Débarquement [Libre !]

8 Decÿn, fin d'après-midi,

Aethyn débarqua du navire après avoir payé son dû au capitaine. A sa grande surprise, Ra'sibe n'avait que très peu changé depuis son départ, deux ans plus tôt. Lui, en revanche, était métamorphosé... Et non seulement cela le mettait à l'abri - pour quelques temps seulement - de l'Académie de Magie, mais de surcroît il appréciait particulièrement la tenue un peu extravagante dont il avait fait l'acquisition. Sans autre bagage qu'une sacoche de cuir, il s'engouffra dans une Grand Rue

*Pas trop garde, ici... Parfait. Je ferais mieux de les éviter tant que je peux, ils seront de toute façon suffisamment nombreux là où je vais pour que je me fasse remarquer maintenant.*

Mais cette mystérieuse destination, il ne la prit pas tout de suite : il se faisait tard, et le vent froid de l'Hivÿlis commencer à geler douloureusement le bout de ses doigts. Aethyn poussa sans un son la porte d'une taverne, qui semblait raisonnablement correcte et de bon prix - et qui se nommait la Bougie.

*Il n'y a pas encore de monde... Deux ivrognes au comptoir, un voyageur à la cheminée ; ça sera parfait*

"Tavernier ! Un bock, une chambre et un potage, je vous prie"

Isolé de toute civilisation durant de nombreuses années, plongé dans une léthargie volontaire dont la durée lui était inconnue, Atrucian attendait que des temps meilleurs se présentent, troublé par la guerre entre humains et nalamis qui déchirèrent les espèces et les régions du monde. Du fond de son antre, il attendit dans une semi-inconscience que les esprits s'apaisent. Le dénouement était proche et il pressentit l'arrivée de temps plus propices.

Ainsi il s'éveilla, le corps lourd, rigide comme s'il sortait d'une longue pétrification. Ses articulations craquèrent lorsqu'il intima à ses membres un mouvement qui n'intervint qu'un moment après qu'il se le soit ordonné. Mais à part ces quelques séquelles temporaires, il sembla qu'aucune autre n'en découla à sa grande satisfaction. La cavité était plongée dans le noir total, privée de l'alimentation de ses coupoles périodiquement réalimentées par la poche à feu du dragon, les manuscrits subissant les assauts de la terre. Il balaya ainsi ces déblais indésirables grâce à d'amples mouvements de ses ailes ankylosées. Lui-même avait subit la chute de quelques mottes de terre et gravats et s'employa alors à s'en débarrasser à l'extérieur. L'air revigorant lui chatouilla les naseaux en lui occasionnant un éternuement rocailleux. La lumière l'aveugla tandis que ses yeux dénués de pupille tentèrent de regarder par delà le soleil. Il s'arrêta au premier cours d'eau venu et y plongea joyeusement afin de déloger de ses écailles toutes les horreurs qui s'y étaient accumulées, profitant d'un fond caillouteux et soulevant des nuages de terre par endroits, troublant l'eau pour quelques instants. Il chassa le reste de la journée dans quelques bosquets, sa longue hibernation l'ayant amaigri, la faim tiraillant un estomac inactif.

Il en tira quelques sympathiques pièces de gibier qui ne surent totalement contenter son organisme, mais cela suffisait à le satisfaire pour le moment. Il lui fallait dorénavant se confronter à la civilisation et porter à sa conscience l'actualité de la capitale. Il quitta donc les plaines en direction de Ra'Sibe. Il atterrit non bien loin de la capitale afin de prendre forme humaine; il eut été inutile d'inquiéter les riverains par sa présence. L'activité se faisait moins soutenue avec l'arrivée de la fraicheur, chose qu'il constata en gagnant le port peu fourni en navires actifs, certains n'ayant même plus de voilure. Conscient que les potins s'entendaient généralement dans des établissements dédiés à la consommation d'alcools et autres produits, il s'engagea dans l'une des rues principales qui menaient au coeur de la ville, et s'arrêta devant une enseigne représentant une bougie. Cette dernière lui plut, lui rappelant les fois où il se penchait sur des manuscrits, éclairé de la seule flamme de ce petit ustensile bipède. Il pencha son bâton afin que celui-ci ne heurte pas l'encadrement de la porte et poussa la saignée. L'établissement était vraisemblablement peu animé mais il ne ressentit pas l'envie de poursuivre ses recherches ailleurs. Il rabaissa quelques peu sa coiffe et referma la porte sans attendre davantage, ses pas raisonnant sur le plancher vermoulu en quelques rares endroits, témoignant d'un certain soin apporté à la bâtisse.

Un feu dansait paresseusement dans la large cheminée, éclairant à lui seul une partie de l'ensemble, crépitant dans le désir qu'on lui daigne davantage d'attention. Quatre personnes, ce n'était pas la grande affluence, mais il s'en contenterait. Il tambourina du doigt le comptoir et demanda une bouteille d'hydromel avant de s'installer confortablement à une table, à côté de la cheminée. Il s'assit et posa son bâton contre la table en posant sa coiffe sur l'orbe. Atrucian avait un petit faible pour la douceur qu'apportait le miel à ce mélange, et s'en délecta une fois présenté dans une choppe. S'il était une chose qu'il appréciait de ces espèces, c'était bien cela, en omettant leurs bibliothèques.

Aethyn n'avait mangé que des gâteaux secs, du poisson trop salé et du citron pendant son voyage en bateau. Le potage de légumes, certes pas aussi nourrissant que ce qu'il avait pu consommer auparavant, eut toutefois l'effet d'un festin de roi pour un estomac trop peu contenté pendant longtemps... Ayant vite fini, il s'employa à siroter sa bière en regardant les flammes, non loin de lui. Cet élément l'avait toujours passionné ; le feu était à son goût la plus belle chose que les Dieux aient engendré. D'un mouvement discret du doigt, il fit danser doucement les flammes, suffisamment peu pour que personne ne soupçonne une intervention magique. Il savait que ce genre de tour de passe-passe pouvait lui mettre l'Académie sur le dos, mais il avait fini par conclure au cours du voyage que c'était le meilleur moyen d'accéder à son but...

Ayant bien vite fini son bock, qu'il ne trouvait d'ailleurs pas mauvais, Aethyn s'employa à allumer sa pipe lorsqu'un étrange personnage entra dans la taverne... Vêtu d'une manière telle qu'il devait forcément avoir ou avoir eu affaire avec une forme de magie, les cheveux dans les tons de roux flamboyant, le personnage était drapé dans une cape couleur de grenat. Portant sa pipe tout juste allumée au "briquet" à ses lèvres, il fumait tranquillement en observant l'étrange personnage. Il avait quelque chose d’intrigant, quelque chose de... différent, ancien. Aethyn n'avait pas étudié à l'Académie - ou du moins pas longtemps du tout - mais il avait voyagé et foulé des lieux emplis d'Histoire, de Magie... Et la même odeur de puissant et d'ancien semblait se dégager de cet homme emmitouflé de rouge.

Aethyn ne fit pas attention longtemps au nouveau-venu : voyant qu'il se contentait de prendre une bouteille d'hydromel, il se remit à contempler le feu, et accessoirement à jouer avec. Plusieurs minutes s'écoulèrent ainsi, l'inconnu sirotant son alcool mielleux à côté d'un immense bâton sur lequel il avait posé son chapeau pointu, Aethyn faisait furtivement danser les flammes en fumant. Puis...

*Qu'est-ce que c'est que ce boucan ?!*

Alors même que notre mage s'apprêtait à se lever pour aller voir la source de tout ce bruit extérieur, la porte de l'auberge s'ouvrit pour laisser entrer vivement un Maître de l'Académie de Magie, encadré de quatre soldats tout en armes et portant les insignes des Gardes-Mages.

Aethyn Enrel, pour fuite sans autorisation de l'Académie de Magie de Ra'sibe, pour dommages important à l'aide de la Magie du Feu à une ruelle, deux établissements de la capitale et des membres de l'Académie et pour retour sur les lieux de votre crime plusieurs années après leur accomplissement, nous vous sommons de nous suivre jusqu'au Tribunal Académique !

Les flammes animant l’imposante cheminée de pierre berçaient le buveur tandis que son regard ne s’en détacha plus, manquant de s’endormir devant cette contine muette. Il se reprit cependant en se redressant fermement contre l’appui de sa chaise et constata sa bouteille exemptée de son divin contenu. La nostalgie s’empara du dragon, ayant aveuglément profité de la bouteille qui resterait son unique consommation. Il aurait été imprudent d’entraîner quelque réaction déplaisante et d’embraser l’honnête établissement.

Son regard croisa cependant celui de l’un des clients, se démarquant –maintenant le remarqua-t-il- de l’assemblée par son accoutrement, intrigué par le chapeau dont il se demanda s’il lui servit à jauger la direction prise par le vent par le passé. L’idée d’imaginer ce bipède comme une forme de girouette l’amusa et le roux lui retourna un sourire courtois, tendant symboliquement sa choppe vide en guise de salutations. Se penchant désormais sur quelques futiles détails, il nota qu’il portait une légère odeur de braise refroidie, imprégnée avec le temps, une arachnée filait sa toile sur le lustre de bois qui ornait la salle principale avec une dextérité déconcertante. Atrucian ne comptait plus le nombre de fois qu’il en avait été envahi dans son antre, ces petites bêtes appréciant l’abri d’un couvert par temps de pluie et de chaleur l’hiver approchant.

Un ramdam à l’extérieur le tira de sa rêverie alors que précipitemment, quatre humains armés en uniforme et ce qui sembla un mage firent irruption dans l’auberge d’un air déterminé et peu jovial. Peut-être que le choix de la Bougie s’était révélé judicieux au final, même s’il aurait apprécié de meilleures retrouvailles avec la civilisation des deux-jambes pourtant sereinement engagées par la dégustation d’un hydromel de qualité. On pointa l’homme-girouette du doigt en lui intimant de se rendre.

-Aethyn Enrel, pour fuite sans autorisation de l'Académie de Magie de Ra'sibe, pour dommages important à l'aide de la Magie du Feu à une ruelle, deux établissements de la capitale et des membres de l'Académie et pour retour sur les lieux de votre crime plusieurs années après leur accomplissement, nous vous sommons de nous suivre jusqu'au Tribunal Académique !

La tournure des événements lui sembla jouée d’avance. Si l’individu était en fuite, nul doute qu’il ne se rendrait pas sans opposer de résistance, risquant à la fois des dommages collatéraux pour l’établissement et les autres clients. Lors de l’entrée de ses représentants de l’autorité académique, le reptile dissimulé avait pris l’initiative de reposer son coiffu sur la tête. L’idée d’un affrontement direct ne l’enchanta pas, ainsi il interromprait plus simplement leur intervention cette fois-ci. Il inspira profondément tandis qu’au dehors, la brise rigoureuse du crépuscule s’intensifia jusqu’à ce que d’un coup, un fort appel d’air extirpe les cinq perturbateurs de l’établissement qui vinrent choir non loin au sol, très brièvement désorientés.
Atrucian profita de l’occasion pour se saisir de son bâton duquel s’échappa une épaisse brume, enveloppant progressivement la pièce et l’extérieur sur quelques longueurs de queue. Il adressa un bref regard à l’inconnu, proposant l’éventualité d’une retraite et se retira au pas de course.

Sortant vers la droite, il observa les hauteurs des maisons de pierre et se hissa sur un mur imposant d’un puissant bond et attendit un instant. Si l’homme en rouge le suivait, il lui tendrait la base de son bâton pour se hisser, avant de s’enfoncer dans la cité.

Tout se passa très vite... D'abord, ce foutu mage de l'Académie qui venait déranger Aethyn en plein temps calme, puis cet étrange personnage au bâton démesuré et à la coiffe au moins aussi extravagante que la sienne, qui semblait avoir d'un geste repoussé les cinq importuns vers l'extérieur. Mais le magicien n'en était pas à sa première danse, et, sautant sur l'occasion que représentait cet étrange sorcier, il se leva et rangea sa pipe à la hâte en se dirigeant vers la porte de derrière sous le couvert du nuage de fumée magique...

*Je ne sais pas qui c'est, mais il m'a évité un combat, et éventuellement quelques... soucis. Je le remercierais plus tard, pour l'instant il s'agit de se sortir d'ici*

Ne voulant pas se faire remarquer, Aethyn se retint d'incendier l'établissement - d'autant qu'il n'avait pas besoin de ça pour s'enfuir. Arrivant dans une impasse où étaient stockés des barriques, des caisses et des fûts vides, Aethyn avisa les alentours. Pas moyen de sortir, à moins de faire exploser le petit mur de bois à gauche, mais ça serait tout sauf discret... Puis, au milieu des volutes de fumée qui s'échappaient de la taverne, Aethyn vit le bâton de l'étrange personnage. Ignorant les cris de l'aubergiste qui accourait derrière - et des soldats qui le suivait - il attrapa l'objet de la main droite, son briquet techno-magique dans la main gauche, et se hissa sur le toit

Avisant le personnage en face de lui, et ignorant les cris à son encontre au bas de l'édifice, il tendit une main à celui-ci, gardant ton de même son briquet dans l'autre

Aethyn Enrel. Je pense que vous l'avez entendu... Enfin quoi qu'il en soit, merci pour le coup de main ; vous venez de sauver une auberge des flemmes ! Haha ! Mais au fait, à qui ai-je l'honneur ?

Mais avant que l'inconnu puisse répondre, un carreau d'arbalète vraisemblablement venu du sol frôla l'épaule d'Aethyn, qui alluma instinctivement son briquet pour envoyer un crâne de feu vers le sol. Un simple rai de feu aurait suffit, mais le mage aimait donner forme à ses "créations" : il trouvait beaucoup plus amusant de brûler un garde vif avec un crâne enflammé qu'avec une simple flamme, pour l'effet. Le crâne atteint sa cible, la carbonisant sur place sans autre son que celui de la combustion instantanée, mais deux autres hommes arrivaient derrière ; Aethyn faisait danser le crâne à un mètre du sol, attendant la suite

La situation avait exigé une réaction immédiate, au regard de l’empressement qu’avaient éprouvé les cinq perturbateurs de l’auberge et même si le recourt à la défense le dérangeait, la girouette devait être la seule personne à disposition capable de fournir des informations intéressantes. Toujours en place sur le mur, il s’apprêtait à partir lorsqu’il discerna parmi la brume l’intéressé qui se saisit de l’extrémité tendue du bâton afin de se hisser et passa alors de l’autre côté tandis que l’autre pris le temps de s’adresser à lui.

-Aethyn Enrel. Je pense que vous l'avez entendu... Enfin quoi qu'il en soit, merci pour le coup de main ; vous venez de sauver une auberge des flemmes ! Haha ! Mais au fait, à qui ai-je l'honneur ?

L’instant suivant, alors qu’Atrucian se trouvait de l’autre côté, les aboiements du tavernier et des poursuivants se firent entendre. D’en bas, le dragon vit son interlocuteur envoyer un projectile de flammes sous la forme d’un crâne fort peu sympathique, qui, une fois sa cible atteinte, ne permit à cette dernière d’exprimer sa douleur. L’effet avait été instantané et celle-ci n’eut aucune occasion de protester. Il entendit sans peine le corps carbonisé s’effondrer sur le sol sous l’horrification certaine de ses comparses. S’il avait eu la chance de pouvoir lui éviter la mort, le serviteur d’Elëmentis n’aurait pas hésité. La mort de cet homme ne l’émoustilla pas davantage pour cause d’un sombre héritage mais ses propres idéaux vinrent balayer cet assentiment. Le responsable de cette carbonisation semblait prendre plaisir à commettre son forfait et, comme il ne saurait cautionner plus d’incidents malencontreux, Atrucian n’attendit pas pour faire perdre l’équilibre à la girouette à l’aide d’une brève bourrasque et le réceptionna.

-Aedon Yolvulkrein, qui d’accoutumée se contente de publier. J’ose espérer que vous calmerez vos ardeurs car il me serait douloureux de regretter mon entreprise. J’espère que vous connaissez mieux la cité que moi. Fuir est une chose mais me cacher, je ne sais comment m’y employer en ces lieux…

Depuis sa dernière visite, la cité avait changé de visage et ses repères s’étaient effacés aussi bien que le temps passait. Il regarda ainsi alentour, sans être certain du chemin à prendre.

Sans que l'étrange personnage lui répondre, les pieds du sorcier eurent la mauvaise idée de quitter leurs appuis... Sans comprendre ce qui se passait, Aethyn se sentit choir et atterrit doucement sur le sol dur de la rue pavée et sale, apparemment retenu par la même magie qui l'avait envoyé ici bas.. Il se releva d'un air digne, ramassa son couvre-chef si précieux à ses yeux et ramassa son briquet, qu'il garda en main. Puis, enlevant la poussière de sa tenue en y frottant ses mains, il regarda son mystérieux... sauveur

Aedon Yolvulkrein, qui d’accoutumée se contente de publier. J’ose espérer que vous calmerez vos ardeurs car il me serait douloureux de regretter mon entreprise. J’espère que vous connaissez mieux la cité que moi. Fuir est une chose mais me cacher, je ne sais comment m’y employer en ces lieux…

Ce fut ce qu'Aethyn entendit pendant qu'il nettoyait son vêtement. Prenant le temps de finir son minutieux nettoyage, il s'apprêta à répondre lorsqu'un sifflement aigu, aussitôt suivi d'un carreau d'arbalète frôla son long-de-forme. Le projectile se ficha dans un mur, non loin d'Aethyn, qui s'autorisa un regard en arrière. Les trois soldats qui étaient allés le cueillir à l'auberge était désormais remplacés par un groupe de leurs camarades, quatre fois plus nombreux, et le magicien était toujours parmi eux, quoique maintenant encapuchonné de sorte que seule sa courte barbe brune se voyait...

Courrez !

Le sorcier n'eut le temps de crier que ça avant de s'élancer dans une rue adjacente, ayant préalablement signalé à son camarade au long chapeau de le suivre au moyen d'une bourrade légère. Évitant de justesse une flèche qui perça son magnifique couvre-chef, le mage préféra user son énergie à fuir plutôt qu'à tenter de brûler quelques uns de ses ennemis - d'autant qu'il risquait plus d'incendier un bâtiment et de carboniser des innocents que d'atteindre ses cibles. Ne sachant si les soldats, si le mage ou même si son mystérieux sauveur le suivait, Aethyn avançait aussi vite que possible dans les rues de Ra'sibe...

Aethyn ne sembla pas souffrir de la descente imprévue, y répondant en époussetant son vêtement encrassé par sa fuite et les quelques acrobaties. Atrucian en hérita généreusement. Lui, contrairement au pyromane ne pouvait se vanter de pouvoir secouer son tissu ou le battre avec dédain afin que les saletés ne s’en évadent, trop heureusement de se disséminer dans l’air en attendait une nouvelle victime à enlaidir. Ainsi, il eut à frapper les plates écailleuses de son armure afin de la désencrasser, l’un des quelques embêtements qu’elle pouvait engendrer, certainement généreusement compensé par sa robustesse et la fierté toute relative que son porteur en tirait.

Un carreau filant droit vrombissant interrompit la girouette qui s’apprêtait à répondre au dragon lui ayant précédemment fait part de ses inquiétudes. Se tenant face au binôme de circonstance, deux demi-douzaines d’hommes animés d’une colère sans nom, muets au regard noir. La perte d’un camarade, d’un ami faisait office de bois que la haine consumait, lapant avec soin et perversité tandis que ce même appétit dévorant grandissait en leur hôte. Les pensées de ces hommes étaient embrumées par leur sombre désir, aussi l’archiviste ne perdit pas davantage de temps à les sonder. Il ne ferait là que capter leur rancœur qui prenait un plaisir décontenancé certain à jouir de la moindre faille dans le but d’en propager l’ampleur.

Le compagnon de fortune, ne tenant absolument pas à s’éterniser dans ce guêpier prit la poudre d’escampette, intimant d’une exclamation aussi brève que pressée que l’autre bougea, le bousculant de manière à guider sa suite, cependant les adversaires ne souhaitaient pas en rester à une simple démonstration d’avantage numérique, un deuxième carreau, justement tiré vint lécher rudement l’armure, glissant le long de l’une des larges écailles protectrices et, par malchance, en suivit les imperfections pour se loger entre deux plaques, avec une force assurément réduite. Atrucian esquissa une grimace tandis qu’il fit quelques pas en arrière, repoussé par la force de l’impact. Cette enveloppe était certes plus faible, mais elle n’entamerait en rien sa détermination. La douleur manqua de terrer dans l’oubli sa compassion habituelle mais il se résigna à résister à l’envie d’une riposte. Son poing serra fermement l’imposant bâton, l’étreinte raisonnant à l’échelle du membre mis à contribution avant de s’imposer au sol, entamant un pavé émoussé par le temps. Ses yeux perdirent un instant leur pupille, animés d’une force nouvelle. Un manuscrit en un premier temps éthérique adopta une consistance caractéristique et s’ouvrit. S’il l’on avait été à portée de lecture, les mots suivants auraient été portés à connaissance de chacun : « A colère aveugle, l’immature se confesse ; avisé empathique, poursuis ton chemin ».

Une force indéfinie fit obstacle tandis que le manuscrit s’éleva à hauteur d’homme, prohibant l’accès aux douze enragés. Sachant pertinemment que l’effet ne durerait qu’un bref instant, Atrucian profita de cette occasion pour déloger le projectile fiché dans son épaule dont s’écoulait un filin d’hémoglobine et emboita le pas de son guide improvisé. Il haletait, ayant perdu de sa vigueur d’antan par faute d’un profond sommeil duquel il sortait de manière abrupte. La faim se rappela à ses bons souvenirs et le dragon s’était montré trop empressé pour récupérer convenablement de sa léthargie. Il pesta cette chair qui lui était étrangère et s’enfonça dans Ra’sibe avec l’autre mage, utilisant son bâton pour conserver l’allure d’un appui salvateur. Plus bas déjà, il sentit la barrière d’un instant s’étioler, libérant les poursuivants qui n’hésiteraient certainement pas à continuer leur poursuite.

Aethyn n'avait pas regardé une seconde derrière lui... Courant simplement droit devant, il parcouru ainsi une cinquantaine de mètres, puis tourna à droite sur quelques mètres avant de s'engouffrer dans une ruelle adjacente. Espérant que son camarade forcé le suivrait, le sorcier se colla dos au mur et passa la tête vers l'extérieur, dans la direction du chemin qui avait emprunté pour arriver ici. Instinctivement, dans la course, Aethyn avait enlevé son chapeau - un réflexe devenu machinal tant il redoutait de le perdre. Cependant qu'il le rajustait sur sa tête, il perçut une vibration magique légère...

Ayant peu appris sur ces phénomènes - conséquences d'un apprentissage autodidacte trop succin - le mage de feu ne savait que détecter certaines ondes, certaines vibrations issues de certaines formes de magie. Incapable de savoir de quel type de magie il s'agissait, pas plus qu'il ne pouvait identifier le sort... Aussi espéra-t-il simplement que ce n'était pas le magicien de l'Académie qui usait de sortilèges, mais plutôt son sauveteur improbable.

Cette poursuite ressemblait étrangement à celles qu'il avait déjà eu à remporter lors de sa dernière visite à la capitale... Il y était resté deux jours, il avait passé deux jours à courir, se cacher - et tuer quelques gardes - tout en tâchant de voler ce qu'il convoitait alors : le briquet techno-magique. Il venait cette fois à Ra'sibe pour une toute autre raison, mais les gardes de la ville semblaient toujours autant apprécier les poursuites !

Mais Aethyn ne put se bercer plus longtemps dans ses souvenirs, car il aperçu bientôt son camarade de fuite. Sans attendre une seconde, il le héla en levant une main, espérant que les gardes ne le verrait pas...

Le sort sembla s’acharner sur les deux compères de circonstance et malgré que le dragon n’ait été animé que d’honnêtes intentions, il constata avec amertume à quel point leurs poursuivants étaient tenaces car même s’il n’eut la sensation de devoir se préoccuper à outrance d’affaires humaines, sa volonté première de se voir informé des derniers potins et événements de la région tournait au désastre tandis que sa blessure à l’épaule poursuivait son œuvre, laissant toujours échapper le liquide aux senteurs cuivrées, se frayant un chemin sous mais aussi sur la surface de l’armure, longeant comme les fleuves sur une carte les moindres saillies jusqu’à gouter au sol.

Ses mouvements avaient ralentis, conséquence de la blessure et d’un éveil précipité dont il ne souhaita anticiper l’issue. Sa course était irrégulière et tournant à l’angle d’une ruelle, aperçu l’autre fuyard qui lui fit signe presque aussitôt. Atrucian s’enquit donc de le rejoindre lorsque deux gardes s’interposèrent, tous deux armés de hallebardes. Les lames brillaient de leur mouvement, animées par le soleil et troublèrent la vision de leur cible l’espace d’un instant. Ce dernier s’employa à se défendre d’une manière plus conventionnelle en repoussant les assauts de l’ennemi aidé de son bâton. Il souhaitait ainsi ne pas forcer davantage sur la magie, du moins plus pour quelques instants. Les deux représentants de l’ordre s’écartèrent l’un de l’autre afin de prendre les angles morts de l’homme qui leur faisait face, se méfiant de tout autre tour qu’il leur jouerait –ou non le cas échéant- et dressèrent leur arme en sa direction. N’ayant d’autre choix, l’archiviste se concentra sur l’ennemi lui faisant front, et, d’un coup vif écarta la hallebarde alors que son utilisateur plongea dans le but d’une estocade, n’évitant cependant l’attaque qui le foudroya à la base du cou, la lame trop large heureusement stoppée par l’armure, manquant par conséquent de s’y engouffrer davantage ne demandant pas son reste pour que la substance sanguine abandonne son hôte et ne tapisse quelque alentour. La force employée força cependant l’homme à plier les genoux, se trouvant momentanément à terre, le regard vitreux, l’esprit aussi vif que le plus frais des gardons, obligé de suivre les limites physique de son corps.

Le soldat ne parvenait pas à retirer son hallebarde et si employa à deux reprises pour enfin la récupérer. Heureux de son acte, il contempla un instant la lame ensanglantée, ne tenant rigueur à son adversaire qui se releva tremblant qui frappa amplement et sans retenue aucune son crâne avec son bâton dans un retentissement de cloche pleine. Celui-ci avait heurté le casque de l’ennemi qui se déforma sous l’impact, le mettant hors combat. « Quelle merveilleuse idée de quitter l’antre avec tant d’empressement » se répéta-t-il intérieurement. C’est avec les traits tirés, l’exaspération au visage qu’il rejoignit le fuyard.

-Il y aurait tout intérêt à ce que mon intervention à l’auberge eut été judicieuse et que vous me détaillez les raisons d’un tel acharnement. Je n’ai pas pour habitude d’interférer avec les affaires d’hominidés et de ce que j’en vois, je me porterais bien mieux de respecter cela. Et ne réitérez plus vos exploits meurtriers avant de m’assurer du bienfondé de vos actes.

Atrucian accusait le coup et il espéra ainsi que toute cette débauche de muscles et de magie valait la peine qu’il se malmène pour l’inconnu.

Le sorcier avait suivit le combat depuis sa ruelle, prêt à intervenir. Il constata toutefois que son"camarade" se débrouillait très bien et il ne prit pas la peine de se montrer. Alors, l'individu au grand chapeau lança à l'adresse d'Aethyn :

Il y aurait tout intérêt à ce que mon intervention à l’auberge eut été judicieuse et que vous me détaillez les raisons d’un tel acharnement. Je n’ai pas pour habitude d’interférer avec les affaires d’hominidés et de ce que j’en vois, je me porterais bien mieux de respecter cela. Et ne réitérez plus vos exploits meurtriers avant de m’assurer du bienfondé de vos actes.

Du tac au tac, le sorcier répondit :

Je vous avoues que, si je ne comprends pas la raison de votre intervention, elle fut judicieuse par le fait que vous avez évité un duel magique au beau milieu de Ra'sibe, sans parler de ces quatre soldats que je m'étais mis en tête d'incendier... Quoi qu'il en soit, je vous remercie. Vous avez toutefois mentionné deux choses qui m'échappent quelque peu ; mon parti n'est ni bon ni mauvais, et mes actions sont bonnes d'un certain point de vue et mauvaises d'un autre... Tout est affaire de manière de voir les choses ! Et vous avez mentionnés des... hominidés ? Dois-je en conclure que la race humaine vous est étrangère ?

S'il avait répondu à quelques interrogations de l'étrange personnage, il se gardait bien de l'informer des buts concrets de sa mission... D'autant que cet homme à la canne de trois mètres ne semblait pas porter Aethyn dans son coeur ! Mais de toute façon, il n'avait plus le choix, il fallait parler un peu... Et même s'il ne comptait pas respecter toutes les closes du contrat - brûler un ou deux gardes si nécessaire ne posait pas l'ombre d'un problème - Aethyn avait le sentiment que ce... sorcier pourrait encore lui être utile.

Mais avant de continuer sa fuite dans les dédales sinueux et les méandres des ruelles de Ra'sibe, Aethyn fouilla son sac. Il était un peu alchimiste, et s'il ne savait aucunement préparer un Breuvage Portechance ou un Poison Amènemort, il avait les bases. Sortant de sa sacoche en cuir une petite bourse décorée d'un petit caillou vert, attaché à son lacet, il plongea sa main dedans et en ressortit une poignée d'herbes médicinales diverses. Sélectionnant quelques spécimens, il les tendit à son interlocuteur blessé?

Prenez ça. Vous aurez encore mal, mais vous cicatriserez plus vite, et ça peut calmer l'hémorragie si vous l'appliquez sur la zone d'où coule votre... sang.

Le sorcier avait buté sur le dernier mot : il venait de se rendre compte que le sang du personnage n'était pas tout à fait normal... sa couleur était entre le bordeaux et le noir...

*Mais c'est du sang de... dragon ?!*

L’homme afficha un regard interrogateur avant de répondre.

-Je vous avoues que, si je ne comprends pas la raison de votre intervention, elle fut judicieuse par le fait que vous avez évité un duel magique au beau milieu de Ra'sibe, sans parler de ces quatre soldats que je m'étais mis en tête d'incendier... Quoi qu'il en soit, je vous remercie. Vous avez toutefois mentionné deux choses qui m'échappent quelque peu ; mon parti n'est ni bon ni mauvais, et mes actions sont bonnes d'un certain point de vue et mauvaises d'un autre... Tout est affaire de manière de voir les choses ! Et vous avez mentionnés des... hominidés ? Dois-je en conclure que la race humaine vous est étrangère ?

Encore une fois, les raisons poussant les autres humains à le pourchasser restèrent enveloppées d’un voile sécuritaire, ce qui retira une grande partie de l’intérêt de son intervention mais le dragon ne tint pas à rester aveugle. Il profita donc de l’accalmie pour prendre la parole.

-Je comprendrais que détailler vos motivations puisse être indiscret mais je serais davantage disposé à vous aider si la situation était portée à ma connaissance et limiter les dommages collatéraux, il s’interrompit, rappelé par les plaies qui lui occasionnaient de vives douleurs pour enfin reprendre en grimaçant.
-Je ne tiens pas à constater d’inutiles massacres, que vous périssiez ou déversiez inutilement le sang vers l’Outre-monde. Si vos idéaux me sont contraires, je ne me chargerai que de vous accompagner jusqu’à la certitude que moins d’âmes auront ainsi souffert de notre collaboration. Être étranger à la race des hommes n’a que peu de significations pour moi. Je suis homme en mon nom de porteur de plume mais c’est en effet une toute autre lignée qui m’a vu naître. Je suis venu en Ra’sibe en quête de réponses, à commencer par l’Âge actuel. A m’être ainsi écarté de tout si longtemps m’a perdu dans les méandres du temps qui s’écoule et mon esprit est embrumé par l’ivresse de l’ignorance.

L’homme au chapeau lui tendit une poignée d’herbes dont l’odeur le rebuta, malgré l’évidence de leurs vertus mais les refusa poliment d’un geste de la main.

-Prenez ça. Vous aurez encore mal, mais vous cicatriserez plus vite, et ça peut calmer l'hémorragie si vous l'appliquez sur la zone d'où coule votre... sang.

La girouette avait ainsi remarqué une irrégularité dans la couleur du sang du dragon, justifiant de son accentuation.

-Je regrette, mais je crains que nous n’ayons le temps pour ce genre de traitement.

L’interruption dans les affrontements lui avait permis de reprendre un peu de vigueur, ainsi il s’autorisa d’employer la magie, même s’il agirait de manière plus brute pour s’économiser. Ainsi, il porta à la blessure la plus importante, à la base de son cou, sa main dont la paume sembla habiter une énergie rougeâtre, au contact de la peau. De petites flammes s’élevèrent de la blessure. Il la cautérisait. S’il avait procédé normalement, les flammes se seraient contentées de purifier l’ensemble mais le dragon employa un niveau élémentaire de base, brûlant la peau semblable à celle des porcs et répéta l’opération pour l’autre blessure. Il n’aimait décidément pas cette enveloppe et tous ses inconvénients…

Aethyn rechignait à parler de ce qui l'avait amené ici. Il n'avait aucun ami, très peu de connaissances et il ne tenait aucunement à ce que quiconque sache ce qu'il avait fait, fait ou ferait, simplement par principe. Quand on a toujours vécu plus ou moins seul avec soi-même, parler de quelque chose que n'importe qui pourrait vouloir ne pas dire coûtait d'autant plus qu'on ne disait de toute façon que rarement ce qui méritait d'être dit. Mais, Aethyn devait plus ou moins la vie à cette... créature, quelle qu'elle soit - car, si le mage ne doutait pas une seconde de l'issu d'un combat contre de simples soldats, il était moins certain de l'issu favorable que présentait un duel magique - et c'était une première dans sa vie que d'être aussi redevable à quelqu'un.

Pendant que l'autre magicien soignait du mieux qu'il pouvait ses propres blessures, Aethyn rangea les herbes médicinales que son interlocuteur avait refusées et réfléchit... S'il énonçait ses projets, il courait le risque que son lunatique camarade de fuite change d'avis et se mette en quête d'arrêter Aethyn, s'il ne le livrait pas à la garde. Toutefois, s'il comprenait son choix, s'il comprenait que c'était nécessaire, Aethyn gagnerait la bonté d'un être puissant, qui lui avait permit d'économiser son énergie et d'échapper à la garde de Ra'sibe, au moins pour un temps

Puis, il se décida. Grimpant sur une caisse, puis sur une autre, et enfin tâchant de grimper jusqu'au toit - chose qu'il avait apprise en s'entraînant à l'escalade lorsqu'il vivait en ermite - il regarda la tour de l'Académie qui se détachait à l'horizon de Ra'sibe, à l'ouest des quais - et dont se l'endroit où il se trouvait.

Je vais vous dire ce que je suis venu faire à la capitale et pourquoi on me recherche. Je suis venu cambrioler l'Académie de Magie.

Une odeur de cochon grillé s’échappa de la plaie lancinante accompagnée d’une paisible fumerole tandis qu’elle se referma, laissant une épaisse couche de peau craquelée, à l’image d’une baquette de pain qui serait restée trop longtemps sur son feu de bois. Son compagnon d’infortune semblait alors songeur, dubitatif quant aux interrogations émises par le blessé. Ce dernier regretta la douceur toute relative de son antre et des manuscrits qui siégeaient patiemment sur les étagères creusées à même la roche, attendant le contact passionné d’un lecteur attentif.

Lorsque la blessure sembla le lancer moindrement, Aethyn se hissa sur un amalgame de caisse posées à même le sol, contre un mur de pierre ponce afin d’atteindre les toits et observer alentour, jusqu’à ce que son regard se pose sur la tour de l’Académie.

-Je vais vous dire ce que je suis venu faire à la capitale et pourquoi on me recherche. Je suis venu cambrioler l'Académie de Magie.

L’idée ne l’enchantait guère, s’infiltrer dans pareille bâtisse était à la fois dangereux et attirerait les foudres de bon nombre des membres de l’Académie présents. Cependant, s’il laissait l’homme agir, il ne doutait pas que d’autres incidents aux conséquences macabres auraient lieu. De même que tenter de l’arrêter entraînerait divers pertes innocentes. Atrucian rejoignit l’homme au déterminisme certain.

-J’espère que vous me détaillerez vos intentions une fois sur place. Si vous vous engagez à limiter votre usage de magie létale à la stricte nécessité de survivre, je vous aiderai à entrer et sortir en un seul morceau de l’Académie et ferai davantage si vos intentions respectent mon idéologie.

Une flamme azurée enveloppa sa main alors qu’il la tendit vers son interlocuteur. Celle-ci n’émettait qu’une douce chaleur. Un serment par les flammes pour déterminer son engagement.

Aethyn considéra la proposition de son allié potentiel. Il proposait un serment par le feu, et une garantie intéressante, sous condition, évidemment. Révéler tout son plan coûterais beaucoup au sorcier, mais il le ferait s'il le devait. Quant à ôter des vies uniquement si nécessaire... Aethyn n'avait aucune amitié pour les gardes de Ra'sibe, et s'il n'irait pas jusqu'à dire qu'il "aimait" les tuer, il n'avait que faire de leur existence. Quant aux mages de l'Académie, il éprouvait un profond respect pour certains des professeurs, n'avait rien contre les élèves et n'était susceptible de chercher querelle qu'à un seul des magiciens, qu'il n'aurait aucun mal à trouver de toute façon.

Le sorcier se décida. Il approcha sa main de celle de son compagnon, qui semblait fort fortuitement prêt à courir un risque très important - preuve évidente de bonté certaine, et dévia les flammes de la main de leur créateur pour en envelopper sa main. Les deux paumes ainsi baignées de flammes, dont la rougeur se teintait de reflets irisés, se resserrèrent lorsque le sorcier empoigna la main de son nouvel allié. Ce pacte de flamme ainsi scellé, Aethyn descendit de son point d'observation d'un saut.

Il retira sa cape et sa chemise blanche, qui laissa apparaître une robe auburn, traditionnel vêtement des Compagnons adeptes du Feu de l'Académie de Magie. Il rangea ses autres vêtements et bon nombre de ses affaires dans un recoin de la ruelle, où il espérait qu'ils ne seraient pas trouvé. Ainsi accoutré, il regarda l'homme au chapeau pointu

Je vous remercie de l'aide que vous me proposez... Mais avant d'emprunter le chemin qui nous mènera à l'Académie, j'aimerais savoir trois choses : quelle est cette idéologie que vous respectez si strictement ? Quelle créature êtes-vous ? Et surtout, quelles domaines magiques maîtrisez-vous ? Il est rare de trouver pratiquants des arcanes capables de maitriser à la fois le feu et l'air, sans parler de... la quelconque forme de magie qui vous permet par exemple de former des nuages de fumée !

Cette question, que le sorcier posait autant pour assouvir sa curiosité croissante à l'égard de son nouvel associé, que pour savoir ce dont ce dernier était capable, se préparait à quitter ses lèvres depuis plusieurs minutes. Tout en attendant la réponse, Aethyn regarda le niveau de combustible de son briquet, pour être sûr qu'il ne tomberait pas en rade au cours de sa petit expédition à l'Académie

Aethyn sembla peser la proposition d’Atrucian avant de tendre la main à son tour et accepter. Dès lors, il quitta aussitôt les toits afin de changer ses frusques, semblant adopter un habit plus traditionnel qui lui rappela la tenue du mage auquel ils avaient fait face un peu plus tôt. Ceci fait, il ne manqua pas de demander quelques clarifications au sujet de son interlocuteur qui agit donc en conséquence.

-Je vous remercie de l'aide que vous me proposez... Mais avant d'emprunter le chemin qui nous mènera à l'Académie, j'aimerais savoir trois choses : quelle est cette idéologie que vous respectez si strictement ? Quelle créature êtes-vous ? Et surtout, quelles domaines magiques maîtrisez-vous ? Il est rare de trouver pratiquants des arcanes capables de maitriser à la fois le feu et l'air, sans parler de... la quelconque forme de magie qui vous permet par exemple de former des nuages de fumée !

Il écouta avec attention mais sa pensée trébucha sur la perception qu’entraînerait le choix de ses prochains mots puis se lança tandis que le mage semblait s’amuser avec un étrange appareil duquel jaillissait une flamme.

-Cette idéologie à vos yeux ressemblerait davantage à une logique de conversation ; limiter mes interactions avec d’autres espèces et leurs conséquences et intervenir si un quelconque équilibre est en jeu. C’est ma tâche de Gardien, d’attendre les temps où l’équilibre des forces peut à nouveau être respecté et agir de manière à le favoriser. Je me suis éveillé il y a peu de ma léthargie pour juger de si ce moment est arrivé. Nous autres maîtrisons un élément de manière innée mais en manipuler plusieurs demande un approfondissement conséquent dont je ne saurais le définir en votre langue ; le reste, je le tire de plusieurs siècles passés à étudier les manuscrits afin de tirer l’essence des mots hors de leur support papier. Quant à la fumée, ce bâton a pour fonction de donner une apparence à mes pensées, cela permet de passer outre certaines barrières du langage et à la pratique, permet des illusions très convaincantes. Pour ce qui est du dernier point…

Le dragon frappa le sol de son bâton qui laissa échapper une fumée pourpre qui enveloppa Aethyn d’une semi-obscurité. Derrière l’autre mage, se dessina une forme d’une taille colossale en comparaison de celui-ci, qui peu à peu prit l’apparence de son enveloppe originelle. L’instant qui suivit, la brume s’effondra avant de se disséminer, sans demander son reste. Il fit alors signe à Aethyn, indiquant qu’il le suivrait.

Suite du RP ici commencé dans le post dont le lien est en-deçà. Je précise par ailleurs que ce deuxième sujet, prolongeant le RP présent dans l'Académie de Magie de Ra'sibe, est ouvert à un éventuel nouveau participant trouvant une justification de sa présence à l'Académie entre le crépuscule et l'aube !

Suite du RP :
http://www.lesterresinfinies.com/t1059-intrusion-atruction-libre-pour-qui-voudra

Merci

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