Prédateur ou proie?? [libre]

1 Autÿn

C'était une belle journée, un soleil magnifique au milieu d'un ciel bleu dépourvu de nuage. Une belle journée en somme, pour la plupart des êtres, mais pas pour moi. Je préférais avoir un ciel gris, d'avoir une luminosité si faible qu'on se croirait en pleine nuit. Au mieux, j'espérais des violentes tempêtes pour pouvoir voler parmi-elles. Était-ce mon côté démoniaque et corrompu qui souhaitait avoir un temps pareil?.

Je survolais donc cet endroit en scrutant le sol, j'étais à la recherche de quelque chose à me mettre sous la dent. Je volais au-dessus de la rivière qui descendait des montagnes et serpentait dans une épaisse forêt. Du fait de cette épaisseur, je n'arrivais à ne rien voir au niveau du sol, je décida donc d'atterrir et de m'engager dans cette forêt. J'avançais lentement entre les arbres, tout mes sens étaient à l'affut histoire de repérer une éventuelle proie.

C'est alors qu'une odeur me grimpa dans les narines, mais cet odeur ne m'indiqua pas que je venais de trouver une proie, mais que je venais d'en devenir une. Je mis à rebrousser rapidement chemin avant que trois loups ne surgissent des buissons pour me courir après. Le feuillage et les branchages au dessus de moi étaient tellement dense, que je ne pouvais m'envoler. Je courrais lorsque trois autres loups me barrèrent le chemin, je me retrouvais rapidement encerclé. Je me mis alors en position défensive prêt à repousser tout assaut, ils étaient top nombreux cependant. Après avoir reçu plusieurs coups de griffes sans gravité, ils me chargèrent tout en même temps. Je commençais à plier sous leur coups et morsures, je ne voyais donc qu'un seul moyen de sortir de là...Mes nervures se mirent à briller intensément, ce qui ne sembla pas perturber les loups qui s'acharnaient sur moi. La lueur bleuté s'estompa peu à peu avant qu'une vive lumière bleuté surgit de mes nervures. S'en suivit une violente détonation qui résonna dans toute la forêt. Sous l'effet du souffle, les loups furent envoyés au loin, un arbre proche fut partiellement déraciné et les branches au-dessus de moi volèrent en éclats. J'étais recroquevillé au fond d'un léger cratère formé par mon sort, des mottes de terres et des branches retombaient un peu partout. Je savais néanmoins, que les loups n'avaient pas été tué par la détonation mais juste étourdis, malgré l'épuisement dû à l'utilisation du sort, je trouva la force nécessaire pour m'envoler par le trou apparut dans le feuillage de la forêt.

Après ce combat qui avait failli m'être fatal, j'allais me poser sur les abords de la rivières. Je souffla un léger filet de feu sur mes plaies pour les cicatriser. Je m'allongea pour reprendre peu à peu mes forces.

Les bois se voulaient particulièrement appréciables ce jour-là. Le temps était stable, porté par une légère brise apportant les nouvelles propositions qui s'offraient au traqueur en mal de réserves et peau. En ces lieux, la végétation était luxuriante malgré les arbres dévorant les rayons de soleil. Au pied d'un arbre poussait une plante aux allures charmantes dont il souhaitait en extraire la substance. Il récolta quelques spécimens qui furent disposés dans une petite bourse accrochée à sa ceinture.

Les heures allaient ainsi sans se soucier du cours de la journée, et, déambulant dans les profondeurs de la forêt s'approchait de la rivière la traversant. Laissant sa langue palper l'air ambiant, Tamaari repéra une forte odeur non loin de là. Comptant sur son odorat, il s'approcha lentement dague à la main, se mouvant aussi silencieusement que faire se peut. Un bruit sourd se fit entendre en tout lieu et peu après un choc violent vint heurter l'arbre derrière lequel le reptile se situait. Il s'agissait là d'un loup inexplicablement propulsé contre le tronc. Il s'approcha de la bête qui, après examination, était morte sur le coup tandis qu'une plainte se répandait à proximité, à demi étouffée. Un autre loup agonisait. Ce dernier n'avait pas autant de chance. Le tanneur acheva la créature d'un coup sec lui épargnant davantage de souffrances.

Après avoir honoré la mort des deux loups, Tamaari se dirigea vers l'autre odeur qu'il perçu auparavant, à une distance raisonnable, curieux de connaître l'origine de cet acte. Elle le conduisit aux abords de la forêt. Le vent jouait en sa faveur. Tapi dans un fourré, le nalami observa les alentours jusqu'à ce que son regard ne s'arrête sur une créature allongée au bord du cours d'eau. Il s'agissait là d'un dragon noir, de petite taille comparé à ce qu'il en avait déjà entendu dire. Probablement un jeune égaré. Ce dernier semblait blessé, probablement par les loups qu'il avait rencontré plus tôt, sanguinolent à divers endroits lui étant inaccessibles et passablement épuisé. Tamaari s'approcha lentement, toquant l'arbre du plat de la lame de sa dague pour l'avertir de sa présence puis s'accroupit face au dragon après observation, laissant frétiller sa langue scindée pendant un instant. Il sortit d'une bourse en cuir de laquelle il retira un récipient fermé hermétiquement par un bouchon de liège puis retira un couteau sans poignée, de fort petite taille qu'il imbiba du liquide qu'il contenait avant de le lui présenter et le saluant de la tête par la même occasion.

- Il s'agit d'un simple alcool. De quoi empêcher que ces plaies ne s'infectent. Je vous aiderai à vous soigner si en retour vous ne cherchez pas à me blesser ou toute autre chose aussi déplaisante.

Tamaari sortit des bandages qu'il déposa à côté de lui, restant cependant vigilant aux possibles réactions du blessé.

Je m'allongeais de tout mon long sur l'herbe de la rive, j'étais épuisé. Je ressentais encore les douleurs des plaies que je n'avais pas pu cicatriser à cause de leur inaccessibilité pour moi, sur ma tête et le haut de mon dos par exemple. Je respirais lentement en regardant l'eau qui s'écoulait non loin de moi, je me laissais bercer par le doux bruit qu'était celui de l'écoulement de l'eau. Mais je devais lutter contre le sommeil car j'étais encore bien vulnérable.

J'entendis alors un bruit sourd venant de derrière moi, je leva rapidement la tête et la tourna vers l'origine du bruit. J'aperçus alors une sorte de grand reptile humanoïde, par pur réflexe défensif, je feula en sa direction en sortant bien les crocs. Il était grand et semblait bien fort, de plus son apparence me suggérait qu'il devait se nourrir principalement de viande. J'étais vraiment trop faible pour m'envoler et si je le faisais, je n'irais pas très loin vu mon état. Cependant, je vis bien qu'il ne voulait pas me faire de mal, déjà, il m'avait avertis de sa présence et s'il avait voulu me faire du mal, il ne l'aurait pas fait. Je le laissa donc s'approcher et venir se mettre accroupis près de moi, je ne grognais plus, mais restais néanmoins sur mes gardes.

L'humanoïde sortit alors un flacon d'une bourse qu'il avait au niveau de sa taille, il sortit par la suite une sorte de couteau et me dit, après avoir plongé celui-ci dans le récipient, qu'il ne s'agissait que d'alcool pour me désinfecter les plaies. Il me proposa son aide en échange que je ne tente rien contre lui. Vu ma taille et surtout mon état, il n'avait pas grand chose à craindre de moi, surtout que je ne possédais plus aucune énergie pour lancer une nouvelle fois mon sort. Je n'étais vraiment sur de rien à propos de ces profondes intentions, mais je n'avais pas vraiment le choix, certaines blessures me faisaient bien mal et je n'arrivais à m'en occuper moi-même.
Je lui dit alors:

" Très bien, allez-y, je me laisse faire..."

Néanmoins, j'étais prêt à essayer de m'enfuir au cas où, on final, tout cela n'était qu'une ruse de sa part.

Malgré les premières protestations du dragon, celui-ci état finalement enclin à tolérer la présence de Tamaari à proximité, ce dernier s'approchant de lui. A première vue, il pensait souhaitable que ses blessures soient traitées. Bien qu'il n'ait aucune formation dans le domaine des soins, le traqueur était capable de prodiguer des soins mineurs sans grande difficulté, connaissant les bases qui en incombent.

Il commença par appliquer lentement l'alcool sur les blessures cautérisées afin qu'elles ne s'infectent pas. Leur nombre était édifiant bien qu'elles ne soient heureusement que superficielles. Suite à cela il disposa sur les plaies ouvertes des bandages réduits en compresses qu'il retint grâce à un enduit produit à partir de divers substances prelevables dans la plupart des forêts du continent afin d'empêcher tout écoulement de sang. Ceci fait, il amassa une petite quantité de bois mort qu'il fit brûler à l'aide de silex taillés pour cet usage. Tamaari prit un autre couteau qu'il disposa dans le feu. Ce n'est qu'une fois la lame assez chaude qu'il l'utilisa pour cautériser les blessures précédemment pansées. A chaque contact, une fumerolle s'échappait, signe de l'efficacité de l'opération, ce qui devait bien entendu se révéler moins jouissif pour le principal concerné. Il appliqua comme auparavant l'alcool sur les blessures maintenant refermées et disposa des bandages.

La procédure achevée le nalami nettoya avec soin les deux lames utilisées avant de les ranger soigneusement, tout comme le reste de son matériel avant de prendre la parole.

- Il faudrait garder les bandages pendant au moins une journée, le temps que la cicatrisation commence.

Il déposa ensuite sa ceinture non loin du bord de la rivière avant d'y entrer puis, une fois le corps immergé à mi-hauteur, il cessa tout mouvement, résistant au courant puis de temps à autre, plongeait rapidement une main, attrapant un poisson qui avait la malchance de passer, les assommant tout d'abord avant de les jeter en bordure du cours d'eau. Après avoir attrapé une dizaine d'entre eux, Tamaari rejoignit le dragon, reprit sa ceinture et en profita pour alimenter à nouveau le feu avant de prendre place à côté du blessé.

- Cela n'a rien d'exceptionnel mais ne vous en privez pas. Je me nomme Tamaari, tanneur de métier.

Le reptile saisit sa dague et la posa devant lui et se servit de quelques branches humides pour disposer quelques poissons au dessus du feu.

Je laissai donc approcher l'inconnu tout en gardant un œil sur ce qu'il faisait, il pouvait très bien prendre rapidement un couteau pour me poignarder. Il déversa en premier lieu de l'alcool sur les plaies que j'avais déjà cicatriser par le feu, à chaque application, je sentais un léger picotement que je n'avais aucun mal à supporter.
Il s'attaqua alors aux blessures qu'il m'était incapable d'atteindre par moi même, il me mit des bandages qu'il fit tenir grâce à une de ses préparations. L'inconnu alla ensuite allumer un feu pour y plonger une lame dedans, je savais déjà à quoi cela aller servir.
Quand la lame fut suffisamment chaude, il la porta à chacune des blessures qu'il venait de traiter. Je ne bronchai pas lors du contact de la lame brulante avec mes plaies, je supportais très bien la chaleur et je me cautérisais souvent mes plaies par mon souffle ardent.

Il lava ses lames une fois qu'il eut fini, il me donna comme conseil de garder les bandages pendant au moins une journée. Je le vis ensuite s'éloigner pour pénétrer dans l'eau de la rivière. Il péchait tout simplement, c'est vrai qu'en y repensant, j'étais venu ici pour me nourrir et je ne m'étais toujours rien mis sous la dent. Il revint vers moi et raviva le feu et commença à faire cuir les poissons, puis il se présenta. Il se nommait Tamaari et était tanneur. Je me présentai alors à mon tour:

" Enchanté Tamaari, je me nomme Kalec..."

Ne pouvant plus longtemps résister à l'appel de mon estomac en sentant l'odeur du poisson cuit, j'en pris un dans ma gueule et commençai à le manger avec appétit. Je regarda Tamaari et lui dit:

" Merci pour ce que vous m'avez fait...La plupart des gens auraient fuis ou tentaient de me tuer en voyant mon apparence...Pourquoi êtes-vous venu à mon secours? "

Le dragon ne chignait pas pendant les soins, ce qui facilitait grandement l'intervention. Ainsi, traitées dans de bonnes conditions, les blessures seraient très rapidement oubliées. Une fois le feu crépitant, disséminant l'odeur du poisson, Tamaari fut impressionné de l'empressement du dragon noir nommé Kalec à se jeter sur le repas. Certainement sa chasse avait-elle été interrompue pour le plus grand malheur des défunts opposants. Cet affamé sembla même en oublier le poisson encore logé dans sa gueule en prenant la parole, ce qui vu de face était des plus amusant. Le traqueur répondit cependant.

- L'apparence. C'est une chose qui n'a aucune importance, du moins pour moi. Elle peut s'avérer bien peu explicite. Quant à la raison de mon aide, je pense que la mauvaise question a été posée. Celle qui à mon goût a le plus de sens en ces circonstances est qu'est-ce que j'aurais tiré de votre mort ?
Ma propre chasse me permet de vivre sans être inquiété. Grâce à elle, je me nourris, m'habille, m'équipe et gagne même quelques cristallis. Je n'avais donc aucune raison de procéder autrement. De plus surmonter le danger au péril de sa vie me paraît assez honorable pour qu'ainsi la mort de ces frères n'ait été vaine.

Il profita d'achever son exposé pour engloutir un poisson et veiller au bon fonctionnement du mécanisme présent dans son brassard, faisant un premier essai à vide puis en introduisant l'un des couteaux de sa ceinture en son sein avant de tirer en silence sur le sol là où il était le plus sec à proximité. La lame se logea dans le sol, ne laissant que son extrémité rester à l'air libre. Le tanneur sembla satisfait et interpela Kalec.

- Et dites-moi, quel genre de profession exercez-vous parmi votre peuple ?

Tamaari était en partie ignorant de ce genre de détails, n'ayant jamais à loisir approché d'autres représentants draconiques.

Je mangeais le poisson lentement, il faudrait que j'essaye de me mettre à la pêche, ca ne doit pas être compliqué et puis j'adore l'eau. En tous cas, cela fait du bien de se remplir la panse. Tamaari me dit que pour lui l'apparence n'avait pas d'importance et que s'il m'avait aidé, c'est qu'il n'aurait rien tiré de ma mort. Par contre, sa dernière phrase me sembla bien mystérieuse, je ne comprenais pas ce qu'il voulait me dire par De plus surmonter le danger au péril de sa vie me paraît assez honorable pour qu'ainsi la mort de ces frères n'ait été vaine.

Enfin bref oublions, je le regardais manger un poisson et traficoter quelque chose auprès de son poignée. Visiblement, il avait un mécanisme fort complexe dans son bracelet. Quand il l'utilisa, je compris que le but de celui-ci était d'envoyer des petites lames. Tamaari me demanda alors quelle profession je pratiquais dans mon peuple. Je baissai la tête et regardais le sol, il ne pouvait pas savoir à quel point cette question me faisait mal...Des vieux souvenirs pénibles refirent surface et j'essayais de les chasser de mon esprits. Je levai lentement la tête et tentais de dissimuler mon air triste

' Je n'ai pas de peuple, je n'ai plus rien...A cause de mon apparence, j'ai été banni et chassé de ma seul famille...je suis seul dans ce monde"

La question soulignée semblait fort peu simple à résoudre pour le convive. Comme si un voile lui couvrait le regard, un instant d'absence marqua la dureté de la question avant que la réponse ne se manifeste de bien triste manière.

- Ainsi donc votre peuple n'hésite pas à se débarrasser des siens pour une simple question d'apparence. Encore et toujours des préjugés, quel manque évident de sagesse. Dans la culture nalami, chaque membre de la communauté est considéré comme un frère, qu'il soit animal ou nalami. C'est pourquoi nous n'avons pas ce genre de problème, les liens sont forts en permanence et le respect de rigueur.

Même si ses visites aux villages nalami étaient rares, jamais il n'avait été mal reçu.

- Et dans ce cas, n'y a-t-il rien que vous souhaiteriez envisager ? Aucun métier ou art digne de ce nom ?

Il est vrai qu'en ces temps-ci, il n'était pas particulièrement ardu de trouver un emploi ou un quelconque apprentissage.

Je venais de terminer mon deuxième poissons, quand ces dures souvenirs me firent perdre l'appétit. Tamaari en déduit que mon peuple se débarrasser de ceux dont l'apparence était douteuse, voir corrompu, mais si c'était aussi simple...Il me parla alors des coutumes de son peuple, celui des nalamis, et que les liens entre chaque individu étaient très fort. Je répondis pour expliquer un peu mieux ce qui m'était arrivé:

" Si c'était qu'une question d'apparence, je n'aurais pas été banni. C'est à cause de ce qui m'est arrivé quand je n'étais qu'un œuf...à cause de ce que mon père a fait et...je...je ne veux plus en parler..."

J'avais toujours énormément de mal à parler de mon père, je ne l'avais jamais vu et avait été corrompu, mais il n'en restait pas moins mon père. Je n'arrivais jamais à admettre ce qu'il m'avait fait, je ne comprenais toujours pas ce qu'il avait pu lui arriver pour qu'il devienne un serviteur de mal, je ne le saurais surement jamais.
Tamaari me demanda si j'avais des projets, des métiers ou des arts que je souhaitais entreprendre.

" Je suis mage, je maitrise l'élément qu'est la foudre...Pour ce qui est du métier, je n'en ai pas réellement besoin, je trouve tout ce qu'il me faut dans la nature...
Et je n'ai pas vraiment de projet...peut-être une cause à protéger, quelqu'un à défendre..."

Je me rendis compte à quel point j'avais pu être seul durant tant d'année, la solitude commençait à être pesante sur mes épaules. Je lui demanda:

" Et vous?? J'imagine que vous avez un métier, un art, une cause..."

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