressentait sur le moral du dragon.
Pire encore étaient les habitants, dont la bonté et l'hospitalité se montraient aussi abondantes que la végétation des lieux. Et le dragon avait bien eu envie de tordre le cou à plus d'un d'entre eux lorsque ces humains portaient des regards peu appréciables sur l'elfe qu'il protégeait, se retenant de justesse pour ne pas créer de scandale. Au moins, la plupart d'entre eux ne percevait pas sa véritable nature.

Arkys qui n'avait pratiquement jamais prit forme humaine, avait aussi été dérouté, n'ayant pas l'habitude d'un tel corps. L'absence de queue lui donnait du fil à retordre avant qu'il maîtrise pour de bon l'équilibre de ce corps, ce qui ne lui avait pas manqué quelques scènes ridicules, et un mauvais souvenir de cette forme en prime. Ne plus sentir ses ailes aussi le perturbait beaucoup depuis son arrivée en ville, quelle étrange sensation de ne plus sentir la présence de deux membres qu'on a l'habitude d'avoir dans le dos depuis la naissance. La seule chose qu'il avait gardé de son apparence draconienne, était ses yeux, de la même couleur et de la même forme.
Il pensait également que ses vêtements lui poseraient quelques démangeaisons et autres sensations d’irritation, mais il n'en était rien, normal car il était mage après tout. Il restait caché sous sa longue cape noire aussi sombre que ses écailles, avec la tête recouverte par une capuche de la même teinte, c'était à peine si on distinguait les traits de son visage, du moins de loin, si on s'approchait, les choses étaient différentes. Mais le dragon justement, ne laissait à personne cette occasion, seul Oliana faisait exception.

Il suivait l'elfe en silence, lui n'avait que pour seul objectif ici de veiller à sa protection, alors quoi de plus normal. Et quand celle-ci voulait qu'il reste avec Shanira, il avait naturellement refusé, et suivit l'elfe. Ce qui le conduisit vers un bâtiment de plus grande taille que les autres qu'il avait vu jusqu'ici. Le construction était impressionnante, mais le dragon restait de marbre face à cela. Il se contenta de suivre Oliana à l'intérieur, qui était plutôt désert. Tant mieux, après les rues bondées de l'extérieur, cette tranquillité n'était pas un luxe à ses yeux.
L'être des airs comprit rapidement la fonction de cet endroit, lieu de culte décoré par les statues des divinités de la lumière. Bien évidement, à la vue de celle de "l'arc-en-ciel" comme se plaisait à dire la dernière déesse qu'il avait rencontré, le souvenir de Lumen resurgit des méandres obscures de sa mémoire. Il avait accepté le départ de la dragonne, mais sa colère pour le dieu dragon était restée intact, le tenant encore et toujours pour responsable.

Cette distraction eu pour effet de perdre de vue celle qu'il protégeait, il la cherchait du regard, la retrouvant rapidement, priant devant la statue du dieu des elfes. Il s'approcha en silence, attendant qu'elle termine. Même sous cette forme, il gardait l’ouïe fine d'un dragon, il percevait sa prière même s'il ne cherchait pas à l'écouter. Il esquissa un sourire au passage le mentionnant. Quand Oliana se releva pour se diriger vers un autre membre de sa race, le dragon resta derrière elle sans dire un mot.

Ce tourbillon d'idées sordides et funestes m'avait conduite à pleurer, pleurer car la vie peut se transformer sur de petits détails... Il y a encore un mois, elle avait une vie stable, quelqu'un qui l'aimait, en apparence, et elle n'avait rien à se reprocher, aucun compte à rendre devant son peuple. Aujourd'hui, elle était seule, étrangère dans une contrée hostile, sûrement recherchée par les elfes pour passer devant la justice.

Elle avait entendu des personnes qui étaient entré, l'une d'elles s'était agenouillée devant la représentation du dieu elfe. C'était donc très probablement un elfe, ils l'avaient retrouvé ! Elle venait peut-être dire à Tinuwÿn de ne pas accorder son âme près de lui. Je ne bougeai plus, espérant qu'ils s'en iraient au plus vite, qu'ils n'avaient pas fait le rapprochement.

Elle venait enfin vers moi... J'étais foutue, ils venaient m'arrêter, me faire revenir vers Aldarion... Je n'avais plus envie de penser quoi que ce soit... Je fermais mes yeux avec force, sans bouger...

Bonjour, vous me paraissez bien malheureuse. Pourquoi ne pas adresser une prière aux dieux pour vous aider ?

Quoi ? Une prière ? Elle n'était pas au courant, ce n'est pas possible ! J'avais peur de mon ancien dieu, de sa colère, adresser une prière à ce dernier alors qu'il pouvait très bien me faire exécuter d'un instant à l'autre ? Il était temps de lui parler, pour ne pas jouer un jeu indécis. Je répondis du mieux possible :

Adresser une prière à un dieu que je fuis ne sert qu'à peu de choses, si vous ne me connaissez pas, alors fuyez, je finirais par vous... Vous tuer... Si vous savez qui je suis, alors qu'on en finisse.

Si on avait reçu l'ordre de me faire exécuter, alors oui, je ne tenais pas ce que cela dur, sinon, il valait mieux être très prudent, avec ce que je venais de passer, il était pas recommandé de dire n'importe quoi.

Les larmes de l'elfe fendirent le coeur d'Oliana. La détresse des gens l'avait toujours énormément affectée, et c'est avec surprise qu'elle accueillit la réponse qui lui était faite.
Adresser une prière a un dieu que je fuis ne sert qu'a peu de choses, si vous ne me connaissez pas, alors fuyez, je finirais par vous...vous tuer...Si vous savez qui je suis, alors qu'on en finisse.
La jeune elfe se maudit de ne pas s'être plus renseignée sur ce qui se passait à Ra'Sibe avant de s'y échouer. De quoi voulait donc parler cette jeune elfe ? Oliana n'en savait rien et quêta l'aide d'Arkys d'un regard, en cas de problème. Faisant fît de tout instinct de survie, elle leva ses mains pour que son interlocutrice les voit bien, et s'assit à ses côtés. Son coeur battait à tout rompre, elle était vraissemeblablement en danger, l'elfe l'avait mise en garde. Toutefois sa compassion la poussait à braver les limites du raisonnble. Au bord d'un précipice, il est fort possible de tomber mais tant que l'on garde les pieds sur terre, tout reste encore possible.
Mon nom est Oliana, Oliana Délyiss. Je ne sais pas qui tu es. Je ne me tiens que très peu au courant des choses qui se déroulent dans le monde. Je n'en ai en rien à faire en fait, si tu veux savoir, tant que cela ne concerne pas la Vie en général ou moi plus particulièrement.
L'elfe qui lui faisait face était potenciellement dangereuse, il fallait faire attention et s'adresser à elle en douceur. La raisonner de commettre un acte stupide qu'elle regretterait par la suite, telle était la volonté d'Oliana, qui retenait quelques tremblements. Son sang froid pouvait s'avérer fort étendu dans certaines situations. Il arrivait à présent, petit à petit à la calmer et lui dicter sa conduite.
La jeune elfe vérifia si du monde se trouvait alentour. Personne, mis à part un Arkys silencieux. Elle redoutait aussi bien la réaction du dragon que celle du membre de sa race. À vrai dire, au moindre faux mouvement, elle était quasi certaine de ne pas être la seule en danger dans cette pièce. Sa confiance totale en Arkys finit de la convaincre de ce fait.
Retournant son attention vers l'inconnue, elle poursuivit son discours.
Peut-être me tuerez-vous, convint-elle doucement, mais je n'en veux pas croire un mot. En fait, je pense que ma mort ne vous apporterait rien mis à part des ennuis. Et d'après ce que j'ai cru comprendre, vous avez déjà assez d'ennuis comme ça.
Elle reprit une profonde inspiration, son coeur s'était calmé mais l'adrénaline commençait à se répandre en elle, sous l'imminence du danger. Trop téméraire peut-être, alors que maints autres seraient déjà partis en courant, elle reprit, en parlant lentement, ses yeux rivés à ceux de l'elfe qui lui faisait face, guettant la moindre réaction.
Je ne vous connais pas, certes, c'est un fait établi, mais je connais le monde. Si vous fuyez jusqu'à vos dieux alors ne restez pas ici. Les hommes ne fairont qu'agraver votre situation. Quittez la capitale, cela vaudra mieux que vous morfondre. Ceci n'étant qu'un conseil.
Ce qu'elle avait à dire était dit. Il n'y avait plus rien à rajouter. Ses mains toujours en évidence un peu en dessous des épaules, elle se releva et resta un instant face à l'inconnue. Si réaction il y avait, elle ne manquerait pas de venir, et le pire pouvait encore arriver, aussi Oliana resta sur ses gardes, un peu plus distante à présent.

Si Arkys avait été sous sa forme de dragon, ce serait un puissant rugissement qu'il aurait poussé, rugissement qui aurait résonné durant quelques secondes dans l'église, normal avec autant d'espace inoccupé au-dessus de leurs têtes. Si cela avait bien été le cas, ce serait un signe évident de menace, le message aurait été clair, ne touche pas à cette elfe si tu tiens à la vie.
Sauf que, dans le cas présent, Arkys se trouvait sous une forme nettement plus fragile, et également, moins impressionnante, sans compter que rugir en tant qu'humain, ça aurait donné une scène ridicule plutôt qu'un avertissement. Le dragon se contenta juste de foudroyer du regard Enna, cherchant à faire passer ce même message, même si l'effet d'intimidation en étant largement amoindrie.

Arkys cherchait un moyen de protéger Oliana efficacement, il pensait bien évidement à ses pouvoirs pour cela, mais créer une barrière protectrice grâce à l'eau serait trop gourmand en énergie, et le dragon risquait de bien vite s'épuiser si l'elfe attaquait à plusieurs reprises, ce serait plus facile si il pouvait prévoir à l'avance la nature de son attaque. Il voulut adopter une autre approche pour minimiser les risques, bien lui faire comprendre qu'il valait mieux pour elle de rester calme.
Et comme pour insister sur les paroles d'Oliana, disant que la tuer apporterait à Enna rien si ce n'est des ennuis, le dragon se mit à hauteur de celle qu'il protégeait et ajouta.

Oui, je te déconseille vivement de la tuer si tu tiens à ta vie, dans le cas contraire, je me chargerai de déverser ton sang en guise de leçon.

Et comme pour bien marquer le coup, Arkys s'approcha révélant ses yeux identiques à sa forme draconienne, et ainsi montrer sa véritable nature. L'idée était là, intimider l'Enna, et espérant ainsi la dissuader de mettre sa menace à exécution. Il espérait juste que cela serait efficace, car dans le fond, c'était surtout du bluff. N'ayant pas l'habitude d'être sous forme humaine, Arkys aurait quelques difficultés à protéger efficacement Oliana, et reprendre son apparence de dragon se révélait impossible dans l'enceinte de la ville, et encore moins à l'intérieur d'un bâtiment.
Après cette tentative de bien faire comprendre qu'il valait mieux laisser les armes là où elles étaient, car le dragon caché sous sa cape préférait avant tout éviter le conflit, Arkys retourna près d'Oliana.

Puis inutile de nous menacer, qu'importe ton passé et ce que tu as fais il y a bien longtemps. Tu as entendu Oliana, on ne te connait pas, et on te veut aucun mal. Cette discutions fit penser à un petit détail dont le dragon aurait aimé connaitre la réponse. D’ailleurs Oliana, tu pourrais me rappeler la raison pour laquelle on est venu ici ?

Au lieu de repousser l'elfe inconnue, cette dernière tenait à rester auprès de moi. Elle n'avait rien à gagner en choisissant de m'aider, au contraire. Mais peu m'importait tout cela : l'église, l'elfe, son gardien, la ville, ce monde, même moi. Tout ce que je voulais c'était revenir en arrière, ou continuer cette aventure en lui donnant un sens. J'avais pas pensé à cela dans ma fuite précipitée. Tout était allé tellement vite, que je ne m'étais pas préoccupée de choisir une route, et au lieu de vivre une aventure, je vivais une fuite, car j'étais sans doute recherchée par mon peuple !

Je regrette tellement.... Je regrette tout cela, ma maladie incurable, la vie d'efforts que j'ai menée, et surtout, le fait d'être tombée amoureuse d'un faux-jeton, qui maintenant va me maudire jusqu'à la fin de mon existence ! Tout ça sur un coup de tête, je m'étais emprisonnée, condamnée à mort toute seule, sur un éclat trop violent ! Je regrette tellement...

Je remarquai que la présence de l'elfe se trouvait à côté de moi, elle avait prit place sur un siège voisin au mien. Elle avait les mains en évidence, signifiant que ses intentions étaient neutres.

Mon nom est Oliana, Oliana Délyiss. Je ne sais pas qui tu es. Je ne me tiens que très peu au courant des choses qui se déroulent dans le monde. Je n'en ai en rien à faire en fait, si tu veux savoir, tant que cela ne concerne pas la Vie en général ou moi plus particulièrement....Peut-être me tuerez-vous, mais je n'en veux pas croire un mot. En fait, je pense que ma mort ne vous apporterait rien mis à part des ennuis. Et d'après ce que j'ai cru comprendre, vous avez déjà assez d'ennuis comme ça.

Oui, je te déconseille vivement de la tuer si tu tiens à ta vie, dans le cas contraire, je me chargerai de déverser ton sang en guise de leçon.

Quoi ?! Il veut me tuer ?! Je savais bien que quelque chose ne tournait pas rond chez eux ! Ils sont bel et bien venus pour moi alors ! Je ne pensais pas qu'ils feraient appel à un mage contre moi ! Quoi ? Penser que je suis si dangereuse qu'ils avaient besoin de faire appel à la magie pour m'abattre ?! C'est complètement idiot ! J'étais tellement en colère, que je pris le chemin de la sortie brutalement, manquant de bousculer les deux chargés de l’exécution...

Quoique, s'ils venaient pour moi, autant leur faire plaisir. Une sorte de symbole se trouvait au milieu de l'église, une image ronde, je pris place au milieu de cette image, puis je me tournai vers ces tueurs à gage, levant les bras au ciel, tendus, et je criais :

Alors ?! Qu'attendez-vous pour me blesser mortellement ?! Je n'ai plus rien à attendre de la vie ! Peu m'importe de vivre ou non, je suis déjà condamnée à l'exil ou à la mort de toutes façons ! Alors si une prime est mise sur ma tête, prenez-la, maintenant !

Je restai comme ça un moment, puis voyant qu'ils ne bougeaient pas, je continuai de me diriger vers la sortie, décidée à provoquer une bagarre, ou je ne sais quoi qui pourrait me tuer. Mais les deux protagonistes n'en avaient pas fini avec moi.

Je ne vous connais pas, certes, c'est un fait établi, mais je connais le monde. Si vous fuyez jusqu'à vos dieux alors ne restez pas ici. Les hommes ne feront qu'aggraver votre situation. Quittez la capitale, cela vaudra mieux que vous morfondre. Ceci n'étant qu'un conseil.

Puis inutile de nous menacer, qu'importe ton passé et ce que tu as fais il y a bien longtemps. Tu as entendu Oliana, on ne te connait pas, et on te veut aucun mal...D’ailleurs Oliana, tu pourrais me rappeler la raison pour laquelle on est venu ici ?

Une seconde d'inattention, pour les écouter, et je tombai au sol, me rattrapant sur les mains, l'espace d'une seconde, je ne pensai à rien, puis tous ces mauvais souvenirs accumulés, tous les problèmes que j'avais traversés revinrent subitement en moi, m'envahirent. Je sombrai dans une dépression incontrôlable. Je pleurai sans pouvoir me cacher, réalisant que j'étais vraiment trop fragile pour affronter le monde. D'une voix exaspérée par ce retour des choses, je finis par dire :

Dites-moi simplement si vous voulez ma tête, ou alors ramenez-moi vers la sortie, ou au village, je sais pas, mais ne me laissez pas comme ça !

C'est bien parce qu'elle avait senti le coup venir qu'Oliana réussi à garder son calme au moment où Arkys commença à menacer Enna et que cette dernière s'énerva. Garder son calme était la clé qui permettrait à la situation de ne pas déraper. Elle resta de marbre durant tout le discours qu'elle-même prononça, resta de marbre face aux répliques de Arkys, resta de marbre devant les réactions désarmantes de la dangereuse inconnue. Toutefois, elle ne pourrait pas se contenir très longtemps.
Puis inutile de nous menacer, qu'importe ton passé et ce que tu as fais il y a bien longtemps. Tu as entendu Oliana, on ne te connait pas, et on te veut aucun mal.
L'elfe, qui était allée se réfugier plus loin, tomba au sol. Le premier sentiment d'Oliana fut celui de la compassion. Elle ne savait quels tourments agitaient cette inconnue, mais elle ne doutait en rien du fait que cela forma en elle une plaie aussi béante, aussi douloureuse que sa perte de mémoire à elle. Puis jaillit en elle un début de ressentiment pour la réaction d'Arkys. Toutefois, cela fit rapidement place à la certitude qu'il agissait ainsi pour la protéger.
D’ailleurs Oliana, tu pourrais me rappeler la raison pour laquelle on est venu ici ?
Une question si improbable dans une situation si singulière. Oliana en resta coite un instant.
Dans cette église ? Nous y sommes...
Une issue de secours ! Cette question lui offrait une issue de secours ! Elle allait y répondre lorsque l'elfe fondit en larmes. Qu'avait-elle brusquement ? Elle qui, il y a quelques secondes encore, se montrait si véhémente. Oliana fit un mouvement en direction de l'inconnue puis se ressaisit. Le danger était tout de même présent à ce moment, il ne fallait pas se laisser attendrir. Lentement, son regard se fixa dans celui d'Arkys. Je t'en pris, ne la brusque pas, dirent ses yeux dans un langage inaudible.
Dites-moi simplement si vous voulez ma tête, ou alors ramenez-moi vers la sortie, ou au village, je sais pas, mais ne me laissez pas comme ça !
Ce fut l'appel qui brisa la glace. Dans la seconde, Oliana se trouvait aux côtés de la malheureuse. Si elle décidait de la tuer, c'était pour elle une occasion de choix. Toutefois Oliana ne craignait pas d'attaque à ce moment. Lorsqu'un être près d'elle était en mauvaise posture ses pensées étaient focalisées sur lui, sans autre point d'attache.
Nous sommes ici, poursuivit Oliana à l'intention du dragon, bien qu'elle fixa manifestement l'elfe qui se trouvait face à elle, parce que j'y suis rentré pour me soutirer à l'emprise de la foule qui me gênait. La capitale m'exaspère, les humains encore plus.
Elle laissa ses paroles flotter avant de conclure :
Tu vois que nous ne sommes pas venus pour toi.
Bien... Elle espéra que ses paroles calmeraient l'elfe. Et sur ce elle s'approcha d'elle et lui tendit la main. Si elle décidait de l'attaquer, elle était très certainement fichue, et elle était consciente du risque qu'elle prenait. Mais elle était aussi consciente que, quand elle avait perdu la mémoire, elle aurait aimé trouver quelqu'un pour lui tendre la main.
Cette pensée ramena à son esprit son tout premier souvenir...

« Un ravin, une pierre, du sang. Les yeux entrouverts, c'est sa première vision. Un éclair déchire le ciel et l'aveugle. Elle rabaisse ses paupières. Le sol est chaud sous son corps allongé. L'herbe verte autour d'elle a souffert du Soleil brûlant. Sa lumière vive, masquée par intermittence par de petits nuages blancs, blesse ses yeux.
Après un court instant d'hébétude durant lequel elle observe les alentours, elle se décide à se relever. Le premier mouvement de cou laisse une douleur électrique s'emparer de sa tête. Elle reprend sa position initiale mais malgré cela le mal reste. Sa vue se trouble sous son effet.
Toutefois celui-ci commence à réveiller ses fonctions mentales. Et là vient la fatale question : « Qui suis-je ? ». Un frisson la parcourt des pieds à la tête et elle se recroqueville. Sa peau la tire. Un coup d'oeil lui permet de voir qu'elle est brûlée par le Soleil. La souffrance irradie. Momentanément immobilisée, quelques larmes affluent à ses yeux. Qui était-elle ? D'où venait-elle ? Que faisait-elle ici ? Que lui était-il arrivé ? Un quart de siècle plus tard, elle n'aurait toujours pas toutes les réponses à ces questions.
Un oiseau tourne haut dans le ciel, dans son champ de vision. Il reste flou mais la jeune elfe se raccroche à son image. Son tourbillon crée un contact entre la réalité et elle. Un contact fin, infime encore, mais qui peu à eu la tire hors de son état de flottement. Que se serait-il passé si quelqu'un était alors passé par là ? Si cette même personne l'avait repéré ? Si elle avait décidé de l'aider ? Si elle lui avait tendu la main ? Des années plus tard, elle devrait y songer souvent. Son avenir aurait pu changer du tout au tout. Peut-être que le traumatisme aurait été moins difficile à surmonter. Peut-être son passé aurait-il refait surface plus rapidement... Des suppositions...
Au bout de quelques minutes l'oiseau disparaît de sa vue. Déçue, l'elfe trouve la force de le chercher des yeux. Elle ne le trouve pas. Précautionesement elle se redresse sur ses coudes. Des arbres, un peu plus loin, masquent l'horizon. Sa vue s'adapte enfin. La douleur, la chaleur, et la lumière sont toujours là, elles.
Les choses commencent à se transformer dans sa tête. Son instant de survie prend le dessus et reprend le contrôle. Elle a faim, elle a soif, elle a sommeil malgré son réveil précédent. Son corps se redresse, se relève. Il escalade le ravin avec difficulté. Des branches et des feuilles entassaient drôlement informe l'elfe qu'elle a dû tomber dans un piège.
Elle est complètement perdue... »

Sa respiration oscilla entre rapidité et lenteur lorsqu'elle reprit pied. Le coeur au bord de la crise, elle tenta de retrouver son calme. La main toujours tendue, sa détermination ne bougea pas d'un cran. Seul son subconscient vacillait lentement. Sa mémoire se remplissait petit à petit d'image confuses, qu'elle ne pouvait toujours pas décrypter. Mais au moins les souvenirs s'installaient. Ils refairaient certainement surface bientôt.
Déconcentrée et pourtant imperturbable, Oliana attendit une réaction.

Le dragon fut quelque peu surprit par la réaction d'Enna suite à son intimidation. Il voulait l'intimider certes, et ainsi éviter le combat. Là était son objectif, pour préserver la santé d'Oliana à qui il avait offert sa protection. Voila les motivations qui l'avaient conduit à agir de la sorte, car si il avait eut à décider, à cet instant il sera probablement loin de la cité humaine à voler dans les nuées.
Sauf que le résultat obtenu était loin d'être celui attendu, la réaction de l'elfe était disproportionnée à ses yeux, elle qui passait des menaces à implorer qu'on lui donne la mort. Elle voulait mourir ? Dommage pour elle, car Arkys n'était pas du tout venu pour ça, le dragon éprouvait aucun plaisir à déverser du sang inutilement. Et puis, si cette elfe tenait vraiment à ce qu'un tel sort lui soit infligé, elle n'avait qu'à trouver le courage elle-même de passer à l'acte, et ce n’était pas le dragon qui allait se salir les pattes de son sang.
Cependant, le dragon éprouva du remord pour ce qu'endurait Enna, car c'était en partie de sa faute si elle était submergée par la détresse. Il s'en voulait contre lui-même, lui ne pensait qu'à protéger Oliana, et éventuellement mettre en pièce tous ceux qui présentaient une menace pour elle. Mais voir Enna éclater en sanglot par sa faute, ça lui était insupportable. Il allait tenter de s'excuser, d'essayer de réparer le mal qu'il avait fait, mais Oliana prit les devants pour chercher à réconforter et rassurer Enna. Le dragon ne dit pas un mot, et resta en retrait un instant.

Il attendit, dardant sur Enna ses yeux. Il fit que la fixer, pas une seule seconde s'écoula durant laquelle le dragon aurait détourné le regard. Le dragon scrutait le visage de l'elfe, ses mains, guettant le moindre signe lui indiquant qu'elle pourrait passer à l'attaque. Le dragon se préparait donc à agir en conséquence. Il n'aimait pas l'idée qu'Oliana s'expose ainsi.
L'elfe qu'il devait protéger semblait être sur la bonne voie pour montrer qu'il n'avait ni l'un ni l'autre des attentions hostiles à l'encontre d'Enna. Mais l'attitude du dragon n'aidait pas dans ce sens, bras croisés, réfugié dans un mutisme, et la dardant de son regard, il était évident que pour mettre en confiance les autres, il y avait mieux.

Le dragon consentit donc à faire un effort dans ce sens. Le dragon s'approcha donc, mais restant derrière Oliana, valait mieux éviter de l'effrayer une fois de plus ou de la brusquer. Cherchant à paraître amical dans sa voix et les expressions de son visage. Pas vraiment facile pour lui, être sous une apparence humaine était si différent que de sa forme de dragon à laquelle il était habitué.

Je suis navré, je ne voulais en aucun cas te faire du mal, j'ai mal anticipé sur tes réactions croyant que tu voulais t'en prendre à Oliana. Mais comme elle le dit, nous ne sommes pas venu pour mettre un terme à ta vie, bien au contraire, je suis même prêt à te venir en aide si il le faut.

Arkys était sincère quand il proposait son aide, même si il ne voyait pas à l'instant présent quoi faire pour aider Enna à mieux se sentir. Et ignorer tout d'elle n'allait pas faciliter les choses.

Nous sommes ici, parce que j'y suis rentré pour me soutirer à l'emprise de la foule qui me gênait. La capitale m'exaspère, les humains encore plus...Tu vois que nous ne sommes pas venus pour toi.

Finalement, ils n'étaient peut-être pas venus m’arrêter, ou pour me tuer... Mais comment en être vraiment sûr ? Rien ne le prouvait, une parole contre une autre...Avec des mots, on peut croire à des rêves ou percuter de plein fouet la réalité des choses. Avec des mots, on peut libérer des âmes, ou les piéger, pour les manipuler, ou peut sauver des vies, ou les condamner...

Mais ils ne s'en étaient pas arrêtés là, l'elfe du groupe s'était avancée vers moi, me tendant la main. Je la voyais, mais je n'osais pas croire qu'elle voulait m'aider, comment pourrait-on aider une meurtrière, à part si on n'avait pas eu vent de cette information... C'était peut-être vrai, finalement, qu'ils ne savaient rien sur mon compte, qu'ils voyageaient depuis longtemps, et qu'ils n'étaient pas informés de cette affaire...

Mais je ne pouvais pas le prouver, et eux non plus... Je devais faire un choix, leur faire confiance, ou fuir.. Fuir où ? J'étais piégée par l'immensité de la ville et l'étrangeté des gens, j'avais été attristée qu'il existait au-delà de la forêt de telles erreurs, de tels crimes, de tels mensonges... Et puis, même si je tenais à rentrer chez moi, comment je serai accueillie ? Les elfes auraient-ils pris le temps de détailler l'affaire qui m'a poussée à disparaître ? Si j'étais accueillie comme une traîtresse, je ne survivrais pas à cela, oh que non...

Ce symbole de la main tendue avait une bien plus grande valeur que le fait de m'aider à me relever, il témoignait en quelque sorte de la confiance que ce groupe voulait bien m'accorder, et même si je ne savais pas si je pouvais leur faire confiance, je ne pouvais affirmer maintenant qu'ils en voulaient à ma vie, je n'avais pas vraiment d'autres choix que de les suivre...

Je suis navré, je ne voulais en aucun cas te faire du mal, j'ai mal anticipé sur tes réactions croyant que tu voulais t'en prendre à Oliana. Mais comme elle le dit, nous ne sommes pas venu pour mettre un terme à ta vie, bien au contraire, je suis même prêt à te venir en aide si il le faut.

Je murmurai rapidement :

Tout ce que je souhaite, c'est rentrer chez moi, en ayant la sûreté de ne pas être exécutée la-bas, en ayant l'assurance que les elfes ne m'ont pas tournés le dos, que Tinuwÿn lui-même n'est pas en colère après moi, pouvez-vous m'aider à trouver ces réponses ?

Sans bouger, je reprenais le contrôle de moi-même, sans comprendre pourquoi je venais à prendre cette décision, je restai figée dans la crainte des miens, bloquée par tous ces changements. Surtout, je n'avais plus la force de faire quelque chose. La fatigue m'engourdissait petit à petit. Je pris un ton plus clair, pour que les deux personnes m'entendent.

Excusez-moi de vous avoir malmené, je n'ai pas eu beaucoup de ménagement depuis quelques temps, à commencer par...

Je m'arrêtai aussitôt, je n'avais pas envie de parler de ce meurtre, je n'avais pas vraiment la force de l'évoquer sans retomber dans un profond chagrin...

La tension accumulée dans le corps de la jeune elfe parut se dissiper devant le calme que magnifestait à présent Arkys. Il était là, prêt à l'aider tout en conservant une distance raisonnable avec Enna. Ce changement, tout en étant presque infime, revêtait une grande importance dans la suite des événements, Oliana en avait parfaitement conscience. Si l'elfe qui lui faisait face n'était pas mise en confiance rapidement, il serait moins facile de lui faire abandonner ses idées de meutre.
Je suis navré, je ne voulais en aucun cas te faire du mal, j'ai mal anticipé sur tes réactions croyant que tu voulais t'en prendre à Oliana. Mais comme elle le dit, nous ne sommes pas venu pour mettre un terme à ta vie, bien au contraire, je suis même prêt à te venir en aide si il le faut.
Cette réplique d'Arkys acheva de lui donner grand espoir en une bonne issue pour leur situation. Oliana se permit même un sourire, pourtant peu approprié, autant à la situation qu'au souvenir qui venait de lui revenir en mémoire. Elle préféra mettre ce dernier de côté et écouter ses convictions pour la suite. Son sourire ne s'en élargit que davantage.
Tout ce que je souhaite, c'est rentrer chez moi, en ayant la sûreté de ne pas être exécutée la-bas, en ayant l'assurance que les elfes ne m'ont pas tournés le dos, que Tinuwÿn lui-même n'est pas en colère après moi, pouvez-vous m'aider à trouver ces réponses ?
Oui ! C'était confirmé ! Il n'y avait plus de danger.
Toute appréhension passée, Oliana réfléchit aux propos de l'elfe. Et l'évidence lui sauta aux yeux. Elle n'avait qu'une issue dans cette affaire. Après sa perte de mémoire, elle aurait aimé trouver quelqu'un pour l'aider et la soutenir, lui tendre la main. L'elfe avait besoin de son aide. De son aide et de celle d'Arkys. Comment aurait-elle pu lui refuser la sienne ?
Excusez-moi de vous avoir malmené, je n'ai pas eu beaucoup de ménagement depuis quelques temps, à commencer par...
Oliana laissa passer un temps avant de répondre. La peine de l'elfe semblait être très grande.
Peu importe ce que tu as fait, saches que cela m'est bien égal. J'ai moi-même à supporter mes propres problèmes, et je sais qu'une aide est toujours la chose la plus précieuse pour les gens dans le besoin. Je ne peux tout simplement pas te refuser mon aide, malgré que je ne sois pas certaine qu'elle te servira beaucoup.
Elle marqua une courte pause histoire de rassembler ses pensées. Son regard s'orienta presque automatiquement vers la statue de Tinuwÿn, et la suite de son discours se forma automatiquement.
Les réponses sont des choses tout aussi essentielles que l'aide, et pour les trouver, il n'y a qu'une seule et unique règle : les chercher. Ce n'était pas prévu dans mes plans, quoique cela pourrait me servir, mais si tu as besoin de mon aide pour revenir chez ton peuple je te l'accorde. Je ne sais pas ce qu'en pense Arkys, c'est peut-être précipité, mais peut-être nous accompagnera-t-il.
Elle jeta un coup d'oeil à l'intéressé. Quelle idée venait de la piquer ? L'idée que c'était de son devoir d'accompagner l'elfe peut-être. Éspérons qu'Arkys approuve ! Elle le voulait à ses côté durant cette aventure, c'était une chose sur laquelle elle ne transigerait certainement pas.
En ce qui concerne Tinuwÿn... Je ne peux pas juger de l'attitude d'un Dieu face à une situation. Mais tu as l'air d'être attachée à cette divinité. Tinuwÿn doit bien te le reconnaître, ne t'inquiètes pas.
Main toujours tendue, sourire toujours présent, Oliana se plut à penser que tout allait pour le mieux. Pendant un instant, elle oublia même la capitale dans laquelle elle se trouvait, tous ses humains qui se pressaient dans les rues. Puis elle en vint à reprendre conscience du flux extérieur, du ras-de-marée de la population contre les flancs du bâtiments. Les vagues finiraient par pénétrer à l'intérieur, ce n'était qu'une question de temps. Et si quelqu'un entrait, au vu de la condition d'Enna...
Je crois que nous ne devrions pas nous attarder...

Enna voulait retourner chez elle, mais craignait la réaction de son peuple pour un acte dont il ignorait la nature. Libre à elle de le lui révéler à lui ou à Oliana, c'était de son choix, et puis le dragon ne voulait pas la brusquer en insistant pour connaitre la nature même de ce qui ronge l'âme d'Enna. Cependant, il ne pouvait pas satisfaire la requête de l'elfe, même si il voulait l'aider, et ainsi se faire pardonner d'avoir été agressif, il ne pouvait pas non plus lui garantir que l'accueil de son peuple soit celui qu'elle voulait.
Non, c'est vrai que face au problème de l'elfe, il ne savait pas comment lui venir en aide, tâche d'autant plus compliquée vu qu'il ignorait le crime de l'elfe, alors difficile d'anticiper les réactions de son peuple. Enna présenta également ses excuses pour son comportement, et Arkys apprécia qu'elle prenne la peine de le faire. Il lui répondit sur un ton amical, se voulant rassurant.

Ce n'est rien, tu as pris peur en nous prenant pour ce que nous n'étions pas, sous l'effet de la terreur, c'est compréhensible de réagir ainsi. Et puis, il faut bien plus que quelques mots pour abattre un dragon.

Ceci dit, Oliana reprit la parole, cherchant à rassurer l'elfe. Enna elle voulait de l'aide, et aussi qu'on l'accompagne pour se rendre sur les terres des elfes, sans doute voulait elle garantir une certaine sécurité pour sa vie. Oliana voulut lui venir en aide et se proposa donc de la rejoindre, tout en espérant qu’Arkys, lui-même allait en faire de même. Mais de la façon dont c'était dit, le dragon se sentit mit de côté, il avait envie de hurler quelque chose du genre "Je suis là, je vous écoute, pas la peine de faire comme si j'étais à l'autre bout de l'église." C'était limite vexant, comme si il allait faire le gentil dragon qui porte le duo d'elfes où bon lui semblait.
Il rechigna un instant à répondre, déjà il se voyait mal refuser de les accompagner alors qu'il venait tout juste de déclarer qu'il allait lui venir en aide. Puis autre point qui le fit aller dans ce sens, c'était Oliana, jusqu'où sa promesse de protection allait-elle durer, devait-elle s'arrêter une fois leur passage en ville terminé, ou alors se poursuivait-elle encore ? Arkys n'y trouvait pas de réponse claire et nette, jusqu'où protéger Oliana allait donc le conduire. Puis autre chose lui disait qu'il devait l'accompagner, il n'arrivait pas à mettre la griffe dessus, mais il le sentait, sans pouvoir y donner une raison logique. Il déclara.

Oui Oliana, je vous accompagnerai vous deux. Puis ajouta pour faire une pointe d'humour. Mais hors de question d'être prit pour une bête de somme. Cette fois, il redevient plus sérieux. Cependant, si on doit se rendre sur les territoires des elfes, et que tu as quelque chose de lourd à te reprocher vis-à-vis d'eux, j'aimerais en connaitre davantage. Pas par curiosité, mais par sécurité, je dois savoir à quoi on doit s'attendre en t'accompagnant là-bas, je ne tiens nullement à y perdre la vie pour quelque chose qui me regarde en rien. Je pense que tu peux comprendre le pourquoi de ma demande, après inutile d'aller dans le détail.

Oliana finit par déclarer qu'il serait judicieux de ne pas s'attarder en ce lieu, il approuva d'un signe de tête, ne prenant pas la peine d'ajouter des mots, pour lui, c'était suffisamment clair, il valait mieux prendre la route au plus tôt. Puis il ne tenait pas particulièrement à s’éterniser dans la cité des Hommes.

Ce n'est rien, tu as pris peur en nous prenant pour ce que nous n'étions pas, sous l'effet de la terreur, c'est compréhensible de réagir ainsi. Et puis, il faut bien plus que quelques mots pour abattre un dragon.

Peu importe ce que tu as fait, saches que cela m'est bien égal. J'ai moi-même à supporter mes propres problèmes, et je sais qu'une aide est toujours la chose la plus précieuse pour les gens dans le besoin. Je ne peux tout simplement pas te refuser mon aide, malgré que je ne sois pas certaine qu'elle te servira beaucoup...Les réponses sont des choses tout aussi essentielles que l'aide, et pour les trouver, il n'y a qu'une seule et unique règle : les chercher. Ce n'était pas prévu dans mes plans, quoique cela pourrait me servir, mais si tu as besoin de mon aide pour revenir chez ton peuple je te l'accorde. Je ne sais pas ce qu'en pense Arkys, c'est peut-être précipité, mais peut-être nous accompagnera-t-il. En ce qui concerne Tinuwÿn... Je ne peux pas juger de l'attitude d'un Dieu face à une situation. Mais tu as l'air d'être attachée à cette divinité. Tinuwÿn doit bien te le reconnaître, ne t'inquiètes pas.

Oui Oliana, je vous accompagnerai vous deux, mais hors de question d'être pris pour une bête de somme. Cependant, si on doit se rendre sur les territoires des elfes, et que tu as quelque chose de lourd à te reprocher vis-à-vis d'eux, j'aimerais en connaitre davantage. Pas par curiosité, mais par sécurité, je dois savoir à quoi on doit s'attendre en t'accompagnant là-bas, je ne tiens nullement à y perdre la vie pour quelque chose qui me regarde en rien. Je pense que tu peux comprendre le pourquoi de ma demande, après inutile d'aller dans le détail.

Je ne penais plus a rien, je ne disais rien, c'est comme si je sombrais, c'étiat une impréssion étrange, des images de ces dernières semaines défilaient dans mon esprit : le meurtre, la rencontre avec un dragon, le voyage dans les airs, cette ville...cette perdition, cet homme étrange, et son capitaine aggressif, l'errance, et l'église...Il me semblait que plus je voyais ces images, plus je perdais mes sens...J'eus la force de répondre a ce Arkys, qui semblait être un dragon, lui-aussi.

Si....si je suis....aussi attristée de retourner...au village elfe...c'est....c'est parce que...j'ai commis un meurtre...et...et j'ai peur de leur réaction...les elfes...Tinuwÿn...Je regrette mon acte...je vous le jure...AH !

Une violente douleur me piqua au ventre ! Elle m'avait réveillée, secouée, sortie de mon hébètement, mais elle pompait mon énergie, et plus elle durait, plus la douleur s'intensifait. Je serrais les dents aussi fort que possible pour ne pas hurler...

AAAAH !

Ce son s'éternisa, et s'étouffa depuis a source, je venais de perdre conscience.

Arkys accepta des les accompagner, ce qui lui valut des remerciements mentaux qui, s'il ne pouvait pas les entendre, n'en étaient pas moins sincères et pleins de gratitude. Il aurait toutefois été dommage qu'il n'en profite pas, ce pourquoi elle se décida à se répéter à voix haute.
Merci beaucoup Arkys. Je te suis sincèrement reconnaissante d'accepter de me suivre un peu plus loin. Je suis certaine que cela peut aider cette elfe, et peut-être même que cela me servira... Et tu n'a pas à t'en faire d'aucune façon, tu ne seras pas pris pour une bête de somme.
Oliana se retourna vers l'inconnue, à laquelle elle faisait toujours face.
Dans tous les cas je suis d'accord avec Arkys, et j'apprécirais donc également que tu nous dises la raison pour laquelle tu te sens rejeter par ton dieu et par ton peuple.
La jeune elfe se mit alors à songer plus sérieusement à l'engagement qu'elle achevait de prendre. Elle allait retourner sur les terres elfiques... Un frisson la parcourut toute entière. La terre de son peuple. Peut-être même la terre de son passé ! Là où elle avait certainement laissé ses racines ! Peut-être le voyage lui rendrait-il la mémoire ! Peut-être retrouverait-elle ses parents ! Peut-être... Les idées pleuvaient dans sa tête. Elle s'imagina retrouvant la trace perdue de son enfance, remontant dans ses souvenirs jusqu'à leur source, retrouvant le cour de toute sa vie, la mémoire de son accident. Elle pensa à sa vie si elle retrouvait sa famille, à la paix d'une vie posée, à un mariage peut-être même, quoiqu'elle n'en ait jamais envisagé, à des enfants qui viendraient peut-être. C'était pour elle une drôle de chose que de songer à cela, comme si elle avait observé un portrait parfait derrière l'un des grandes vitrines des magasins de Ra'Sibe. Tout cela était si beau, si inaccessible. Comment cela aurait-il pu se réaliser ?
*Avec de l'espoir et de la chance, se dit-elle gravement. Beaucoup d'espoir et de chance. *
Sa vie ne pouvait tout de même pas se résumer à une errance farouche, à une peur constante. Son existence devait prendre un nouvel envol. Oliana allait trouver sa voie, elle en était sûre. Cela ne pouvait être envisagé autrement, ou serait revenu à admettre le plus gros échec qu'elle ait à endosser : celui de perdre sa raison de vivre. Après tout, depuis toutes ses années, n'avait-elle pas lutté dans l'unique but de retrouver son passé et sa vie d'avant ?
Ses réflexions furent interrompues par la réponse de l'elfe à la demande d'Arkys. Oliana la trouva plus affligée encore que toutes les autres fois où elle avait pu prendre la parole.Elle semblait sombre et distante.
Si....si je suis....aussi attristée de retourner...au village elfe...c'est....c'est parce que...j'ai commis un meurtre...et...et j'ai peur de leur réaction...les elfes...Tinuwÿn...Je regrette mon acte...je vous le jure...
Un meurtre ! Voilà donc ce qui la retenait ! Voilà ce qui troublait autant son âme !
Oliana venait de proposer son aide à une meurtrière et elle ne savait plus comment agir. Certes, elle disait regretter son acte, et elle en avait l'air, mais comment être certaine de ses intentions ? Voilà qui compliquait les choses, d'une manière dont elle se serait bien passée. Ses projets tombèrent en miettes éparses aux quatres coins de son esprit. Elle ne retirait pas sa propsition, mais comment être bien vue, de retour après des années auprès de son peuple, si elle ramenait une meurtrière ? Recherchée qui plus est.
Elle se prit à penser à un futur différent. Celui qu'elle passerait peut-être auprès de l'inconnue et d'Arkys derrière les barreaux d'une prison elfique, à deux pas du bonheur rêvé un instant plus tôt. Que faire ? Que faire ? Oliana obliqua son regard vers la statue du dieu des elfes, comme si elle s'attendait à ce qu'il lui dicte le chemin à suivre. Mais la statue resta de marbre, sans esquisser la moindre expression. Bien... mieux valait tout de même laisser à l'inconue une chance de s'expliquer. Qui sait, peut-être son meutre était-il excusable d'une quelqconque façon ?
Pas le temps de crier gare, ni de demander des précisions à l'elfe. Celle-ci poussa un hurlement déchirant qui se répercuta au centuple dans la chapelle déserte. Oliana se précipita à son secours et se laissa tomber à genoux devant elle, impuissante. Elle gisait, inconsciente, sur le sol de pierre froide. Oliana lui souleva les épaules pour la placer en position assise et l'appuyer sur elle, vérifiant sa température d'une main tremblante. Elle n'était pas acolyte, ni savante, et ne savait en aucun cas quoi faire dan une pareille situation. Alors elle se tourna, suppliante, vers Arkys.
Arkys ! À l'aide ! Elle a perdu connaissance ! Qu'est-ce qui lui arrive ?
Elle allait pourtant bien quelques secondes plus tôt. Son malaise était-il dû à son aveu du meurtre qu'elle avait commis. Oliana, alarmée, attendit dans l'impatience et l'anxiété de voir l'elfe se réveiller d'une seconde à l'autre, et espéra une aide précieuse d'Arkys, complétement perdue.

Tout semblait bien se passer, Enna était enclin à accepter leurs aide, Oliana était ravie que le dragon poursuive sa route en sa compagnie. Tout semblait aller au mieux, et pourtant, Enna finit par avouer son lourd secret. Arkys aurait pensé qu'obtenir des aveux aurait été plus hasardeux, mais au contraire, exposer sa logique pour mieux comprendre ce que vivait l'elfe avait suffit.
La vérité sur Enna, elle n'était pas plaisante à attendre, Oliana et lui étaient tombés sur une meurtrière. Et il lui proposait son aide, il en était à la limite du dégoût. Venir en aide à un criminel, c'était cautionner son acte, se rendre complice, ce n’était pas la même chose, mais certaine voyait les complices comme de véritable criminel. Et de toute façon, jamais le dragon n'approuverait un meurtre gratuit. Il se retrouvait donc dans une situation délicate, car ne pas lui venir en aide, serait manquer à sa parole.

Mais il ne réfléchit que peu de temps pour prendre sa décision, il n'allait pas remettre en cause certaines valeur qui lui tenait à cœur, alors temps pis si il avait donné sa parole, il allait essayer de convaincre Oliana de laisser l'autre elfe et de passer leur chemin.
Mais les évènements en décidèrent autrement, car un hurlement fut poussé, qui se répercuta en écho dans l'église, puis le dragon vit Enna s'affaler lourdement sur le sol froid et dur de la construction. Le dragon fut tenté de partir, lui, aurait laissé une criminelle à son triste sort, mais Oliana en décida autrement, le suppliant de lui venir en aide, et Arkys n'avait pas le cœur à le lui refuser.

Le dragon accourut, mais il n'était pas réellement un guérisseur, sa magie lui permettait juste de soigner quelques blessures moyennement grave. Alors que là, Enna semblait avoir perdu connaissance à cause d'émotion trop forte suite à l'évocation de son douloureux souvenir.

Je ne peux pas faire grand chose, physiquement elle à rien, je crois qu'elle à besoin de temps pour récupérer. Vaut mieux pas rester ici et lui trouver un endroit plus adapté, je vais la porter, ouvre la voie devant moi.

Le dragon attrapa l'elfe pour la porter à bout de bras, il faillit y perdre l'équilibre, encore le manque d'habitude de l'apparence humaine. Puis il fixa Oliana, l'air de dire "on peut y aller".

Pendant ce temps où j'étais inconsciente, plus rien du monde réel ne subsistait. Ni l'église, ni la ville, ni passé, ni futur. Je semblais bloqué dans une sote de torpeur, ne pouvant ni bouger, ni parler. Pendant un moment, des images de l'église étaient restées, comme des mirages, puis elle laissèent place a une immensité de ténèbes, où aucun son, aucune lumière ne circulait. Il me semblais que je me voyais trés nettement, comme si j'étais baignée dans la lumière diffuse du bâtiment religieux, mais que je n'étaais qu'une âme, dans une vide absolu. Au bout d'un certain temps, je recouvrai l'usage de mon corps, je pouvais a nouveau bouger me bras et mes jambes. Instinctivement, je me levai. J'étais sur un sol imaginaire, qui ne semblait même pas exister...

La seule question que je me posais, c'était comment j'allais sortir d'içi. Je ne m'étais pas endue compte que je m'étais évanouie, et je ne me posais pas la question de la disparition de l'église de Ra'Sibe. Je ne pouvais pas faie autre chose que me répéter cette question, sans trouver de réponse. La peut me paralysait peu a peu, devant l'absence d'indices sur le lieu dans lequel j'errais...

Soudain, une personne apparut. Plus que le fait que je ne l'avais pas vu arriver, c'était la pesonne en elle-même qui m'avait surprise. Il s'agissait de l'homme que j'avais aimé, et qui, dans mon seul élan de furie, avait été réduit en pièces. Encore une fois, je n'allais pas céder a son image. Je pris mon arc et visai en plein dans sa tête, prêt a tirer.

Que fais-tu içi ? Tu crois pas avoir fait assez de problèmes ?

Depuis l'église, je ne bougeai pas, néanmoins, un seul mot pouvait sortir de ma bouche, a peine audible, comme dans un souffle.

Aldarion...

Le sang battait fort à ses tempes, sa tête la faisait souffrir. Oliana n'arrivait pas à se résoudre à détacher son regard de l'elfe. Sa perte de connaissance l'avait laissée immobile et fragile, étendue sur le sol froid. Arkys ne pouvait pas y remédier. L'appréhension s'empara d'elle. Et si elle ne se relevait pas ? Elle fut parcourut d'un court tremblement qui l'agita toute entière.
Quelque chose lui vrillait le crâne, depuis que l'inconnue était tombée. Quelque chose qu'elle ne pouvait pas maîtriser. Quelque chose qui semblait vouloir s'emparer d'elle. Des images floues d'une plaine idylique s'interposèrent devant ses yeux. L'église. La plaine. L'église. La plaine... Elle ferma les paupières. Un instant elle crut que la noire sérénité qui venait de s'emparer d'elle suffirait à faire taire son mal de tête. Elle se trompait. L'espace de quelques secondes, la douleur s'arrêta pour revenir, encore plus intense. Alors Oliana rouvrit les yeux...

"Elle se trouvait assise dans l'herbe verte. Les oiseaux chantaient l'air d'une fête qu'eux seuls connaissaient. Il faisait chaud. "

La stupeur s'empara d'elle, la vision ne se dissippa néanmoins pas. Elle resta, ébahie, devant le décor suspendu dans le temps.

"Les rayons du soleil lui caressaient le visage, sensation agréable, comme cette journée de fin Juwÿn. Alors qu'elle se détendait de la sorte, un contact la surprit. On venait de l'attrapper et de lui masquer les yeux."

De plus en plus male, Oliana se força à garder une respiration normale. Le son de l'air qui entrait et sortait en sifflant de sa gorge l'appeura. D'où venait cette vision ? Un souvenir ? D'où pouvait-elle ainsi braver la lumière ? Et surtout, qui venait donc de l'attrapper ?

"Oliana sursauta avant de rire aux éclats. Ses yeux étaient toujours couverts.
Qui est-ce ? sussurra une voix masculine à son oreille.
Elle tenta de reprendre un peu de sérieux. Son rire s'arrêta. À la place, un grand sourire se dessina sur son visage.
Toi ! lança-t-elle avec assurance.
La lumière s'alluma à nouveau dans son regard, et elle se laissa basculer en arrière. Allongée dans l'herbe tendre, elle chercha du regard son interlocuteur. Il ne tarda pas à apparaître, sourire aux lèvres, juste derrière elle. Il s'assit à ses côtés.
Alors ? Tes entreprises se couronnent-elles de succès comme tu l'avais prédit ?
Son ton était rieur, l'ambiance légère. Oliana fit mine de se fâcher de la question. Ses lèvres, largement étirées, devaient bien sûr la trahir, mais son but n'était pas d'être crédible.
Comment cela ?! Tu me poses la question ? Ne me crois-tu pas capable de réussir tout ce que j'entreprends ?"

Quoi ?! Son regard oscilla, essayant tant bien que mal de retrouver les repères de la salle à l'intérieur de laquelle elle était cencée se trouver. Sa vue ne bougea pas d'un cil. Devant elle, la même plaine, la même couleur verte, le même homme assis à sa gauche. C'était l'homme de tous ses souvenirs, à n'en pas douter. Son nom essayait de refaire surface dans sa mémoire vacillante, mais à peine frolé, il disparaissait.

"Il fit semblant de ne pas l'avoir entendue. Sa main droite glissa dans l'herbe, les yeux d'Oliana suivant méticuleusement son tracé. Ses doigts saisirent une violette parmis les centaines qui s'étendaient autour d'eux. Ils la portèrent aux cheveux de la jeune elfe, un peu moins long et détachés. L'homme admira un instant le mariage du bleu et du violet au bout de son bras, puis laissa redescendre la fleur, les pétales frôlant la joue et les lèvres d'Oliana au passage. Puis il sembla retrouver la mémoire de ce qu'on venait de lui dire.
Je te sais parfaitement capable de mener à bien n'importe lequel de tes projets habituels... laissa-t-il entendre
Le sourire d'Oliana s'évanouit au fur et à mesure qu'elle analysait la répartie.
Qu'est-ce que tu veux dire ?
La violette retrouva le contact du sol.
Ne fait pas ça Oliana...
Le silence sembla s'emparer de la plaine autour d'eux.
S'il-te-plaît... Ne te mêle plus de cette affaire... Elle ne te concerne pas et c'est trop dangereux. Tu n'as ni l'influence, ni les moyens de résoudre cette histoire. Abandonnes pour une fois. Je ne te demandes que cela.
Oliana se figea. Comment... comment était-ce possible !? Non... Pas lui, il ne pouvait pas la trahir lui.
C'est pour cela que tu m'as demandé de venir ? Pour me mettre en garde ? Désolée mais je ne renoncerai pas. Je pensais que tu comprendrais... J'ai dû me tromper.
Oliana se leva. Lui aussi. Alors qu'elle récupérait son sac un peu plus loin dans l'herbe, il la retint par le bras.
Cela fait si longtemps qu'on ne s'est pas vus... Ne part pas comme ça.
Elle se dégagea et repartit par le chemin qu'elle avait pris un peu plus tôt.
Ce n'est pas ton combat !
Cette fois elle s'arrêta, figée sur place. Le temps resta infiniment suspendu sur la fraction de seconde éternelle durant laquelle elle se retourna. Le vent se leva et fit voler ses boucles bleues.
C'est mon combat autant que le tien ! Et c'est aussi celui de tout le peuple, à grande échelle ! Si personne ne dit rien, ce monde ne sera plus qu'une marre de sang dans une dizaine d'années ! Ces premières agressions ne sont qu'une amorce de ce qui deviendra certainement la plus grande guerre de tous les temps ! Crois-moi ! Il faut stopper ça !
Cette fois elle comptait bien s'en aller pour de bon. Elle ne renoncerait pas ! Tant pis, elle le reverrait une autre fois... Oui, une autre fois. Sauf qu'un bruit retentit plus loin. Saisit d'un doute, elle se retourna.
Les idiots de Ra'Sibe la dernière fois... ceux qui nous avaient rattrappé dans l'impasse au milieu de la nuit parce qu'ils avaient senti que tu es semi... Ils ne te cherchent plus d'ennuis pas vrai ?
Intuition trop précise... trop fine. Surgi de nule part, un petit groupe d'individus armés se précipitèrent sur le semi, impuissant, debout un peu loin.
Nooooooooon !
Oliana sortit son arc. L'un des hommes tomba au sol. Le semi sortit une épée de son fourreau et croisa le fer avec les nouveaux arrivants. Un autre homme tomba à terre. Le groupe se divisa alors, les deux moitiés restantes, de deux hommes chacune, se choisirent un assaillant. Le combat ne s'éternisa pas. À cette distance, ses opposants n'avaient aucune chance face à Oliana... Toutefois, les choses ne se passèrent pas de même du côté du semi. Plus que un homme... Mais c'était déjà trop... un mage... Oliana le mit en joue. Tout resta figé pendant un instant improbable, et la flèche partit. Un sort également...
Le semi s'écroula. À terre, immobile, fragile..."

Aldarion...
Oliana ferma les yeux puis les rouvrit. Tout était de nouveau là. Le mal de tête s'était évaporé. Son souvenir l'avait saisi, surprise au plus haut point. Il fallait tout de même qu'elle se ressaisisse, qu'elle reprenne le dessus de ses émotions... L'inconnue avait parlé...
Arkys la porta et se leva. Il voulait sortir de l'église avec elle dans les bras, Oliana ouvrant la voie, et son regard était plus que clair à ce sujet. Mais ils allaient se faire remarquer ! Il était impossible de sortir d'ici ainsi !
Arkys, si les humains nous voient, ils vont nous faire arrêter. Déjà qu'ils ne supportent pas les autres races... que crois-tu qu'il feront en nous voyant, avec une elfe inconsciente... ? Et puis... elle est recherchée ! On ne peut pas sortir comme ça ! Ou alors il faut qu'on trouve un moyen de la dissimuler !
La panique revenait... Que faire ? La rue était un véritable coupe gorge pour eux... Toutefois, ils n'avaient pas vraiment le choix...
Bon... dit-elle en tentant en vain de se calmer. Il faut faire vite

Oliana ne voulait pas partir, de peur d'être prit par les humains, mais ils ne pouvaient pas non plus rester ici. C'était une église après tout, un lieu public dans une ville de grande taille. Beaucoup d'humain devait entrer en ce lieu tout les jours, qu'ils n'aient croisé personne pour le moment était déjà une chance, mais elle ne pouvait durer éternellement.
En tant normal, ça ne devrait poser aucun problème, les humains ne devraient pas percevoir que le petit groupe qu'il constituait n'avait rien d'humain. Mais si quelqu'un entrait en voyait l'elfe inanimée qu'il portait, Oliana et le dragon allait sans doute s'attirer des ennuies. Encore plus il devait bien le dire s’il sortait ainsi de l'église. Mais la situation ne devait pas être si risqué que ça celons lui, Oliana insistait car Enna était recherché, mais pas par les humains.

De toute façon, le lieu n'était pas propice pour donner des soins, et ni Oliana, ni Arkys ne pouvait deviner combien de temps Enna allait rester dans cet état. Pourtant le dragon le sentait, la vie de l'elfe, du moins à première vu, ne semblait pas en danger. Son corps ne souffrait d'aucun mal, c'était sans doute l'émotion qui avait provoqué l'évanouissement de celle-ci. Mais Arkys ne pouvait pas non plus l'affirmer, donner des soins aux races autres que des dragons sortait de ses connaissances, et il ne pouvait pas dire si l'esprit de l'elfe allait lui subir des dommages, déjà que son meurtre l'affectait beaucoup.

Je ne vois pas beaucoup de solution dans ce cas, si tu refuse de sortir, alors il faudra trouver une pièce dans cette église où on sera moins exposé à la vu des autres, il doit bien y avoir des salles annexes à celle-ci. Mais sinon, j'ai une autre idée, sortir dans la rue est risqué, je l’admets, et rien nous dit qu'on trouvera dans cette cité humaine quelqu'un capable de soigner les elfes. Mais moi je peux vous conduire tout deux sur les terres de votre peuple, là-bas, les elfes trouverons comment la soigner, ils en connaissent bien plus que moi. Puis, il me semble, qu'il y a assez de place devant l'église pour que je prenne ma forme de dragon, et que je puisse m'envoler. Je pourrais vous porter toutes les deux.

Arkys réfléchit, sortir de la ville, il était confiant, arriver à l'entré de l'église, il ne lui faudrait que quelques secondes pour redevenir dragon et prendre son envol, et en trois ou quatre battements d'aile, les remparts de la ville seraient déjà bien loin. Les humains n'auraient même pas le temps d'organiser une quelconque attaque sur le dragon. Sur ce point, il était sûr de réussir, mais là où il doutait, et même beaucoup, c'était sur la réaction des elfes, Oliana et lui allaient rapporter chez eux une criminelle, comment savoir si il allait bien réagir à leurs venu. Il en fit part à Oliana.

Les elfes sont les plus aptes à la soigner, mais je ne peux pas savoir comment ça va se passer avec eux. C'est une meurtrière, si on fait une erreur de jugement, ça pourrait lui coûter la vie, voir la notre. Je ne sais pas quoi faire, elle voulait qu'on l'accompagne pour retourner chez elle, mais à toi de voir ce qu'on fait Oliana, tu connais mieux ton peuple que moi.

Arkys attendit la réponse de celle qui protégeait, il ne pouvait pas décider seul de s'embarquer dans un voyage comportant certain risque. Il ne prêta pas de regard à Enna, partagé entre son désire de venir en aide aux autres, et le dégoût que lui inspirait l’elfe d'avoir versé du sang gratuitement.

Que fais-tu içi ? Tu crois pas avoir fait assez de problèmes ?

Je n'aurais jamais pensé le revoir, même ne rêve, c'était plutôt un cauchemer, avec lui dans les parages, lui, le symbôle de ma destruction sentimentale, je ne pouvais même pas supporter son visage, qui semblait avoir pris un certain penchant pour l'obscurité, étrange....

Si tu savais ce qui t'attend, ma pauvre...tu sais quel est la source de tes douleurs ?

Cette réplique me faisait réfléchir, au point d'abaisser mon arc. Je me posais la question trés souvent, mais je savais que personne n'avait réussi a me soigner, chez les elfes, les meilleurs acolytes du village n'avaient pas pu le trouver, et je m'étais efforcé de ne rien laisser paraître aux yeux du village...mais depuis que j'étais parti d'Aldarion, ces coliques étaient plus présentes, notamment lorsque j'étais en proie a la peur ou au stress...

Si tu le sais, alors réponds !

Même si je ne comprenais pas le fait qu'il me parle de cela, et que ça me rendait nerveuse, je ne voulais rien laisser passer de tout cela.

Ta douleur au ventre est due a ton passé, et a ton futur, si tu vas a l'encontre de ton propre chemin, c'est ta douleur qui te le rappellera...enfin, ça, c'est une partie de ton mal...

Et quelle est l'autre partie, si ça ne t'écorche pas la langue de le dire ?

L'autre partie du mal, c'est que tous ceux que tu tueras de ta main te hanteront, et pourront contrôler tes douleurs !

Il termina son discours par un rire sordide, presque diabolique...j'étais stupéfaite de connaître tout cela, et surtout des conséquences de ce meurtre...j'étais comme possédée ! La surprise m'avait littéralement enveloppée, paralysant mes mots et mon corps entier...

Il fallait bien le reconnaître... ils étaient obligés de sortir. Obligés de sortir... La panique provoquait en elle quelque chose d'étrange. Elle ne savait plus quoi faire, ni où elle en était, et sa mémoire devenait un bric-à-brac complètement désordonné, des flash-backs entrecoupaient ses pensées à tout moment.

"Une maison en bordure d'un bois. Un sentier humide serpentant entre les arbres. Silence.
Toujours certaine de vouloir faire ça ?
Oliana ne se retourna pas. Elle savait que dans son dos se tenait l'homme de ses souvenirs. Au lieu de cela, son regard fit le tour du paysage, comme pour le graver à jamais dans sa mémoire. Des arbres d'un vert foncé accru par une bruine fine qui tombait sans discontinuer, un ciel d'un bleu azur seulement troublé par quelques nuages gris en cette heure, d'étranges petites pierres scintillantes jalonnant le sol... le paysage de son enfance.
Je n'ai jamais été aussi prête.
Elle se retourna pour enfourcher le cheval sur lequel se tenait le semi et se retrouva dans son dos. Troublée de quitter la maison où elle avait grandi, elle laissa échapper une larme.
Le cheval se mit en marche sur un ordre de son propriétaire."

Une énième fois, Oliana tenta en vain de se calmer. Il fallait que son esprit soit clair pour qu'elle puisse réfléchir et que les flash-backs s'arrêtent. À moins qu'elle doivent les laisser venir pour trouver la paix...

"Une douce chaleur se répandit dans son corps. Oliana était allongée au près d'un feu. Des étincelles volaient en tous sens dans la nuit noire. Ce spectacle, vu du sol, ressemblait à une pluie d'étoiles filantes. C'était magique. Oliana en oublia un temps soit peu ce qui l'entourait. Son esprit était figé sur une pluie de lumière pure qui se déversait sur elle et semblait vouloir l'emporter au loin, dans des terres inconnues.
Tu ne dors pas ?
Non. J'appréhende.
Ne t'en fais pas va ! Ra'Sibe n'est pas une ville aussi horrible que tu le penses !
Son regard ne se départit pas un instant des flammes qui imprimaient peu à peu leur marque sur sa rétine.
Mon père a gardé un très mauvais souvenir de son séjour à Ra'Sibe. Les humains l'ont traité comme un moins que rien...comme s'il ne leur arrivait pas à la cheville simplement parce que c'est un elfe.
Elle ferma les yeux."

Elle ferma les yeux.
*Que ça s'arrête ! Il faut que ça s'arrête !*
Et soudain tout disparu. Son esprit se vida d'un seul coup, et elle eut alors la certitude que les souvenirs attendraient un certain temps avant de revenir la tourmenter. Alors la lumière se fit. Une vrai lumière, semblable à celle du feu de ce soir qui venait de refaire surface dans sa tête. Sauf que cette lumière n'était pas du tout naturelle... elle émanait de la porte, comme un halo qui aurait indiqué un chemin à suivre, et auréolait Arkys et Enna, celui-ci la portant, debout, entre la porte et elle.
*Si c'est encore mon esprit qui me joue des tours je crois que pour une fois il est clair : je dois abolument sortir de cette église.*
Elle finit d'écouter Arkys qui lui donnait sa proposition. Prendre son envol ? Cela paraissait la seule solution. Et son esprit la pressait d'accepter. Le halo disparut alors doucement, laissant la chapelle à sa claireté initiale. Oliana réfléchit rapidement. Sa décision était prise bien sûr, mais elle nécessitait certaines préparations. Admettons qu'ils surgissent dans la rue et qu'Arkys s'envole avec elles, et qu'il soit assez rapide pour leur permettre de quitter la capitale, elle avait tout de même laissé Dan Liang à l'écurie et devait impérativement le récupérer.
*Dan Liang, mon beau ?*
Oliana devina malgré la distance son cheval qui dressait la tête dans son écurie, se demandant où était sa maitresse qu'il entendait distinctement parler dans sa tête.
*Mon beau écoute-moi attentivement. Il faut absolument que tu quittes la ville dans les plus brefs délais. Tu dois emprunter la route qui mène à la porte dans les remparts. Ensuite, tu verras Arkys voler dans le ciel. Je serai avec lui. Tu nous suivras. Nous nous rendrons en Aldarion. J'espère que tu te souviens de la route pour sortir de la ville...*
La jeune elfe se tourna alors vers Arkys et lui fit signe qu'elle était d'accord avec lui. Elle s'avança alors vers la porte d'un pas décidé et l'ouvrit en grand. La lumière lui blessa les yeux et elle se masqua le visage d'une main. Dehors, la foule insouciante se pressait dans les rues. Elle crut voir un cheval blanc galoper entre les gens, sa belle robe blanche scintillant sous le soleil. Oliana se retourna vers Arkys.
C'est le moment je crois.

Oliana approuva son idée, celle de sortir de l'église pas la voie des airs. Pour ce qui était d'Enna, difficile de savoir si elle allait approuver son idée une fois sortit de son coma. Si jamais elle devait se réveiller avant leur arrivé chez les elfes, ils pourraient toujours rebrousser chemin si elle le voulait. Non, Arkys était sûr que c'était la bonne décision à prendre.
Et pourtant il hésitait à se lancer, cherchant à voir toutes les possibilités, supposer le pire, pour minimiser les risques. Se jeter sous forme draconique dans la rue n'allait pas lui faire des amis, bien au contraire, les humains ne portaient pas les dragons dans leurs cœurs depuis qu'il avait rejoint officiellement les Nalamis dans la guerre. Tandis que pour Arkys, plus il était loin de l'effort de guerre, et mieux il se portait, mais ça, il le savait, les humains s'en fichaient. Le dragon tournait en rond, s'approchant de la lourde porte en bois, dernière obstacle lui masquant la vu de la rue extérieur. Et la seconde suivant il recula, hésitant encore. Il n'arrivait pas à évacuer le stresse, il se maudit contre lui même d'être si inquiet, ce n’est pas une simple bande d'humain enfermer dans du métal qui allait l'arrêter, alors pourquoi ce mauvais présentement ? Il regarda un instant Enna, se disant qu'il valait mieux que ça vaut le coup.

Oliana, reste près de moi, j'aurai qu'à t'attraper une fois en dragon.

Gardant Enna dans ses bras, Arkys se mit dos contre la porte pour la pousser et l'ouvrir. Il avança lentement, sous forme humaine, il se sentait fragile, et donc moins confiant. Il descendit les quelques marches devant l'église, pour arriver devant une petite place où la population, curieuse et méfiante le fixait ardemment. Il entendait des murmures, comme "Mais il fait quoi celui là avec cette elfe" ou encore, "Appeler les gardes, il a fait quelque chose à cette elfe j'en suis sûr." Oliana avait raison, s'enfuir comme ça n'était peut être pas une bonne idée.

La situation devient légèrement plus dangereuse quand une dizaine de garde, aligné sur deux rangé, firent irruption sur la place sans vraiment savoir ce qu'il se tramait. L'un d'eux s'approcha lui hurlant un " Vous là, ne bougez plus, vous ne ... "
Arkys se dit qu'il était de passer à l'action, d'ailleurs le garde resta sans voix quand le dragon commença sa métamorphose. Sa forme humaine devenant rapidement difforme, n'étant qu'une masse noir grandissant, pour en quelques secondes, devenir le dragon aux sombres écailles qu'il avait toujours été. Il poussa à long rugissement qui résonna aux oreilles de tous. La réaction des humains fut unanime, la population fuyant à grand cri de terreur et hurlant, "un dragon" ou "il va nous dévorer, fuyez." Et autres manifestation de peur du même registre.
Et pour les soldats, qui pendant un instant se sentaient fort et confiant, était désormais en train de trembler de peur dans leurs amures encore sous l'effet de surprise de se voir face à un dragon. Arkys observa brièvement les épines métalliques qu'ils tenaient fébrilement dans leurs mains, osant les qualifier d'armes. Sans la moindre crainte, il repoussa ceux un peu trop près de lui d'un coup de queue, les envoyés valdinguer plus loin. Mais il s'interdisait l'usage du feu, il n'était pas la pour tuer, mais pour s'enfuir, et une petite flamme non maîtrisée ferait rapidement partir en cendre les constructions en bois.

Justement, le moment était venu de prendre son envol, il tenait encore Enna dans sa patte. Qu'il tendit à Oliana qui avait sans doute profité d'un instant pour grimper sur son dos. Une fois les deux elfes en place, le dragon déploya ses ailes, et d'un simplement battement, s'envolé parmi les nuées. Il osa penser un instant que le pire était passé maintenant, que plus rien ne pouvait entraver leur fuite. Mais les humains n’allaient pas le laisser filer sans lui laisser un souvenir de son passage dans leur belle cité. Le bruit d'une dizaine de cordes tendu relâchées d'un coup retentit, le sifflement des flèches fusant vers le dragon. Puis un hurlement de douleur déchirant le silence, émanant de la gueule d'Arkys. Une seule et unique flèche l'avait touché, resté figé dans son point d'entré, et il avait fallut qu'il est la malchance que se soit pour se planter à la jonction où se rejoignait les doigts permettant de soutenir la membrane de l'aile. Il cracha entre deux monté de douleur.

Je vais essayer d'aller le plus loin possible, je pense pouvoir aller jusqu'à la lisère de la forêt où se cache les elfes.

La ville se trouvait maintenant loin derrière, le dragon cherchant à planer le plus longtemps possible avant de devoir donner un autre battement d'aile pour reprendre de l'altitude, et non sans occasion une remonté de douleur.

[ HRP : je pense qu'on en a donc fini, et au final, je n’étais pas très inspiré, je m'en excuse ^^" ]

[Abandonné ?...]

[Non terminé plutôt]

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