La Déesse, le Barde et le Guerrier [PV Niddrölf et Miguel]

3 Octÿn

La nuit était fraîche, emplissant l'air d'un senteur à la fois douce et métallique. Bien que les nuées soient dégagées, laissant luire faiblement les étoiles, de fortes rafales balayaient la région des Hautes Herbes, semblant vouloir arracher toute pousse qui serait trop faible pour lui tenir tête.
A cette heure où en temps normal les prédateurs nocturnes sortent de leur tanière afin de s'en aller quérir leur pitance, pas le moindre signe d'une vie animale ne se manifestait. Comme si toutes les bêtes, des plus imosantes aux plus modestes, se terraient au plus profond de leurs abris, redoutant quelque menace pour le moment invisible. Et pourtant, seul un inconscient ne sentirait pas cette onde noire emplie d'une sourde colère qui s'insinuait jusque dans la terre, rampant entre les herbes folles.

Plongeant depuis les cieux où les astres paraissèrent perdre de leur éclat, une immense silhouette sombre fit son apparition, se matérialisant peu à peu, devenant de plus en plus tangible au fur et à mesure que de nouvelles ombres venaient s'agglomérer autour d'elle. Puis, lorsqu'elle fut à une centaine de mètres tout au plus du sol, elle déploya ses grandes ailes déchiquetées, ralentissant ainsi très nettement sa chute, et se posa sans ménagement, plantant profondément ses serres dans la terre. Solidement campée sur ses quatre pattes fines mais puissantes, la créature replia lentement ses ailes membraneuses, sa longue queue fouettant nerveusement la végétation derrière elle. Ses fines prunelles d'un écarlate sanglant passèrent sur les plaines qui l'entouraient, une lueur mauvaise les animant.
Ïlimentã redressa son cou, lui faisant prendre une courbe gracieuse, et lança un puissant rugissement à la face de la lune. L'ire de la déesse était presque palpable. Si un Homme s'était trouvé là, il aurait ressenti comme un poids peser sur son coeur et son âme.
La raison de sa fureur ?... Une nouvelle provocation d'Aube, bien évidemment, son éternelle ennemie, après Elëmentis son propre frère. En vérité, ce n'était pas directement la divinité de la Lumière qui était en cause, mais pour Ïlimentã, cela revenait du pareil au même. Des fidèles d'Aube s'étaient aventurés sur les Terres Oubliées, jusque dans les Champs d'Epines, dans le but à peine voilé de dérober les oeufs d'une Dragonne des Ombres très respectée, alors que cette dernière s'était absentée pour un long moment. Furieuse, la déesse sombre avait dévorés les malheureux Humains qui avaient osé venir la provoquer sur son propre terrain.

Malgré les heures qui s'étaient écoulées, Ïlimentã ne décolèrait pas, et grondait encore imperceptiblement, faisant vibrer le sol autour d'elle.

*A me prendre pour une idiote, Aube va finir par y perdre plus que des plumes !... Comment diable cette garce et Crépuscule peuvent être liés par le sang ?... Qu'elle ou l'un des ses stupides fidèles essaie encore de me provoquer et elle en répondra !* songea-t-elle, venimeuse.

Celui ou celle qui auraient le malheur de tomber sur la déesse du Désespoir en un tel instant risquerait bien plus que d'y perdre simplement la vie... Il y a pire tourment que la mort elle-même, et Ïlimentã était de ces êtres qui en savent long sur le sujet.

[HRP : pas trop d'inspiration, pas réussi à faire plus que ça... -_-"
Histoire que vous voyiez à peu près le rapport de taille d'Ïlimentã par rapport à un Humain, voici une petite n'image ! =)

Ïlimentã:

]

Content..
Oui, c'était le seul mot qui me traversait l'esprit.. J'étais d'autant plus heureux de profiter de la voûte céleste que j'avais passé un temps -trop long a mon gout- sous un bas plafond de feuille. Vive la forêt... Non, décidément, il n'y avait que le ciel et la montagne qui m'allaient. Ces longues randonnées sous bois.. Merci bien !
Et en plus, en humain ! Cette petite chose rose qui attrapait froid au moindre coup de vent.. Et dire qu'il faudrait que je me ménage..

Mais c'était finis. A présent je volais sans retenue au dessus des Grandes Plaines, me laissant bercer par les courants chauds et froids. Dans mon sillage, je laissais une traînée de nuages noirs, porteurs éventuels de foudre, marque de la force d'une de mes émotions, bonne ou mauvaise.
Je regardais paresseusement les oiseaux assez brave pour m'accompagner dans mon vol, ou biens les créature terrestres qui m'observaient, tantôt avec surprise, tantôt avec peur.
Jamais je ne me lasserais de voler.. J'étais vraiment amoureux de cette sensation.. Se sentir libre et affronter le vent..
Quel dommage que les étoiles ne soient pas a notre porté.. C'eut été si bon de voler jusqu'aux astres qui contenaient les âmes de nos aïeuls..

Ce pensant, je remarquais une chose.. En effet, a présent, je ne voyais plus le moindre être vivant.. Pas la plus petite belette courant dans ces herbes.. Pas le moindre oiseau.. Allons bon, qu'était-ce que cela?
Intrigué, je pris de l'altitude, afin d'avoir une vue d'ensemble. La, mes yeux s'arrondirent.. Une dragonne? Noir de surcroît? Ici? Allons bon, ça n'avait rien de normal.. Et cette absence de bêtes.. Même moi qui dégageait de façon passive les humeurs de tempête, qui qui avait de façon continue un orage dans la tête, je ne savais provoquer telle désertion..
Ce pourrait-il que j'ai la une de ces grande entités que les non philosophes aiment a qualifier de "divine"?
Intéressant..
Enfin, qui que ce fut, elle était dans une colère noire.. Et au vue des marques qui jonchaient le sol, elle avait prévu de se défouler sur cet endroit..

Incorrigible, cette noire colère m'attirait beaucoup. C'était aux arbres murs qu'on cueillait les meilleurs fruits, et cette ire phénoménale était un des meilleurs moments envisageables pour avoir des conversations riches en savoir. A fortiori si cette atmosphère si dense et si spéciale était belle et bien inspirée par une entité suffisamment puissante pour posséder un point de vue différent de celui de nous autre, mortels.
Et si jamais ça tournait au vinaigre.. Ma foi, j'étais vieux et malade, et mourir dans 50ans ou dans 5 heures, ça m'était bien égal. Et a tout perdre, j'aimais mieux me faire tuer par une griffe que par une saloperie invisible et trop petite pour qu'on puisse taper dessus.

J'inclinais donc vers la gauche, amorçant un mouvement de descente en virage. Calmement, j'entamais une vrille vers le bas, me rapprochant plus du sol a chaque cercles décris. Bientôt, je brandissais mes ailes a la vertical, gonflant ces derrières d'un vent qui freinait grandement ma course, et finis par me poser tout en douceur a quelques mètres de ma "soeur".

Je plaquais mes membres membraneux sur mon torse, au repos, et inclinais la tête avec un remarquable sang froid a la limite du détachement.
Je regardais pendant une ou deux seconde celle qui allait devenir mon interlocutrice. Aussi voir plus grande que moi, d'un noir de jais, des yeux rouges comme la braises..
Effectivement, elle avait quelque chose de spécial qui était vraiment intéressant, pour un vieux dragon curieux comme moi.
J'allongeais ma patte et inclinais le museau juste au dessus de mes griffes, un salut autant qu'une marque de respect des plus courantes... Certes, façon de faire qui avait entre 10 et 15 siècles.
N'ayant pas envie de faire intrusion dans sa tête, ne serait-ce que pour y parler comme le font les dragons par habitude, je dé-serrais les dents pour laisser échapper ma voix grave et profonde

-Eh bien, Dame, vous semblez avoir quelques soucis.. Je puis peut être vous aider ?

Entrée en matière prudente.. Oui-da, tout curieux que j'étais, et quelque soit mon âge et mon état, je tenais encore un peu a ma peau.

Ô temps, toi qui ma voler ta vie, je ne serais dire par des mots ma haine, le vent souffle, et la réponse n'en est que poussière dans cette violente brise. Ô toi monde qui m'a trahit, je ne t'ai pas oublier, le doux chants du matin continu, mon sang coulera sur la plaine tant que la terre ne se retournera pas de ces plaies.

La nuit était déjà tombé, le regard dans l'ombre, Miguel ne cherchait rien ni personne, continuant sa course folle dans le néant sans jamais relevé la tête vers ce vent glacial qui en ce temps violent soulevait ces mèches blondes. La première pierre fut la plus facile à franchir, les suivantes demandèrent un peu plus d'escalade, petit massif rocheux dans cette plaine herbeuse, le semi y était alors tranquillement suspendu dans sa route vers le sommet. Bientôt il l'atteignit, se hissant de toute sa force, il parvint enfin à se rabattre à plus d'une trentaine de mètre au dessus du sol sur une surface plate.

Haletant quelque peu, il secoua ces mains plaines de terre, puis lentement il se releva, tout d'abord sur un genoux, et enfin debout, le regard au loin, si prêt du bord, il était au dessus de tout ici. Dans cette nuit sombre personne ne venait troubler le silence, c'est alors que les êtres perdus peuvent exploités leurs talents, seul moyen de les éloignés chaque jour de ce qui, au plus profond d'eux, les ronges. Miguel tourna la sangle de son lutiae pour la rabattre de son dos vers son ventre, il accorda l'instrument avec rapidité, puis s'arrêta, il ferma les yeux. Au dessus de l'infini, il allait tenter de décrocher la lune en cette nuit où tout pouvait être permis. Un accord se mit à retentir sur la plaine, lourd poisseux, résonnant lentement, il fut suivit d'un second, puis d'un troisième plus rapide, et enfin, les doigts se mirent à courir sur les cases de l'instrument laissant émané la douce harmonie d'une mélodie virtuose (lien).

Chaque note en enchaînait une plus rapide, défilement sans nom, tout s'échappait, tout son se créait pour disparaître dans l'infini, l'on pouvait y voir tant de couleurs, vives et pleines de vies, le jeune semi en transe, était partit loin, dans ces rêves azurs et bleutés. Il atteignit bien vite les nuages, il le sentait, pour rien au monde il aurait ouvert ces pupilles pour revenir dans ce monde néfaste qui l'avait trahit. Dans la nuit profonde, dans ce noir absolu, en ce jour où toute lueur n'était qu'infini, Miguel parvenait à refléter l'ombre de sa vie. Étrange lueur dans le ciel, ouvrez les yeux au loin, tendez l'oreille et peut-être que vous entendrez ce musicien fou entonner la mélodie du soleil.

Décidément trop en colère pour sentir arriver quoique cela soit, Ïlimentã ne pressentit en rien la descente d'un autre Dragon, qui se posa pourtant à quelques mètres à peine d'elle. Lorsqu'elle réalisa enfin sa présence, la dragonne divine tendit vers l'étranger sa fine tête racée, plissant les yeux. Les écailles d'un bleu légèrement délavé, plus petit qu'elle, il semblait aussi d'un âge assez avancé... Ce qui ne l'empêchait pas d'être resté d'apparence assez solide. L'honorable reptile s'inclina devant elle en guise de salut, avant de lui adresser la parole d'une voix grave et profonde, semblable à celle que produirait un Homme qui parlerait du fond d'une vaste caverne :

-Eh bien, Dame, vous semblez avoir quelques soucis.. Je puis peut être vous aider ?

Pourtant prononcées sans la moindre arrière pensée mauvaise ou raillarde, la Dragonne ébène répondit par un grondement sourd, qui s'acheva en un feulement rauque, à la manière d'une panthère contrariée... Une panthère de plusieurs dizaines de tonnes, cela dit.
Ses prunelles écarlates toisaient le vieux Dragon avec animosité, alors que leur propriétaire gardait le silence, sa queue continuant à battre le sol derrière elle.

Après plusieurs minutes d'un lourd silence, Ïlimentã consentit enfin à donner une réponse intelligible à son interlocuteur :

- Mes "soucis" ne concernent que moi, et, du reste, je doute que tu puisses grand chose, ancien Dragon ! cracha-t-elle.

Bien qu'encore très présente, sa colère commençait à s'estomper peu à peu. Cependant, inutile d'espérer qu'elle soit totalement calme et patiente avant une dizaine de jours ou de... Semaines. Tout dépendait des rencontres qu'elle ferait ou non, et à quoi elle emploirait son temps... Avouez qu'il y a plus relaxant que d'aller massacrer tout un village par pure vengeance, aveugle de surcroît ! Enfin...

Les deux reptiles se toisaient sans mot dire, lorsqu'un son parvint à la Dragonne divine. Un son ?... Non... Plusieurs notes qui formaient une espèce de mélodie... Un grognement agacé lui échappa. Un tel son ne pouvait émaner que d'un Humain. Cette race à la fâcheuse tendance à considérer tout ce qui sort de leurs instruments comme de la "musique".... Pour Ïlimentã, ce n'était qu'une cacophonie des plus désagréables, une horreur qui faisait honte à l'art de Crépuscule.
Une rafale vint confirmer ses soupçons. L'odeur d'un Humain.

La Dragonne s'arracha du sol en un unioque et puissant battement d'ailes, filant dans la direction du musicien, qui ignorait encore tout de ce qui l'attendait. Elle volait vite, et à une très basse altitude, si bien qu'elle n'eut qu'à se laisser tomber à quelques dizaines de mètres devant l'Humain, qui se révéla être un Semi, et rugit, furieuse, avant de gronder :

- Fais silence, stupide mortel ! Ton instrument me scie les oreilles !

Les ailes encore à moitié étendues, dressée sur ses postérieures, la Dragonne d'Ombre offrait un spectacle somme toute peu commun et assee impressionnant... Pour quiconque n'a pas perdu la raison.

Quel caractère ! Ciel, oui, quelle admirable caractère. Pour une personne qui tendait très facilement aux humeurs, comme moi, j'étais véritablement admirateur.
Le soucis étant que j'aurais du être effrayé.
Alors qu'elle rugissait, un étirement assimilable a un sourire se dessinait ses mes lèvres. Pas un sourire moqueur. Mais un de ces sourire que l'on fait lorsqu'on voit une chose qui nous plait. Par ailleurs, son rugissement avait un coté félin assez drôle. Oui-da, on peut admettre le charme des félins sur les femmes, mais sur les dragonnes, c'était déjà plus.. Discutable
Le lourd silence qui suivit fut pour moi un moment de jeux. Qu'allait-elle dire qui me ferait encore sourire?
Ah, quelle situation, j'étais peu être a deux doigts de me faire tuer par une entité divine, et je m’émerveillais devant l'expression de ses humeurs. Mais il fallait l'admettre, en tout bien tout honneur, c'était un sacré bout de dragonne que j'avais la, et ça forçait un certain respect.

Quel paradoxe ! Un disciple de la pensé d'Ëlementis en train d'admirer la soeur rival de ce dernier.. L'avantage d'avoir assimilé la religion a des dogmes réducteurs qui limitent l'étendue du progrès de l'âme, et de m'en être libéré.. Si Ëlementis avait été plus qu'un maître a penser pour moi, je serais passer a coté d'Ïlimenta, ou je l'aurais considéré avec dédain et animosité, passant a coté d'une personne qui semblait intéressante. Accessoirement, si c'était le cas, je serais aussi voir surement mort.

Mais laissons la ces paroles, et écoutons ce qu'elle a a me dire. Mon sourire plaisant resta jusqu'à la fin de sa réplique, mais buta sur le mot "ancien". La, mes sourcils se froncèrent. Machinalement, un grognement mécontent s'échappa de ma gorge, piètre signe, certes, en comparaison de la colère qui semblait animer l'entité divine, mais l'injure elle même ne devait pas être volontaire.

J'avais ouvert la gueule, après un second lourd silence, lorsque, a l'unisson, la déesse et moi même avions tourné la tête vers la même direction. Un bruit en provenait. Au son, c'était un instrument usité par les humains. A la figure de mon interlocutrice, je jugeais judicieux de remettre ma parole a plus tard. Ce son semblait l’énerver au plus haut point. L'odeur amenée par le vent, une odeur d'humain, acheva de la mettre hors d'elle. D'un geste puissant, elle décolla et pris la direction de la musique.
Eh.. Même comme ça, elle trouvait encore le moyen d'agir de façon théâtrale. Mon sourire s'élargit plus encore.. Vraiment très intéressante, sa façon d'être. Et la suite promettait beaucoup. D'ailleurs, ne loupons pas le coche. Rejoignons les.
Mais moi, en plus d'être vieux, je suis flemmard. Aussi, c'est a pied que je les rejoignais, sous un cadence assez rapide.

Une fois assez prêts, je ralentissais. J'étais de profil, et je voyais donc l'ensemble de la scène. Ïlimenta, dressée, et ce pauvre humain -un semi si mes yeux ne me trompaient pas- avec son instrument de musique.
Quel magnifique tableau.. Je m’approchais plus encore, et comme pour détendre un peu l'atmosphère, je répondis a la phrase que la déesse avait laissé en suspens durant notre propre conversation.

-Excusez mon intrusion dans vos affaires et vous soucis, déesse -je le devine au "Mortel" prononcé avec tant de mépris-, et même si mes moyens sont moindre que les vôtres, n'ayez pas tendance a les sous estimer, ils sont plein de surprises. Preuve étant que je pourrais moi même faire cesser ce que vous semblez considérer comme un bruit désagréable, chassant, de ce fait un vos soucis.

J'avais dis cela d'un ton presque gai, contrastant avec ma voix grave. Une démonstration tout a fait banale et absurde du fait que j'étais apte a régler certains soucis. L'exemple pris discréditait complètement ma parole: certes, j'avais tendance a pratiquer l'auto-dérision.
Je repris le reste d'un air faussement blessé. Même si au fond, j'avais vraiment trouvé cela vexant.

-Ceci étant, permettez que je vous reprenne sur un point.. On parle d'une ruine ancienne, croulante. D'un temps ancien, révolu. Mais même si mon âge est grand, je ne m'estime ni révolu, ni croulant. Du moins pas encore.. Aussi je trouve que l'adjectif "ancien", même si dans le fond, véritable, a des connotations, a mon sujet, qui sont plus que blessantes...

Je dodelinais de la tête, sans raison particulière. Puis tournais la tête vers le bipède, avec un figure plus ou moins rassurante.
Il devait bien avoir besoin de ça, le pauvre, se trouver dans une plaine, seul, avec deux tas de viandes de 10 tonnes atrocement dangereux, dont l'un qui semblait être particulièrement énervé, et d'essence divine.

[bon sans raison particulière autre qu'une envie, je narre à la première personne...]

Une transe totale dans une orgie de note, j'avais besoin de cela, autant j'haïssais mon bourreau, autant d'une autre part, je ne pouvait que lui être reconnaissant de m'avoir laisser mon don, la musique était ma vie, elle était chaque essence du jour de l'arbre voûte par son âge, au vent, tranquille caresse, jusqu'au silence, enfin. Mais soudain, mes pupilles s'ouvrirent, la brise souffla, je manquais tomber en arrière, mes cheveux relevés s'en allait dans tout les sens, face à moi, une gigantesque montagne, puissante, d'une noirceur infinie, se hissait.

Sa présence, froide, triste, emplissait le lieu d'un profond désarroi. Un être obscur, sa présence était déjà seuil de tourmente, sa voix n'en fut que pire, longeant mon corps de ce puissant ultrason, cette force de caractère indomptable. La colère le rongeait, mon regard fixe, parcourait cet être de long en large, avais-je déjà vu un dragon ? Oui ! Je me souvenais de ce défilé d'élancement et de beauté, d'imperfection purement parfaite prêt de la mine d'Orgouan sur la montagne de Kierz. Celui là en était différent, doté d'une étrange symétrie, teinte des trais affiné, un pure chef-d'oeuvre de l'art, ou une divinité...

Les dieux, j'en avais oublier la saveur même, l'essence absolu, Aube et Tinuwÿn m'avaient abandonner ! Ma précédente ferveur, n'avait aujourd'hui d'égale qu'un passé révolu... et voilà un autre être du feu qui se hissait devant moi, venant, si je pouvais y croire, détendre le premier spécimen. Cette scène ne pouvait être que plaisante, discussion entre dragons, amusant n'est-il pas ? Bien assez vite ma pipe rejoignit sa place habituelle, au creux de ma bouche, une allumette vite sortie, gratté contre la pierre venant embrasé quelques feuilles fourrés d'un geste vif, ah douce odeur qui s'échappait pour enivrer mes sens.

Je ne pouvais que fumé d'un air nostalgique des temps où seul l'eau qui coule sous un pont faisait essence même de tourment dans les jours qui m'animait. Trop de jours ont passés, et trop d'années... aussi, ces heures passés à ne rien faire, ne me sont aujourd'hui que plus préjudice. Le monde est encore devant moi, j'en suis conscient, mais mon ombre ne marche plus dans le sens demandé, triste paradoxe.

Pour la situation dans laquelle je me trouvais, il était d'ailleurs difficile de faire moins originale, mais bon, après tout, ces géants ne semblaient pas si féroces, et je décidais de ce pas, en prenant soin de replacer mon lutiae dans mon dos, de faire quelques pas pour aller à leur rencontre, n'étais-je que folie pour me risquer à un tel jeu ? Je n'en savais rien, ma vie n'avait plus de sens autre que celui de la mort, alors autant profiter de chaque seconde qui m'était offerte...

- Bien le bonsoir mes amis ! Je me présentes je suis Miguel le semi des montagnes, à votre service ! Si vous acceptez nous pourrions partager repas ensemble et narrer maintes aventures dans le simple but de faire connaissance en cette nuit un petit peu froide.

Mon regard impénétrable, ne pouvait que me rappeler à quel point, de cette situation, je m'en trouvais idiot, de proposer à des êtres qui de toute évidence, me prendraient volontiers comme repas, de partager un dîner en ma compagnie. En tout cas, ma phrase n'était pas sortie de contexte, puisque bien certainement si ils me choisissaient comme nourriture pour ce soir, je ne pourrais par conséquent qu'afficher présence de la plus belle manière qu'il soit. Ou la plus triste...

La réaction des deux mortels cloua Ïlimentã sur place. Ils agissaient le plus naturellement et calemement du monde alors qu'une déesse sombre en fureur se dressait devant eux !... Soit ils étaient d'un courage à faire pâlir de jalousie le plus valeureux des guerriers, soit ils avaient complètement perdu le peu de raison que la Dragonne accordait aux disciples de la Lumière.

Ïlimentã se dressa, assise sur ses postérieurs, son cou arqué en un S élégant, ses fines prunelles plissées par la perplexité... Et la curiosité. Vraiment, les êtres qui échappent aux affres de la Mort peuvent s'avérer très surprenants. Sa colère retombait un peu plus à chaque instant qui passait, à chaque seconde que son esprit usait afin de réfléchir sur ces étranges créatures.

Puis la divinité lança d'une voix froide à l'intention du Semi :

- Eteins cette chose. L'odeur du tabac m'insupporte presque autant que la tienne. Et essaie de garder en ton esprit des plus étriqués que je ne suis certainement pas ton amie.

Par la suite, c'est sur le vieux Dragon que ses yeux se portèrent :

- En ce qui concerne le terme que j'ai utilisé pour te qualifier, sache qu'ancien est à mes yeux un mot qui n'a rien de péjoratif, mais qui est au contraire mélioratif.

Bien que plus calme, et donc plus disposée à une discussion, Ïlimentã pouvait encore être sujette à des accès de mauvaise humeur. Prudence, donc.

Tien.. Ce jeune homme me plaisait.. Il avait l'air aussi fou que moi, de parler ainsi a une déesse dont la seule envie aurait été de le broyer. Plus encore, il fumait la pipe ! Tout comme moi.
Sauf que j'avais a l'idée que ce que je mettais dans mon propre réceptacle était un plus sain pour ma santé que ne l'était le tabac habituel des bipèdes.. Mais passons, sans être pressé par la temps, je n'avais pas non plus le luxe de pouvoir comparer les vertus des herbes a pipe..
Surtout que notre invité surprise semblait plus vouloir nous inviter a dîner qu'a fumé.. Bon, outre le fait que j'avais déjà mangé ce jour, je ne voyais rien dans ses bagage qui puisse servir de repas concret a un dragon.
Et si dans cette invitation il entendait "prenez donc forme humaine", je n'avais plus qu'a espérer pour lui qu'Ïlimenta ne prenne pas mal ce qui saurait être interprétable comme "mettez vous en état de faiblesse".

Chose qui d'ailleurs, semblait improbable, puisque la déesse sus nommée semblait, au contraire, regagner son calme petit a petit. Bon, je ne doutais pas qu'un mot de travers aurait suffit a tous nous faire tuer, mais disons qu'il y avait un léger mieux.
Enfin.. Ça dépendait pour qui.. J'avais beau voir mes chances de de survie et ma marge de manœuvre grandir, ce semi la, en revanche, semblait toujours indisposer la noire dragonne.
Quand a moi.. Eh bien disons qu'elle y tenait mordicus, a son "ancien". Et elle avait beau dire, j'avais du mal a m'en sentir flatté.
C'est tout de même rageant.. Ce serait surement la seule fois que la déesse qui aurait dû être mon ennemis naturel le plus grand me ferait un compliment.. Manque pot, moi je le prenais mal. Enfin, le monde est ainsi fait..
C'est avec le sourire que je commençais par répondre. A la déesse en premier, évidement, un ordre de priorité sans importance, qui pourtant aurait pu vexer s'il n'avait pas été respecté.

-Ah, je vous envie de voir passer le temps sans souffrir de ses maux.. Car, arrêtez moi si je me trompe, mais qui vie éternellement -du moins est sensé vivre éternellement, car toute vie a une fin- , ignore les affres véritables de la vieillesse.. Mais enfin, si cela était dit avec la volonté de faire un compliment.. Alors je suppose qu'il ne me reste plus qu'a être flatté.

Malgré l'expérience des âges, et ma bravoure que j'estimais plus que prouvée, les yeux de braises de la déesse portés sur moi me mettaient mal a l'aise.. Que ce fut la puissance qu'elle dégageait, le danger qu'elle inspirait, ou même l'étrange charme qui en émanait, j'avais du mal a supporter ce regard.. Humble, je détournais la tête. J'aurais pu remonter le menton et planter mes yeux vert au fond des siens, mais c'eut été un défis de ma part. Et si jamais elle le prenait de la sorte, et qu'elle le relevait.. Eh bien c'eut été finis de ma vieille carcasse..
Quand au semi..

-A vous, étranger, ne le prenez pas mal, mais ne vous connaissant ni de vie ni de mort, je ne saurais me dire votre ami sans mentir. Et pour ce qui est de votre invitation, j'ai déjà eu le plaisir de dîner. Au reste, je ne sais si le moment est le meilleur a choisir pour entamer quelques histoires au coin du feu.. Et puis bon, je n'aurais pas la prétention de dire que j'ai quoique ce fut a raconter pouvant impressionner ou passionner.

Après, tout, raconter des histoires, c'était juste le métier que j'exerçais depuis 2000 ans lorsque je prenais forme humaine, hein.. Mais bon, ce soir j'avais trouvé plus intéressant a faire. A savoir, comprendre cette divinité qui attirait a elle la foi d'une certaine partie de ma race.
Outre cela, je doutais un peu qu'Ïlimenta se laisse tenter par une petite soirée au coin du feu dans un franche camaraderie..
Cette idée si absurde me fit rire doucement aux vues de tous.

Le vent soufflait au loin, était-il rafale ou douce brise ? Je n'en savais rien, car ici, autour de cette majestueuse dragonne, tout était mort et silence dans le respect de sa grandeur. Ces yeux, ce regard, lui désobéir n'aurait été que folie, croisé son chemin n'était-il que malheur ? Cette noirceur, l'on sentait qu'elle avait en elle un côté divin impénétrable, elle me rappelait quelqu'un, ce dessin, cette grotte, ce voyage, tout revenait à moi... Ïlimenta ! A l'écoute de ce mot qui résonnait en moi, d'un geste vif ma main écrasa le contenu de ma pipe sur le sol avant de ranger rapidement l'objet en bois. De tout mes voyages, tout mes périples, m'étais-je jamais trouvé en aussi mauvaise posture qu'en ce jour ?

Il ne fallait pas que je m'emporte, réfléchir, sentir la voie de al sagesse en soit, peut-être que si je tirais les bonnes cartes, je pouvais m'en sortir indemne. D'un pas tranquille, je me dirigeais vers le bord de la falaise et m'y assaillais...

- L'on a tous une histoire, tous un passé, et bien souvent il est plus passionnant que bon nombre de choses sur cette terre, deux dragons tels que vous doivent avoir connus des âges, qui pour des êtres tels que moi ne sont même pas envisageable, je donnerais chère pour n'entendre ne serait-ce que la moins palpitante des aventures d'un des votre, moi qui suit si jeune, plus jeune que l'est le plus petit des votre...

Au loin le ciel se couvrait de cette épaisse couche noire, elle laissait entrevoir quelques formes aux loin, des collines bordant les plaines, tranquilles et douce, elles plongeaient mon regard dans le calme depuis leurs courbes bondés tels des coussins. Dormir ? Voilà trop longtemps que je n'avais pas eus un vrai sommeil, et ce soir n'allait certainement pas être un jour de renouveau pour ce malheur. Il me fallait attendre, rester vif, voir les réactions des deux êtres qui m'entouraient, peut-être qu'avec un peu de chance, je pouvais les amadoués...

Je rêvais trop, mes pensées divaguaient, il me fallait revenir à la discussion, et tenter une approche au plus vite, avant que de tout mon corps je sois dévoré. Je me tournais à nouveau vers les dragons, le regard toujours aussi impassible, et j'attendais ainsi leurs réponses, qui pouvaient en cette sombre nuit décidé de mon sort pour les années à venir.

Ïlimentã renâcla, ses fines prunelles écarlates plissées, réduites à l'état de fentes qui luisaient d'une vive lueur mauvaise. La dernière fois qu'un mortel avait eu le privilège d'entendre ne serait-ce qu'un épisode de la vie passée de la déesse sombre, il l'avait payé de sa vie. Nul être ne peut ni ne doit connaître ce qui a façonné un dieu. Du moins était-ce ainsi que la Dragonne voyait les choses.
Ou alors... Cela ne serait sûrement pas gratuit. Et le prix d'un tel récit serait décidément bien trop élevé pour qu'un Semi l'accepte. Des joyaux ? Certes non ! Ïlimentã n'acorde aucun crédit à de vulgaires pierres qui n'ont de "précieux" que le fait qu'elles brillent un peu plus que les autres, et que les Humains et autres bipèdes qui se prétendent civilisés s'arrachent pour s'en parer... L'ébène de ses écailles et le vermeil sombre de ses yeux étaient pour elle les seuls trésors qui aient réellement de la valeur.

Le rire du vieux Dragon, loin de la froisser, lui arracher un léger sourire, qui étira ses babines de reptile. Il fallait avouer que la perspective de voir deux bêtes, qui ensemble devaient peser bien d'une vingtaine de tonnes, se coucher pour passer une petite soirée au coin du feu à se raconter les contes de la Mère l'Oie avait de quoi provoquer l'hilarité... D'autant plus que les seuls récits qu'elle acceptait d'entendre jusqu'à leur dénouement sans dévorer leur conteur auparavant étaient ceux, ni plus ni moins, de la divinité de cet art, Crépuscule. Il y avait plusieurs raisons à cela, mais l'une d'elles, et pas des moins importantes, et que personne, même de mémoire de dieu, n'a jamais réussi à lui porter le moindre coup... Alors le dévorer !

En voyant le Semi s'asseoir au bord de la falaise adjacente, l'esprit ténébreux de la déesse ne put s'empêcher de penser que lui donner un coup de museau dans le dos pour le précipiter dans le vide serait follement amusant... Mais un peu trop facile.
C'est alors que les rouages de son intelligence froide et calculatrice se mirent à s'enclencer dans une folle frénésie. Tant qu'à supporter la présence d'un bipède, autant essayer de le corrompre...

- Comment vous appelez-vous ?

Curieuse de mettre un nom sur ce vieux lézard, elle avait décidé de tenter de le connaître un peu plus, cela pouvait toujours être plus enrichissant. L'amener du côté des Ombres ?... Rejeté ! Non, il semblait bien trop ancré dans ses convictions pour cela.

Allons bon ! C'est qu'il y tenait a ses histoires ! Et en plus, il justifiais cela par notre grand âge ! Charmant, vraiment, il avait tout pour me plaire celui la.. Comme si je le savais pas assez de moi même pour qu'on ai besoin de me le rappeler 2 fois dans la même soirée, que j'étais vieux ! Je lâchais un grognement réprobateur a l'attention de ce semi, tout en laissant tomber d'un ton cassant quoique las, presque fatigué, les paroles suivantes.

-Laissons aux âge le secret qui leurs revient. Je ne sais si notre Déesse ci présente s'accordera a moi lorsque je dis cela, mais sache seulement qu'il ne faisait pas meilleur compte de vivre jadis que maintenant.. Le pire des deux étant surement d'avoir vécu jadis et d'être encore la..

Je regardais avec curiosité le semi qui s'était assis prêts de la falaise. Était-il aussi sympathique et sur de lui qu'il n'y paraissait? Ou cachait-il ce qu'il était derrière quelques masque.. Au fond, est-ce que cela m’intéressait vraiment ? Après tout, il m'avait déjà traité de vieux alors qu'on se connaissait a peine, partant de la, est-ce que j'avais vraiment envie de le connaitre ?
Bah.. Je concluais seulement ma réflexion par un trait d'humour classique.

-Attention mon garçon, il suffirait d'un coup de vent pour que vous ne voyez plus grand chose de votre âge, si ce n'est le fond de vos yeux morts..

Ce serait vraiment dommage.. Je suis sur que tous ici présent on serait extrêmement déçu.. Ah, qu'est-ce que je dis moi.. Ce n'est pas la dans mes habitudes d'être mauvais.. Mais je comptais tout de même lui faire digérer sa remarque sur le fait que j'ai connu d'autres âges. Une fois ça passe, et encore, parce que ça vient d'une déesse, deux, ça coince déjà plus..
Ce pensant, j'avais déjà reporté mon regard autre part. Ïlimenta.. Elle était trop calme, presque animée d'une froideur heureuse.. M'est avis qu'elle avait quelque chose derrière la tête. Et je ne savais si je devais être heureux d'avance ou si je devais commencer a craindre..
Mais comme a l'accoutumée, ce fut la curiosité qui devint maîtresse de mes actes, et je me contentais de m'asseoir de façon confortable, laissant passer un grognement d'aise. Dans l’expectative, comme toujours. Si en effet, elle avait un plan, alors il était autre que de détruire, ça elle l'aurait déjà fait. Donc c'était sur des jeux moraux et mentaux qu'elle allait se rabattre, et moi, j'adorais percer ce genre de jeux autant que briser des énigmes..
Enfin, chose surprenante, elle demanda nos (ou seulement le mien et elle me vouvoyait?) noms. Surement façon plus ou moins classique d'engager une discussion.
Dire qu'il y a quelque minutes j'aurais pensé qu'elle tomberait dans quelques actes rageurs.. Ah, quel être fascinant..

-L'on me nomme.. Niddrölf, Ma Dame. Jadis maître des Orages sur les cimes de Nivery, aujourd'hui, simplement maître barde. Ne vous déplaise.
Quand a vous, il est presque inutile de demander votre nom.. Une telle présence pour une telle apparence, vous êtes Ïllimenta, ou je ne suis pas.

Un léger ton d'admiration pointait dans ma voix. Quand a moi.. Je me sentais véritablement humble.. En fait, je me prit même a sourire a l'idée qu'elle ai put avoir vent de moi pour les quelques grabuges que j'avais fait au pays dans ma jeunesse, temps de mes plus grandes colères..
Mais bon, c'eut été surprenant, il paraissait qu'Ïlimenta trônait dans les terres noires, plus a l'Est d'ici et de Nivery... Levant le museau, je lachais d'un air rêveur et complètement détaché

-Quel beau ciel, les étoiles commencent a peine a naître pour cette nuit.

[Désolé pour mon énorme retard (semaine plutôt chargé)]

Étrangement l'atmosphère se détendait quelque peu, trop de grandeur, si peu de preuve, la gentillesse si soudaine de la déesse laissait au doute, mais qui n'aurait put ne pas croire à ces pouvoirs d’envoûtement, je ne pouvais plus pauser un regard sur sa carrure sans en tomber éternellement amoureux, amour mortel, comme pour une sorte d'objet sacré, insaisissable.

La dragonne discuta à nouveau quelque peu avec l'être susceptible, qui d'ailleurs revint vers moi, il semblait qu'à mon tour je l'avais froissé. Il se mit à me regarder d'un air froid et désolé, portant en lui une gravité sans égale, il n'avait pas apprécié ma remarque sur la sagesse, et il voulait me le faire comprendre. Tel un vieil être porteur de message, de cette connaissance que si l'on a pas vécu, l'on a pas, il m'indiqua que ma jeunesse ne tenait qu'à un fil...

- Le vent souffle en ma faveur en ces jours désuets, grand froid avant les batailles. Pour ce qui est de mon âge, je ne me fais pas plus de soucis qu'un poisson pour nager dans une mer d'eau douce sans le moindre prédateur à huit kilomètres à la ronde, je ne suis pas assez prudent pour vieillir...

A la demande de la déesse, enfin, le dragon se présenta "Niddrölf" qu'il s'appelait, type de nom à mes yeux aussi étrange que imprononçable, enfin cela lui enlevait quelques poils de banalité. Ce dragon usait envers le maître l'ombre d'un courtoisie bien particulière, abaissement prononcé, cela devait être le prix pour rencontrer une telle divinité, sa divinité. Devais-je en faire autant ? Je n'en savais que trop peu, si peu que même le temps ne répondrait pas à mes maux, savais-je donc si un jour j'allais pouvoir sortir de cette impasse à laquelle j'étais voué, pris entre ces deux montagnes gigantesques, pour qui je n'avais pas plus d'intérêt que celui d'un éventuel jouet ou d'une bonne partie de chasse.

- Cette nuit est bien tranquille... et je me déçois moi même de n'avoir rien à y faire, pourrais-je vous aider l'un ou l'autre dans une de vos tâches qui vous a mené jusqu'ici ?

Comblé le temps, en situation simplifier par tout mes membres en alerte comme étant de "danger", cela restait la meilleur chose à faire, quel était le plus grand désespoir ? Je crois que ça restait que je ne puisse fumer ma pipe...

La déesse sombre s'assit sur ses membres postérieurs, son cou prenant cette élégante courbe qui faisait depuis longtemps partie de sa position habituelle. Ainsi dressée, Ïlimentã n'en paraissait que plus grande encore, et bien qu'elle ne cherchait pas à intimider ses interlocuteurs plus que cela, elle aimait toujours voir quel effet cela pouvait bien avoir sur les mortels. Bien que le Semi semble appartenir à ces êtres qui ne craignent pas grand chose... Que ce soit de la folie ou du courage, la divinité s'en fichait.

Un baîllement sonore lui échappa, dévoilant les inquiètantes rangées de dents d'un blanc pur qui s'alignaient en des rangs serrés sur ses mâchoirs fines, mais néanmoins puissantes. Cela faisait un moment, d'ailleurs, qu'elle n'en avait pas fait bon usage...

Puis ses yeux se portèrent de nouveau vers le sang-mêlé. Elle le toisa un long moment, en silence. Ses pensées étaient fixées sur lui, et la Dragonne se demandait s'il pouvait être apte ou non à basculer dans les Ombres... Sa queue semblait suivre le mouvement de ses pensées, car elle s'agitait dans son dos, balayant l'herbe en de larges demi-cercles qui fauchaient la végétation sur son passage.
Lorsque Ïlimentã en eut assez de ruminer ses sombres machinations, elle reporta son attention sur Niddrölf. Un sourire reptilien s'esquissa que sa gueule.

*Décidément, il est bien vif d'esprit, celui-ci... Il semble avoir saisit la raison qui m'a poussé à revenir au calme !... Peut-être devrais-je me méfier de lui... Je n'aimerais guère qu'il aille rapporter à mon frère que je laisse ma fureur s'exprimer devant des mortels !.... Quoiqu'il ne me paraît pas être le genre à cafarder...*

"Pas assez prudent pour vieillir"... Quel euphémisme ! Si j'avais été de ceux des terres noires qui vénéraient Ïlimentã, ce semi aurait tôt fait d'avoir succombé a une chute particulièrement douloureuse, qu'un être cruel aurait fait s'achever sur la paroi après moult douloureux rebonds.
Mais comme je l'ai dis, je ne suis pas de ceux la. Et si je n'appartiens pas réellement aux races "gentilles" de dragon, je mets un point d'honneur a ne pas m'identifier aux barbares sanguinaires.
Donc non, je ne soufflerais pas. Pourtant, c'était diablement tentant. Sensiblement, les grands airs et les paroles de ce bipèdes là m'ennuyaient autant qu'Ïlimetnã. De tout ceux qui n'ont rien a dire, les plus intéressants sont ceux qui se taisent. Et ce semi la disait exactement qu'il n'avait rien a faire et rien a dire. Alors moi, je votais pour qu'il se taise..
Surtout qu'il utilisait un verbe véritablement lourd a mon oreille. Etant barde moi même, et par mon âge, amateur de la perfection du langage, je trouvais ce registre inadapté a la situation.. Enfin, rien de bien criminel.. Enfin, toujours était-il que sa première réplique entraînait en moi mes vieux élans de prêcheur utopique :

-J'aimerais bien vous dire qu'il ne faut pas perdre espoir et que la vie peut-être longue pour tous, mais vu l'époque, je me demande si vivre longtemps n'est pas la meilleur façon de perdre ledit espoir.. Ce qui est sur c'est qu'il ne vous appartient pas de savoir ce que sera l'avenir, ni ce qu'il vous réserve.

Quand a la seconde remarque, je marquais un temps de pose avant d'y répondre. Ce temps durant, je soutenais le regard de la déesse qui s'était posé sur moi. Qu'y cherchais-je?
Sa pensée? Peut-être reflétée au fond de ces iris rouges flamboyant? Une émotion, une quelconque chose exploitable? Ou simplement contemplais-je ces flammes envoûtante d'un air a demi absent?
Ah ! Ca non ! Je secouais la tête d'un air contrarié. Mon oeil devint plus fin, méfiant sur les bords. Puis je lâchais l'affaire. Si j'étais sur de savoir sauvegarder mon intégrité mentale, je ne briserais pas les secrets d'une déesse a travers un regard. En revanche, il était certain que j'avais eu l'honneur de figurer dans ses pensé. L'honneur, ou le malheur.

Je me reportais enfin au Semi, afin de répondre a sa question, ce que je fit d'un ton un tantinet ironique, il faut bien l'admettre

-Ma foi, si je suis ici, c'est bien parce que cette nuit n'a rien de calme. J'ai été.. Attiré par une Dame des plus charmante qui n'avait rien de tranquille lorsque je l'ai croisé. Je serais encore en train de parcourir la voûte céleste le cas échéant..
Mais il me faut bien admettre que je suis content que cette nuit ne fusse pas aussi calme que les autres, si Ma Dame n'y voit pas ombrage, évidement.

Certes, dire que j'étais content d'être face a Ïlimentã était des plus flatteur, sans compté le compliment direct fait, en revanche, dire que les raisons de cette rencontre, a savoir celles de sa colère, n'avaient rien de contrariant -a l'inverse même-, c'était déjà plus glissant. Mais que voulez-vous, je n'ai jamais appris ni a tenir ma langue, ni a renoncer a mes cotés malicieux et joueurs.
Oui, oui, dussé-je en mourir.

Allez savoir pourquoi, j'avais cependant l'impression que si la colère de la déesse était encore présente, a moins de l'offenser ouvertement, je ne risquais pas ma vie a la titiller un peu. Plus encore, si je savais marcher adroitement sur la ligne sans trop la dépasser, l'amuser simplement. Et c'était la un atout non négligeable lorsqu'on est ravagé par la curiosité que de savoir comment ne pas laisser sa vie dans l'appréciation d'une découverte de cette ampleur.
Diable non, j'étais loin d'être au bout des découvertes possible sur cet être la, ne serait-ce que cette étrange machination qui se mettait en branle derrière ses orbites ardents. La nuit, oui-da, était bien loin d'être tranquille, et plus encore d'être finie...

Les paroles du Semi, prononcées en usant de formules pesantes et inapropriées à la situation, faisaient poindre au plus profond de la Déesse une pointe amère d'agacement. Cela faisait des siècles qu'elle vivait, parcourant les cieux, mais aussi la terre, évoluant parfois sous son apparence humaine parmi les érudits les plus savants qui soient... Alors la beautée du verbe, elle connaissait, et elle appréciait au plus haut point. En revanche, qu'on ose massacrer la langue et les mots, s'en était généralement trop pour elle et son sale caractère.
Le nombre de bardes que la sombre Dragonne avait jugés mauvais et qui s'étaient retrouvés broyés entre ses crocs, cela faisait belle lurette qu'elle ne les comptait plus !
En fait, il fallait s'appeler Crépuscule pour être certain d'en sortir en vie et entier...

-J'aimerais bien vous dire qu'il ne faut pas perdre espoir et que la vie peut-être longue pour tous, mais vu l'époque, je me demande si vivre longtemps n'est pas la meilleur façon de perdre ledit espoir.. Ce qui est sur c'est qu'il ne vous appartient pas de savoir ce que sera l'avenir, ni ce qu'il vous réserve.

A ces mots, Ïlimentã avait tourné sa fine tête vers Niddrölf, intriguée. Ses prunelles écarlates se réduirent à l'état de fentes rougeoyantes qui toisaient le vénérable lézard avec une attention redoublée. Cependant, la suite l'intéressa encore davantage :

-Ma foi, si je suis ici, c'est bien parce que cette nuit n'a rien de calme. J'ai été.. Attiré par une Dame des plus charmante qui n'avait rien de tranquille lorsque je l'ai croisé. Je serais encore en train de parcourir la voûte céleste le cas échéant..
Mais il me faut bien admettre que je suis content que cette nuit ne fusse pas aussi calme que les autres, si Ma Dame n'y voit pas ombrage, évidement.

Un profond silence s'abattit autour d'eux, durant lequel la divinité du Désespoir rassemblait ses esprits. Ces paroles, dites avec un certain naturel, avaient ébranlé ses convictions. Ainsi, il était des êtres rattachés à la Lumière capables d'une réflexion neutre et objective... Elle qui pensait qu'ils étaient tous plus bornés les uns que les autres, emprisonnés, étouffés dans leurs convictions vaseuses se résumant souvent au classique : "L'amour et la vérité l'emporteront toujours sur le Mal !"... Même lorsque la Dragonne faisait encore le bien aux côtés de son frère, cela l'avait toujours fait rire.

Cependant, se furent bien les mots de Niddrölf qui la firent éclater de rire, sa gueule s'ouvrant largement vers les nuées étoilées, dévoilant au passage des rangées de dents d'un blanc dérangeant. Lorsque son fou-rire se fut apaisé, Ïlimentã s'adressa au Dragon d'une voix où l'on pouvait aisément déceler une certaine joie (mais pas forcément de bon augure) :

- Niddrölf, ton audace me ravi ! Tu es un être qui vaut la peine d'être connu... En revanche, on ne peut pas en dire autant de cet avorton, là... siffla-t-elle, venimeuse, en reportant son regard écarlate sur le Semi, toujours assis sur le rebord de sa falaise.

La conversation semblait fusé de bon usage entre les deux dragons, le temps me semblait long, interminable, stressé par cette position d'infériorité, racheté une ou deux fois par ma folie, je n'avais sus que donne preuve de ma frayeur qu'à travers deux ou trois phrases désespéré, j'allumais ma pipe de nouveau, la déesse n'aimait cette odeur ? Eh bien tant pis j'allais faire un sacrilège, mais la tension était beaucoup trop grande, je tremblais, la sueur coulait sur mon front, il me fallait me calmer. Quelle lutte inutile ? Tenter de faire ces preuves devant des être âgés qui rongé par les années ne voient plus loin que le bout de leur museau décrétant ainsi que toute chose autre fut sans intérêt.

Mon regard s'ouvrait, avais-je survécu à temps d'aventure pour mourir sous les yeux de deux vieillards prétentieux, non, il fallait mieux pour moi que je lève le camp, que je parte sans me retourner. Je me levais, cette sensation instable de se sentir entre les griffes de l'enfer, par ce geste de liberté absolue, s'en alla, moi qui n'avait rien fait d'autre que venir jouer du lutiae en haut de cette colline, subissait le venin de deux vieux dragons à la retraite... Cela ne me plaisait guère.

Ainsi je commençais calmement ma marche vers l'inconnu, vers la route, celle que l'on attends, celle que l'on veux trouver et que l'on cherche dans l'infini, jusqu'à y trouver la sagesse. Quelques pas et bientôt, ayant fini de rassembler mes affaires dans un enchaînements de quelques mouvements vifs, je me rapprochais du bord de la colline rocheuse où nous nous trouvions pour descendre tranquillement par le chemin qui me semblait le plus court lâchant un "adieu" facilement audible dans mes dix premiers pas.

Ainsi je laissais aller mon luth vers mon torse, et débutait un petit air sympathique pour reprendre la route, un air de bar qui me rappelait avec joie et nostalgie les soirées endiablées jusqu'à l'aube dans les heures chaudes et belles de la ville de Ra'Sibe.

J'avais a peine prononcé mes mots, que je sentais le regard de la déesse peser sur moi. Deux fentes rougeoyantes, des yeux étrécis par une volonté de comprendre, de cerner. Sans le vouloir, j'avais sensiblement touché un point et un sujet et l'avais traité d'une façon qui lui était singulière. Quant à savoir si cela devait raccourcir ma vie, ou la laisser suivre son cours..
Non, ce qui m'agaçait la dedans, c'est que j'avais parlé sans apprêts. Et on me regardais avec intérêt pour une chose dont je n'avais pas conscience..
Nerveusement, je balançais ma queue à droite, à gauche, sans vraiment savoir quoi faire de ma personne. Et j'avais le net sentiment qu’à mon contraire, une certaine personne commençait à avoir des projets vis à vis de moi.

Durant le silence qui s'installait, je mis en revus lentement mais surement les éléments qui garantissaient ma sûreté et ma vigilance. Pas question de se laisser surprendre. Je n'avais pas l'initiative, mais je refusais de montrer faiblesse face a elle. Je gardais mes dehors de statue impénétrable. Même lorsqu'elle partit de son rire, je restais de marbre. J'arquais seulement un sourcil, en observant la déesse qui riait aux éclats, défiant le silence de la nuit par sa voix, et son obscurité par des dents blanches.
Je ne me sentais pas offensé par ce rire, car j’y sentais autre chose que de la moquerie. T comme raison est fille des âges, j’étais assez sage pour veiller a la laisser terminer l’étendue de sa pensé. D’autant qu’a moi, ça m’accordait les explications que j’attendais. Voir plus encore, ça m’ouvrirait suffisamment de porte pour savoir manœuvrer entre ses humeurs, et faire le tour de cet être divin.
Et en un sens, j’avais raison. « Un être qui vaut la peine d’être connu ». C’était a la fois une déclaration troublante de la part de la déesse qui représentait l’opposé de ce que je savais être, et à la fois une marque d’estime qui me garantissait une certaine sauvegarde et un sauf-conduit pour continuer mes recherches. Ma curiosité devenait de moins en moins dangereuse.
Encore que son ton joyeux sous entendait toujours cette idée qu’elle avait derrière la tête, cette idée dont j’avais la net impression qu’elle risquait de me jouer des tours..
Enfin bon. Qui sait, je m’en faisais peut-être pour rien. Après tout, elle m’avait remarqué par rapport à ce Semi. Et de son point de vue, attirer l’attention avec lui a côté, c’était pas vraiment compliqué.. Encore que ce dernier fût en train de faire preuve d’un courage remarquable. Je gardais en moi un sourire devant ses actes de défis. Honnêtement, même s’il me tapait sur les nerfs, j’espérais qu’il s’en sorte. Au fond, il m’avait tout l’air d’un brave gars qui n’attendait de la vie que ce qu’il attend du bout d’un chemin. Je ne pouvais pas le blâmer de cela.
Quant à la déesse.. Je tachais de capter un peu de son attention pour éviter qu’elle ne prenne comme un affront ouvert la conduite du Semi. J’adoptais donc une attitude prudente quant a ce compliment, mais outrancière surtout. J’inclinais à nouveau la tête vers le bas, avant de répondre de ma voix grave, toujours.

-Dame, c’est un honneur que de de mériter votre intérêt quand on sait quelle est mon… Allégeance. Ceci étant, je ne suis qu’un dragon qui a volé aussi haut dans le ciel que loin dans les âges. A savoir ce que j’ai de particulier, eh bien pas grand-chose, si ce n’est les rhumatismes les plus impressionnants de cette terre. Et si je suis audacieux, c’est parce que je n’ai plus rien à perdre. A vivre ou mourir, dans les deux cas, je gagne tous mes paris. Je n’ai donc plus qu’à suivre mes envies et mes utopies, puis mourir en paix.

Je m’abstins de faire des commentaires sur la dernière partie de sa remarque. Il ne m’appartenait pas de faire changer son avis sur ce semi. D’ailleurs, je doute d’en avoir été capable. Il avait son destin entre ses mains.

Certes, Ïlimentã aurait pu très mal prendre le départ du Semi, cependant... Elle s'en contrefichait complètement, car elle avait trouvé quelque chose de bien plus intéressant. Ses prunelles se tournèrent à peine vers lui lorsqu'il reprit la route en leur servant un léger adieu, et une imperceptible grimace marqua sa gueule en percevant le son de son... Instrument. De la musique ? Ces quelques notes inélégantes et sans charme ? Certes non ! Et ce n'était spécialement contre ce bipède-là, non. La prétendue musique des humanoïdes lui déplaisait depuis toujours. Ce qu'elle aimait ? Le son des lames s'entrechoquant sur un champ de bataille, les rugissements des Dragons qui détruisaient des donjons entiers d'un simple coup de queue, le tonnerre des sabots des chevaux lorsque leur cavalier les mène vers une mort certaine... Tous ces "bruits" sont annonciateurs de désespoir, et c'est donc pour elle l'une des plus douces musiques qui puisse résonner à ses oreilles.

La Déesse se tourna franchement vers Niddrölf, et bien que déjà assise, elle se coucha carrément, repliant ses ailes soigneusement sur ses flancs. Déjà auparavant la Dragonne prenait grand soin de ses grandes membranes, devenus aujourd'hui d'un noir de jais parfait. A ses yeux, le vol était un don fait, somme toute, à peu de créatures. Il fallait y veiller comme sur son âme. Car un Dragon qui ne vole pas peut-il seulement encore être appelé un Dragon ?... D'ailleurs, Ïlimentã avait toujours pris grand soin de sa personne, pas seulement de ses ailes. Surtout depuis qu'elle avait baculé dans les Ténèbres. Sa robe d'écailles ébènes était pour elle une grande fierté. Ressembler à un arc-en-ciel comme son imbécile de frère ?... Certainement pas ! Quelle horreur...
Non, cette période de sa vie était désormais loin, très loin derrière elle, et pour rien au monde elle ne voulait y resonger.

C'est pour cette raison qu'elle décida de tenter d'explorer un peu plus l'intellect fort intéressant de son interlocuteur du moment.

- Alors, mon cher, où en étions-nous ?... Ah oui, c'est vrai... D'après ce que je peux sentir, tu me sembles lier à l'élément de la foudre. Plutôt rare, chez ceux de notre espèce.

Cette fois, c'était bien vers moi que se tournait l’intérêt de la dragonne. Le Semi étant partit, ses yeux fixés sur moi ne savaient avoir d'autres buts. Ou alors elle avait un de ces plans de grands joueurs d’échec. Sauf qu'il était appliqué a la nature et a l’échelle du vivant.
Eh la, dans quoi je m'embarque encore.. Non, non.. Maintenant allongée face a moi, aile repliées dans une position qui se voulait confortable, c'était évident que la déesse en avait après moi.
Mais.. Pourquoi? J'avais la net impression que la curiosité n'était pas son seul moteur. Par tout les âges, que me voulait-elle..?
Enfin.. J'aurais tout le temps de le découvrir. D'ici la, tendons nos propre filets. Je n'allais pas attendre patiemment de me retrouver entraîner dans une discussion qui me ferait perdre pieds. Ça non !
Puis elle parla, introduisant son propos dans un monde ou nous étions maintenant seuls. Je notais le "Mon cher" et le "nous".. Un registre des plus élogieux, et des plus surprenants quant a ses connotations d'unions. J’entrevoyais la la base d'un dessein. Un dessein qui savait aussi bien être un véritable enrichissement ou un bourrage de crâne futile. Tout dépendait de sa subtilité..
Lorsqu'elle évoqua la foudre, ma gueule s'étira en un sourire.

-J'ai beau venir du fond des âges, et être truffé d'une vénérable sagesse, j'ai toujours été d'un naturel prompt a la colère.. Lorsque je n'avais personne a mettre en pièce pour des raisons valables, je volais le plus haut possible. Avec le temps, mon ire a assombrit le ciel, et j'ai déversé les plus grands orages aux plus grandes altitudes, faisant regretter sans dommages mes colères a ceux qui vivaient en dessous.
Je sème le vent, Dame, et je récolte la tempête.
Je suis le fils des nuits d'orages, la dragon des jours de colère. C'est a la fois mon défaut, ma force et mon point fort. Un véritable lunatique.. Un vieux fou.. C'est selon.

D'un ton rêveur, j'ajoutais.

-Et puis j'ai rarement vu meilleurs paysages que les montagnes sous l'orage.. Allez savoir pourquoi, ce sont des éléments qui m'attirent et me rendent joyeux. C'est surement cela qui me rend a part.. Généralement les gens craignent les orages comme la foudre divine.
Enfin, je suis ce que je suis, déesse. Ne vous en déplaise, même si cela signifie être pariât.

Je reposais mon regard dans le sien, toujours avec cet imperturbable air paisible. J'allais lui laisser quand même un peu de temps, et partager avec elle ce jeu. Mais le temps qui court n'avait plus été mon ami ces derniers jours, et ma curiosité me pressait. Je devinais autre apparaître doucement, et mon envie de révéler cette pensée croissait trop vite a mon goût. Enfin bon.. Continuons ainsi.

- J'admets cependant une certaine surprise, Dame, quant a l’intérêt que vous portez a un être de ma sorte qui aurait, a première vue, tout de votre ennemis ? Qu'ai-je donc de remarquable pour que ce soit des yeux vide de mépris qui me fixent, alors qu'a votre âme je semble le mériter de biens des façons..?

Je ne savais pas ou elle voulait aller. Aussi, si elle voulait tourner autour du pot, je ne pouvait pas l'en empêcher. Mais je pouvais au moins glaner ça et la dans ses paroles des éléments intéressants.

N’empêche.. Toute déesse qu'elle était, quelle femme avant tout !

Ainsi donc ce Dragon était un être coléreux ?... A la bonne heure ! Etant elle-même assez sujette aux sautes d'humeur, elle appréciait rencontrer des créatures qui possédaient les mêmes "défauts". Et puis, après tout, n'était-ce pas sous le coup d'une grande ire que la Déesse était venue se poser ici ? D'ailleurs, était-ce une coïncidence ?... Ïlimentã ne croyait pas au hasard.

C'est avec le plus grand des silences qu'elle avait écouté Niddrölf, qui lui avait servi un long discours pour une simple question. Sa propention à la parole plutôt fournie faisait l'un de ses charmes. Et puis, au moins, il s'exprimait correctement... Pas comme certains prétendus bardes qu'elle avait eu le malheur de croiser ! Bref. La Dragonne cligna des yeux, comme pour chasser ces pensées.

Ce fut cependant la dernière phrase du Dragon qui retint le plus son attention. Un sourire reptilien s'esquissa sur sa gueule. Après tout, elle n'en attendait pas moins d'un tel être. Il semblait avoir deviné qu'elle préparait quelque chose. Seulement, il ignorait quoi, et au lieu de patienter, peut-être indéfiniement, Niddrölf avait décidé d'aller de lui-même à la chasse aux informations. Pour son âge, il faisait preuve d'une certaine audace !... Ou était-ce l'âge, justement ?... Bien sûr. Il n'avait pas grand chose à perdre, sa vie était sur le déclin.

*Quelle fascinante chose que la mortalité...*

Néanmoins, il lui avait posé une question. Allait-elle répondre par la vérité ou lui servir l'un de ses nombreux mensonges ?... Ïlimentã aurait mis sa serre au feu qu'il allait le deviner si elle lui mentait. C'est pourquoi elle décida de jouer la carte de l'honnêteté.

- Sache que je n'ai pas l'entêtement stupide et obtus des créatures de la Lumière. Toute personne qui me semble posséder un esprit fin et une certaine sagesse ont de l'intérêt à mes yeux. Et puis, que je sache, tu n'es pas Elëmentis en personne, non ? C'est surtout contre lui que j'ai une dent.

Elle ajouta, après quelques instants de silence :

- Le mépris... Je n'en ai que faire. Je ne pense pas que je méprise mes adversaires. Après tout, je suis la divinité du respect, n'est-ce pas ?... Si je hais mes ennemis ? Cela, je ne peux le nier ! Mais les mépriser ?... Non, je ne pense pas.
Cette réponse allait-elle le satisfaire ? Ou bien allait-elle davantage aiguiser sa curiosité ? Aucun moyen de le savoir, mais... C'était ce qui l'amusait !

[Peut-être un peu lourd.. Désolé..]

Si j'avais pu, j'aurais rosi. "Un esprit fin et une certaine sagesse". Venant d'une déesse, qui en plus aurait du avoir du mal avec moi, c'était un des compliments les plus appréciable que j'avais jamais reçu. Je clignais des yeux juste après sa première remarque. J'avais peine a calmer un élan de fierté intérieur, qui aurait été facilement exploitable.
Qu'on s'entende, j'adorais son éloge. Mais j'avais encore des doutes quand a l'objectif final de notre conversation. Et d'ici la, je ne me prendrais certainement a ronronner sous ses regards enflammés et ses douces réflexions. Il n'y a que les corbeaux qui jurent trop tard qu'on ne les prendrait plus jamais au jeu de la flatterie.. Aussi, je me contentais d'incliner profondément la tête; gardant un caractère humble, et limitant ma réaction a un remerciement.

A vrai dire, a peine avait-elle finis de parler, reprenant son souffle, que j'avais déjà la tête ailleurs, réfléchissant sur l'autre partie de ce qu'elle avait dit. Et une fois encore, je me retrouvais face a mon incohérence théologique.. Mais ce n'était certainement pas a moi de faire remarquer aux dieux qu'ils manquaient cruellement de sens pratique dans leurs alliances et inimités..
Je profitais de ce moment de silence pour laisser planer mes yeux, partis de ses paroles pour vagabonder très loin dans le fin fond de mon esprit. Ailleurs, réfléchissant.. Une sorte de petite absence cognitive. Mais je laissais là les grandes questions de l'existences pour reporter mon attention sur cette voix qui ne saurait être entendue sans être écoutée.
Et la, je trouvais une chose surprenante dans ces paroles...
Je n'avais jamais eu d'a priori sur les voies de l'Ombre. Je respectais la pureté d'un idéal, quand bien même il n'était pas le mien. Mais jusqu'alors, que ce soit de "mon coté" comme chez "ceux d'en face", je n'avais jamais eu affaire qu'a des sbires qui sombraient dans l'excès, un "entêtement stupide" comme Ïlimentã disait si bien.
Dans ces conditions, il me semblait évident que protéger la vie et l'espoir était une position plus louable que celle de la destruction..
Mais maintenant que je voyais Ïlimentã, je réalisais que je ne pouvais pas décemment exclure l'une des deux philosophies sans faire preuve d'une étroitesse d'esprit brute.. Au fond, l'un excluait pas l'autre.. Et moi, pariât parmi les bleu, et civilisé parmi les noirs, j'étais a cheval entre les deux. Plein d’espérances, mes colères semaient la peur et le désespoir, je l'avais dis. Mon âge m'accordait puissance et sagesse. Au reste, j'avais laissé les clans d'Ombres et de Lumières aux imbéciles qui cherchaient une bonne raison de se battre..
Je tournais bien 7 fois ma langues dans ma bouche avant de l'ouvrir, parce que ce que j'avais appris, quoique véritablement intéressant et susceptible d’élever encore mon âme, me plaçait dans une situation assez dangereuse, et bancale..

- Pour commencer, il est de rigueur de vous remercier pour vos éloges. Vos compliments sur mon agilité cognitive me touchent particulièrement. Je ne sais si c'était calculé, mais pour ce que je suis, faire l'apologie de mon conscient est susceptible de me ravir au plus haut point, Dame. Mais je crains que votre nature exceptionnelle rende la tache inverse complexe. J'aurais beau parlé, je ne saurais dire assez pour tisser un compliment a votre égard qui n'aurait des accents d'insulte par ses lacunes..

C'était un langage adroit, mais assez lourd. C'était volontaire d'ailleurs, même si l'effet serait négligeable, cela dissiperait toujours un peu son attention. Et qui sait, peut-être prendrait-elle pour bagatelle le coeur de ce que j'avais dire. Bref, un basique camouflage d'adepte de la rhétorique.

- Au reste, Dame, vous avez mis l'accent sur un point véritable. En effet, je ne suis pas Ëlementis, et je constate qu'au fond, je suis loin d'être aussi différent de vous que j'ai crus l'être de tout ce que vous représentiez..

Mais ça soulevait une autre question, indirectement liée a mes observations théologies citées ci avant.. Étais-je particulier a ce point? Ou Étaient-ce les deux dieux qui se ressemblaient plus que leurs oppositions catégoriques ne le faisaient croire..?
Je ne pouvais pas m’empêcher de faire part a Ïlimentã de ce que sa présence m'inspirait comme questionnements..

-Sachez, ma Dame, que notre rencontre, en plus de m'être heureuse, m'est des plus intéréssante..

J'avais dis cela d'un ton songeur, traduisant a demi mot d'intenses réflexions. Si c'était la que la déesse voulait m’amener, alors je devais lui être reconnaissant de m'avoir ouvert l'esprit. Mais au cas ou, je ne baissais pas ma vigilance.

[ça va, j'ai connu pire ! xD]

Après ses paroles, le vénérable Dragon sembla se perdre dans ses propres pensées, comme s'il prenait le temps nécessaire afin de digérer ce qu'elle venait de lui dire. Après tout, c'était compréhensible, Ïlimentã avait toujours aimé causer le trouble dans les esprits de ses interlocuteurs. La Déesse était d'ailleurs connue parmi les autres divinités pour son goût prononcé des énigmes et autres chausse-trappes spirituels. Cependant, il n'était pas question ici de se lancer dans un concours de devinettes. Du reste, elle préférait qu'il y ait un enjeu, lors de ce genre de distraction... Passons !

Pendant ce temps de réflexion que s'était octroyé Niddrölf, les pensées d'Ïlimentã n'avaient pas cessé tout mouvement pour autant. Au contraire. Comment allait-il réagir ? Pouvoir observer les différentes réactions des mortels qu'elle avait côtoyés au cours de sa vie avait toujours été l'une de ses plus grandes curiosités. Certaines personnes refusaient de voir la vérité en face et s'entêtaient dans leur optique fermée et stupide. Ces derniers ne faisaient généralement pas long feu, d'ailleurs !... Et d'autres, au contraire acceptaient de reconsidérer leur point de vue, mais ça restait assez rare. Une fois, il y a même une espèce d'Humain aux muscles sur-gonflés qui a été tellement perturbé par ce qu'elle lui avait révélé qu'il en avait complètement perdu la rasion et avait tenté de s'en prendre à elle. Evidemment, le Môssieur Muscle avait terminé éclaté au bas d'une falaise. Pourquoi pas dévoré ? Et puis quoi encore, ce genre de viande est bien trop riche !...

Bref ! C'est d'une oreille attentive que la divinité sombre écouta parler le Dragon, qui comme d'habitude, ne buta sur aucun mot tout du long de son discours. Ses paroles flattèrent la Dragonne, qui ne s'encombra pas de manière, et laissa un léger sourire étirer ses babines. Néanmoins, elle ne prit pas longtemps à lui rétorquer :

- Des compliments... Cela fait une éternité que personne ne m'en a fait, alors je sais m'en passer.

La suite l'intréessa cependant beaucoup plus. Beaucoup, beaucoup plus. Ses fines prunelles se réduirent à l'état de fentes rougeoyantes alors qu'elle saisissait chacun de ses mots. Elle finit par se détendre, laissant un long silence s'intaller.

Lorsqu'elle jugea que le moment de répondre était propice à la chose, Ïlimentã souffla :

- Ravie de savoir que notre discussion t'est profitable. Pour ma part, cela fait longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de discourir ainsi avec un mortel. Parce-qu'il y a bien Crépuscule, parmi les dieux, mais honnêtement, il devient assez vite léger dans les propos qu'il tient. Et parfois même offensant. Du reste... Tu m'intrigues.

Pas un mot de plus ne sortit de sa gueule. D'ailleurs, était-ce vraiment nécessaire ?...

Je relevais a peine sa réponse a mes compliments, car elle n'était que formules. Si j'avais du chercher un résultat, c'était plus dans son sourire naissant que je l'aurais vu. Un fort beau sourire d'ailleurs, qui en disait longs sur l'effet posé par ma propre éloge, quand bien même la plissure de ces lèvres semblait être négligeable.
Le reste en revanche, n'avait rien de réellement surprenant. Hormis peut-être pour ce qui était de Crépuscule, encore que cela collait tout a fait a ce que j'avais lu de lui. Mais moi.. Moi j'étais véritablement unique parmi les mortels, tant par mon âge que par ma philosophie. Et croyez moi quand je vous dis que vivre une vie en pensant ce que je pense, ça donne des résultats singuliers. Ca, et ces derniers mots..
Après, ce qu'elle cherchait ici, c'était une question a laquelle je ne pouvait répondre, mais je pouvais sans soucis l'aider a y répondre..

Aussi je parlais de la sorte, faisant bien attention a rester a une place humble, et ne pas me présenter comme ayant une science qu'elle n'avait pas pour me comprendre. La seule chose qu'elle n'avait pas pour me trouver intrigant, c'était la connaissance de moi. Et je ne me considère pas assez comme le nombril du monde pour penser attirer l'attention continuelle des dieux.. D'autant qu'au fond, dans quel sens l'intriguais-je?

-Je suis le premier ravis de me voir ouvrir les yeux.. Je doute de savoir vous remercier suffisamment pour avoir compléter un point de vue bancale qui me condamnait a ne voir que d'un oeil..
Au reste, Dame, de ce que j'ai lu de Crépuscule, ça ne m'étonne guère de lui. J'aurais surement trouver cela amusant si je n'avais pas certains instinct colériques pour trouver cela assez vite agaçant et irritant.. Si j'aime a jongler avec le verbe et poser sans cesse une pattes amusée sur les limites en tout genre, je prend garde a mes propos, et ne blesse n n'offense que lorsque c'est nécessaire.. Et en ce qui vous concerne, je serais véritablement mal avisé de venir vous manquer de respect. Ce serait véritablement sot de ma part, aussi bien parce que je vous suis aisément brisable, que parce que ce serait mal m’acquitter de la sagesse dont vous m'avez instruit..
Si tenté qu'un jour je puisse m'en acquitter. Commençons d'ailleurs cette oeuvre maintenant: si je puis vous aider a lever l’interrogation qui pèse sur mon âme, ma foi, vous n'avez qu'a demander, je vous répondrais avec plaisir.

Et c'était honnête. Ïlimentã m'avait prodigué un enseignement qui avait comblé un vide laissé par des fréquentations trop "lumineuses". Une ou deux simples phrases qui m'avaient fait voir un autre coté des choses. De cela, je n'aurais su lui être suffisamment reconnaissant, tout comme je doutais qu'elle comprenne vraiment l'importance de cette révélation pour moi. C'était loin d'être une simple "ouverture d'esprit" dans mon cas et pour ma façon d'être.. Et je me devais a elle..

Je plantais mes yeux vert ou fond de ses orbites rouges, mais pas seulement. Je cherchais tant bien au fond de son regard que dans chacun de ses gestes et traits. Elle cherchait peut-être une réponse, mais moi je cherchais une question
"Du reste... Tu m'intrigues". Combien de masques pouvait revêtir ces mots. Lequel était son visage ?
Mais bon.. Peut-être me trompais-je a y voir tant et trop de choses.. Peut-être était-ce simplement le jeu de la déesse que mon attention dénichait.. Qui sait? Eh bien elle, bien sur.. Ne me restait plus qu'a patienter. Et a ce jeu la, j'étais très fort..

La Déesse restait complètement immobile, semblable à ces statues que l'on pouvait admirer aux abords des temples, et que les prêtres ciraient et entretenaient avec une application parfois effrayante... Des statues de divinité de la Lumière, forcément. Car les rares oeuvres d'art symbolisant des Dieux Sombres qui ne sont pas tombées en miettes sous le coup du temps sont oubliées de tous, ou presque. Il n'y a guère que les modèles de ces bustes et autres sculptures pour se souvenir de leur emplacement.

Les prunelles écarlates de la Dragonne divine ne quittaient pas celles de son interlocuteur. Ses paroles lui avaient parues bien étranges... Ainsi donc, elle lui avait ouvert les yeux ?... Elle qui le croyait déjà au fait de ces choses-là, voilà qu'elle se trompait !... Ïlimentã en fut d'abord un rien contrariée, un imperceptible grondement naissant dans les tréfonds de sa gorge... Mais se calma quasi-instantanément. Soit, il ignorait, peu avant leur conversation, que les convictions qui animaient la voie des Ombres n'étaient guère différentes de celle du chemin de la Lumière... Cependant, ne venait-elle pas d'éclairer sa lanterne ? On pouvait donc encore en faire quelque chose !

Ses yeux se fermèrent, puis elle leva son fin museau vers un ciel constellé d'étoiles pâlissantes. Leur lumière semblait comme étouffée. Un sourire reptilien s'esquissa à nouveau sur sa gueule alors qu'elle lâchait :

- Même les astres nocturnes semblent me fuir... A croire que mon frère a répandu le venin de ses mensonges jusque dans les nuées !... De toutes les divinités, c'est lui que je hais le plus. Aube arrive tout de même en bonne position derrière lui !

Un long silence s'intalla, durant lequel elle continua à regarder les étoiles, puis poursuivit :

- Sais-tu que même les divinités sombres n'ont que peu d'intérêt à mes yeux ? Le seul Dieu auquel je porte du respect est Crépuscule. Tu dois sûrement te demander pourquoi ?... Je vais te sortir de tes interrogations. Il n'est pas une divinité guerrière. On ne l'a jamais vu, et on ne le verra jamais sur un champ de bataille. Je ne suis pas sûre qu'il puisse tenir une dague correctement !... Néanmoins, cela ne l'empêche pas de conserver son franc parler. Il parle sur le ton qui lui convient à quiconque, que ce soit moi ou Elëmentis. Crépuscule ne craint personne. Et c'est cela, qui me plaît tant chez lui. J'aime retrouver ce trait de caractère chez les mortels.

Ïlimentã décrocha son regard des cieux pour le porter à nouveau sur Niddrölf, le sourire qu'elle arborait quelque instants auparavant complètement évanoui. Derrière elle, sa queue avait repris son léger mouvement de pendule, allant de droite à gauche, balayant presque silencieusement le sol.

- Et toi, simple mortel, tu as su t'adresser à moi le plus honnêtement possible, tout en gardant un certain respect vis à vis de ma personne. Cela faisait longtemps que je n'avais pas croisé un être tel que toi, c'est pour cela que je te trouve surprenant !

Parler autant ne lui ressemblait pas. Mais après tout, que risquait-elle ? Car à présent, Ïlimentã en était persuadée, ce vénérable Dragon n'était pas du genre à divulguer les informations aussi facilement qu'une commère Humaine de 50 ans !... Autre poitn commun avec la divinité des Arts, soit dit en passant.

Je tiquais sur une chose. Une chose qui avait a mes yeux plus de valeur que tout autre entité matérielle. Et cette chose, Ïlimentã venait juste de la réduire a la soumission..
Je baissais les yeux, évitant de lui lâcher un regard désapprobateur, et contenais a grand peine un grognement irrité. Lorgnant mes griffes d'un air maussade, j'écoutais avec une patience forcée la suite de ses paroles. Je voyais ce qu'elle avait au fond de l'esprit, et tout flatteur que ce fut pour moi, je restais sur ma première lancée.
J'étais alors bien sur qu'elle avait finis de parler, et je songeais encore aux conséquences de ce que j'allais faire. Mais enfin, en jouant assez bien sur le discours, rien de tout ceci ne serait problématique. Ma seule certitude? C'est qu'il fallait que les dieux restent a leurs place.

- Il n'y a que le Créateur pour adopter tels tons avec les étoiles. Bien plus que les dieux, elles sont les vigiles des vivants, et les gardienne des rêves. Toute Ombre ou Lumière que l'on soit, c'est par elle que l'on voit, et seulement par elle. Il n'est accordé a personne si ce n'est l'Antique de toucher les astres autrement que par les rêves..

J'avais dis cela d'un ton neutre, mais un tremblement dans ma voix laissait paraître un courroux. Fils et fragments du Créateur, de l'Antique, de l'Entité Originelle ou parfois nommée Le Dieu. Fils et fragments. Pas égaux de ce dernier.. Je laissais un nuage de fumée sortir de mes narines, ponctuant ma phrase. Lunatique, fidèle a moi même, je me détendis ensuite, adoptant un ton tout a fait identique a celui d'avant, ayant fait comprendre a la déesse quel était mon point de vue quand a son outrage a la Création..
Je m'accordais plus ou moins a son point de vue sur les dieux, mais sous un autre angle de vue.. Je fis cependant la sourde oreille a sa haine envers Elëmentis et Aube, trouvant les oppositions théologiques trop glissantes et trop peu importantes pour s'y aventurer.

- Vous sauriez me tuer, Dame, me torturer et me tourmenter. Vous sauriez me faire peur, peut-être même me désespérer. Votre puissance saurait me détruire, quand bien même je me battrai contre. Mais je ne crains rien de cela.
Stupidité au sagesse de ma part, c'est un fait. Si un jour vous avez a supporter la souffrance d'être sans pouvoir paraître, je suis certain que vous me comprendrez.
En revanche, si je devais avoir peur d'un dieu, ce serait bien Crépuscule. Il parle comme vous dites. Maitre des Art, le verbe est un jeu pour lui. A votre oreille, ce n'est peut-être qu'un chant agaçant que de l'entendre vous offenser.
Nulles doutes qu'aux miennes, ce serait un son écrasant. C'est avec des mots qu'on brise les êtres, les âmes. Et Crépuscule est sans doutes, s'il venait a avoir besoin d'user de cet art, un remarquable adversaire sur ce terrain la.
Ceci étant, je suis trop fou et trop vieux pour encore souffrir de la peur. Je ne me serais pas permis de vous rappeler aux astres autrement. Moi je me contente d'user du verbe pour rendre avec justesse les honneurs qui leurs son dus. Comment saurais-je rendre hommage si j'avais le ton d'un paysan des plaines de Ra'Sibe ?

Je regardais a mon tour les étoiles. Je mes regardais avec plus de ferveur d'admiration que je n'en aurais jamais montrer a Ïlimentã. Mais sous la lumière de la nuit, je me sentais plus vieux que jamais, incapable d'accomplir mes chimères d’antan. C'était dur a chaque fois, de se rappeler qu'on était vieux..
Je baissais enfin les yeux, brusquement, foudroyé par une réalité qui me crevais les yeux nuits et jour. Une violente toux tordit mon long cou écailleux de spasmes et de contractions. Je finis pas regarder a nouveau mon interlocutrice, souriant a demi.

- Hmpf.. Surprenant, vous dites ? Je n'éprouve rien de particulier a suivre les bases de mon être. Soyez surprise de voir le monde se détourner des valeurs fondamentales et fondatrices que peuvent être le respect et l’honnêteté. Mais j'apprécie la remarque.. Et si jamais je n'avais pas pris ce ton avec vous pas principe, je l'aurais fais par mérite: vous en être largement digne.

Je reposais calmement ma tête a terre, laissant mes pupilles fatiguées s’activer, de façon a toujours fixer mes orbites verts sur la déesse. Qui sait, peut-être allais-je échopper d'un sacré sermons, moral comme physique.. Voir même l'ultime..?

La Déesse, le Barde et le Guerrier [PV Niddrölf et Miguel]

La Déesse, le Barde et le Guerrier [PV Niddrölf et Miguel]

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