La Déesse, le Barde et le Guerrier [PV Niddrölf et Miguel]

Je tiquais sur une chose. Une chose qui avait a mes yeux plus de valeur que tout autre entité matérielle. Et cette chose, Ïlimentã venait juste de la réduire a la soumission..
Je baissais les yeux, évitant de lui lâcher un regard désapprobateur, et contenais a grand peine un grognement irrité. Lorgnant mes griffes d'un air maussade, j'écoutais avec une patience forcée la suite de ses paroles. Je voyais ce qu'elle avait au fond de l'esprit, et tout flatteur que ce fut pour moi, je restais sur ma première lancée.
J'étais alors bien sur qu'elle avait finis de parler, et je songeais encore aux conséquences de ce que j'allais faire. Mais enfin, en jouant assez bien sur le discours, rien de tout ceci ne serait problématique. Ma seule certitude? C'est qu'il fallait que les dieux restent a leurs place.

- Il n'y a que le Créateur pour adopter tels tons avec les étoiles. Bien plus que les dieux, elles sont les vigiles des vivants, et les gardienne des rêves. Toute Ombre ou Lumière que l'on soit, c'est par elle que l'on voit, et seulement par elle. Il n'est accordé a personne si ce n'est l'Antique de toucher les astres autrement que par les rêves..

J'avais dis cela d'un ton neutre, mais un tremblement dans ma voix laissait paraître un courroux. Fils et fragments du Créateur, de l'Antique, de l'Entité Originelle ou parfois nommée Le Dieu. Fils et fragments. Pas égaux de ce dernier.. Je laissais un nuage de fumée sortir de mes narines, ponctuant ma phrase. Lunatique, fidèle a moi même, je me détendis ensuite, adoptant un ton tout a fait identique a celui d'avant, ayant fait comprendre a la déesse quel était mon point de vue quand a son outrage a la Création..
Je m'accordais plus ou moins a son point de vue sur les dieux, mais sous un autre angle de vue.. Je fis cependant la sourde oreille a sa haine envers Elëmentis et Aube, trouvant les oppositions théologiques trop glissantes et trop peu importantes pour s'y aventurer.

- Vous sauriez me tuer, Dame, me torturer et me tourmenter. Vous sauriez me faire peur, peut-être même me désespérer. Votre puissance saurait me détruire, quand bien même je me battrai contre. Mais je ne crains rien de cela.
Stupidité au sagesse de ma part, c'est un fait. Si un jour vous avez a supporter la souffrance d'être sans pouvoir paraître, je suis certain que vous me comprendrez.
En revanche, si je devais avoir peur d'un dieu, ce serait bien Crépuscule. Il parle comme vous dites. Maitre des Art, le verbe est un jeu pour lui. A votre oreille, ce n'est peut-être qu'un chant agaçant que de l'entendre vous offenser.
Nulles doutes qu'aux miennes, ce serait un son écrasant. C'est avec des mots qu'on brise les êtres, les âmes. Et Crépuscule est sans doutes, s'il venait a avoir besoin d'user de cet art, un remarquable adversaire sur ce terrain la.
Ceci étant, je suis trop fou et trop vieux pour encore souffrir de la peur. Je ne me serais pas permis de vous rappeler aux astres autrement. Moi je me contente d'user du verbe pour rendre avec justesse les honneurs qui leurs son dus. Comment saurais-je rendre hommage si j'avais le ton d'un paysan des plaines de Ra'Sibe ?

Je regardais a mon tour les étoiles. Je mes regardais avec plus de ferveur d'admiration que je n'en aurais jamais montrer a Ïlimentã. Mais sous la lumière de la nuit, je me sentais plus vieux que jamais, incapable d'accomplir mes chimères d’antan. C'était dur a chaque fois, de se rappeler qu'on était vieux..
Je baissais enfin les yeux, brusquement, foudroyé par une réalité qui me crevais les yeux nuits et jour. Une violente toux tordit mon long cou écailleux de spasmes et de contractions. Je finis pas regarder a nouveau mon interlocutrice, souriant a demi.

- Hmpf.. Surprenant, vous dites ? Je n'éprouve rien de particulier a suivre les bases de mon être. Soyez surprise de voir le monde se détourner des valeurs fondamentales et fondatrices que peuvent être le respect et l’honnêteté. Mais j'apprécie la remarque.. Et si jamais je n'avais pas pris ce ton avec vous pas principe, je l'aurais fais par mérite: vous en être largement digne.

Je reposais calmement ma tête a terre, laissant mes pupilles fatiguées s’activer, de façon a toujours fixer mes orbites verts sur la déesse. Qui sait, peut-être allais-je échopper d'un sacré sermons, moral comme physique.. Voir même l'ultime..?

Ïlimentã garda le silence tout du long, venant même à déposer sa tête au sol, fixant tout de même son interlocuteur de façon à lui signifier qu'elle continuait à l'écouter, et ce d'une oreille attentive. Bien qu'elle aurait pu s'offenser de l'accès d'humeur du vieux Dragon, il n'en fut rien. Au contraire, un léger sourire reptilien lui échappa.

Décidément, il n'avait pas sa langue dans la poche ! Et tant mieux, en un sens. Les imbéciles heureux qui usaient à outrance de la langue de bois avec elle, ça l'agaçait tellement que la divinité en aurait été capable de les briser d'un simple coup de queue. Réaction disproportionnée, vous dites ?... Après plusieurs sicèles à n'entendre que des discours mielleux et hypocrites, elle reste relativement gentille, pour une Déesse que l'on dit avoir la malédiction facile.

Bref ! La Dragonne ébène accueillit ses paroles sur Crépuscule avec un léger ronronnement d'approbation, accompagné d'un battement de paupières appuyé. Rares étaient les mortels qui savaient voir et apprécier la valeur de ce Dieu. Soyons honnêtes, il est plus souvent méprisé et ignoré que loué !

Lorsque Niddrölf fut secoué d'une toux plutôt agressive, Ïlimentã se releva pour venir se placer juste devant son museau, ses prunelles écarlates le toisant avec une lueur intriguée. Les maladies et la mortalité étaient pour elle une énigme. Son propre corps ne connaîtrait jamais les méfaits du temps, ce qui la rendait particulièrement curieuse à ce sujet.

Cependant elle ne dit rien, se contentant de le regarder, dans le plus parfait des silences.

[Excuse ce post court et pas terrible, mais j'étais à court d'inspiration, sur ce coup-là ! -_-"]

J'avais a peine finis ma phrase que la déesse s'était avancée vers moi. Je sentais son souffle sur mon museau, et des yeux intrigué posés sur moi.
Je tressaillis. Troublé de ce changement subis, et de cette proximité. Jusqu’à maintenant, la déesse ne m'avait montré qu'un intérêt de "bête exceptionnelle", un peu comme si on voyait un animal rare en voix d'extinction.
Là c'était de la curiosité pure, dénuée de calcules et d'apprêts.
Machinalement, je fis un pas en arrière. C'était véritablement intimidant de sentir sa respiration de flamme se mêler a la mienne, et d'observer les détails d'un être si terrible et si envoûtant.
Mais en vérité, ce n'était pas tant l'envie de me faire petit que l'irritation qui me dominait. Elle avait le museau -au sens propre du terme- au beau milieu de ma vieillesse. Et déjà que je me le rappelais moi même assez souvent, voilà qu'elle remuait avec détachement le couteau dans une plaie salée et béante qui allait grandissante..

- Eh quoi? Le spectacle d'une être tel que moi déchantant, terrasser par les âge vous intéresse a ce point ?

Je frappais lourdement le sol avec ma queue, un geste rageur, prononçant ces mots d’un ton sec et cassant.

- Si vous êtes curieuse de voir ce que donne un être qui vieillit, vous êtes tombé sur le meilleur exemple de ce monde. Ah, il est fier, le dragon du fond des âges qui bientôt ne pourra plus bouger, et qui trépassera comme vieillard incapable. Vieux et malade. Et d'ici peu, je sentirais la honte me brûler aussi fortement que mes latences..

Plus bas, presque dans un chuchotement,

- La vieillesse est un fait. La mort par elle est un accomplissement. La maladie.. Me souviendrais-je seulement de mon nom, le jour ou je creuserais ma tombe..?
La voilà, Dame, la traîtresse qui vous intéresse.. Elle s'insinue au plus profond de vous et sape les bases de votre corps.. Il ne vous reste plus alors qu'a assumer vos convictions plus grandes que des montagnes avec une épave pour abriter votre âme..

Je soupirais, rendant un pauvre sourire a ces yeux curieux.

-Mais il ne nous a jamais appartenu de choisir notre mort. Elle est inéluctable, je n'ai qu'à décider quoi faire du temps qu'il me reste.

Ce disant, je relevais la tête, fixant Ïlimentã du même regard curieux dont elle m’avait gratifié.

-Ceci étant, s’il est le souhait de tout périclitant d’être éternel, je n’oublie pas que l’immortalité n’est pas accessible a ma compréhension.. Je me demande si vous considérez votre statue comme un don, ou comme une malédiction.. Par moment, ce doit être horriblement déprimant et désespérant de vivre a jamais, contempler les siècles pour toujours, quand bien même au rang de déesse..

Silencieuse, Ïlimentã s'éloigna de quelques pas à reculons, déployant à demi ses ailes parcheminées. Puis elle se tourna, faisant dos au vieux Dragon, toujours sans le moindre mot ou son quelconque. La vieillesse... Un état qu'elle ne connaîtrait jamais. Si cela lui manquait ?... Pour un esprit qui se targuait de vouloir tout savoir et tout voir, oui, un peu. Mais après tout, si elle devenait mortelle, jamais elle n'aurait l'occasion de voir Elëmentis tomber. Et cela, ça lui tenait plus à coeur qu'à tout autre chose !

De vieux souvenirs lui revinrent, lui arrachant un léger sourire. Cependant, ce n'était plus un sourire mauvais, mais au contraire un sourire doux et nostalgique. Plusieurs fois, par le passé, elle s'était éprise de mortels. Peut-être était-ce le désir de goûter quelques instants à la mortalité qui l'y avait poussé ?... Un air contrarié succéda à ce sourire alors qu'elle resongeait à ses anciens amants, tous disparus depuis fort longtemps. Certains avaient ignoré qui elle était vraiment... Et d'autres ne l'avaient su que trop bien.

Revenant au présent, la déesse tourna son museau vers son interlocuteur avant de déclarer :

- Tu as été un compagnon de bavardage des plus agréables, et je ne me sens plus le moins du monde en fureur, à présent. Néanmoins, je préfère m'en aller avant le point du jour. Si des Humains venaient à me surprendre ici en pleine lumière, la rumeur irait aussi vite qu'une traînée de poudre !... Et je n'aurais plus qu'à me terrer sur les Terres Oubliées durant le temps que tout se tasse. Perspective qui ne m'enchante guère !

Après un temps de silence, elle ajouta :

- Si jamais tu devais avoir besoin d'aide... Peut-être pourrais-je t'être utile. Contre compensation, bien évidemment ! Enfin... Si tu parviens à me trouver. Au plaisir de te revoir, mon cher Niddrölf.

Sur ces mots, l'immense Dragonne d'ébène bondit en avant, déployant ses ailes. En un unique et puissant battement, elle s'arracha au sol, gagnant les nuées aussi rapidement qu'elle le pouvait.
Un sourire sur ses babines, Ïlimentã s'interrogeait à présent sur sa prochaine destination...

[Navrée du looooooooooong retard ! >.<" RP terminé de mon côté ! =)]

[Enfin une occasion de m'exhumer ! x) ]

Songeuse, la déesse recula, puis se retourna, ailes prêtes au vol. Je me demandais ce qui pouvait bien trotter dans sa tête. Et quoique ce fut, je doutais qu'elle ai voulu m'offusquer en me tournant le dos. Et Pourtant, j'avais "négligemment" écraser bien des queues dans ma vie pour les avoir vus se balancer avec insolence sous mon nez..
Mais je ne tiquais pas, et me préparais plutôt a l’inéluctable fin de cet entretient. Car c'était là la seule issue que ce revirement signifiait. Attentif, j'écoutais. Sans un mot, je vis la fin de sa tirade venir. Pour peu, j'aurais laissé un soupire poindre. Je n'étais aller au bout de rien de ce que j'avais espéré découvrir ce soir.

-Madame, j'ai été heureux de vous offrir de mon temps et de mes paroles, et c'est a recommencer quand vous le voulez. Au reste, ma foi, il va de soi que je ne saurais reprocher a la maîtresse de l'Ombre de ne pas vouloir regarde l'aube quand elle sous entend les rires de toute être rival.. Je me doute bien que "se faire oublier" ne participe pas a votre vocabulaire, ou très peu..

Quant a sa seconde réplique, j'y répondis avec un grand sourire, énigmatique.

-Je n'ai plus rien a craindre de personne, sinon de moi même. Si je fais appelle a vous, ce sera pour le plaisir de vous revoir.. Au reste, le monde est vaste, mis par les temps qui courent, les chemins sont peu nombreux.. En temps voulu, c'est vous qui me retrouverez..

Alors elle déplia largement ses ailes et rejoignit l'espace céleste d'une seul et unique poussée. Pour moi même, me retournant, j'ajoutais en pouffant

-Restera alors a savoir si ce sera a coté ou sur votre chemin..

Je frappais le sol de mes pattes avants, en dépliant mes ailes avec quelques craquement bref. Diou.. Comparé a elle, je manquais vraiment de classe.. Mes jeunes jours sont loin !

-Allez vieux fou.. Tu as encore des rêves a réaliser.

Je pris appui sur mes membres antérieurs et décollais d'une poussée avant de me mettre a battre des ailes. Après avoir fais quelques cercles pour bien sentir en moi mon milieu naturel, je planais doucereusement vers Ra'Sibe.

[The End !]

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